Le wagon d'un train de banlieue parisienne, un peu avant 8h un matin de semaine, ce n'est pas le lieu le plus réjouissant qui soit. Étudiants aux livrées diverses, cadres en costume-cravate, jeunes mamans venant de laisser leur progéniture à la crèche, chacun est plongé dans ses pensées, sa musique, son livre... Quelques discussions ont débuté sur le quai et se poursuivent, voix isolées couvertes par le bruit de fond des roues sur les rails.

Le jour se lève, timidement. Le train est encore aérien dans cette partie du parcours, et mes yeux cherchent la distraction à l'extérieur, dans le paysage urbain et industriel, parfois abandonné à la nature, qui défile. Le ciel pâlit, passant du bleu profond de la nuit au blanc de l'aube... Déjà les nuages d'altitude rosissent, le soleil ne tardera pas à briller de sa lumière douce de fin d'été... Au sol, des bosquets en bord de Seine laissent la place à des maisons, puis à une usine...

Pendant quelques dizaines de secondes, le train change d'orientation, et c'est une vue presque irréelle qui se dégage. Au premier plan, quelques arbres, des espaces pas encore urbanisés ; au loin, teintées du bleu de l'horizon, se dégagent les tours de la Défense, chacune différente et si caractéristique, entourant l'arche. Et masquant le haut des tours, quelques nuages, comme accrochés par ce relief inhabituel dans la vaste plaine. Cette brume donne un aspect fantomatique à ce paysage particulier, et au voyageur qui se dirige vers ce centre, l'impression de voyager vers une illusion... Dans les dernières secondes, la boule rouge flamboyante du soleil levant ajoute une touche fantastique à cette vision...

Le train entre dans le tunnel, arrive bientôt en gare... Sourire, les yeux dans le vague, le cœur en louange. La journée sera belle !