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jeudi 10 mars 2011

Il n'y a pas d'âge...

Joie enfantine

Entendu dimanche : "L'Amour n'attend pas le nombre des années !"...

vendredi 10 septembre 2010

Rêves à la pelle

Arthur a douze ans. Il aime bien ce chiffre, et il y pense tout particulièrement pendant ces séances d'aumônerie, quand on lui parle des histoires de la Bible. Il le trouve joli, élégant, juste bien : douze ans comme les douze apôtres, comme les douze pierres précieuses sur la poitrine du sanhédrin, comme les douze tribus d'Israël, le peuple élu !

Le brouhaha ambiant le sort de sa rêverie. Les petits groupes se rassemblent. Ils ne sont plus aussi nombreux que l'an dernier, car beaucoup de ses camarades ont cessé de venir après la "grande communion". Il n'a pas trop compris pourquoi. Il se souvient qu'il a été un peu dégoûté quand il voyait la convoitise dans les yeux de certains, se vantant de la montre flambant neuve qu'ils allaient avoir à cette occasion. Il avait bien aimé faire la fête avec sa famille, il était fier de pouvoir dire sa foi en Dieu comme un adulte.

Avant le temps de prière, devant le mur où les petits groupes ont rassemblé le fruit de leur étude d'aujourd'hui, Serge, l'aumônier, parle de la journée des vocations. C'est quoi, une vocation ? S'engager pour Dieu, toute la vie. Devenir prêtre ou sœur. Prêtre... Il ne sait pas trop pourquoi, mais ça parle au cœur d'Arthur. Il a toujours admiré le calme de Serge, la paix qu'il semble diffuser autour de lui, et sa capacité à obtenir le silence de toute cette bande de jeunes excités, sans même hausser le ton. Et puis il y a la messe. Il ne sait pas dire pourquoi ni comment, mais Arthur est bouleversé quand il voit le prêtre élever le pain et le vin. Même quand c'est "Purée de Patate" qui officie, le vieux curé à moitié ivrogne de sa paroisse de campagne.

Serge explique, de sa voix toujours posée, que certains parmi eux seront peut-être appelés par Dieu, et qu'on peut prier pour que "les ouvriers soient nombreux pour la moisson". Arthur ne sait pas trop bien prier, mais il essaie. Il ose à peine penser qu'il aimerait bien devenir prêtre. Cette idée lui paraît terriblement ambitieuse, loin de l'humilité dont on parle dans la Bible, il n'est pas sûr d'être assez doué. Maman serait sans doute fâchée, elle est protestante, et Papa n'apprécierait pas non plus, il aimerait bien que quelqu'un reprenne la ferme, un jour. Arthur rêve : à genoux dans son aube, on lui pose les mains sur la tête. Plus tard, il apprendra que ce geste se fait lors de l'ordination.

Mais voilà : Arthur ne sera jamais prêtre. Il n'existe que dans la tête d'une fille de son âge, qui se demande si c'est très mal d'avoir imaginé, un instant, être un garçon, pour pouvoir entrer au séminaire un jour.

mardi 27 avril 2010

Interdit d'interdire

Ces derniers temps, je me sens des pensées rebelles, comme le besoin d'un vent de folie, d'utopie d'un monde meilleur comme il pouvait en souffler en mai 68...

Interdire la burka ? Confusion des termes, confusion des genres, confusion des situations... Ce dont on parle n'est pas la burka des talibans, celle qui fait peur, qui est dangereuse car restreignant le champ visuel, étouffant les sons, empêchant les mouvements, transformant les femmes en fantômes. Non, ce dont on parle, c'est d'un voile dit "intégral", un habit appelé niqab dont une partie couvre le visage, un peu comme certains s'emmitouflent entre écharpe et bonnet en hiver. Si ceux-là peuvent se cacher sous prétexte du froid, pourquoi d'autres ne pourraient-elles pas se cacher sous prétexte de pudeur, de timidité, de protection ? Et qu'appelle-t-on "voile intégral" ? Parle-t-on du niqab exclusivement, ou bien cela engloberait-il les habits des soeurs chrétiennes ?

