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lundi 02 avril 2012

Grâce et souffrance

Eloi, Eloi, lama sabacthani... A la mode, cette phrase ? Oui, sans doute car c'est la période... Vivre la Passion tout en connaissant la puissance d'espérance de la résurrection... Jésus a-t-il douté sur la croix ?

Bien sûr que non, diront les exégètes de tout poil, qui auront reconnu le psaume 22 (21)... Ce psaume des ténèbres, basculant aux deux tiers pour finir en cri de louange, préfigure sans aucun doute aux yeux du chrétien le sort qui attendra Jésus.

Bien sûr que oui, disent les partisans de la théologie dyophysite[1] ! Puisque Jésus est tout homme, il faut bien qu'il aie connu le doute, lui aussi ; la peur, l'angoisse, jusqu'au tréfonds de lui-même, jusqu'au bout de ses convictions.

Et pourquoi cela n'aurait-il pas été un cri de souffrance mais aussi d'espoir ? De l'auto-persuasion pour passer au delà de l'épreuve qui consistait quand même, excusez-moi du peu, à mourir ! Ce psaume, il le connaissait forcément. S'il en connaissait le dénouement, peut-être l'a-t-il choisi précisément parce que sa situation, cloué au bois de la croix, correspondait au dénuement[2], à la supplique désespérée du psalmiste au début du texte.

Il est impossible de souffrir, de mourir à la place de quelqu'un en grande détresse physique, psychique ou spirituelle. Mais à ses côtés, peut-être est-il possible de rappeler ce psaume, et son verset charnière : "Tu m'as répondu !"[3]. Oui, la douleur est là. Elle est terrible. Opaque. Étouffante. Elle empêche de voir autre chose. Elle aveugle le cœur et l'esprit. Elle empêche de penser, de raisonner. Elle transforme tout autour, de mal en pis. Mais il y a quelque chose, après. C'est comme la fumée dans un incendie : elle est toxique, irrespirable, elle affaiblit, oblige à se courber, se baisser, aller presque jusqu'au sol. Mais si l'on peut lui échapper, dehors, il y a de l'air frais.

Il faut cheminer par la Passion. Mais nous, chrétiens, savons qu'au bout, il y a la Résurrection. Bonne semaine sainte.

Notes

[1] mot barbare s'il en est, qui signifie "deux natures", pour exprimer toute la divinité et l'humanité de Jésus, réunies en un seul être... Oui, je sais, mon cours d'histoire du christianisme sur le concile de Chalcédoine tombe à pic !

[2] oui, sans le 'o', ici

[3] verset 22

mardi 19 avril 2011

WWJD ?

Le bazar a commencé fin mars. Alors qu'une exposition, qui n'est plus à présenter, compte parmi ses oeuvres une photographie, pourtant ancienne, mais déjà controversée, d'un crucifix plongé dans des "humeurs"[1], le blog de l'Oratoire, que je lis régulièrement, s'indigne. Je le lis et passe mon chemin, ayant déjà repéré l'intervenant en question comme un excité, un "pur et dur" avec qui il est particulièrement difficile de discuter[2].

Oui mais... Quelques jours plus tard, c'est un pasteur qui relate ce qui n'est encore qu'une anecdote sur Miettes de théologie. Avec un point de vue nettement plus nuancé, auquel j'adhère davantage... Le fait reste jusqu'alors peu remonté, même si les interrogations naissent en moi : faut-il en parler ? Ou pas ? Cette photo vaut-elle qu'on s'indigne, qu'on en parle, ou pas ? Quel sentiment avoir ? Vis-à-vis de la photo ? De ce qu'elle représente ? C'est un vrai débat entre deux logiques différentes : une qui parle de symboles, et où les symboles sont les signes visibles de mystères moins tangibles ; et une qui parle d'images, qui ne sont que des objets, des images qui ne doivent pas être sacralisées au risque de devenir des idoles... Et assez curieusement, ce sont deux blogs protestants qui me font réfléchir en premier sur cette photo, et l'acte qu'elle représente[3], alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'information me parvienne de sources plus catholiques...

