Oecuménisme au quotidien

Vivre avec deux cultures, les conjuguer au jour le jour, parfois jongler avec... C'est partager, s'enthousiasmer, questionner, souffrir aussi parfois.

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dimanche 12 juin 2011

L'art de l'Esprit

J'aime quand il s'invite à l'improviste, et crée une complicité inattendue. Deux mille ans après, il sait toujours autant parler en langues ! ;) Plusieurs milliers de kilomètres de distance entre nos domiciles, mais un employeur commun. Un passage en France pour quelques mois, une découverte mutuelle, se laisser emporter par la curiosité de l'autre, chercher à se comprendre réciproquement, ne pas se décourager devant les barrières de langue, de culture, d'éducation...

Il m'incite à réfléchir quand il fait converger vie liturgique et études de théologie... A quelques jours de mon prochain examen de Nouveau Testament, les lectures du jour coïncident avec les textes que j'ai choisis il y a plusieurs mois. Etrange comme ce chemin se présente : chemin de foi, falaise escarpée, année liturgique, route du temps pascal...

Et lorsque je vois les rencontres, les échanges, les rapprochements... Je me dis que la Pentecôte, c'est aujourd'hui, et tous les jours !

mardi 24 mai 2011

Electrochoc

Il était une fois un dimanche du temps pascal... Un beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Avec ma fille nous allions à la messe, celle de onze heures à Béthanie, parce qu'il y a l'éveil à la foi organisé pour les petits, pendant que les grands écoutent les textes du jour et l'homélie...

En arrivant, il y avait plus de voitures que d'habitude, plus de monde aussi. Et dans l'église, qui est modulable, tout était arrangé pour accueillir le plus de monde possible. "Il doit y avoir des premières communions" me dis-je. Impression confirmée par la feuille de messe, qui comportait les noms des six nouveaux baptisés et de la vingtaine de jeunes se préparant à communier pour la première fois.

Les familles se pressaient bien sûr, dans les bancs réservés pour elles, mais aussi tous les amis des jeunes, ceux de l'aumônerie, leurs animateurs... Sans compter une quinzaine d'enfants de choeur[1] entourant le prêtre des jeunes, le padre comme il aime à se faire appeler.

Comme d'habitude, il a mené la cérémonie de main de maître. Rompu au charisme de la prédication, il y a mis tout son coeur, toute son âme, toute sa sincérité. Il brûle véritablement au feu de l'Esprit, c'est évident pour quiconque l'entend prêcher à l'ambon. Il fallait l'entendre parler du don de Dieu, du don que chaque chrétien est appelé à faire de sa vie, à l'image du Christ dans l'eucharistie ! Une énergie sans pareille l'anime quand il s'agit de parler du scandale de gens qui n'aient pas encore entendu parler de Jésus, et de sa joie de voir naître de nouveaux chrétiens.

Ses mots ont pris la voie directe au coeur. Les larmes ont roulé, j'ai supplié de connaître un jour ce don, ce fameux don, cette eucharistie, qu'il était impossible de ne pas désirer en l'entendant parler ainsi.

Vient la consécration, puis juste avant la communion proprement dite :
- Les jeunes vont communier en premier, dans le plus grand recueillement... pas de photos... coeur à coeur... Puis, que tous ceux qui croient en la présence réelle s'avancent pour recevoir la communion.

Stupeur. Je n'ose y croire. Et dire qu'on parlait, dix jours avant, de première communion avec Vianney... Mais je n'y comprends tellement plus rien, qu'une fois de plus, je m'avancerai les bras croisés, regrettant à la dernière seconde, devant l'hésitation du ministre à me donner l'hostie.

Ce prêtre est pour moi une énigme. Il vit de l'Esprit, et brûle de façon si intense que tout autour de lui semble devoir passer par cette flamme... Il est passionné, et en même temps la force de ses convictions peut se faire violence inouïe, envoyée à la face de ses interlocuteurs pas forcément préparés. De sa part, je m'attendais à tout, sauf à cette ouverture soudaine.

Il faut croire que Dieu aime écrire droit avec des lignes courbes...

Notes

[1] Pardon, de servants de messe... Que des garçons chez nous, une petite pensée pour Zabou et sa troupe mixte !

dimanche 08 mai 2011

Retour(s)...

Du Japon. Après deux semaines de tourisme, de soutien, de discussion en franglo-japonais, de kendo[1], quelques heures d'avion, voilà une arrivée qui était attendue ! Avalanche de cadeaux et de surprises, de gadgets et de beaux objets, de câlins, rires, souvenirs, photos... Une famille un peu perturbée mais réunie, heureuse, prête à repartir sur un rythme (presque) retrouvé.

