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mardi 31 mai 2011

Dessiner

Une fois le support préparé, la planche enduite de la couche blanche représentant l'origine divine de notre nature, il devient possible de tracer l'esquisse de la scène ou du personnage que l'on va créer.

Ce dessin va être tracé en rouge, couleur du sang. Pourquoi le sang ? Car il donne la vie, il est le fluide vital par excellence : n'importe quelle personne ayant donné son sang sait qu'il s'agit d'un produit irremplaçable, impossible à synthétiser artificiellement, même avec toutes les techniques médicales les plus pointues. Le bébé dans le ventre de sa mère est nourri et oxygéné par le sang maternel...

ico2_dessin1_20110518.JPG

D'ailleurs, le sang a une place particulière dans la symbolique juive, suivant les textes que l'on retrouve dans la Genèse et le Lévitique. Et c'est de façon très logique qu'on retrouve ce symbole très encadré dans la cacherout (כשרות), les règles régissant ce qui est pur ou non[1]. Le sang, signe de vie, ne doit pas être ingéré : aussi, tous les animaux destinés à l'alimentation doivent être saignés, de la façon la plus rapide et complète possible.

L'iconographie reprend le symbole, en ajoutant sur le squelette blanc, inerte, le dessin rouge, donnant la première impression de vie. Pour l'iconographe, c'est comme une esquisse pour un dessinateur : on voit le personnage prendre sa place dans la planche, on imagine les différents aplats de couleur, les mises en valeur qu'on pourra faire. C'est à ce moment que le futur personnage ou la scène prend réellement vie sous le crayon ou la poudre rouge. On le voit naître. Et je dirais que la prière personnelle peut alors réellement commencer. Suite à ma première icône, je me souviens avoir écrit à l'animatrice de la session, à propos de cette étape du dessin : "Là ça devenait sérieux. Jusqu'alors, je badigeonnais, avec mon gros pinceau, en blanc sur la planche. Mais là, j'entrais en prière."

ico2_dessin2_20110518.JPG

C'est beau, parce qu'à cet instant l'icône est comme un tout petit enfant : on a une idée de ce qu'on aimerait qu'elle devienne, mais on n'en voit que l'esquisse. Comme un enfant, elle va grandir, évoluer, passer différentes épreuves et embellissements... Cela donne un ton particulièrement juste à la prière, quand l'icône est destinée justement à un bébé ou un enfant[2]. J'aime, alors, confier à Dieu tous les espoirs que j'ai pour le destinataire. Ma relation avec cette personne, quelle qu'elle soit, va s'enrichir peu à peu de tout ce chemin spirituel, à mesure que l'icône se dévoile.

N.B. : toutes mes excuses pour la piètre qualité des photos, mais il est difficile de prendre clairement une esquisse, par essence peu accentuée...

Notes

[1] les plus connues sont celles concernant l'alimentation, mais il en existe d'autres

[2] Comme cadeau de baptême, par exemple... ;)

dimanche 15 mai 2011

Le support

Comme je l'ai dit précédemment, écrire une icône est une démarche de prière, et tout dans cette démarche est symbole.

La première étape dans la prière de l'icône est de constituer le support de l'image qui va être représentée. Une icône ne s'écrit pas sur un bout de papier ou sur une simple toile, par exemple. On peut en trouver, de façon rare, sur des galets (mais il me semble qu'alors la technique utilisée s'apparente plus à celles des fresques, que je ne connais pas du tout).

Le support doit être adapté : la forme, la taille doivent correspondre à l'esquisse ou au modèle qui sera pris, pas question de prendre un petit format (A5, par exemple) pour représenter la Trinité. Cette réflexion paraît basique, mais elle peut parfois s'avérer ardue : un modèle ne "parle" pas forcément de suite à l'iconographe, même s'il a en tête la scène ou le personnage souhaité. Il est alors nécessaire de se poser la question, de travailler l'esquisse si l'on a des connaissances en dessin, de chercher des modèles si ce n'est pas le cas, de laisser l'Esprit travailler pour s'adapter à la future icône.

Je tiens à préciser que les techniques que je vais donner sur ce blog sont des techniques très simples, qui ne correspondent pas aux techniques traditionnelles. En effet, ces dernières nécessitent un matériel très spécifique, des matériaux ne se trouvant qu'en boutiques spécialisées, ainsi qu'un grand temps de préparation, ce qui les rend peu accessibles à l'iconographe très amateur que je suis.

