vendredi 08 décembre 2017

Ouvrir nos fenêtres

Malachie 1, 11-14

"D'un bout de la terre à l'autre, les autres peuples reconnaissent ma grandeur. Partout, ils brûlent de l'encens en mon honneur et ils me présentent des offrandes pures. Je le dis, moi, le SEIGNEUR de l'univers, les autres peuples reconnaissent ma grandeur.
Mais vous, vous ne la respectez pas quand vous dites : “L'autel du Seigneur est impur, et la nourriture que nous en retirons est vraiment peu de chose !” Vous dites aussi : “Quel travail décourageant !” Vous me méprisez, moi, le SEIGNEUR de l'univers ! Vous m'apportez des animaux volés, boiteux ou malades. Eh bien, je vous le demande : Est-ce que je peux accepter de vous ces offrandes ?
Quelqu'un a peut-être de beaux animaux dans son troupeau. S'il fait un vœu et s'il m'offre un animal en mauvais état, malheur à lui ! En effet, moi, le SEIGNEUR de l'univers, je le dis : je suis un grand roi, et les autres peuples ont peur de ma puissance."

Ici le texte s'inverse. Au début du chapitre, c'est Israël qui reconnaît l'amour de Dieu pour lui, et Dieu qui confirme l'alliance. A présent, ce sont les autres nations qui reconnaissent la gloire du Seigneur. Cependant, ne nous y méprenons pas : il ne s'agit pas de la même chose. Dieu fait alliance avec son peuple, il les aime ; les autres peuples voient sa gloire, sa puissance, sa grandeur. Nous sommes en présence d'une forme de crainte, de respect, mais pas d'une alliance.

Pourtant, Dieu utilise cette relation avec les autres peuples pour inciter Israël à revenir à l'alliance qu'il a conclue avec lui. Si Israël se comporte mal et ne respecte pas les commandements, alors l'alliance est en péril, et les étrangers, ceux qui ne connaissent pas la joie de l'amour de Dieu, se comportent mieux !

Peut-être est-il nécessaire, lorsque nous perdons pied, lorsque Dieu semble s'éloigner, de regarder autour de nous, voir comment font les autres, quelle est leur relation à Dieu ? Dans ma vie, est-ce que je demande aux autres comment ils vivent leur foi ? Est-ce que j'ose chercher une autre forme de prière ? Est-ce que je cherche l'échange avec d'autres chrétiens sur nos manières de cultiver le lien à Dieu ? Est-ce que j'ouvre des fenêtres, pour laisser entrer la lumière de mes frères et sœurs qui me reflètent Dieu ?

jeudi 07 décembre 2017

Sacrifice ?

Malachie 1, 9-10

Maintenant, essayez de me prier, moi, votre Dieu, pour que j'aie pitié de vous. Est-ce que je vous recevrai avec bonté après ce que vous avez fait ? Je vous le demande, moi, le SEIGNEUR de l'univers. Il vaudrait mieux que l'un de vous ferme les portes du temple. Ainsi, vous n'irez pas allumer du feu sur mon autel pour rien. En effet, moi, le SEIGNEUR de l'univers, je n'ai aucun plaisir à vous voir, et les offrandes que vous me présentez ne me plaisent pas.

Après le constat de manque de respect des prêtres dans leurs offrandes à Dieu, voici que Dieu exprime sa colère. Dans ces paroles très dures, le prophète exige de vider les lieux pour le Seigneur. Il refuse par avance toutes les offrandes, tout ce que nous pourrions lui apporter. Il regrette d'avoir fait confiance à son peuple tout en ayant confirmé son amour quelques versets plus tôt.

En réalité, la solution n'est pas dans les offrandes mais dans la prière. On peut le voir dans la première phrase du texte. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas les offrandes, les animaux, les sacrifices, c'est notre prière honnête, sincère. Comme le dit le psaume : "Mon sacrifice, ô Dieu, c'est moi-même avec mon orgueil brisé. Ô Dieu, tu ne refuses pas de regarder un cœur complètement brisé."[1]

Gardons confiance en notre prière !

Note

[1] Psaume 51 (50), 19

mercredi 06 décembre 2017

Rester vigilant

Malachie 1, 7-8

Vous apportez sur mon autel de la nourriture impure. Et vous demandez : “En quoi est-ce que nous ne t'avons pas respecté ?” Eh bien, c'est en disant : “L'autel du SEIGNEUR est sans importance.” Quand vous m'offrez un animal aveugle, est-ce que c'est bien ? Quand vous m'offrez un animal boiteux ou malade, est-ce que c'est bien ? Présentez donc cet animal à votre gouverneur ! Est-ce qu'il sera content ? Est-ce qu'il vous recevra avec bonté ? Je vous le demande, moi, le SEIGNEUR de l'univers.

Pour moi, ce passage est à remettre en parallèle avec la parabole que l'on peut trouver dans Matthieu[1] (que l'on a lue il y a quelques jours lors du dimanche du Christ Roi)... Chaque partie se demande "mais quand a-t-on fait ce que tu nous reproches ?", ou au contraire, "quand est-ce arrivé, ce pour quoi tu nous félicites ?", et Dieu de répondre qu'il ne s'agit pas de le faire pour lui, mais pour tous ces petits qui le représentent, au milieu de nous.