Au "doublé". J'étais en manque. De sacré, de liturgie, de célébration, de temps calme où retrouver Celui qui me nourrit. Hier lors de la célébration d'éveil à la foi des tout-petits, sur Saint François d'Assise, nous les parents insistions sur c'est en donnant qu'on reçoit ; oui mais pour donner, il faut avoir quelque chose en réserve ! Et mes réserves étaient épuisées. Alors quelle joie ce matin, d'assister, de nouveau, à la messe puis au culte... Deux communions, l'une de coeur et l'autre d'Esprit, l'une de désir et l'autre de partage : que demander de plus ?

Sur les Rameaux. Renvoi direct, en plein coeur, à ma propre prédication de cette montée vers Jérusalem. Ouvrir les yeux, suivre Jésus, l'annoncer : tel était mon plan, reprenant le texte narrant le voyage de Jéricho vers la ville sainte. Et aujourd'hui, même plan : commencer par ouvrir les yeux, ne pas rester aveugle, savoir le reconnaître. Puis suivre Jésus dans la Bible, demander l'aide de Dieu lui-même pour pouvoir comprendre ces écrits qui sont parfois si obscurs... Enfin l'annoncer, en revenant en arrière si besoin.[2]

Sur la liturgie comme expression vivante de notre foi. En seconde partie, pas de prédication en temps que telle, mais une revue de l'évangile du jour comme un résumé de la liturgie du dimanche... Ce fut une redécouverte, une autre façon de percevoir des paroles, des répons, une entrée en relation avec le Seigneur.

A la routine. Ou presque. Retrouver des habitudes, un rythme, calmer les angoisses, l'excitation. Reprendre une activité "normale". Ce sera pour demain...

Notes

[1] Escrime japonaise

[2] Il y a quand même un élément qui change : les disciples d'Emmaüs ont peur. Et Jésus leur apparaît, et ce n'est pas dit dans ces versets, mais il aurait pu aussi leur dire : "N'ayez pas peur"... Une phrase terriblement tendance en ce début de mai, n'est ce pas ?

dimanche 24 avril 2011

Anecdotes pascales

Que de joie aujourd'hui ! Bien sûr c'est Pâques, me direz-vous, normal d'être en joie en ce jour lorsqu'on fait partie de la chrétienté... Oui, mais parfois pas si simple. Et pourtant aujourd'hui, beaucoup de raisons de joies, de vraie joie, profonde, durable, qui fait vivre...

D'abord, le pasteur a prêché sur Ezéchiel 37, 1-14. Même s'il avait lu les textes du jour avant... Et ça, franchement, une prédication pascale pareille, c'est vraiment pas courant. Et intéressant, un vrai régal pour les neurones, pour le cœur, pour l'esprit !

Ensuite, il a oublié LE chant qu'on attendait tous, le chant réformé de Pâques par excellence, j'ai nommé A toi la gloire... Petite déception. Du coup, en famille, une dizaine réunis autour de nos aïeux (parents, grands-parents et arrières-grands-parents !), au milieu de la salle de restaurant de la résidence où ils logent, nous voici à reprendre ce chant, à pleine voix, au moment du dessert ! Grande joie, qui efface l'amertume de ne pas avoir vu la famille réunie au culte, pour fêter la résurrection avant de fêter la bonne chère...

Joie de la communion, quand pendant la Sainte Cène, au passage du pain, chacun échange avec son voisin : "Il est ressuscité" ; "Il est vraiment ressuscité !" Quelques mots qui prennent alors tellement de sens...

Et puis ces deux messages, deux textos pas vraiment inattendus, mais tellement bienvenus ! Les lire, y répondre fut une joie profonde, un vrai bonheur de partager la fête du Ressuscité avec ces deux amies particulièrement chères à mon coeur. Merci encore !

Chers amis, en ce temps pascal, que la grâce et la joie du Ressuscité vous comblent et vous accompagnent sur les chemins qui sont les vôtres...

samedi 23 avril 2011

En attendant

"Le Roi est en sommeil" dit le bréviaire (d'après Vianney). Nous savons que l'espoir est là. Mais trop tôt pour le dire.

Et en attendant... Expliquer à une enfant de presque cinq ans le mystère de Pâques, c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'en est l'air !