Support

J'utilise pour ma part des matériaux moins nobles mais beaucoup plus accessibles et aisés à travailler : mes icônes sont réalisées à la gouache, sur planche de contreplaqué. L'idée de mes billets est de présenter davantage le chemin spirituel de l'iconographie, car la technique est déjà remarquablement documentée par ailleurs.

L'icône qui va naître peut être vue comme la naissance d'un être. En tant que représentation d'un saint ou d'une scène biblique, elle est recréée en passant par toutes les étapes qui définissent la création d'un individu. Si je le précise, c'est que je vais souvent utiliser des métaphores, des comparaisons qui vont utiliser le vocabulaire du corps...

Ainsi, la planche représente le squelette, l'ossature d'une personne. C'est sur cette planche, base de travail, que tout va se construire. Si elle a un défaut, un noeud, une courbure inhabituelle, il appartient de le gérer dès le départ, de le prendre en compte car cela va influencer toutes les étapes. C'est aussi l'élément le plus solide : sans squelette, nous ne tiendrions pas debout !

Planche

Sur la planche, on va créer le fond, qui servira de support pour le dessin et la mise en couleurs de l'icône. Même si l'aspect technique est beaucoup plus simple que dans la préparation traditionnelle (je passe seulement deux couches de gouache blanche, poncée à chaque fois), le symbole est le même : le blanc immaculé de la planche représente la lumière pure, l'état originel dans lequel Dieu nous a tous créés, chacun d'entre nous.

C'est ensuite que les choses vont changer...

samedi 30 avril 2011

Seigneur, donne-nous la prière

Ce soir, j'aimerais vous partager un texte de Soeur Myriam, diaconesse[1], qui a publié plusieurs livres de prières et méditations.

Seigneur, donne-nous la prière
comme on donne un verre d’eau au voyageur du désert

Seigneur, donne-nous la prière
comme on donne le feu au voyageur de la nuit

Seigneur, donne-nous la prière
comme on donne le chant au voyageur des abîmes

Seigneur, donne-nous la prière
comme on donne remède aux blessures ouvertes.

Seigneur, donne-nous la prière
comme on donne un baiser au temps des solitudes

Seigneur, donne-nous la prière
et nous partagerons
comme l’homme affamé qui reçoit ses amis

Seigneur, donne-nous la prière
et nous la danserons
comme danse l’enfant sous la pluie.

Sœur Myriam, Seigneur, donne-nous la prière, Olivétan, 2007

Notes

[1] Pour ceux qui ne connaissent pas, les diaconesses sont des soeurs protestantes, un ordre monastique ouvert sur le monde et ses faiblesses, avec la fondation éponyme.

vendredi 22 avril 2011

Chemin de croix

Cela va peut-être vous paraître étrange, mais ce midi, c'est la première fois que j'ai participé à un chemin de croix. Un "vrai", une célébration en assemblée, pour le vendredi saint... Bon, en y réfléchissant, le deuxième en fait, mais le premier était particulier, en plein air, à Lourdes, un chemin de croix grandeur nature avec une vraie croix à porter ensemble, groupe d'ados que nous étions...

Étrange aussi, cette certitude d'avoir l'espoir bien planqué, bien là, niché au fond du cœur. Alors que devant sur l'autel, les bougies s'allument comme pour compter les dernières heures de Jésus ; alors qu'autour de moi les dos se voûtent, les épaules s'affaissent, quelques larmes roulent, je reste impassible. A l'extérieur en tout cas. Parce qu'à l'intérieur, ça bouillonne. Mais cette plénitude envahit tout. Ce n'est pas un manque, pas le désert, juste une certitude, une évidence qui balaie tous les doutes, toutes les souffrances : Il est là, déjà ressuscité pour nous. Oui, dans ces épreuves, même au fin fond de la mort, dans l'attente interminable, Il est là.

Le chemin de croix se termine : dernière station, espérance de la résurrection. Un chemin de croix inhabituel, dix stations, racontées selon le point de vue d'un contemporain de Jésus. Quand tout est fini, qu'il ne reste plus personne... Personne ? Si. Sa mère. Et de voir défiler dans mon esprit toutes ces mères, les dernières à baisser les bras, les premières à se battre pour leurs enfants... A remuer ciel et terre pour faire grandir celui qui, handicapé, restera toujours le "petit" frère ; à trouver les signes de présence de leur enfant disparu ; à visiter le fils qui est en prison ; à donner une seconde, troisième, ènième chance à celle dont tout le monde s'écarte car elle n'est "bonne à rien".

