Ces derniers temps, je me sens des pensées rebelles, comme le besoin d'un vent de folie, d'utopie d'un monde meilleur comme il pouvait en souffler en mai 68...
Interdire la burka ? Confusion des termes, confusion des genres, confusion des situations... Ce dont on parle n'est pas la burka des talibans, celle qui fait peur, qui est dangereuse car restreignant le champ visuel, étouffant les sons, empêchant les mouvements, transformant les femmes en fantômes. Non, ce dont on parle, c'est d'un voile dit "intégral", un habit appelé niqab dont une partie couvre le visage, un peu comme certains s'emmitouflent entre écharpe et bonnet en hiver. Si ceux-là peuvent se cacher sous prétexte du froid, pourquoi d'autres ne pourraient-elles pas se cacher sous prétexte de pudeur, de timidité, de protection ? Et qu'appelle-t-on "voile intégral" ? Parle-t-on du niqab exclusivement, ou bien cela engloberait-il les habits des soeurs chrétiennes ?
Interdire "pour la bonne cause" ? Laissez-moi rire... Que feront les femmes qui sont réellement obligées par leur mari à porter le niqab ? Ne seront-elles pas purement et simplement cloîtrées chez elles ? Quant à celles qui le laisseront de côté pour cause d'interdiction, combien d'entre elles subiront outrages et insultes ? Combien se sentiront agressées par notre société française où la "femme libérée" se doit d'avoir une sexualité débridée et montrée sur la place publique ? Tant qu'on y est, pour la bonne cause, pourquoi ne pas interdire les slips des ados apparents sous des jeans qui béent ?! Ce ne serait pas une bonne cause d'hygiène et d'esthétisme, ça ?
Heureusement, de la façon dont c'est présenté pour l'instant, il y a fort à parier que le conseil constitutionnel retoque le projet de loi... Si ce n'est la burka, interdisons la fessée, renchérissent les empêcheurs de vivre en rond ! "Vous n'imaginez pas combien d'enfants grandissent psychiquement choqués par une fessée !" nous disent les pédiatres. On imagine tellement mal, qu'eux-mêmes sont incapables de donner ne serait-ce qu'une estimation. Par contre, dans les pays où l'interdiction est déjà en place, on a vu des enfants se retourner contre leurs parents, des parents devenant laxistes de peur de cette loi, puis menacés par leurs enfants qui leur disent "de toute façon, tu n'as pas le droit de me toucher"...
Soyons honnêtes : dans l'éducation de mon ainée, qui a bientôt quatre ans, il m'est arrivé de céder à la fessée. Pas de gaité de cœur, oh non, ni parce qu'une "bonne fessée, ça remet les idées en place", comme je l'ai entendu dire. Mais parce que sous le coup de l'énervement, le trop plein de bêtises accumulées, les bornes sont dépassées, et qu'il faut bien le faire sentir, d'une manière ou d'une autre. Évidemment, ça fonctionne une fois, deux peut-être, ensuite l'enfant n'a plus peur des fessées, ou alors se ferme tellement qu'il n'y a aucune valeur pédagogique à ce geste. Alors on passe à autre chose : chez nous le plus efficace, c'est la punition sur la chaise...
Et si on laissait les gens être un peu intelligents, plutôt que leur dire ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire à chaque étape de leur vie ? "Va à l'école, bosse, fais de longues et prestigieuses études, gagne ta rolex avant cinquante ans, aie femme, maîtresse et enfants, sinon t'es pas un homme". C'est ça la vie ? "Surtout ne met pas de niqab, aie des enfants mais ne leur donne pas de fessée, prends autant d'amants que tu veux mais veille à ce qu'ils mettent des préservatifs..." Ça ne paraît aberrant à personne ?? Si on laissait plutôt les gens être responsables ? Quand on ne s'acharne pas à "vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola", c'est possible d'avoir des gens qui pensent, et qui réfléchissent même, si, si !