"Mais pourquoi il est mort Jésus ?
- Il y avait des gens qui n'étaient pas d'accord avec ce qu'il disait... Un peu comme nous quand on se met en colère...
- Oui mais alors il est mort ?
- Oui. Mais comme il est le fils de Dieu, il est ressuscité. Tu sais ce que ça veut dire ?
- Non...
- Qu'il est redevenu vivant !
- Ah ? Pourquoi il est vivant alors ? Il est pas mort ?
- Non, c'est pour ça qu'on fait la fête...
- ..."

vendredi 22 avril 2011

Chemin de croix

Cela va peut-être vous paraître étrange, mais ce midi, c'est la première fois que j'ai participé à un chemin de croix. Un "vrai", une célébration en assemblée, pour le vendredi saint... Bon, en y réfléchissant, le deuxième en fait, mais le premier était particulier, en plein air, à Lourdes, un chemin de croix grandeur nature avec une vraie croix à porter ensemble, groupe d'ados que nous étions...

Étrange aussi, cette certitude d'avoir l'espoir bien planqué, bien là, niché au fond du cœur. Alors que devant sur l'autel, les bougies s'allument comme pour compter les dernières heures de Jésus ; alors qu'autour de moi les dos se voûtent, les épaules s'affaissent, quelques larmes roulent, je reste impassible. A l'extérieur en tout cas. Parce qu'à l'intérieur, ça bouillonne. Mais cette plénitude envahit tout. Ce n'est pas un manque, pas le désert, juste une certitude, une évidence qui balaie tous les doutes, toutes les souffrances : Il est là, déjà ressuscité pour nous. Oui, dans ces épreuves, même au fin fond de la mort, dans l'attente interminable, Il est là.

Le chemin de croix se termine : dernière station, espérance de la résurrection. Un chemin de croix inhabituel, dix stations, racontées selon le point de vue d'un contemporain de Jésus. Quand tout est fini, qu'il ne reste plus personne... Personne ? Si. Sa mère. Et de voir défiler dans mon esprit toutes ces mères, les dernières à baisser les bras, les premières à se battre pour leurs enfants... A remuer ciel et terre pour faire grandir celui qui, handicapé, restera toujours le "petit" frère ; à trouver les signes de présence de leur enfant disparu ; à visiter le fils qui est en prison ; à donner une seconde, troisième, ènième chance à celle dont tout le monde s'écarte car elle n'est "bonne à rien".

En revenant au bureau, je ne peux m'empêcher un sourire. Avant la pause déjeuner, des collègues me demandaient si je déjeunais avec eux. Devant mon refus, ils se sont perdus en conjectures sur ma destination, mes aventures sentimentales supposées... J'ai glissé, avec un grand sourire et un clin d’œil, "si tu savais !"... Et au retour, en y repensant, je me suis dit que oui, c'est une bien belle aventure amoureuse :)

jeudi 21 avril 2011

Jeudi saint

Servir. A la suite de Jésus, les prêtres, les évêques, le pape réitèrent le geste du lavement des pieds, se mettent au service, à la place la plus basse. Une célébration particulière, une invitation à entrer, laisser la poussière du chemin au dehors, se rendre propre pour mieux accueillir le Christ.

Se donner. Entrer dans le don de soi, total. Autant que possible avec nos petites vies d'humains. Et percevoir la lumière, l'absolu du Don dans la Cène du Seigneur. Accepter d'être nourris, autrement. Indiciblement.

Apprécier. Le "hasard" du vagabondage, une rencontre inattendue entre un repas partagé, un lieu de culture et de divertissement, un philosophe et écrivain interviewé... Entendre ses efforts pour parler d'une foi "en la vie", pour renier toute utilité d'un dieu. S'attrister un peu devant sa vision bien superficielle des évangiles. Et m'autoriser à avoir foi "en la vie", avec Dieu à mes côtés. Parce que c'est juste tellement mieux :)

Douter. Et l'espace de quelques instants, se mettre à rationaliser, à chercher les (in)cohérences dans ce triduum, dans cette saga prenante de trois jours où l'on retient son souffle... Trois jours ? Mais est-ce cohérent ? Même les récits des évangiles ont des "trous"...

Apaiser. Mes craintes, mes peurs, mes doutes. Dans l'ombre paisible de l'église, et la douceur du soir printanier, au creux d'une oreille attentive et aimante. Se glisser dans les bras réconfortants d'une maman.

Accompagner. L'ami qui sera ordonné en cette solennité du Saint Sacrement... Prier et le confier, aujourd'hui tout particulièrement, comme ses futurs pairs, à Celui qu'il s'apprête à suivre... pour la vie[1].

Notes

[1] et la Vie... Jean 14, 6

dimanche 03 avril 2011

A mi-chemin...

