dimanche 21 août 2011

Concélébration

On ne s'est jamais parlé. C'est tout juste si on se salue, un peu de loin, respectueusement l'un pour l'autre, comme un signe de reconnaissance, sans mots. Toujours discret, il est là régulièrement, dans l'assemblée avec sa femme, aussi silencieuse que lui, et dont les yeux ne perdent rien. Parfois nos regards se croisent, et il y a un je-ne-sais-quoi qui passe...

Dès mon arrivée dans la paroisse je l'ai vite repéré. Je crois que ce qui a été le plus flagrant pour moi, ce fut sa croix pectorale. Aussi imposante que celle d'un évêque... mais d'une forme singulière, ouvragée, pas une simple croix latine ou un crucifix, non, non...

C

Et puis j'ai entendu parler de lui... Mes oreilles furent aussitôt à l'affût ! Non, il n'avait jamais "concélébré en rite romain", et oui, il y avait bien un couple d'orthodoxes qui faisait partie de la paroisse...

Mais le plus beau, c'est à l'autel que cela se passe. Quand il est là, il vient assister le prêtre pour donner la communion. Et c'est tout un ensemble de "petits" gestes qui marquent la reconnaissance entre ministres du culte : le prêtre ne lui présente pas l'hostie comme aux laïcs, mais le laisse se servir seul ; de même pour le vin qu'il présente aux autres ministres extraordinaires de la communion. Enfin, après la communion c'est lui qui replacera les hosties consacrées au creux du tabernacle...

Pas de mots mais des attitudes, celles de deux frères, en entente tacite, implicite. Un accord qui les lie par-delà les différences. Même quand le credo choisi par le prêtre est celui de Nicée-Constantinople, et que, jetant un regard en coin au moment du "filioque", j'ai bien remarqué la tête baissée et le silence...

J'aime cet oecuménisme vécu, ce partage sans mots, ces regards croisés... J'apprécie cette complicité, cette union de prière muette, cette présence multiple, témoignant que nous sommes tous Un... fraternellement en Christ.