Préparation de baptême
Par Tigreek le lundi 29 juin 2009, 22:05 - Témoignage - Lien permanent
C'est en couple, en ayant laissé notre fille aux bons soins de sa grand-mère, que nous avons participé à une réunion de parents, préparatoire au baptême prévu au mois d'août. Cette réunion était organisée par la paroisse catholique : le nombre de baptêmes qui y est célébré (plus de 300 par an) demande une organisation rigoureuse, sans faille, dans laquelle on est sensés se mouler, sous peine de ne pas pouvoir célébrer le baptême (ce qui s'est passé l'an dernier pour nous).
Notre ressenti de cette séance est mitigé. Moins négatif que l'an dernier toutefois, où mon désarroi était total : malgré mes demandes, le baptême de notre fille était pris comme un "classique" baptême catholique. Les laïques qui forment l'équipe de préparation au baptême ne sont manifestement pas formés à accueillir des foyers mixtes. Or pour nous, conscients de représenter une union particulière, il est vraiment important de transmettre l'ensemble de la culture chrétienne que nous avons reçue. Cela signifie que nous ne pouvons accepter que seul un prêtre officie lors du baptême de notre enfant.
Bien sûr, nous dérangeons. Nous avons conscience de déranger. Mais nos interrogations, nos désirs d'unité, d'ouverture, ne peuvent pas rester muets. Et pour tous ces parents catholiques, nous nous devons de reprendre certaines assertions : non, baptiser un enfant ne veut pas dire "choisir la religion catholique" pour son enfant. Suite au concile et aux discussions oecuméniques, le baptême est le SEUL sacrement actuellement partagé par l'ensemble des Eglises chrétiennes. Un baptême n'est pas catholique, orthodoxe, protestant, anglican : il est chrétien. Certes, il sera célébré dans une des Eglises, si ce n'est par tradition parentale, ce sera par contingence pratique. Mais il est universel : un catholique ne sera pas rebaptisé s'il choisit de partager la confession protestante, ou inversement.
De notre côté, ce qui nous gêne, c'est (en apparence) l'imposition de dogmes, sans beaucoup de possibilité de débat. L'animateur nous invite à nous exprimer, mais il a toujours le dernier mot. Et le prêtre qui termine la réunion répond à des interrogations remontées par les animateurs, sans retour. Lors de notre rencontre avec la pasteur, nous avons expliqué pourquoi nous voulions faire baptiser notre fille, comment nous voyions le sacrement. Elle nous a donné la position communément admise dans l'Eglise réformée, a pris des textes de la Bible pour nous donner l'origine et la justification du baptême. Nous avons discuté de nos doutes, de notre foi, de ce que nous voulons transmettre, de l'engagement que nous avons pris à notre mariage...
Bref. Pour ma fille je ne voulais pas céder à la facilité, mais si un jour elle a un petit frère ou une petite soeur, il a des chances que cet enfant soit baptisé au temple... Ce sera plus facile d'inviter un prêtre au temple, que d'essayer d'imposer une ouverture dont l'Eglise catholique ne semble plus vouloir.
Commentaires
Ce billet me touche, car nous préparons aussi des familles qui demandent le baptême pour leur enfant. Je reconnais qu'en tant que laïcs, nous ne sommes pas du tout préparés à accueillir les demandes comme la vôtre. A mon grand regret d'ailleurs, parce que les rencontres n'en seraient que plus riches. Bonne préparation à vous...la journée sera belle !
@Anne-Claire : Effectivement, je pense que les laïcs des équipes de préparation au baptême font de leur mieux. Ceux que j'ai rencontrés sont très au point pour répondre à des parents qui ne savent pas forcément "par quel bout s'y prendre", qui ont des questions sur le sacrement, les parrains-marraines, leur rôle en tant que parents qui s'engagent pour leur enfant, la signification de leur demande, la théologie rattachée au baptême... Toutes les interrogations "classiques" de parents dont le chemin dans la foi évolue en même temps que s'agrandit leur famille.
