Coming out (1)
Par Tigreek le lundi 04 mars 2013, 23:49 - Actualité - Lien permanent
Comme ceux de la "génération Jean-Paul II", pendant plus de vingt ans je n'ai connu qu'un pape. Il était là avant ma naissance et malgré ce que mes parents, mes grands-parents en disaient, je ne pouvais pas imaginer d'autre que lui. Vieux, en blanc, souriant, avec ces yeux qui pétillent et la légende du "pape polonais inattendu" collée aux souliers.
Et voilà qu'en huit ans, il se passe davantage de choses qu'en vingt-cinq... Sans doute mon regard a-t-il changé aussi. Ceux qui avaient connu Vatican II et le grand essor libéral qui s'est ensuivi ont vu arriver Benoît XVI avec un oeil très critique. Dans mon entourage, beaucoup ont fait la moue et déploré l'arrivée au pouvoir du "panzer kardinal", comme il était surnommé. J'ai entendu prédire la mort d'un oecuménisme, prétendument rendu agonisant par les efforts de Jean Paul II. Les affres des différentes tentatives de rapprochement avec la FSSPX n'ont pas arrangé cette opinion, propageant l'idée que ce nouveau souverain pontife aimerait mieux faire l'unité avec une forme d'extrémisme qu'avec une sensibilité (réformée ou luthérienne par exemple) plus éloignée théologiquement mais aussi plus modérée. C'était, sans doute, oublier un peu vite l'accueil interreligieux à Assise, par exemple.
De mon côté, je me taisais. Craignant, un peu, un homme réputé intransigeant. Et me disant aussi qu'il avait été élu par ses pairs. Essayant de ne pas écouter les sirènes un peu trop défaitistes à mon goût. Oh, bien sûr, elles se sont accentuées avec les différents sujets délicats qui se sont révélés : SIDA, préservatif, avortement, pédophilie, et également anglicanisme, FSSPX, Vaticanleaks... Sujets ô combien sensibles, sur lesquels il n'est point besoin d'être chrétien pour s'écharper. Situations de souffrance où le ressenti prend trop souvent le pas sur la raison. Je ne crois pas que la Curie soit aussi pourrie qu'on a pu le lire. Je ne veux pas tomber dans l'angélisme non plus. Ce sont des humains, comme vous et moi. Sensibles, raisonnables, faillibles, croyants, passionnés...
Coup de tonnerre. Surprise. Sur le moment, j'ai cru que mon frère, qui m'avait envoyé la nouvelle par texto, me faisait une blague... Benoît XVI annonçait sa renonciation. Stupeur pour moi, je le voyais bien garder le gouvernail encore quelques années, ça doit être mon côté catho. Et à l'inverse, mon côté protestant se dit que ce Pape, par ce geste, est peut-être devenu le plus protestant de tous. En s'écartant de la charge lorsqu'il a estimé que, même avec l'aide de l'Esprit, ça n'allait pas suffire. Si ça, ce n'est pas un geste oecuménique, je ne sais pas ce que c'est...
Humilité, silence, béance. Se taire. Laisser parler. Et faire confiance.
Commentaires
Moi qui suis de la génération précédente, j'ai connu plusieurs papes. Lorsque Benoit XVI a été élu pape, j'étais très méfiant (oephémisme) et je n'avais sans doute à l'esprit que le très rigide prèfét de la congrégation pour la doctrine de la foi. Je dois avouer que Benoit XVI m'a surpris et son renoncement fut le point d'orgue d'un pontificat inattendu. Laissons souffler l'Esprit, il nous entraîne là où nous ne l'attendons pas! Et vive l'oecumènisme!
@ Max : Oui, Benoît XVI a eu de chouettes propos sur Luther aussi, ce qui n'était pas évident, de prime abord. Et mine de rien, il y a eu des rapprochements avec les luthériens, les anglicans, quoi qu'on en dise.
Laisser souffler l'Esprit, qui nous surprend toujours : je pense que c'est plus que jamais d'actualité !
C'est un plaisir de te lire à nouveau !
Pour ma part, j'ai été marqué par la période où il nous a fait cette annonce. J'en parle sur http://dialogueabraham.wordpress.co...