Au milieu du désert, s'arrêter, regarder autour de soi. Pas de repère. Moment de doute, moment de réflexion, moment d'apaisement... forcé. Perdre pied ou sauver sa vie.

Les rencontres, les mots, glanés au cours de ces derniers jours, alimentent mes prières, mes louanges, mes cris de détresse, mes recherches. C'est un point de non-retour, là où il devient plus difficile de rebrousser chemin que de continuer, quoi qu'il en coûte.

Un clip, un baptême, et quelques mots dans un message :

Des pas...

Il y a les pas, de ceux qui disent "Ha ça..."
ce n'est pas pour moi car Il n'est pas !

Il y a des "pas" qui n'en sont pas,
qui fuient là-bas
ou qui n'avancent pas.

Il y a les pas,
les petits pas de ceux qui n'osent pas,
mais qui regardent par là.

Il y a les pas
de ceux qui disent et ne font pas.

Il y a "les pas" et il y a ...

un pas, le premier pas,
qui coûte ou ne coûte pas,
le pas qui sait que Tu es là
et que Tes pas ont précédé nos propres pas.

Alors ce pas, ce pas-là, je veux le faire ici-bas.
Je te prie de mettre mon pas dans tes pas
et je te remercie d'être là, Abba.

Amen.

Avancer. Continuer. Pas à pas. Se nourrir de la Parole : "Voir soi, les autres, Dieu avec le regard de Dieu", dit le prêtre sur Jean 9 ; "Réussir sa vie en refusant les tentations, comme Jésus au désert" dit le pasteur sur Luc 4, 1-14... Pas après pas, marcher dans le chemin du Seigneur. Et garder au cœur l'espoir de Pâques à venir, la promesse de l'eau vive...

Que Dieu accompagne nos pas.

mardi 29 mars 2011

De la grâce au signe

Et de deux. Paul et Raphaël. Un apôtre et un archange. Avec de tels protecteurs, de quoi auraient-ils besoin ?

Et pourtant. Sur notre terre des hommes, nous avons besoin de signes. Même quand la grâce de Dieu nous inonde, même quand elle nous précède, et pour dire qu'elle est justement première, nous parents demandons le baptême pour nos enfants.

Dimanche, ce n'était pas comme parent que j'étais là. Le tour de ma cadette viendra, dans quelques mois. Non, dimanche, si j'ai vu la grâce, si j'en ai été témoin, si je l'ai signé, c'est parce qu'un tout-petit, la bouille toute ronde et le sourire avenant, m'a été confié, par ses parents.

Raphaël, petit bout, le visage baigné par l'eau, le front marqué du saint chrême, couvert du vêtement blanc, tu as été habillé par Jésus ressuscité. Tu es né à la Vie. J'ai cette chance de t'avoir comme filleul à présent. C'est une joie, et c'est une responsabilité, tu sais. Parce qu'on va inventer une nouvelle situation, toi et moi. Parce que je vais essayer de te faire connaître mon mélange, d'ouvrir ton esprit à la Bible, à l'histoire, à la fraternité, à tout ce qui fait que le monde est beau et que nous serons, si Dieu le veut, ferments d'unité. Parce que tu seras peut-être un jour, filleul à la fois d'un prêtre et d'un pasteur ? :)

Que Dieu te bénisse, Raphaël.
Qu'Il nous donne à tous, de savoir suivre avec confiance le chemin qu'Il nous montre...
Que nous gardions toujours la soif d'eau vive de la Samaritaine...

mercredi 09 mars 2011

Des cendres, monter vers Pâques

Aujourd'hui, pour les catholiques comme pour les protestants, c'est le début du carême[1]. Autant ce jour est marqué par des messes particulières dans toutes les paroisses catholiques, autant très peu de paroisses réformées manifestent une piété spécifique.

Sortie de la messe, discussion quelque peu surréelle :
Moi - Je me marre, Claire[2][3] est au culte ce soir :)
- Ah ? Je croyais que les protestants ne faisaient pas le carême ?
- Oui, c'est pour ça que ça me fait bien rire, son pasteur est à moitié catho, c'est pas possible autrement, c'est bien la première fois que je vois un pasteur faire un culte le mercredi des cendres, et une méditation chaque jour du carême sur un texte biblique ! D'ailleurs, par curiosité je voulais suivre les méditations, et je me retrouve à en écrire aussi...