En revenant au bureau, je ne peux m'empêcher un sourire. Avant la pause déjeuner, des collègues me demandaient si je déjeunais avec eux. Devant mon refus, ils se sont perdus en conjectures sur ma destination, mes aventures sentimentales supposées... J'ai glissé, avec un grand sourire et un clin d’œil, "si tu savais !"... Et au retour, en y repensant, je me suis dit que oui, c'est une bien belle aventure amoureuse :)

mercredi 06 avril 2011

Hauts et bas

Sérénité, au matin lumineux, des mystères glorieux, pour nous élever avec le Christ montant à Jérusalem.
Joie d'une rencontre amicale et gustative, grappillée sur le rythme rapide d'une journée de travail.
Temps qui joue au yoyo entre course à la productivité où chaque minute compte, et heures interminables de fatigue, de suées et frissons pyrétiques.
Message d'une amie dont je m'inquiète des nouvelles laconiques depuis quelques jours. Je sais ses journées effrénées, ses nuits trop courtes.
Stupeur. Larmes. Hésitation entre hurlement de douleur et envie de me fondre dans le sol.

Seigneur,
prends pitié de nous.

Nous accueillons ta présence selon notre bon vouloir.
Tantôt joyeux, nous oublions de te louer,
Tantôt inquiets, nous te chargeons de notre liste de souhaits,
Tantôt tristes, nous demandons où tu es passé,
Tantôt coléreux, nous nous insurgeons contre ton inaction.

Et Toi, Tu ne T'offusques pas.
Tu es toujours là.
Vivant. Ressuscité.
Pour nous relever.

Mon Dieu,
Béni sois-Tu !

mardi 22 mars 2011

Que vive mon âme à te louer !

Comme un écho en positif de mon parcours "au désert" pendant un mois, c'est maintenant un véritable état de grâce... Comment dire ? Une idée très nette que le monde est beau, que Dieu veut notre bien, quoi qu'il se passe. Pas un monde de bisounours, mais un monde où la foi soulève des montagnes !

Pourtant autour de nous, il y a de quoi faire peur : séisme au Japon, risque nucléaire, guerre engagée en Libye, troubles un peu partout en Afrique noire, au Maghreb, au Moyen-Orient, persécutions contre les chrétiens au Pakistan, en Chine, en Egypte...

Mais Dieu est là, l'Esprit est capable de libérer tout le bien en nous, et je veux louer, bénir Dieu pour cette grâce. Le temps de louange pour lequel j'étais "comme par hasard" à l'heure hier midi, alors que je ne l'avais pas prévu, était parfaitement ajusté à mon esprit à ce moment...

Je voudrais vous partager ce texte de Soeur Myriam, diaconesse récemment disparue :

De nature et de grâce

Il est des hommes qui sont paisibles de nature.
D’autres le sont par grâce.
Il est des hommes qui sont doux de nature.
D’autres le sont par grâce.
Il est des hommes confiants de nature.
D’autres le sont par grâce.
Il est des hommes au cœur simple et c’est par nature.
D’autres le sont par grâce.
Il est des hommes patients de nature.
D’autres le sont par grâce.

Mais
Il y a des hommes, il y a des femmes qui supportent la Passion de Jésus, et c’est toujours par grâce.
Il y a des hommes, il y a des femmes qui se mettent debout et ressuscitent, et c’est toujours par grâce.
Il y a des hommes, il y a des femmes qui sont comme un sourire de Dieu, et c’est encore, et c’est toujours par grâce.

Soeur Myriam, Prenez la paix, Desclée de Brouwer, 2002

samedi 05 mars 2011

Soleil froid

Vendredi matin. Le ciel est clair, blanc, laiteux, presque aveuglant, en ce petit matin de fin d'hiver. La boule de feu qui l'éclaire, flamboyante, d'un vif ton jaune-orangé, semble isolée, toute petite dans ce ciel immense et froid. Sa couleur n'irradie pas l'horizon comme elle le fait en d'autres occasions. Sa chaleur n'atteint pas plus les froides tours où courent les citadins emmitouflés, se rendant au bureau.

