Voici venu le moment de terminer l'icône. Comme à chaque étape, chacune des dernières touches que l'on va apporter porte son lot de symboles.

Les auréoles prennent leur couleur or définitive, symbole de la sainteté, lumière émise par ceux qui nous montrent le chemin vers Dieu. Encore une fois, ce n'est qu'une technique simple, j'ai utilisé de la gouache dorée. La technique à la feuille d'or, bien plus complexe, se fait différemment et parfois avant même de poser les ténèbres.

Puis tous les cadres (tour de l'icône, voire tour intérieur, auréoles) seront soulignés avec un liséré vermillon pur (rouge), toujours avec la symbolique du sang qui donne la vie. Et dans l'auréole du Christ, on tracera les signes qui lui sont propres : les trois branches de la croix, et les lettres grecques omicron - oméga - nu (οων), signifiant "celui qui est".

Les bâtons des anges, et les marques et noms des personnages sont également indiqués en rouge pur. L'iconographe donne ainsi vie aux différents saints ou modèles représentés sur l'icône. Chaque trait me fait penser aux veines du corps : si la planche était l'ossature, recouverte de la lumière dans laquelle Dieu nous a créés, les différentes couches de couleurs [1] forment la chair, et ces dernières lignes rouges sont les veines transportant la Vie !

Pour terminer, les dernières touches sont en blanc pur, signe de la lumière que nous avons reçue et que nous pouvons, que nous avons la mission de transmettre à tous ! Elles apparaissent sur les parties les plus claires des carnations : mains, pieds, visage, cou... En particulier, sur le cou, le blanc représente le souffle de l'Esprit, la force de la Parole de Dieu. Notre animatrice iconographe nous disait "C'est pour ça que souvent le Christ est représenté avec un cou de taureau !"...

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Et l'icône prend vie avec deux dernières touches : le blanc des yeux, toujours posé d'un seul côté de la pupille. L'icône est terminée lorsqu'elle regarde celui qui la regarde. Je dois toujours prendre un long temps de prière avant cette ultime étape, car toute l'orientation donnée à l'icône précédemment peut changer avec le regard donné à cet instant. Il peut être doux, un peu fuyant, dur, en échange[2]...

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Une fois terminée, l'icône est nommée au dos, toujours à l'encre rouge, pour prolonger le don symbolique de la vie par le nom.

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Et un moment très fort, pour l'iconographe comme pour le destinataire : lorsque celui-ci découvre pour la première fois "son" icône...

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... même à six mois, ça fait forte impression ! :)

Et bien sûr, la prière de l'iconographe ne s'arrête pas là... "Tu es responsable de ta rose" disait Saint-Exupéry dans le Petit Prince. J'ai écrit suffisamment peu d'icônes pour me souvenir de chaque, et continuer à prier pour chaque personne à qui je les ai offertes. Même si le souvenir s'efface, c'est un peu comme un fil, un lien particulier, une union de prière inaltérable qui m'unit à ceux qui les reçoivent...

Notes

[1] et chacune est importante, de la plus sombre à la plus claire !

[2] en particulier sur une Vierge à l'Enfant ou une scène biblique