Bref. Tout ça pour dire que l'air de rien, ça bouge dans les têtes et les coeurs. Les cathos parlent de jeûne, d'efforts, de se rapprocher de Dieu en essayant de rogner sur le superflu de nos vies, pour le donner à Dieu et/ou aux autres. Le tout dans la joie, celle de se libérer de nos entraves routinières... Les protestants, bougons, disent "mais ça rime à quoi de dire qu'on fait des efforts que 40 jours par an ? C'est tout le temps qu'il faut en faire". Et puis, quand un pasteur un peu original parle des cendres comme de nos petits feux humains éteints, qu'il faut raviver un peu, chaque jour, prendre le temps de se préparer à accueillir le grand feu pascal, il le dit avec une telle fougue qu'on ne peut qu'être d'accord...

Se libérer pour se donner davantage à Dieu (ou l'inverse ?). Bon chemin à tous vers la grande joie de Pâques !

Notes

[1] Autrement dit, le mercredi des Cendres. Et oui, j'assume mon jeu de mots du titre, ça vaut bien la frime en latin de certain(e)s autres ;)

[2] protestante, amie commune

[3] Le prénom a été changé

mardi 25 janvier 2011

Une église peut en cacher une autre...

Dernier jour de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, jour où les catholiques du monde entier fêtent la conversion de (Saint) Paul... Un éblouissement sur tous les plans, une mise à genoux avant un relèvement pour celui qui deviendrait un des théologiens les plus commentés de toute l'histoire du christianisme !

A genoux, ou en tailleur à même le sol, nous allions l'être dans la petite chapelle que je découvrais... En arrivant, je manifestais mon étonnement devant cette petite chapelle, nichée au creux d'un pâté de maisons... Comment se faisait-il que cette chapelle subsiste alors qu'il devait y avoir une église plus grande à proximité ? C'est ensuite, suivant le prêtre de la paroisse, que j'ai découvert, derrière la douce chaleur de cette douillette et accueillante chapelle, une vaste église contemporaine, magnifique, spacieuse... Quelle joie d'y découvrir le Christ, non crucifié mais resplendissant et bénissant, comme il l'est dans ma propre paroisse !

Après quelques paroles d'explication et de bienvenue, le violon donne le ton, les chants de Taizé sont lancés. Repris spontanément à plusieurs voix, répétés à pleins poumons, emportant peu à peu dans la méditation, ils portent le groupe, laissent descendre l'Esprit au milieu de nous...

Lorsque le dernier chant s'estompe, chacun scrute son voisin. Nous ne nous connaissons pas tous mais sommes là pour apprendre à connaître les autres ! Créer des liens... On prend un verre, un repas, des rendez-vous ; on se promet de recommencer, l'expérience est réussie !

dimanche 23 janvier 2011

Unité, diversité, prière et tensions

Une semaine... Une petite semaine dans l'année pour éveiller les consciences, huit jours pour prier ensemble, pour se découvrir mutuellement. Pour moi, c'est aussi un temps d'exposition, de vulnérabilité. Parce que ces jours-ci peut-être davantage que les autres, je donne tout ce que j'ai... Parce que je me trouve en présence de deux communautés qui se retrouvent, discutent ensemble, se heurtent... Et veulent forcément me classer quelque part.

Conférence donnée par la pasteur, jeudi soir, avec pour thème "les protestants dans la société actuelle". J'y suis, autant dans le public que pour témoigner. Et les gens de se poser des questions : "C'est pas vous qu'on voit à la messe avec un bébé en écharpe ?". Et moi d'acquiescer en souriant, car ils se rendent compte à ce moment que je participe autant à la vie des paroisses catholique que protestante... Un autre couple "mixte" est là également. Expériences différentes, choix différents, vie de foi différente aussi... Idem pour l'éducation des enfants, l'équilibre à trouver, sans saturation.

Vendredi, adoration, ou comment vivre intensément un cœur à cœur avec Dieu... Un irrésistible besoin de me mettre à genoux devant mon Seigneur. Se laisser accompagner, ouvrir son cœur, son esprit à l'Esprit, partager ces moments, ces chants avec les enfants, les animatrices de l'aumônerie. Et les larmes, impossibles à retenir, roulent. Pourquoi ? Difficile à dire, seulement un mélange de tristesse, de fatigue, d'incompréhension...

