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mardi 12 décembre 2017

Fraternité

Malachie 2, 8-10

Moi, le SEIGNEUR de l'univers, je le dis : Vous, les prêtres, au contraire, vous vous êtes éloignés du chemin. Par votre enseignement, vous avez trompé beaucoup de monde, vous avez brisé mon alliance avec les lévites. Eh bien, à mon tour, je vais pousser tout le peuple à vous mépriser et à vous abaisser. En effet, vous ne m'obéissez pas et vous faites des différences entre les gens quand vous appliquez la loi. »
Est-ce que nous n'avons pas tous un seul père ? Est-ce que ce n'est pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourtant, nous ne sommes pas fidèles les uns aux autres, et ainsi, nous ne respectons pas l'alliance entre Dieu et nos ancêtres. Pourquoi donc ?

Et si la vraie fraternité, c'était de reconnaître Dieu comme notre Père à tous ? Est-ce que cela nous aiderait à accepter les autres comme nos frères, nos soeurs ?

Il me semble que la difficulté, dans la fraternité, n'est pas d'intégrer ce principe, mais d'accepter réellement les autres tels qu'ils sont. Ce sont mes frères, mes soeurs, et ils ne sont pas moi. Je n'ai pas à chercher à les rendre semblables à moi. Ils sont tous différents... Et c'est ce qui fait la richesse de notre monde ! La diversité permet à toutes les personnes de trouver leur place, sans tenter de se comparer à leurs voisins, leurs amis, leurs familles... Car tout le monde porte sa propre identité. Et pourtant nous faisons partie de la même fraternité ! Car nous n'avons qu'un seul Père.

Ces propos sont valables y compris, voire surtout, pour nos propres enfants. Ils ont été créés à partir de nous, mais ils ne sont pas nous. Il est illusoire de chercher à les rendre similaires à ce que nous sommes, car ils ne pourront pas satisfaire à cette recherche, et vouloir les conformer ou se conformer à cet espoir fausse toute relation possible. Avoir une relation vraie, aimante, sincère, passe par la capacité à reconnaître l'autre comme il est, et ne pas chercher à le plier à nos désirs.

dimanche 21 août 2011

Concélébration

On ne s'est jamais parlé. C'est tout juste si on se salue, un peu de loin, respectueusement l'un pour l'autre, comme un signe de reconnaissance, sans mots. Toujours discret, il est là régulièrement, dans l'assemblée avec sa femme, aussi silencieuse que lui, et dont les yeux ne perdent rien. Parfois nos regards se croisent, et il y a un je-ne-sais-quoi qui passe...

Dès mon arrivée dans la paroisse je l'ai vite repéré. Je crois que ce qui a été le plus flagrant pour moi, ce fut sa croix pectorale. Aussi imposante que celle d'un évêque... mais d'une forme singulière, ouvragée, pas une simple croix latine ou un crucifix, non, non...

C

Et puis j'ai entendu parler de lui... Mes oreilles furent aussitôt à l'affût ! Non, il n'avait jamais "concélébré en rite romain", et oui, il y avait bien un couple d'orthodoxes qui faisait partie de la paroisse...

Mais le plus beau, c'est à l'autel que cela se passe. Quand il est là, il vient assister le prêtre pour donner la communion. Et c'est tout un ensemble de "petits" gestes qui marquent la reconnaissance entre ministres du culte : le prêtre ne lui présente pas l'hostie comme aux laïcs, mais le laisse se servir seul ; de même pour le vin qu'il présente aux autres ministres extraordinaires de la communion. Enfin, après la communion c'est lui qui replacera les hosties consacrées au creux du tabernacle...

Pas de mots mais des attitudes, celles de deux frères, en entente tacite, implicite. Un accord qui les lie par-delà les différences. Même quand le credo choisi par le prêtre est celui de Nicée-Constantinople, et que, jetant un regard en coin au moment du "filioque", j'ai bien remarqué la tête baissée et le silence...

J'aime cet oecuménisme vécu, ce partage sans mots, ces regards croisés... J'apprécie cette complicité, cette union de prière muette, cette présence multiple, témoignant que nous sommes tous Un... fraternellement en Christ.

mercredi 06 juillet 2011

Dialogue interreligieux ou relativisme ?

Je crois que parfois, je frise l'indécence. Si, si. D'abord j'ai des discussions à propos de Dieu au boulot. Ah, vous voyez bien, que je pousse aux bornes des limites ! Ensuite, c'est en anglais. Ben oui, parce que pour faire communiquer des indiens et des français, il faut bien trouver une langue commune...

Mais le plus gros de tout ça, c'est que... Je vais plus loin dans la discussion à propos de Dieu, de la prière, du ressenti dans les lieux sacrés, avec ces collègues indiens, leur autre culture, leur vue différente sur la nôtre, notre communication en langue étrangère, qu'avec des amis bien français, pétris de préjugés, de mauvaises expériences, rejetant en bloc toute idée de spiritualité quelle qu'elle soit...

Alors, quelle(s) conclusion(s) en tirer ?

C'est d'abord un constat un peu désabusé. Oui, il faut faire un effort, ça peut faire peur... Il faut prendre le risque d'aimer véritablement son prochain. Oser se mettre à nu, accepter de laisser tomber un peu de ses apparences pour accueillir l'autre, ça chamboule, ça déstabilise, ça peut même faire mal parce qu'il peut y avoir des maladresses... Oui mais... Ca veut aussi dire qu'on est plus ouvert à toutes les perles qui peuvent briller, comme ça, d'un coup, sans crier gare !

C'est aussi le regret que des personnes, plus proches de moi, en termes de culture, de foi, de pratique religieuse, de langue, restent bloquées dans une peur terrible de l'autre, à tel point qu'il est impossible de tenter une idée d'acceptation. Un "c'est vraiment n'importe quoi", rageur, marmonné en pleine homélie, alors que le prêtre parlait de l'islam comme d'un possible autre chemin pour parvenir à Dieu, m'a bien fait comprendre que mes relations riches autant que renversantes avec mes amis indiens font encore figure d'exception. Ces personnes me taxeraient sans doute de relativisme, de faiblesse à vouloir explorer les chemins du divin entre croyants, fussent-ils de différentes sensibilités...

Finalement, il reste quelques regrets, mêlés à une grande joie... Un lien qui s'affirme, confirmant ce que j'avais pressenti il y a déjà une quinzaine d'années : les différentes religions ont énormément de similitudes, et les rapprochements peuvent parfois prendre des voies bien surprenantes...