Ici, Dieu demande à son peuple, celui qui a accepté sa Loi, de la respecter. Je ne parle pas seulement de la Cacherout, mais de nos vies, de nos pratiques. Il s'agit de ne pas se laisser aller à la routine, ne pas mollir dans nos résolutions. Il est bon de garder une vigilance pour continuer à pratiquer nos rites sans tomber dans la superstition ou dans l'habitude. Nos prières ne sont-elles pas bancales ? Bâclées ? Nos gestes ne sont-ils pas faits à la va-vite, pressés par notre vie à cent à l'heure ? A-t-on la certitude d'avoir servi correctement notre prochain, avec toute l'attention qui lui est dûe ?

Ce SDF qui fait des petits boulots et chante dans le métro, lui ai-je fait un sourire même si je ne lui ai pas glissé une pièce ? La grand-mère que l'on va voir par politesse, est-ce qu'on a écouté ce qu'elle a à dire, de manière parfois pas très intelligible ? Mon camarade de classe qui me demande le même service pour la troisième fois, aurai-je à coeur de l'aider, cette fois encore, sans regret ?

Note

[1] Matthieu 25, 31-46

mardi 05 décembre 2017

Honorer, respecter

Malachie 1, 6

Moi, le SEIGNEUR de l'univers, voici ce que je dis aux prêtres : Un fils honore son père, un serviteur respecte son maître. Vous m'appelez votre père, mais est-ce que vous m'honorez ? Vous m'appelez votre maître, mais est-ce que vous me respectez ? Vous me méprisez et vous demandez : “En quoi est-ce que nous t'avons méprisé ?”

Après avoir confirmé l'amour de Dieu pour son peuple, preuves à l'appui, le prophète interpelle les prêtres d'Israël. Ceux-ci semblent s'être endormis dans leur routine, ou dans le confort d'un rituel repris dans le Temple reconstruit au retour d'exil. Le désert, l'éloignement de Dieu est toujours bien présent, et notre chemin de l'Avent pourrait nous paraître bien aride.

Comme chrétiens, par notre baptême, nous sommes, nous aussi, prêtres, prophètes et rois. Ce texte ne peut-il pas nous concerner, dans notre vie de croyants ? Nous lisons la Bible, nous répétons nos prières, nous célébrons, mais avec quelle attention ? Souvent, nous pensons que nous connaissons déjà les histoires, nous n'écoutons que d'une oreille... Que mettons-nous derrière les mots de nos prières ? Quel lien entretenons-nous réellement avec le Seigneur ? Quelle conviction avons-nous dans notre vie de foi ?

Ce texte ne serait-il pas un appel pour retrouver un peu de fraîcheur dans nos démarches ? Et si... Si les enfants nous inspiraient ?

Présence réelle ?

Pendant une séance d'éveil à la Foi, nous parlons de Sara, et ce bébé, Isaac, donné comme un cadeau de Dieu.

A la fin de la séance, comme c'est l'entrée en Avent, je précise : "on va bientôt être dans le temps de l'Avent, et vous pouvez déjà voir la crèche au fond de l'église"...

Alors j'entends Marion, bientôt 8 ans, me répondre sur un ton scandalisé : "Mais y'a même pas encore Dieu !!"...

lundi 04 décembre 2017

Volonté de Dieu

Malachie 1, 4-5

Ces gens-là, les Édomites, diront peut-être : “Nous avons été écrasés, mais nous reconstruirons nos villes démolies.” Voici ce que je dis, moi, le SEIGNEUR de l'univers : Ils peuvent reconstruire, moi, je démolirai ce qu'ils feront ! On les appellera : “Pays-des-gens-mauvais” et “Peuple-contre-qui-le-SEIGNEUR-est-sans-cesse-en-colère” .
Vous, les Israélites, vous verrez cela et vous direz : “Le SEIGNEUR est grand, même en dehors du pays d'Israël ! ” »

Bien sûr, le ton du discours est belliqueux et ce n'est peut-être pas ce que nous avons l'habitude de lire. N'oublions pas que ce texte a été écrit plusieurs siècles avant notre ère, dans un climat de concurrence entre les peuples.

Dieu n'a pas à justifier son amour. Comme dans le livre de Job, personne ne peut donner d'explication ou justification des choix de Dieu. On peut aussi relire la lettre de Paul aux Romains[1] sur ce thème.

Ce qu'il est important de retenir, ne serait-ce pas la dernière partie du texte ? "Le SEIGNEUR est grand, même en dehors du pays d'Israël !". À une époque où chaque peuple a son dieu, efficace pour lui, dans les limites de son pays, on peut trouver ici, sinon une volonté de puissance, du moins une volonté d'universalisme : la loi de Dieu peut s'appliquer aussi à l'extérieur.