Communion des saints, quelle que soit la confession ; une amie m'écrit :

Tu es en cet instant en prière et mon cœur loue le Seigneur à l'unisson.
Moment, comme à chaque fois que ma pensée se tourne vers Lui, où mon cœur en un instant se retourne, comme touché profondément par la profondeur de cette pensée, par la grâce. Ce retournement quasi physique et quasi systématique serait comme se jeter à ses genoux (ce geste si décrié chez nous et si plein de reconnaissance de sa majesté) pour l'adorer.
Ce geste que je ne fais pas, mon cœur lui l'ose et se prosterne.
Le cœur à cœur peut alors commencer. Nous sommes alors sur le même créneau de communication quelque soit le lieu, quelque soit le moment.
Maintenant !
Mon Seigneur et mon Dieu ! Alleluia !

mercredi 19 janvier 2011

Dignité ? Quelle dignité ?

Dans le débat autour de l'euthanasie, tout le monde se réclame de la dignité. Au nom d'une prétendue dignité, les uns prônent le suicide assisté tandis que les autres demandent la généralisation des soins palliatifs...

Pour une fois, les calendriers parlementaires et religieux se croisent... Car il me semble que prendre soin des personnes fragiles, particulièrement vulnérables comme le sont celles qui souffrent, physiquement et moralement, est un souci commun chez tous les chrétiens de toutes confessions.

Je ne saurai que trop vous demander de prier pour toutes ces personnes en souffrance, qui sont avant tout des personnes, comme chacun et chacune d'entre nous, et libérés de leur douleur, ne cherchent plus la mort à tout prix.

mardi 18 janvier 2011

Toi qui nous unis...

Aujourd'hui débute la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.

Qu'est-ce que c'est ?

Une semaine, du 18 au 25 janvier dans l'hémisphère nord, pendant laquelle les différentes confessions chrétiennes sont amenées à partager ensemble sur un thème précis. C'est l'occasion de (re)découvrir les autres, de prier ensemble, d'œuvrer de concert, de se rapprocher pour ne former "qu'un, comme nous sommes un" (Jean 17, 21).

Jérusalem

Cette année, le thème est l'origine des Eglises chrétiennes : Jérusalem, et les coutumes des premiers chrétiens. Nous sommes invités à partager autour du livre des Actes des Apôtres :

Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en communion. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.
Ac 2, 42-47, Traduction oecuménique de la Bible (TOB)

Quoi faire ?

Renseignez-vous : dans vos paroisses, il y a forcément quelque chose organisé pour cette semaine de prière. Échange de chaires, conférences œcuméniques, célébrations spécifiques, veillées de prière, concert de chorales chrétiennes... Vous pouvez également trouver les textes, des pistes de réflexion, des éléments liturgiques, sur le site Unité Chrétienne, en charge de l'organisation de cette semaine à retentissement mondial.

A l'heure où les chrétiens sont de nouveau persécutés pour leur foi, sous diverses formes, il me semble primordial de montrer que nous pouvons être unis dans la prière, pour que le règne de Dieu passe par nos mains... si nous le voulons.

samedi 08 janvier 2011

Au fil du jour

Passant la porte, ma main se glisse dans la poche de mon blouson, se protégeant du froid. Sous mes doigts, les grains roulent, doux et lisses au toucher. Je cherche la croix et récite le Symbole des Apôtres... Comme tous les matins, la routine, une plongée dans la prière pendant le temps de transport avant de rejoindre mon bureau.

Pause au travail, je rejoins une collègue. Il y a quelque temps nous avons fait connaissance, et découvert mutuellement notre foi. Je lui ai expliqué mes études de théologie, ma foi chrétienne mélangée ; elle est juive et pratiquante, a été dans une école juive où elle a appris l'hébreu, entre autres. Elle m'explique les traditions de la fête de Pourim, dont j'ai étudié le texte fondateur dans mon cours d'Ancien Testament. Joie de la rencontre, plaisir du partage autour de notre envie commune de vivre pleinement notre foi et de la transmettre... Louange ! Le sourire aux lèvres, je retourne à mon poste.

Au hasard des RER, je me trouve dans le même wagon qu'un... voisin ? Ami ? Pasteur ? Tout ça à la fois. Complicité : "je m'endormais sur la première de Pierre"... Incompréhensible pour les gens autour ! A vélo, à pied, chemins croisés, prière toujours.

Les enfants laissés sous garde bienveillante, prêts à coucher, je ressors. J'aime le temps qu'il me faut pour me rendre à l'église à pied, le rythme qui me permet de me préparer, entrer doucement dans le week-end, lâcher prise et me laisser guider. Lorsque j'entre dans l'église, la lumière de la Nativité m'accueille, l'autel recouvert d'un voile doré étincelle, autant que le Christ ressuscité qui nous bénit du fond du chœur... L'Eucharistie n'est pas terminée, la communion passe et je perçois les petites flammes de mes frères et sœurs qui m'entourent. Puis temps de silence, partage des sens, lien vivant, union de prière autour de Dieu au milieu de nous...