Interdire "pour la bonne cause" ? Laissez-moi rire... Que feront les femmes qui sont réellement obligées par leur mari à porter le niqab ? Ne seront-elles pas purement et simplement cloîtrées chez elles ? Quant à celles qui le laisseront de côté pour cause d'interdiction, combien d'entre elles subiront outrages et insultes ? Combien se sentiront agressées par notre société française où la "femme libérée" se doit d'avoir une sexualité débridée et montrée sur la place publique ? Tant qu'on y est, pour la bonne cause, pourquoi ne pas interdire les slips des ados apparents sous des jeans qui béent ?! Ce ne serait pas une bonne cause d'hygiène et d'esthétisme, ça ?

Heureusement, de la façon dont c'est présenté pour l'instant, il y a fort à parier que le conseil constitutionnel retoque le projet de loi... Si ce n'est la burka, interdisons la fessée, renchérissent les empêcheurs de vivre en rond ! "Vous n'imaginez pas combien d'enfants grandissent psychiquement choqués par une fessée !" nous disent les pédiatres. On imagine tellement mal, qu'eux-mêmes sont incapables de donner ne serait-ce qu'une estimation. Par contre, dans les pays où l'interdiction est déjà en place, on a vu des enfants se retourner contre leurs parents, des parents devenant laxistes de peur de cette loi, puis menacés par leurs enfants qui leur disent "de toute façon, tu n'as pas le droit de me toucher"...

Soyons honnêtes : dans l'éducation de mon ainée, qui a bientôt quatre ans, il m'est arrivé de céder à la fessée. Pas de gaité de cœur, oh non, ni parce qu'une "bonne fessée, ça remet les idées en place", comme je l'ai entendu dire. Mais parce que sous le coup de l'énervement, le trop plein de bêtises accumulées, les bornes sont dépassées, et qu'il faut bien le faire sentir, d'une manière ou d'une autre. Évidemment, ça fonctionne une fois, deux peut-être, ensuite l'enfant n'a plus peur des fessées, ou alors se ferme tellement qu'il n'y a aucune valeur pédagogique à ce geste. Alors on passe à autre chose : chez nous le plus efficace, c'est la punition sur la chaise...

Et si on laissait les gens être un peu intelligents, plutôt que leur dire ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire à chaque étape de leur vie ? "Va à l'école, bosse, fais de longues et prestigieuses études, gagne ta rolex avant cinquante ans, aie femme, maîtresse et enfants, sinon t'es pas un homme". C'est ça la vie ? "Surtout ne met pas de niqab, aie des enfants mais ne leur donne pas de fessée, prends autant d'amants que tu veux mais veille à ce qu'ils mettent des préservatifs..." Ça ne paraît aberrant à personne ?? Si on laissait plutôt les gens être responsables ? Quand on ne s'acharne pas à "vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola", c'est possible d'avoir des gens qui pensent, et qui réfléchissent même, si, si !

mardi 20 avril 2010

Etre et avoir

Loin de l'audience d'un certain docteur, de son mauvais caractère et de ses idées farfelues mais néanmoins parfois géniales, ils étaient là, relégués sur une chaîne documentaire de la TNT. Le maître et tous ses petits acolytes, de 4 à 11 ans...

Ce sont des temps et des lieux qui me paraissent lointains. Des temps où le principal souci était de savoir si ma mère serait à l'heure pour venir nous chercher, à quatre heures et demie... Des lieux où le trafic n'était pas embouteillé mais où avoir le permis était indispensable, où la principale inquiétude était la météo, non pour savoir comment s'habiller mais pour orienter les activités : semis, moisson, mise des bêtes au pré, vaccination, écornage... Des temps et des lieux où la Star Ac' n'avait pas sa place, et où le principal défi était de ramener la meilleure note possible, parce que le maître avait confiance en nous, s'occupait de nous si consciencieusement qu'on ne voulait pas le décevoir.

C'est aussi un lieu si particulier, une classe unique ! Un endroit où chaque personnalité a sa place, où chacun est pris tel qu'il est. Selon son niveau, son handicap, son âge, ses facilités... C'est un endroit d'intégration, bien davantage que des classes "aménagées" que l'on s'échine à mettre en place de manière artificielle, sans tenir compte de l'humain. Ici l'humain est primordial, qu'on le veuille ou non. La classe n'est pas qu'une classe, elle est un lieu de vie, une communauté, une société miniature où on fait tous les apprentissages, depuis la lecture jusqu'à l'honnêteté, en passant par la pâte à crêpes...

C'était un autre lieu, un autre temps. J'espère juste que, dans mon environnement parisien d'adoption, je saurai transmettre à mes enfants tout ce qu'il me touche de revoir dans ce documentaire.