Et pour nous ? Comment Dieu nous aime-t-il ? À l'intérieur ou à l'extérieur de nous, de chez nous, de notre pays ?

Note

[1] Romains 9, par exemple

dimanche 03 décembre 2017

Amour, doute et désert

Malachie 1, 1-3

Voici le message que le SEIGNEUR a envoyé aux Israélites, par l'intermédiaire de Malachie.
Le SEIGNEUR déclare à son peuple : « Moi, le SEIGNEUR, je vous aime, mais vous, vous me demandez : “Où est la preuve de ton amour ?” »
Je vous réponds : « Est-ce qu'Ésaü n'était pas le frère de Jacob ? Pourtant j'ai préféré Jacob à Ésaü. Les gens de la famille d'Ésaü occupaient une région montagneuse. J'en ai fait un désert et j'ai livré leur pays aux chacals. »

Ce texte n'est pas sans rappeler un texte du jour, premier dimanche de l'Avent, dans le livre d'Esaïe[1], nous évoquant le désert, l'aridité parfois de notre existence. Nous avons eu, dans le passé peut-être, la joie, comme une eau fraîche, d'un lien très fort avec Dieu. Mais aujourd'hui, ou à certains moments de notre vie, nous avons l'impression que le Seigneur est singulièrement absent. La seule chose qui nous permet de ne pas jeter l'éponge, c'est ce souvenir qu'il a été là quand on a eu besoin de lui.

Oui, Dieu nous le rappelle, il nous aime, même quand on doute. Dans le livre de Malachie, livre prophétique, il est important d'apporter les preuves de ce que l'on avance : Dieu aime Israël, et Israël est prospère. Tandis qu'il déteste Edom, et Edom est désertique.

Douter, mais veiller[2] : le désert est aride, inhospitalier. Rien ne peut y attirer l'attention, c'est un lieu qui favorise l'introspection. C'est aussi un endroit où l'on va remarquer très vite la présence d'un autre être humain ! Ainsi, ressentir un manque de Dieu, c'est aussi se tenir disponible, à l'écoute, à l'affût du moindre signe de Sa présence, de Son retour.

Dieu nous aime, il nous le rappelle. N'ayons pas peur du désert, il saura nous retrouver.

Notes

[1] Esaïe 63,16–64,7

[2] Marc 13, 33-37

samedi 02 décembre 2017

Calendrier de l'Avent

Ami.e.s lecteur.rice.s,

Je vais retenter sur cet espace un parcours que j'ai mené il y a quelques années... À l'époque, j'avais pris une lettre par jour pour trouver un mot en lien avec la période de l'Avent.

Cette année, je vous propose de parcourir un chemin biblique... De lire ensemble le livre du prophète Malachie.

Je donnerai ici, chaque jour, quelques versets du texte, accompagnés de quelques mots de ma part. Cet espace est aussi le vôtre : n'hésitez pas à réagir en commentaires, donner vos prières, vos propres interprétations...

A demain, premier dimanche de l'Avent, pour commencer notre lecture !

mercredi 29 novembre 2017

Accueillir l'inattendu

Quand aucun incident ne vient émailler le trajet de transport en commun, j'arrive à la fac avec une demi-heure d'avance[1]. Dans la salle déserte, je coule tranquillement un œil au dehors. La cour est arborée, les feuilles d'automne volent, au loin le soleil paresseux d'hiver finit de se lever, dorant les nuages sur l'horizon.

J'entends une porte qui s'ouvre, se referme. Je ne vois personne, mais on dirait que d'autres sont arrivés tôt, eux aussi. Je sors dans le couloir, sans me faire trop d'illusion sur ce que je vais y trouver : vide... La porte vitrée de l'atelier biblique créatif attire mon regard, des œuvres y attendent d'être terminées ou exposées.

De nouveau du bruit, dans l'escalier cette fois, une voix connue m'appelle, et enchaîne : "on fait un temps de louange, tu viens avec nous ?". Temps de surprise, quelques secondes d'hésitation, je revois les doutes des derniers jours sur ma capacité à prier quotidiennement. Alors je m'entends dire "bonne idée, volontiers !".

Je n'ai pas l'habitude du format proposé : des prières spontanées, de louange d'abord, un chant, puis de pardon et d'intercession ensuite... J'ai peu parlé. Ça m'a fait du bien... Un temps, posé, avec des frères et sœurs, pour Dieu. Juste sous Son regard.

Les cours se sont succédés, ensuite. De belles rencontres avec les textes bibliques (ou coraniques ce jour-là, d'ailleurs !) et les chercheurs que nous sommes tous... Des étudiants aux profs, de tous âges, de tous horizons...

Puis des amis de ma promo m'ont proposé d'aller voir le culte avec Sainte Cène chez les diaconesses... Je n'avais rien prévu en soirée, c'était tentant. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous étions dans le train pour Versailles.