La prière m'accompagne, comme chaque matin. Mais elle aussi présente un aspect inhabituel, sèche, vide. Bien sûr, j'étais au courant que cela pourrait m'arriver. J'avais déjà reçu l'avertissement, je l'avais déjà lu chez d'autres, mais je ne l'avais jamais réellement éprouvé. Le temps où les mots répétés ne paraissent plus un élancement vers Dieu mais ne sont plus que des mots, où plonger dans la prière équivaut à se jeter dans un vide insondable, où la présence de l'Esprit devient froide solitude...

Cela fait plusieurs semaines que cela dure maintenant. Et pourtant... Si l'aridité est là, les signes sont toujours présents, me confirmant une présente agissante malgré le peu de ressenti que j'en ai. L'examen passé avec succès, cette soif de continuer la théo, l'acceptation de mes jours de congé pour le colloque, le bouleversement d'une bénédiction, toutes les "coïncidences" du quotidien... et une présence manifestée autrement, une amie pleinement habitée, qui me touche, me hisse, me maintient, m'encourage, me confirme la solidité du lien que nous avons tissé.

C'est étrange. Mon cœur est vide, et je garde une certitude : il faut persévérer. Prier, travailler, encore, parce qu'à présent je sais que Dieu est là, je ne l'ai pas imaginé. J'en ai l'intime conviction, inébranlable. Et je veux rendre grâce[1]. Malgré cet abîme.

Notes

[1] eucharisteuô...

vendredi 25 février 2011

Ecrire une icône

Si de plus en plus de chrétiens ont chez eux des reproductions d'icônes[1], j'ai déjà constaté que peu connaissent réellement la tradition de ces images sacrées. Aussi, si vous le souhaitez, je vous invite à me suivre dans la création d'une nouvelle icône : je tenterai de donner, pas à pas, la symbolique présente à chaque étape.

Vous avez bien lu le titre de ce billet... Une icône ne se peint ou ne se dessine pas, elle s'écrit. Comme on écrit une prière, comme un dialogue avec Dieu, elle se façonne peu à peu, allant à l'encontre des techniques de dessin ou peinture classiques. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'être artiste pour réaliser une icône.

Une icône n'est que prière. Prière de l'iconographe[2], prière pour et de celui qui la reçoit, prière de celui qui la regarde, prière de la famille, la communauté ou le groupe qui se réunit autour... Lorsque je prépare une icône, elle est pour quelqu'un, pour un destinataire précis, que je vais unir dans ma prière tout au long de la réalisation.

Écrire une icône demande du temps. Comme un enfant ne devient pas adulte instantanément, comme un bourgeon prend le temps de pousser et devenir plante, comme Dieu prend le temps de nous apprivoiser, l'icône se construit. Chaque étape prend de quelques heures à plusieurs jours, selon la taille de l'icône et les techniques utilisées ; vouloir écourter ce temps induit le risque de la perdre.

« Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine... »
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

Notes

[1] du grec eikona, image (voir aussi la page "Mini-dico")

[2] le créateur de l'icône, qui tient les pinceaux

vendredi 28 janvier 2011

Foi témoin

Je ne résiste pas à la joie de vous partager une perle, trouvée ce matin dans ma boîte mail...

Dire la foi.
Dire la foi qui éveille, réveille, comme à l'aube d'un jour nouveau.
Dire la foi qui relève et met debout lorsque nous trébuchons.
Dire la foi qui illumine, telle une lumière qui nous traverse.
Dire la foi qui nourrit, tel le pain et le vin partagés en sa présence.
Dire la foi qui nous touche, et fait tomber la parole dans le fond de nos coeurs.
Dire la foi qui fait vivre, dans la confiance d'une présence.
Dire la foi qui nous libère de nous-mêmes pour le service des autres
Dire la foi qui sauve en remerciant jour après jour.
Dire merci, simplement.

Amen.

mardi 25 janvier 2011

Une église peut en cacher une autre...

Dernier jour de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, jour où les catholiques du monde entier fêtent la conversion de (Saint) Paul... Un éblouissement sur tous les plans, une mise à genoux avant un relèvement pour celui qui deviendrait un des théologiens les plus commentés de toute l'histoire du christianisme !

A genoux, ou en tailleur à même le sol, nous allions l'être dans la petite chapelle que je découvrais... En arrivant, je manifestais mon étonnement devant cette petite chapelle, nichée au creux d'un pâté de maisons... Comment se faisait-il que cette chapelle subsiste alors qu'il devait y avoir une église plus grande à proximité ? C'est ensuite, suivant le prêtre de la paroisse, que j'ai découvert, derrière la douce chaleur de cette douillette et accueillante chapelle, une vaste église contemporaine, magnifique, spacieuse... Quelle joie d'y découvrir le Christ, non crucifié mais resplendissant et bénissant, comme il l'est dans ma propre paroisse !