Enfin, sous la couette, une dernière pensée... Confier au Seigneur famille et amis... Avant de sombrer dans le sommeil, renouveler mon 'oui'. Jusqu'à demain.

vendredi 24 décembre 2010

La joie de l'Incarnation

Je viens de passer quatre jours particulièrement remplis, à suivre une session intensive d'hébreu qui a bien porté son nom...

Je portais jusqu'ici comme une tristesse un peu sourde, un sentiment étrange de ne pas percevoir cette attente dite par les quatre dimanches de l'Avent... Cette année, je ne sais pourquoi, le chemin était difficile, ardu, voire un peu effacé, comme un sentier qui se perd dans de hautes herbes ; du coup, impossible de voir où l'on va, et se réjouir à l'avance de ce tout-petit, et pourtant si grand, qui vient.

Et puis l'hébreu est fini, pour cette fois, en attendant le prochain devoir à remettre. Chacun est rentré chez soi, avec peut-être un petit pincement au cœur de laisser les copains et les lieux prestigieux de la fac de théo pour retourner à notre quotidien pas toujours fantasmagorique. Avec une amie, on a prolongé la rencontre en échangeant dans le train du retour. Partage sur les prochaines étapes de notre formation théologique, sur nos vies multiples, boulot, famille, théologie, à caser dans une seule existence...

Planification du travail pour mieux se motiver et réussir, découverte de la grâce que Dieu nous fait en permettant de nous connaître davantage. Échange sur nos doutes aussi, nos peurs, nos souffrances, et nos espoirs, nos joies, nos fois de mélanges chrétiens...

Un peu de place à la prière avec un chapelet... Et déguster la joie de l'attente, cette attente qui ne venait pas, accaparée par tous les soucis de ma routine chronophage... Enfin j'ai un peu de temps pour prêter l'oreille à ce murmure, à ce chant léger qui deviendra bientôt fête : demain, c'est Noël ! Et quelle grâce merveilleuse, pour les chrétiens, de réaliser que Dieu est venu parmi nous, Dieu nous a tellement aimé qu'il s'est fait homme, il a donné son fils unique pour notre salut...

Alors ce soir, malgré l'épuisement, j'ai envie de chanter, de louer... Merci mon Dieu pour cette immense grâce de l'Incarnation que tu nous donnes !

lundi 13 décembre 2010

Gaudete, lumière... et libération

Joie des chants,
sourire du célébrant,
à défaut de chasuble rose...

"Es-tu celui qui doit venir ?"
Question ancienne, défi actuel,
lancé à chacun en homélie :
"Que crois-tu ? Choisis !"

Doute au cœur,
geste de paix,
chemin incertain,
tristesse... difficile à expliquer.

Lumière des enfants,
conte d'espérance et d'attente
sur parole d'amour[1].

Télescopage des époques :
Esaïe[2], Marie, Jean Baptiste,
tous attendent, préparent...
Et nous ?

Accablement dans la sécheresse de la prière,
les mots qui ne viennent pas,
l'esprit qui ne se fixe pas
ou plutôt se fixe sur ce qu'il ne devrait pas.

Culpabilité, lâcher prise,
finalement faire confiance,
prier, encore, malgré le trouble...

Et se libérer, enfin.

Oser prier pour celui qui blesse,
permettre au Miséricordieux
de panser enfin
cette plaie douloureuse.

Notes

[1] 1 Corinthiens 13, 13 : Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l'espérance et l'amour, mais l'amour est le plus grand.

[2] Isaïe pour ceux qui préfèrent

mardi 07 décembre 2010

Payer la prière ?

Dans ma paroisse, un groupe se forme pour aller aux JMJ, à Madrid l'été prochain. A la messe, ce dimanche, une annonce pour ledit groupe, qui, évidemment, recherche un financement pour ce voyage :

Voilà, on a pensé à deux idées : la première, c'est de vendre des bougies. Prenez-en pour la crèche, pour votre couronne de l'Avent, pour chaque personne pour laquelle vous priez...
La seconde, plus profonde spirituellement, c'est de parrainer un jeune, en donnant la somme que vous voulez. Même les plus petits dons sont importants !
Et pour que le parrainage se fasse dans les deux sens, chaque parrain pourra donner, nominativement ou anonymement, une intention de prière, qui sera emportée par le jeune parrainé.