Cela faisait quelques années déjà que j'avais pris le temps, un week-end, de m'arrêter, pour une respiration dans la communauté... J'ai retrouvé le lieu avec tous mes souvenirs. Et surtout, cette chapelle incroyable ! Je pense qu'elle est unique. De l'extérieur, elle présente un habillage de verre en forme de flèche, comme un aiguillon vers le monde : une façon de dire que nous ne sommes pas du monde, mais envoyés dans le monde ? A l'intérieur, un tressage de bois crée comme une bulle, un œuf, un cocon protecteur... Effet d'introspection garanti !

La liturgie est à la fois sobre et riche, ecclésiale et monastique. Les diaconesses ont réussi ce tour de force d'inventer leurs rituels, en restant dans la tradition des règles d'ordres religieux, tout en induisant un je-ne-sais-quoi de légèreté, de disponibilité. Il me semble que c'est cet équilibre qui me permet, en arrivant de la société civile, de me dépouiller presque instantanément de tout le superflu, et trouver une prière, peut-être plus intense qu'à l'extérieur.

A la fin de la célébration, nous avons été chaleureusement salués par les sœurs, avec lesquelles nous avons eu une discussion sur notre formation, notre parcours, et la curiosité qui nous mène à aller célébrer dans différents lieux. Le lien entre les communautés et les Églises auxquelles nous appartenons se font aussi par ce biais...

En relisant cette journée, j'ai réalisé à quel point il suffit de dire 'oui' à de petites choses pour que Dieu nous accompagne... Accueillir l'inattendu : "vous ne savez ni le jour, ni l'heure"...

Note

[1] Explication de texte pour les non-parisiens : un trajet en transport en commun prend en moyenne 45 min. Le moindre problème sur une ligne de métro, RER, train de banlieue (déficience technique d'un train, conducteur qui manque à l'appel, agression dans une station, descente de police qui fait fuir les pickpockets sur les voies, tentatives de suicide, etc, etc) provoque un retard d'au moins 20 min, direct ou indirect. Pour avoir une chance d'être en cours régulièrement à l'heure, je prévois une marge d'environ 30 min...

mardi 08 août 2017

Acte manqué ?

Je n'ai pas beaucoup dormi. La journée a été longue, sans temps morts. Passer du bureau à mes livres de théologie, en français ou en anglais, sur la pause déjeuner et en soirée. Un dîner rapide, un peu de chocolat pour le moral, un bon litre de tisane pour garder les neurones au chaud et les yeux ouverts.

Par prudence, j'ai choisi de rester à la table de la cuisine, sur un tabouret. Vu mon état de fatigue, une installation plus confortable aurait irrémédiablement sapé mon travail par un assoupissement aussi traître que rapide... Il faut que j'y arrive. Reprendre les ouvrages que j'ai déjà lus, mes notes, un autre que je feuillette... Tiens, celui-ci est d'une lecture plus abordable, j'aurais peut-être dû commencer par là pour m'éviter le découragement du week-end.

Mobiliser mes idées : quelle problématique poser ? Le piège, quand on prépare ses propres examens, c'est que la variété du choix masque la précision dont on doit faire preuve. Mes premiers essais, il y a deux mois, ont été sévèrement rabroués. Trop vague, trop général, bibliographie pas assez élaborée, questions hors sujet ou propos erronés.

Minuit. Mes deux sujets sont écrits. En une page, problématique, source, bibliographie. Prêts à être envoyés. J'ouvre ma boîte mail, recherche les adresses... Professeurs, assistantes, et la coordinatrice des cours à distance. Elle suit tout ce qu'on fait, et nous aide à l'occasion. Elle est une personne clé pour nous, les étudiants à distance, un peu notre bonne fée. J'écris mon mail, présente mes sujets, explique mes difficultés : en plein été, impossible de trouver certaines sources anglaises, même en jonglant entre les périodes de fermetures des diverses bibliothèques...

Ouf, c'est fait ! J'ai bien travaillé, je vais pouvoir dormir un peu... Sereinement... J'éteins, commence à ranger mes affaires. Je me réjouis déjà de la perspective de mon lit qui m'attend, et... "Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde !"

Je rallume mon ordi, rouvre ma boîte mail.

Re-bonsoir,

Avec les pièces jointes, c'est mieux.
Je vous prie d'excuser ma distraction.

Bien à vous,
Tigreek

Maintenant, je peux aller me coucher. J'en ai besoin, je pense.

vendredi 04 août 2017

Catho-paganisme ?

Et voilà, nous sommes le vendredi 4 août, bientôt le week-end, en musique bien sûr. Très bonne fête aux Vianney, et aussi aux Jean-Marie...

Huh ? Il m'a fallu quelques secondes pour réaliser que le 4 août, l'Eglise catholique fête Saint Jean-Marie Vianney, ancien curé d'Ars et patron des curés... Et que l'animateur de radio a juste repris les deux noms. J'ai trouvé l'intervention incongrue... Même si Nominis me dit qu'effectivement, les personnes prénommées Jean-Marie, Vianney, mais aussi Darcy, Elouan, Violette ou Aristarque célèbrent leur fête ce jour-là.

