Cela va peut-être vous paraître étrange, mais ce midi, c'est la première fois que j'ai participé à un chemin de croix. Un "vrai", une célébration en assemblée, pour le vendredi saint... Bon, en y réfléchissant, le deuxième en fait, mais le premier était particulier, en plein air, à Lourdes, un chemin de croix grandeur nature avec une vraie croix à porter ensemble, groupe d'ados que nous étions...

Étrange aussi, cette certitude d'avoir l'espoir bien planqué, bien là, niché au fond du cœur. Alors que devant sur l'autel, les bougies s'allument comme pour compter les dernières heures de Jésus ; alors qu'autour de moi les dos se voûtent, les épaules s'affaissent, quelques larmes roulent, je reste impassible. A l'extérieur en tout cas. Parce qu'à l'intérieur, ça bouillonne. Mais cette plénitude envahit tout. Ce n'est pas un manque, pas le désert, juste une certitude, une évidence qui balaie tous les doutes, toutes les souffrances : Il est là, déjà ressuscité pour nous. Oui, dans ces épreuves, même au fin fond de la mort, dans l'attente interminable, Il est là.

Le chemin de croix se termine : dernière station, espérance de la résurrection. Un chemin de croix inhabituel, dix stations, racontées selon le point de vue d'un contemporain de Jésus. Quand tout est fini, qu'il ne reste plus personne... Personne ? Si. Sa mère. Et de voir défiler dans mon esprit toutes ces mères, les dernières à baisser les bras, les premières à se battre pour leurs enfants... A remuer ciel et terre pour faire grandir celui qui, handicapé, restera toujours le "petit" frère ; à trouver les signes de présence de leur enfant disparu ; à visiter le fils qui est en prison ; à donner une seconde, troisième, ènième chance à celle dont tout le monde s'écarte car elle n'est "bonne à rien".

En revenant au bureau, je ne peux m'empêcher un sourire. Avant la pause déjeuner, des collègues me demandaient si je déjeunais avec eux. Devant mon refus, ils se sont perdus en conjectures sur ma destination, mes aventures sentimentales supposées... J'ai glissé, avec un grand sourire et un clin d’œil, "si tu savais !"... Et au retour, en y repensant, je me suis dit que oui, c'est une bien belle aventure amoureuse :)