Après quelques paroles d'explication et de bienvenue, le violon donne le ton, les chants de Taizé sont lancés. Repris spontanément à plusieurs voix, répétés à pleins poumons, emportant peu à peu dans la méditation, ils portent le groupe, laissent descendre l'Esprit au milieu de nous...

Lorsque le dernier chant s'estompe, chacun scrute son voisin. Nous ne nous connaissons pas tous mais sommes là pour apprendre à connaître les autres ! Créer des liens... On prend un verre, un repas, des rendez-vous ; on se promet de recommencer, l'expérience est réussie !

dimanche 23 janvier 2011

Unité, diversité, prière et tensions

Une semaine... Une petite semaine dans l'année pour éveiller les consciences, huit jours pour prier ensemble, pour se découvrir mutuellement. Pour moi, c'est aussi un temps d'exposition, de vulnérabilité. Parce que ces jours-ci peut-être davantage que les autres, je donne tout ce que j'ai... Parce que je me trouve en présence de deux communautés qui se retrouvent, discutent ensemble, se heurtent... Et veulent forcément me classer quelque part.

Conférence donnée par la pasteur, jeudi soir, avec pour thème "les protestants dans la société actuelle". J'y suis, autant dans le public que pour témoigner. Et les gens de se poser des questions : "C'est pas vous qu'on voit à la messe avec un bébé en écharpe ?". Et moi d'acquiescer en souriant, car ils se rendent compte à ce moment que je participe autant à la vie des paroisses catholique que protestante... Un autre couple "mixte" est là également. Expériences différentes, choix différents, vie de foi différente aussi... Idem pour l'éducation des enfants, l'équilibre à trouver, sans saturation.

Vendredi, adoration, ou comment vivre intensément un cœur à cœur avec Dieu... Un irrésistible besoin de me mettre à genoux devant mon Seigneur. Se laisser accompagner, ouvrir son cœur, son esprit à l'Esprit, partager ces moments, ces chants avec les enfants, les animatrices de l'aumônerie. Et les larmes, impossibles à retenir, roulent. Pourquoi ? Difficile à dire, seulement un mélange de tristesse, de fatigue, d'incompréhension...

Communion des saints, quelle que soit la confession ; une amie m'écrit :

Tu es en cet instant en prière et mon cœur loue le Seigneur à l'unisson.
Moment, comme à chaque fois que ma pensée se tourne vers Lui, où mon cœur en un instant se retourne, comme touché profondément par la profondeur de cette pensée, par la grâce. Ce retournement quasi physique et quasi systématique serait comme se jeter à ses genoux (ce geste si décrié chez nous et si plein de reconnaissance de sa majesté) pour l'adorer.
Ce geste que je ne fais pas, mon cœur lui l'ose et se prosterne.
Le cœur à cœur peut alors commencer. Nous sommes alors sur le même créneau de communication quelque soit le lieu, quelque soit le moment.
Maintenant !
Mon Seigneur et mon Dieu ! Alleluia !

mardi 18 janvier 2011

Toi qui nous unis...

Aujourd'hui débute la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.

Qu'est-ce que c'est ?

Une semaine, du 18 au 25 janvier dans l'hémisphère nord, pendant laquelle les différentes confessions chrétiennes sont amenées à partager ensemble sur un thème précis. C'est l'occasion de (re)découvrir les autres, de prier ensemble, d'œuvrer de concert, de se rapprocher pour ne former "qu'un, comme nous sommes un" (Jean 17, 21).

Jérusalem

Cette année, le thème est l'origine des Eglises chrétiennes : Jérusalem, et les coutumes des premiers chrétiens. Nous sommes invités à partager autour du livre des Actes des Apôtres :

Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en communion. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.
Ac 2, 42-47, Traduction oecuménique de la Bible (TOB)

Quoi faire ?

Renseignez-vous : dans vos paroisses, il y a forcément quelque chose organisé pour cette semaine de prière. Échange de chaires, conférences œcuméniques, célébrations spécifiques, veillées de prière, concert de chorales chrétiennes... Vous pouvez également trouver les textes, des pistes de réflexion, des éléments liturgiques, sur le site Unité Chrétienne, en charge de l'organisation de cette semaine à retentissement mondial.