Je pense que c'est l'accolement des deux prénoms, sans aucun lien fait par cet animateur de radio, sans donner aucune référence historique et/ou religieuse, qui m'a semblé étrange. Puis j'ai réfléchi quelques secondes, et je me suis dit que les personnes ayant eu la même réaction que moi avaient dû être bien peu nombreuses... Non pas à cause de l'heure matinale pour une période estivale plutôt propice aux grasses matinées... Non pas à cause d'une diffusion restreinte de la radio en question... Plutôt à cause du public cible de ladite radio et de la perte d'une certaine culture religieuse.

Par ailleurs je lis un ouvrage de Paul Veyne[1], historien, sur la conversion de Constantin, et le basculement de l'antique Empire Romain du paganisme vers le christianisme. Dans cet ouvrage, l'auteur explique que le "virage" du changement de religion s'est pris d'abord dans les couches sociales les plus cultivées, instruites. Puis ce sont les "fonctionnaires" de l'Empire qui sont progressivement devenus chrétiens, puisque ça devenait "tendance"... Enfin l'ensemble de la population devient chrétien par coutume. Paul Veyne explique ainsi :

Popularisé par les miracles des reliques, le charisme de certains et l'autorité des évêques, ce christianisme coutumier sera automatique et sincère comme les autres coutumes, et dissymétrique comme elles : on les respecte sans savoir pourquoi, on s'indigne si elles ne sont pas respectées.
Op. cit., p.172

Est-ce que ce n'est pas ce qu'on observe à notre époque également ? Le catholicisme en France, après avoir été religion d'Etat, est devenu minoritaire sous la forme de religion pratiquée (je n'ai pas cherché de statistiques fiables à ce sujet). Mais une majorité de familles cherchera tout de même à accomplir les actes importants de la vie (naissance, adolescence, mariage, décès) selon le rite coutumier.

Note

[1] VEYNE, Paul, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), Paris, Albin Michel, 2007, 322p.

jeudi 03 août 2017

La maladie des légumes

En vacances, Marion, 7 ans, lit un livre à plat ventre par terre : le loup en slip[1].

Tout d'un coup, elle est prise d'une quinte de toux. Lorsque la toux se calme, je lâche un "Eh ben !" qui devait avoir un ton quelque peu alarmé, car elle s'est empressée de me rassurer : "ne t'inquiète pas, j'ai pas mal à la gorge, c'est pas une aubergine"...

J'ai eu quelques secondes d'arrêt avant de lui dire "Je pense que tu parlais d'une angine plutôt, non ?"... :)

Note

[1] Que je conseille à tous, petits et grands... C'est important, le confort ;)

vendredi 07 juillet 2017

Un arc en ciel entre les nuages

J'ai pris les chips, celles que j'aime bien avec des carottes, panais, betteraves. Ça change des sandwichs ou de l'assiette de riz... Par gourmandise, j'ai pris aussi la barre de chocolat, celle avec des petits grains de sel dedans.

Quand j'ai réglé, le serveur m'a souhaité une bonne fin de journée. Comme je lui répondais en le remerciant, il m'a dit "gardez le sourire !". Rien que ça, ça donne juste envie de le laisser accroché jusqu'aux oreilles... La soirée semblait prometteuse !

J'étais encore sous l'effet du film, encore un peu dans l'ambiance. L'enchaînement d'émotions intenses, la beauté terrible et dangereuse du feu, la joie d'une naissance, le drame de la mort qui se noue tous les jours dans la vie des pompiers[1]...

J'ai pris mon temps pour déguster le petit paquet de chips. Le soleil commençait à descendre derrière l'Arche. Ses rayons jouaient dans les nuages, qui galopaient et changeaient au fil du vent. La chaleur de la journée était tombée, la soirée était douce.

arche_nuages.jpg

Je tapotais quelques mots sur mon téléphone. Trois fois rien, des impressions, des associations d'idées, des mondes mélangés, des images enchaînées...

Il y a eu une goutte sur mon écran. Puis deux, puis trois. J'ai levé la tête, et c'est là que je l'ai vu. Le pont dans le ciel[2].

arc_en_ciel.jpg

J'ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d'alliance entre moi et la terre. Quand j'aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre, l'arc paraîtra dans la nue ; et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous, et tous les êtres vivants, de toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. L'arc sera dans la nue; et je le regarderai, pour me souvenir de l'alliance perpétuelle entre Dieu et tous les êtres vivants, de toute chair qui est sur la terre.
Genèse 9, 13-16

Depuis que je suis enfant, j'ai associé cette promesse de Dieu à la vue d'un arc en ciel... Un signe d'espoir, un rappel, un "clin-Dieu", dirait Corine :-)

Vraiment, c'était une belle soirée qui commençait.