Dans notre cas, je pense que le prêtre aurait dû nous recevoir, et nous prendre davantage en charge. Je ne souhaite pas mettre les gens en porte-à-faux, mais il est vrai que nos interrogations ne sont pas courantes. Je reconnais que les prêtres sont souvent surchargés, et que nos attentes peuvent paraître saugrenues, égoïstes : pourquoi ne pas faire "comme les autres" ? Je sais que dans la paroisse, d'autres familles mixtes ont rencontré les mêmes difficultés que nous, les mêmes incompréhensions. Du coup, la plupart se sont découragées et restent sur la paroisse réformée, qui paraît plus accueillante (de fait, les foyers mixtes et leurs problématiques particulières y sont bien mieux connus...).
Je me pose la question d'intégrer à l'avenir une de ces équipes laïques de préparation au baptême. Peut-être pourrai-je y apporter quelque chose ? Si c'est le cas, il faudra que ce soit mûrement réfléchi, aussi bien de mon côté que du côté de l'équipe en place, pour que ma participation soit réellement bénéfique.
Merci de ce témoignage, je suis moi-même bien interpellée par l'oecuménisme que j'ai eu la joie de vivre à différentes reprises.
Si chaque chrétien pouvait une fois ou l'autre participer à une activité avec des chrétiens de confessions diférentes, bcp d'id fausses, de préjugés tomberaient.
Pour des catholiques il faut faire attention car notre nombre peut faire oublier l'existence des autres ctés chrétiennes pourtant bien vivantes.
N'attendons pas la semaine de prière pouir l'unité (en janvier) pour faire ce pas . L'éte il y a des sessions...
Avec Internet cela devient facile de trouver d'autres chrétiens près de chez soi; mais est-on près à plonger vers cet inconnu si proche ?
@Anne : J'aime l'expression "cet inconnu si proche", c'est très réaliste. Oui, l'oecuménisme est souvent plus simple qu'il n'y paraît !
Que de joie, lorsque je participe à un groupe de partage oecuménique, ou chacun participe au débat, apporte ses idées, donne ses références bibliques (ou non), dit son accord ou son désaccord avec les autres, change d'avis parfois...
Que d'espérance, lorsque des personnes de toutes confessions s'associent pour monter une épicerie solidaire, et réunissent les dons des différentes Eglises locales !
La plus grande difficulté : accepter d'ouvrir son coeur à la différence, expliquer les "évidences" (ce qui est évident pour l'un n'est pas forcément naturel pour son voisin), comprendre que l'autre n'a pas la même culture que soi, avoir la volonté de discuter, d'expliquer, encore, plutôt que d'entrer en conflit pour des incompréhensions...
Certains de mes proches pensent que l'oecuménisme n'avancera que par les initiatives de "la base", pas par les discussions des théologiens qui trouveront toujours des points de détails sur lesquels se diviser. Alors écoutons l'Esprit en nous et agissons !
Allez, hop, ce soir, c'est notre tour...j'aurai une petite pensée pour vous, Tigreek, en accueillant les parents...
Et lancez-vous, votre "différence", votre "plus" ne peut être que bénéfique pour tous !
Les échanges sont souvent riches, et même si parfois, on y va en trainant les pieds, on en revient toujours "plus neuf"...
@Anne-Claire : Eh bien, bonne soirée à vous, et que l'Esprit vous guide ! De notre côté, demain matin on rencontre la pasteur et le prêtre, pour les faire se rencontrer d'abord (jusqu'ici on les a vus séparément), et pour discuter et s'accorder sur la cérémonie. Je dois avouer que j'ai un peu d'appréhension, et j'espère qu'aucun nouvel obstacle ne se déclarera... Nous voulons réellement nous engager aux côtés de notre enfant, pour l'accompagner dans son éducation spirituelle, par ce baptême !
Et pour l'anecdote : ce matin, au réveil de ma fille, j'ai réalisé qu'elle avait pris à côté de son lit... sa mini-Bible illustrée ! Du coup, on a raconté quelques histoires bibliques avant le petit déjeuner...