A l'heure où les chrétiens sont de nouveau persécutés pour leur foi, sous diverses formes, il me semble primordial de montrer que nous pouvons être unis dans la prière, pour que le règne de Dieu passe par nos mains... si nous le voulons.

samedi 08 janvier 2011

Au fil du jour

Passant la porte, ma main se glisse dans la poche de mon blouson, se protégeant du froid. Sous mes doigts, les grains roulent, doux et lisses au toucher. Je cherche la croix et récite le Symbole des Apôtres... Comme tous les matins, la routine, une plongée dans la prière pendant le temps de transport avant de rejoindre mon bureau.

Pause au travail, je rejoins une collègue. Il y a quelque temps nous avons fait connaissance, et découvert mutuellement notre foi. Je lui ai expliqué mes études de théologie, ma foi chrétienne mélangée ; elle est juive et pratiquante, a été dans une école juive où elle a appris l'hébreu, entre autres. Elle m'explique les traditions de la fête de Pourim, dont j'ai étudié le texte fondateur dans mon cours d'Ancien Testament. Joie de la rencontre, plaisir du partage autour de notre envie commune de vivre pleinement notre foi et de la transmettre... Louange ! Le sourire aux lèvres, je retourne à mon poste.

Au hasard des RER, je me trouve dans le même wagon qu'un... voisin ? Ami ? Pasteur ? Tout ça à la fois. Complicité : "je m'endormais sur la première de Pierre"... Incompréhensible pour les gens autour ! A vélo, à pied, chemins croisés, prière toujours.

Les enfants laissés sous garde bienveillante, prêts à coucher, je ressors. J'aime le temps qu'il me faut pour me rendre à l'église à pied, le rythme qui me permet de me préparer, entrer doucement dans le week-end, lâcher prise et me laisser guider. Lorsque j'entre dans l'église, la lumière de la Nativité m'accueille, l'autel recouvert d'un voile doré étincelle, autant que le Christ ressuscité qui nous bénit du fond du chœur... L'Eucharistie n'est pas terminée, la communion passe et je perçois les petites flammes de mes frères et sœurs qui m'entourent. Puis temps de silence, partage des sens, lien vivant, union de prière autour de Dieu au milieu de nous...

Enfin, sous la couette, une dernière pensée... Confier au Seigneur famille et amis... Avant de sombrer dans le sommeil, renouveler mon 'oui'. Jusqu'à demain.

dimanche 26 décembre 2010

En famille

Noël est déjà hier, des morceaux de papier cadeau et des chocolats traînent encore çà et là... Et c'est déjà dimanche... Retour dans le temps (presque) ordinaire, fête de la Sainte Famille... Ou comment partager ensemble la grâce de l'Incarnation...

Crèche

Temps de grâce, temps de méditation, temps d'humilité... Qui sommes-nous, pour que Dieu prenne ainsi soin de nous ? "Qu'est l'homme, pour que tu penses à lui ?"[1]

Temps de louange, de reconnaissance, de joie, d'amour partagé, de chaleur intérieure quand les températures extérieures tombent sous zéro...

Temps de calme et d'adoration... finalement, sil "n'y avait plus de place à l'auberge", c'était peut-être pas plus mal ? Une famille naissante, qui se construit, loin de l'agitation et du bruit d'un hébergement comble...

Temps d'aujourd'hui, joies et peines des familles... Familles unies, mais aussi familles "monoparentales" comme on dit, familles recomposées où l'on essaie de bâtir du neuf par delà les déchirures... Prier pour que nous soyons toujours en mesure d'écouter l'Esprit, au cœur de nos familles ; apaiser les divisions, comprendre chacun ; accueillir la grâce d'un pardon ; partager, toujours, la joie des plus petits.

Notes

[1] Psaume 8, 5

mardi 07 décembre 2010

Payer la prière ?

Dans ma paroisse, un groupe se forme pour aller aux JMJ, à Madrid l'été prochain. A la messe, ce dimanche, une annonce pour ledit groupe, qui, évidemment, recherche un financement pour ce voyage :

Voilà, on a pensé à deux idées : la première, c'est de vendre des bougies. Prenez-en pour la crèche, pour votre couronne de l'Avent, pour chaque personne pour laquelle vous priez...
La seconde, plus profonde spirituellement, c'est de parrainer un jeune, en donnant la somme que vous voulez. Même les plus petits dons sont importants !
Et pour que le parrainage se fasse dans les deux sens, chaque parrain pourra donner, nominativement ou anonymement, une intention de prière, qui sera emportée par le jeune parrainé.