Notes

[1] Les Hommes du feu, de Pierre Jolivet, sorti le 5 juillet

[2] Le titre de ce billet est un clin d'oeil à "L'Espace bleu entre les nuages", de Cosey, auteur de BD que j'aime beaucoup

lundi 03 juillet 2017

Tornade domestique

C'est un dimanche de début d'été... J'ai célébré le culte, et les filles sont venues avec moi. On a parlé avec les enfants du prophète Elisée[1], de comment il était accueilli à Chounem, de la façon dont nous on aimerait recevoir Jésus ou Dieu, s'il leur prenait l'envie de venir nous voir. Avec les adultes, on a travaillé le texte de Matthieu[2], vu comment on faisait pour devenir digne de Jésus, et que ce n'était pas si difficile que ça, et même simple comme un verre d'eau !

De retour à la maison, je m'asseois dans le salon pour lire un article... Quand tout d'un coup, j'entends une drôle de ritournelle qui vient de la cuisine...

La vai-vai, la vai-vai, laver la vaisselle,
les gaga, les gaga, les gaga-gamelles,
c'est charmant d'essuyer les assiettes,
les couteaux, les cuillères, les fourchettes,
ça fait passer le temps et le mal de tête,
c'est meilleur que les médicaments...

Je passe une tête intriguée dans l'embrasure de la porte et je vois Marion, 7 ans, qui a pris son marchepied pour être à la bonne hauteur, et s'est installée face à l'évier pour faire la vaisselle ! Tout en chantant et jouant[3], elle a consciencieusement nettoyé l'ensemble des ustensiles...

Il paraît que l'Esprit Saint souffle où il veut... Ce midi-là, manifestement c'était dans ma cuisine ! :)

Notes

[1] 2 Rois 4, 8-10

[2] Matthieu 10, 37-42

[3] Oui, j'ai évité l'inondation, mais le t-shirt a pris sévère... Il est propre aussi ! Ou pas...

jeudi 23 février 2017

Lion

C'est l'histoire d'un petit garçon qui est perdu... Loin... Très loin de chez lui... Sans connaître autre chose que le nom de son village et celui de son grand frère, celui qu'il a pris comme modèle et qu'il veut suivre partout...

Adopté, encore plus loin, le petit garçon devient un homme. Nouvelle maison, nouvelle langue, nouveaux parents.

C'est l'histoire d'un homme qui se demande qui il est, d'où il vient... Le petit garçon sait bien que sa mère l'a cherché, sans relâche. Peut-être qu'elle le cherche encore ?

C'est une lutte pour la survie, c'est une quête de sens, une recherche d'identité... Pour devenir ce que l'on est, il faut savoir d'où l'on part... Même si ça se trouve à l'autre bout du monde.

C'est une histoire incroyable et vraie... Une petite tranche de vie en Inde... Ce pays à la taille d'un continent, où l'on parle plus de vingt langues officielles ! Où la moindre ville prend des proportions gigantesques, où les chiffres donnent le vertige... On parle en milliers, en millions... Il y a des gens, toujours, partout. C'est un peuple de fourmis, travailleurs inlassables, éternels optimistes, toujours à se relever, et le groupe pourvoit aux besoins de l'individu... D'une façon ou d'une autre.

Bien sûr, comme partout, la vie y est dure quand on est sans le sou. Pourtant... Ils ne baissent pas les bras. Ils se passent un tuyau, enchaînent les petits boulots, trouvent un peu d'eau pour se laver, quelque chose à manger... Ils "se touchent les antennes", comme m'a dit un jour un collègue à propos de "nos" développeurs indiens... Ils sont rapides et efficaces !

C'est l'histoire d'un petit garçon qui s'est perdu... Et d'un homme qui se construit. "Tu seras un homme, mon fils", disait Kipling, lui aussi familier de ces lieux...

mercredi 15 février 2017

Et les mistrals gagnants

Du rire et des larmes...

Du rire quand ils utilisent le vocabulaire médical, précis, technique, et qu'ils le racontent avec leurs mots d'enfants.

Du rire encore quand ils font des bêtises avec leurs frères et soeurs, plus grands ou plus petits.

Des larmes quand on voit les grimaces lors des soins, la peur de la douleur, leurs larmes qui viennent, pas si souvent... Ils sont vaillants !

Du rire quand on les entend avec leurs perspectives d'avenir, quand ils se souhaitent "copains pour la vie !" du haut de leurs six ans... Et quand ils nous disent "Hakuna matata... Ca veut dire 'Pas de souci !'"...

Des larmes quand il est question de morphine, de traitements, quand les examens font mal, quand ils disent "va doucement, doucement", au médecin qui les examine... Quand ils disent "j'en ai marre" en jetant leur crayon, ou qu'ils s'endorment au milieu d'une histoire, épuisés par les médicaments, la maladie ou les deux...

Dur rire, aux larmes, quand un bonhomme de cinq ans - et demi ! - qui fait la taille d'un enfant de trois, explique en riant qu'il était malade depuis qu'il est tout tout tout bébé ! Et que quand il sera mort, là il ne sera plus malade...

Des larmes dans un sourire quand une philosophe en herbe nous dit que quand ça va pas, c'est pas grave, c'est ça la vie... On laisse tomber les choses qui nous tracassent et on vit avec...

Un rire franc quand le petit aristo de la bande discute avec Bonne Maman venue le voir à l'hôpital : "je crois que j'ai un peu la flemme... - ah oui et dites-moi, Tugdual, que fait-on quand on a la flemme ? - on fait un petit effort, je crois..."