Là, je dois avouer que le premier mot qui m'est venu à l'idée, c'est "indulgences". Et l'association des abus qui ont pu avoir lieu et ont mené (entre autres) à la Réforme. Fondamentalement, l'idée n'est pas mauvaise, non, d'associer les générations par la prière... Mais associer argent et prière, ça réveille des instincts, chez les protestants, ça hérisse le poil, ça allume les gyrophares dans la tête, ça déclenche tous les garde-fous !

Comment imaginer une prière sincère, une relation à Dieu sans arrière-pensée, lorsque l'intention qui anime le croyant est motivée par l'argent qui a permis le voyage ? Je veux bien croire aux miracles, mais de là à afficher une telle naïveté... Ceci étant, il semble que mon raisonnement est loin d'être généralisé, si j'en crois le regard choqué lorsque j'expose mon propos...

Edit du matin : la nuit portant conseil, j'ai pensé à un parrainage qui me paraîtrait plus "vrai"... Organiser une rencontre entre tous les parrains et le groupe de jeunes, pour faire connaissance, partager des expériences de vie, de foi, créer un vrai lien, un vrai soutien entre des frères et soeurs de générations différentes. Lors de cette rencontre, les parrains s'ils le souhaitent, déposent des intentions de prière, et chaque jeune pourrait en prendre une, ou plusieurs, ou pas du tout...

Et rebelotte au retour : une réunion et/ou célébration pour prier ensemble, exprimer / louer pour ce qui aura été vécu, et continuer dans les liens, envisager d'autres projets ensemble, voire un parrainage plus long ?

lundi 01 novembre 2010

Donner, recevoir

Préparer un culte, c'est une drôle d'affaire... C'est lire les textes, d'abord, demander à l'Esprit de nous donner son message, méditer. Laisser le texte agir en nous, le quotidien lui donner chair.

Puis se plonger dans la liturgie. Vivre, à l'avance, tous ces temps qui forment la préparation de notre coeur à l'accueil de Dieu. Choisir les prières, les styles, le contenu pour donner à chacun l'opportunité de trouver Dieu dans la célébration. Prier pour choisir ce qui parlera au coeur.

Jeter quelques mots, un chemin, ce qui sera une prédication. Aller chercher au plus profond ce que le texte dit en moi, mettre à profit les outils du théologien pour creuser encore. Et puis ressortir du trou, les mains pleines de terre, et expliquer qu'il y a de l'or, là en bas ! Etoffer, donner des exemples, interpeler, montrer Dieu... Tenter de le dire de la façon la plus universelle possible.

Mes mots me semblent creux. Ils ont besoin d'être affinés, sans doute, mâtinés d'expérience, passés au tamis de la sagesse des ans, gonflés au levain de la théologie... Mais je crois. Et je mets tout mon être d'enfant de Dieu dans cette célébration. Parce que je voudrais qu'il soit impossible de rencontrer Dieu et ne pas croire.

Célébrer. Avec tout ce que j'ai. Et finalement accueillir, humblement, les remerciements, les regards, les sourires, les questions, les critiques... Partager, voir l'émerveillement ; penser que Dieu est là, aujourd'hui... et toujours.

Alegria ![1]

Notes

[1] Et merci à Vianney pour la "patate" ;)

mardi 05 octobre 2010

Une bonne raison

Suite à ce billet, une amie m'a écrit :

Je n'ai pas les mots pour répondre à ton désarroi, et sans lire tout ça, je n'aurais jamais imaginé que ça puisse être si difficile de vouloir avancer sur les deux chemins, que je pensais plus proches... Juste une question, le sacrement de la réconciliation n'existe pas chez les protestants ?[1]

C'est étrange pour moi, même si c'est habituel, de constater la méconnaissance d'une confession par rapport à l'autre... Loin de moi l'idée de stigmatiser quoi que ce soit, il s'agit d'une constatation, de quelque chose qui pour moi coule de source, mais n'est pas du tout évident pour d'autres.

Quand j'étais enfant, je me disais que si les copains ne connaissaient pas l'autre confession et me posaient des questions, c'est que j'étais un peu en avance sur eux, à cause de ma situation particulière, mais qu'ils finiraient par apprendre tout ce que je savais. Pour moi, tous les grands connaissaient ce que j'apprenais "en double". Et en fait... non.

Alors, même si c'est difficile parfois, je crois que ça vaut le coup de suivre Dieu là où Il m'emmène, rien que pour pouvoir répondre aux questions de mes prochains[2]...

Notes

[1] Pour répondre brièvement (j'y reviendrai) : non, il n'existe que deux sacrements chez les protestants, le baptême et la Sainte Cène.

[2] et ce blog est aussi fait pour les poser ! ;)

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