Là, je dois avouer que le premier mot qui m'est venu à l'idée, c'est "indulgences". Et l'association des abus qui ont pu avoir lieu et ont mené (entre autres) à la Réforme. Fondamentalement, l'idée n'est pas mauvaise, non, d'associer les générations par la prière... Mais associer argent et prière, ça réveille des instincts, chez les protestants, ça hérisse le poil, ça allume les gyrophares dans la tête, ça déclenche tous les garde-fous !

Comment imaginer une prière sincère, une relation à Dieu sans arrière-pensée, lorsque l'intention qui anime le croyant est motivée par l'argent qui a permis le voyage ? Je veux bien croire aux miracles, mais de là à afficher une telle naïveté... Ceci étant, il semble que mon raisonnement est loin d'être généralisé, si j'en crois le regard choqué lorsque j'expose mon propos...

Edit du matin : la nuit portant conseil, j'ai pensé à un parrainage qui me paraîtrait plus "vrai"... Organiser une rencontre entre tous les parrains et le groupe de jeunes, pour faire connaissance, partager des expériences de vie, de foi, créer un vrai lien, un vrai soutien entre des frères et soeurs de générations différentes. Lors de cette rencontre, les parrains s'ils le souhaitent, déposent des intentions de prière, et chaque jeune pourrait en prendre une, ou plusieurs, ou pas du tout...

Et rebelotte au retour : une réunion et/ou célébration pour prier ensemble, exprimer / louer pour ce qui aura été vécu, et continuer dans les liens, envisager d'autres projets ensemble, voire un parrainage plus long ?

jeudi 02 décembre 2010

Vivre et louer

Il y a des jours comme ça...

Où l'esprit est bien disposé dès le réveil, même quand sortir de sous la couette douillette est difficile
Où la prière coule naturellement, et me remplit de joie alors que le jour n'est pas encore levé
Où le sourire reste présent, même debout pendant une demi-heure dans un train coincé en souterrain
Où tout paraît plus léger, y compris le travail le plus lassant
Où le rire complice efface les craintes des changements à venir
Où le chant de louange et les câlins font passer toutes les bêtises
Où la prière fraternelle met du baume sur la souffrance des divisions
Où les progrès d'un fils font pleurer de joie épouse et mère

Oui, il y a des jours, où l'on se rend compte que rien ne vaut un baptême à vivre !

vendredi 05 novembre 2010

Au coeur de l'Atlas

J'allais voir en en ayant déjà entendu parler. Beaucoup. En bien, en moins bien, par des gens de milieux et de spiritualités différentes. J'entrais dans la salle comme on entre dans une église ou un temple inconnu, ouvrant grand mes sens et mon esprit pour accueillir l'Esprit.

Les scènes se succèdent. Des images, très peu de son. Des regards, des expressions, de la contemplation, bien plus que des mots. A contrario des blockbusters qui jouent avec les sons sursaturés, au début on se demande si les hauts-parleurs de la salle fonctionnent...

Juxtaposition. De deux mondes. Chrétien et musulman, village et monastère, travail et prière, sacré et profane, solitude et communauté, en habit et en civil, Dieu et les hommes... Les moines font le lien. Et nous découvrons avec eux que ce lien est inextricable, que leur vie, leur don, leur amour sont tellement entremêlés à "tout ça", tout ce qu'on a vu précédemment, qu'il leur est impossible de s'en détacher...

Malgré la peur. Cette trouille insondable qui atteint son paroxysme chez Frère Christophe, cette terreur devant l'horreur possible, puis de plus en plus probable... Loin d'une fanfaronnade, d'une volonté de finir en martyr, c'est déchirés entre l'Amour et la peur qu'ils finissent par décider de rester. Unanimement. Même Christophe.

Lorsque l'écran s'obscurcit, je ne peux m'empêcher de prier. Ou plutôt, continuer à prier, avec eux, même disparus. Comme pour garder un fil, un espoir, si ténu fût-il... Même s'il reste la question, perpétuelle : pourquoi tout ce mal ? Et surtout, comment y répondre ?

vendredi 01 octobre 2010

Tempête

Signes

Quand la tête est vide
ou qu'elle est trop pleine...