Les larmes qui roulent dans le sourire, comme les roues des vélos, sur cette chanson de Renaud qui a donné son nom au film... D'un univers à l'autre, chacun le sien et toujours le plaisir de rouler, les cheveux au vent !

Du rire et des larmes, Ambre, Tugdual, Imad, Charles, Camille et le petit Jason nous en donnent à foison. Vous ne saurez plus si vous riez ou pleurez, si vous avez le coeur gonflé de joie ou serré de tristesse, ou simplement plein d'amour et de vie, en voyant ce documentaire. Ni à charge, ni à décharge. Pas d'argumentaire ou de démonstration. Juste une leçon de vie...

lundi 24 octobre 2016

La base

Souvent mes amis ou connaissances athées me demandent ce qu'est la foi, comment on fait pour l'avoir, si c'est plus facile... Je ne sais pas trop répondre, car je ne me souviens pas vraiment avoir "trouvé" la foi... J'ai pu m'en éloigner, mais mon bagage était toujours là, même si j'avais un passage "au désert"... C'était comme un ami qu'on a un peu perdu de vue, un coffre au trésor qu'on a laissé prendre la poussière dans un coin plus délaissé de la maison...

Et puis je me dis que c'est comme une base. Un fondement, des fondations. C'est peut-être là que la parabole de la maison sur le roc prend tout son sens... C'est là que je reviens, au fond de moi. Quand je perds pied, quand j'ai l'impression de ne plus savoir où aller... Quand trop de choses arrivent d'un coup et que je ne sais plus dans quel ordre les prendre... Ou quand la joie me transporte !

J'aime travailler en musique. Et comme beaucoup d'informaticiens aujourd'hui, je travaille en "plateau"[1], ce qui rend quasiment obligatoire le port du casque pour pouvoir focaliser son attention sur ses tâches... J'ai mes préférences, mes listes de musiques et chants favoris... Mais quand je ne sais plus quoi mettre, quand j'ai besoin d'apaisement, de calmer mon coeur et mon esprit qui s'emballent, c'est vers Taizé que je me tourne...

Gloria... Et in terra pax (Youtube)

Gloria, gloria, in excelsis deo,
gloria, gloria, alleluia !
Et in terra pax hominibus
bonae voluntatis.

Gloire, gloire, au plus haut des cieux,
gloire, gloire, alleluia !
Et paix sur la terre aux hommes
de bonne volonté.

"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté"... C'est ce message que je voudrais porter... Universel, sans distinction, dans la richesse de nos différences, de nos talents... On en a besoin plus que jamais, non ?

Note

[1] Pour ceux qui ne connaissent pas, vous imaginez des rangées de bureaux, alignés trois par trois, sur des dizaines de mètres de long. Actuellement nous sommes environ 80 personnes, sans aucune séparation (cloison, paravent ou autre). Vous imaginez le bruit et la nécessité de s'isoler, au moins partiellement, pour se concentrer sur une tâche de réflexion comme peut l'être le développement...

vendredi 29 juillet 2016

Rencontre

C'était au bureau. Le contexte n'était pas simple, le projet "challenging", "piloté par les délais"... J'étais développeur sur le projet. Elle faisait de la gestion de projet, autrement dit, à la fois la surveillance de l'avancement et "l'huile dans les rouages" quand il y a des problèmes. De fil en aiguille, de réunions en cafés, les discussions se sont élargies, du travail à la pratique de la conduite sur circuit, puis à notre foi... Nous avons découvert mutuellement nos chemins, nos éducations, nos habitudes, nos coutumes...

La foi est une intimité. C'est sans doute pour cela que les croyants sincères ressentent souvent une fraternité instinctive les uns pour les autres, même s'ils ne la comprennent pas, ou la perçoivent confusément... Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle certains athées peuvent percevoir la foi comme une exclusion : de fait, c'est une logique, de rites, de pratiques, de pensées dont ils ne font pas partie...

Nous avons partagé nos convictions. Nous avons réalisé qu'au delà de vivre notre foi, nous avions commencé une démarche de recherche similaire : une licence de théologie... Nous avons peu partagé sur le contenu des cours, peu importe, c'est le chemin qui compte... Qui nous rend plus proches que beaucoup d'autres autour de nous...

Pourquoi écrire aujourd'hui ? Il s'agit de rencontre comme j'ai pu en faire d'autres dans mon parcours théologique, universitaire, religieux...

Mais aujourd'hui, la saveur est différente. Nada est jeune et militante, pétillante et compétente, amoureuse et divorcée, croyante et musulmane. Sous couvert de l'actualité terrifiante d'attentats, "on" voudrait nous opposer. Des proches s'opposent à son mariage à venir (avec un non-musulman), depuis le meurtre du prêtre il y a quelques jours. Elle est touchée et indignée par tous les commentaires qui somment les musulmans de s'élever "comme un seul homme" contre les attentats, ou qui demandent aux musulmans de "faire le ménage dans leurs rangs"...