Et puis en quelques jours, au seuil de la semaine sainte, c'est toute la catho-blogosphère qui s'enflamme : Dialogue-Abraham, Edmond, Koz, Aliocha[4], Marc et le Chafouin... Enfin, quand je dis s'enflamme, je devrais dire appelle à la prière et à la mesure. Avant ou après le vandalisme de quelques jeunes extrémistes, qui viennent ainsi médiatiser l'affaire, et par le même coup mettre à bas la politique du silence qui avait jusqu'ici plutôt bien marché : la meilleure façon de mépriser quelque chose qui ne vaut pas la peine d'être mentionné, c'est de ne pas en parler...

Ce que j'en pense, comment réagir ? Je me pose toujours la question... Ou plus exactement, je me demande "Qu'aurait fait Jésus ?"[5]... Ma réponse, je crois que je l'ai donnée dimanche à une assemblée[6] : ouvrir les yeux, suivre Jésus, l’annoncer à tous ! Quoiqu'il en coûte.

Et si tout commençait par un simple sourire ?
Pensons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, à la fête donnée spontanément en son honneur ; et même si nous savons que la Passion sera à l’ordre du jour, nous pouvons garder à l’esprit la Résurrection, le plus grand espoir qui nous soit donné, sans condition... Et le sourire devient possible.

Notes

[1] comme on le disait autrefois

[2] Ce n'est pas faute d'avoir essayé...

[3] car elle aussi n'est qu'une représentation, pas l'acte lui-même d'exposer un symbole religieux humilié. Ca peut poser question...

[4] Si si, je la classe dans la catho-blogosphère, même si elle est bien cachée

[5] "What would Jesus do ?" en anglais, d'où le titre de ce billet

[6] que j'aurais bien voulu secouer un peu... Mais peut-être l'ai-je fait ?

mardi 01 février 2011

Euthanasie dans la Bible ?

As-tu entendu parler de Longinus ? Que dit-on de lui dans la Bible ?
Parce que si c'est bien le méchant romain qui a percé Jésus de sa lance, c'est un cas d'euthanasie !

C'est en substance le propos que m'a tenu un ami ce midi. Il est, vous vous en doutez, de culture judéo-chrétienne comme il le reconnaît lui-même, mais plutôt agnostique, laissant de côté toute pratique un tant soit peu religieuse. Son idée était de justifier des propositions autorisant l'euthanasie "pour abréger les souffrances", par le fait qu'un soldat romain aurait achevé Jésus sur la croix, le perçant au côté à l'aide d'une lance.

L'accomplissement de l'Ecriture selon Jean

Le soldat qui a percé le flanc de Jésus après la crucifixion l'a fait une fois qu'il était mort, pour s'en assurer, d'après l'évangile de Jean (19, 34). Seul cet évangile, sur les 4 canoniques, mentionne le coup de lance, d'ailleurs.

Techniquement : le crucifié mourait par asphyxie à cause de la tétanie des muscles de la cage thoracique (et aussi à cause de la torture qu'il avait subie avant... Flagellation, portement de la croix ou de la poutre transversale, j'en passe et des pires). Lorsqu'il pouvait s'appuyer sur ses pieds, l'agonie était plus lente, alors les soldats qui voulaient abréger brisaient les jambes de ceux qui vivaient encore. Comme quelqu'un a indiqué que Jésus était déjà mort, le centurion a voulu vérifier. Ainsi, comme Jean l'indique par deux fois (19, 36-37), ce qui était dit dans les Ecritures (comprendre l'Ancien Testament) s'est produit[1].

Le soldat converti devenu Saint Longin

Dans l'évangile (canonique), ce soldat n'a pas de nom, et il y a un amalgame avec le centurion qui a commandé la centurie "de service" le jour de la crucifixion... et qui s'est converti (Matthieu 27, 54 ; Luc 23, 47). Il est cité dans un évangile apocryphe, l'évangile de Nicodème, et c'est là qu'on trouve le nom de Longin - Longinus.

Notes

[1] Référence multiple mêlant le psaume 34, Esaïe, Exode...