Quand le coeur s'emballe,
qu'il s'inquiète,
ou qu'il est si vide qu'on le croit sec...

Quand les questions se bousculent,
que les mots ne suffisent pas,
que les logiques se mélangent...

Quand on croit trouver la paix
mais qu'on devient fou à lier,
quand on ne sait plus
à quel saint se vouer...

... je t'en prie Seigneur, garde-moi près de toi.

mardi 28 septembre 2010

Prière du quotidien

Pour le bébé qui se réveille en pleine nuit... béni sois-tu Seigneur.
Pour les yeux qui se ferment au bureau... béni sois-tu Seigneur.
Pour l'espoir d'une longue nuit de sommeil, béni sois-tu !

Pour le sourire échangé dans le hall de l'immeuble... béni sois-tu Seigneur.
Pour la présence amie dans les bureaux déserts au petit matin... béni sois-tu Seigneur.
Pour l'odeur du café chaud avant de se mettre au travail, béni sois-tu !

Pour le bruit de la perceuse dans la cour... béni sois-tu Seigneur.
Pour les réunions à l'heure du déjeuner... béni sois-tu Seigneur.
Pour les attentions discrètes du personnel du restaurant, béni sois-tu !

Pour les bugs qu'on ne comprend pas... béni sois-tu Seigneur.
Pour le temps qui file et les délais qui s'amenuisent... béni sois-tu Seigneur.
Pour l'heure des enfants qu'on retrouve, béni sois-tu !

Pour le plaisir de l'humour partagé avec ceux qu'on aime... béni sois-tu, Seigneur.
Pour la joie de contempler un trésor en commun... béni sois-tu, Seigneur.
Pour la fatigue à la fin de la journée, béni sois-tu !

Pour ta présence à nos côtés... béni sois-tu, Seigneur.
Pour ton regard porté sur nous... béni sois-tu Seigneur.
Pour ton appel à te rejoindre, répété inlassablement, béni sois-tu !

(Merci à Edmond et Taizé pour l'inspiration)

lundi 06 septembre 2010

Comme un vieil ami...

C'est comme retrouver un ami que l'on n'a pas vu depuis quelques années... Rien n'a changé, mais tout a changé. Les installations, à moitié solides, à moitié de toile, sont les mêmes, les chants résonnent familièrement. Dans l'église les lumières du chœur créent cette intimité douillette qui réchauffe le cœur[1]... Ca paraît plus petit, moins magique, comme un quelque chose d'indéfinissable.

Cinq ans déjà. Cinq ans que je n'avais pas retrouvé ce lieu, que je n'avais pas prié, à même le sol, au milieu, en communion avec tous ces gens... Cinq ans que je n'avais pas croisé les sourires, langue universelle dans cet espace extraordinairement bariolé, multilingue, et tellement fraternel. Cinq ans déjà que la violence s'est exprimée, de la manière la plus incompréhensible qui soit, et comme une crainte, avant d'arriver, que les choses n'y soient plus tout à fait les mêmes... Les cloches résonnent toujours de cette mélodie caractéristique, trois fois par jour. Tout a changé, mais rien n'a changé.

Tout a changé. J'ai grandi, et aujourd'hui je peux mettre des mots sur des sensations qui m'assaillaient hier. J'ai vu d'autres choses, rencontré d'autres gens, pour finalement me rendre compte que cet endroit, c'est chez moi. Ni catholique, ni orthodoxe, ni protestant, et un peu tout ça à la fois. Comme moi. Ceux qui viennent ici cherchent l'étranger, l'Autre, sortent de chez eux pour s'aventurer à la flamme de l'Amour. Je ne me sentais à ma place nulle part, sauf ici. J'y suis chez moi.

Rien n'a changé. Dieu est là, plus que jamais, et son Esprit souffle sur la colline. "Silence" disent les panneaux à l'entrée de l'église ou près de la source. Écoute... Écoute ton cœur, écoute sa mélodie, et le rythme de la Vie qui bat en toi. Tu entends, maintenant ? Chante, chante encore, laisse-toi pénétrer par ces paroles. Ferme les yeux. Chante encore, écoute la Parole... Tu sens, maintenant, comme il est près de toi ? Tout près de toi, un très bon ami... Toujours là.

Notes

[1] Oui, je sais, c'est un jeu de mot pourri. J'assume.

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