"Pourquoi on fait une prière comme ça ?
- Tu as vu les drapeaux ?
- Oui. C'étaient tous des drapeaux de la France, mais il y avait des écritures en doré dessus...
- Ce sont les drapeaux des régiments de soldats. Ceux qui sont morts pendant la guerre.
- C'est quoi la guerre ?
- C'est quelque chose que tu ne connais pas. Moi non plus d'ailleurs, Papi et Mamé non plus... PAr contre, Fati a fait la guerre, tu sais, le papa de Mamé ? ..."

Difficile de parler de ce qu'on ne connaît pas. Travail de mémoire, d'éducation... Mes filles sont la troisième génération familiale à ne pas connaître la guerre sur le sol français. Du coup, la prière pour la paix organisée samedi dernier dans ma ville en devient vraiment une, peut-être, elle change de visage : plus seulement prière pour les morts tombés au combat, mais prière pour l'avenir, pour tout ce qu'il y a à construire.

Nous n'avons pas connu la guerre. Nous voyons des hommes en parler. Porte-drapeaux, ils sont fiers, graves, solennels. Emus, aussi. Omniprésents dans le choeur et pourtant un peu... incongrus, si l'on peut dire ça. Je crois qu'ils ne viennent pas souvent dans un lieu religieux. Cette distance, autant que celle entre générations, place cette cérémonie un peu hors du temps. Ce n'est plus le temps ordinaire, ce n'est plus un temps de guerre. C'est une parenthèse où tout devient possible !

Nous nous retrouvons entre familles multiconfessionnelles. Avec la même impression : celle d'être chez nous, à l'aise, nous qui avons habituellement un pied de chaque côté. Là aussi, une petit bulle hors du temps, hors de l'espace ordinaire. Pour la Paix.