Il y a dix-huit mois, suite à l'attentat contre Charlie-Hebdo, il m'est venu à l'esprit deux choses : "on va avoir droit à des lois liberticides" et "il faut protéger les musulmans". Je voulais me tromper. J'espérais que les politiques ne céderaient pas à la facilité du "tout-sécuritaire". Je souhaitais de tout coeur que la rancoeur ne se manifeste pas contre des croyants qui ont le tort d'avoir "la mauvaise foi"... Mais l'état d'urgence est toujours là, plus que jamais, et on se demande s'il va s'arrêter, un jour. Et les musulmans ont subi des attaques, sont la cible de tant de remarques désobligeantes... Le pire étant sans doute ceux qui clament bien fort "pas d'amalgame !" mais n'hésitent pas à généraliser telle ou telle anecdote...

Alors aujourd'hui, je ressens cette proximité avec Nada, d'autant plus fortement. Et non seulement je la ressens, mais je veux l'exprimer. Parce que nous avons une foi similaire, un mode de vie équivalent, des soucis comparables au quotidien... Nous nous ressemblons. Et ce n'est pas parce que notre foi s'exprime différemment que l'une vaut mieux que l'autre. J'espère continuer longtemps à cultiver notre amitié. C'est ma façon d'être humaniste, peut-être. C'est "ma part", pour reprendre l'histoire du colibri[1]... Parce que je ne veux pas que la haine puisse gagner les coeurs et les esprits.

Note

[1] Un jour, dit une légende amérindienne, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

vendredi 15 juillet 2016

Triste communion

Il y a quelques jours, j'entendais les nouvelles annonçant un attentat à Istanbul. La violence montant en Turquie. Je pensais à cette amie rencontrée il y a des années, alors que je commençais tout à la fois mes études et ma vie d'adulte s'ouvrant au monde... Nous avions eu des tas de discussions, sur nos cultures, nos religions, la laïcité, l'intérêt pour les autres. Elle me racontait son souhait de finir ses études de médecine en France, pratiquer peut-être quelque temps, puis retourner chez elle, à Istanbul, pour transmettre et faire grandir son pays, là-bas, ce pays qu'elle aimait profondément. J'aimais les petites étoiles dans ses yeux et son sourire un peu énigmatique quand elle nous parlait de sa famille... Alors l'actualité m'a rappelé cette amie... Nous avons perdu contact, au fil des années.

Je me demandais ce qu'elle était devenue. J'ai commencé à écrire ce billet, avec ce titre. Parce que je trouvais un peu dommage de me souvenir d'elle à ce moment-là.

Et puis il y a eu le décès de mon grand-père. Rien à voir, me direz-vous. Il est mort à 98 ans, dans son lit. Oui mais la famille s'est trouvée, momentanément, plus unie que jamais. Comme si la perte rapprochait, inexorablement.

Hier soir, un homme a pris le volant d'un camion, à Nice. Peu importent ses motivations. Il s'est cru dans un jeu vidéo peut-être, ou il a perdu toute conscience. Il a joué aux quilles. Sauf que c'était avec des vraies personnes. Quatre-vingt-quatre. Hommes, femmes, enfants, de toutes religions, de toutes couleurs, des êtres humains comme vous et moi.

Cela fait dix-huit mois que la haine explose, un peu partout, en actes aveugles. Non, la France n'est pas la seule touchée, bien sûr il y a plein d'autres drames, bien sûr il faut lutter pour tout cela. En attendant, nous sommes tous unis, dans cette triste communion.

Et maintenant ? Je ne crois pas à la force des armes. Je crois en l'éducation et en l'amour. Et je voudrais que Paul ait raison : "Là où le péché abonde, la grâce surabonde" (Romains 5, 20)...

vendredi 29 avril 2016

Poésie(s)

Marion, six ans, dans la voiture qui la ramène du centre de loisirs, en allant chercher sa soeur. La radio passe "La maladie d'amour" de Michel Sardou et je me laisse aller à chantonner les paroles, tout en écoutant le récit de la fête pour la fin des vacances, "avec des ballons et aussi, nous les grands, on a fait une chasse pour trouver le trésor !"...

Et puis tout d'un coup elle s'arrête dans son récit...
- Mais ça veut dire quoi ces mots, "la rivière insolente" ?
- ... "qui unit dans son lit les cheveux blonds, les cheveux gris"... C'est une image... Pour dire que tout le monde peut être amoureux...
- Mais ça n'existe pas !
- Oui, c'est une image, une métaphore[1], c'est de la poésie...
- C'est bizarre, quand même...
Pensant avoir trouvé une bonne image, j'ajoute :
- C'est comme la souris verte, ça n'existe pas...
- Ben si, ça existe les souris !
- Oui mais les souris, ça n'est pas vert...
- Mais siiiiiiiiiiiiiiiiiiii... C'est quand elles sont malades !

Et là, forcément, j'ai éclaté de rire :-D

Note

[1] J'utilise des mots compliqués si je veux, d'abord...

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