Témoignage

Des expériences d'oecuménisme, de foi, dans la "vraie vie". Pour montrer qu'être chrétien, ça n'est pas seulement de la théorie...

Fil des billets - Fil des commentaires

mardi 16 juillet 2019

Taizé aux bains

Petite histoire qui date d'il y a dix-huit mois... Anecdote rafraîchissante et douce, surtout au regard des quelques mois que nous avons vécu depuis !

Lire la suite...

vendredi 29 juillet 2016

Rencontre

C'était au bureau. Le contexte n'était pas simple, le projet "challenging", "piloté par les délais"... J'étais développeur sur le projet. Elle faisait de la gestion de projet, autrement dit, à la fois la surveillance de l'avancement et "l'huile dans les rouages" quand il y a des problèmes. De fil en aiguille, de réunions en cafés, les discussions se sont élargies, du travail à la pratique de la conduite sur circuit, puis à notre foi... Nous avons découvert mutuellement nos chemins, nos éducations, nos habitudes, nos coutumes...

La foi est une intimité. C'est sans doute pour cela que les croyants sincères ressentent souvent une fraternité instinctive les uns pour les autres, même s'ils ne la comprennent pas, ou la perçoivent confusément... Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle certains athées peuvent percevoir la foi comme une exclusion : de fait, c'est une logique, de rites, de pratiques, de pensées dont ils ne font pas partie...

Nous avons partagé nos convictions. Nous avons réalisé qu'au delà de vivre notre foi, nous avions commencé une démarche de recherche similaire : une licence de théologie... Nous avons peu partagé sur le contenu des cours, peu importe, c'est le chemin qui compte... Qui nous rend plus proches que beaucoup d'autres autour de nous...

Pourquoi écrire aujourd'hui ? Il s'agit de rencontre comme j'ai pu en faire d'autres dans mon parcours théologique, universitaire, religieux...

Mais aujourd'hui, la saveur est différente. Nada est jeune et militante, pétillante et compétente, amoureuse et divorcée, croyante et musulmane. Sous couvert de l'actualité terrifiante d'attentats, "on" voudrait nous opposer. Des proches s'opposent à son mariage à venir (avec un non-musulman), depuis le meurtre du prêtre il y a quelques jours. Elle est touchée et indignée par tous les commentaires qui somment les musulmans de s'élever "comme un seul homme" contre les attentats, ou qui demandent aux musulmans de "faire le ménage dans leurs rangs"...

Il y a dix-huit mois, suite à l'attentat contre Charlie-Hebdo, il m'est venu à l'esprit deux choses : "on va avoir droit à des lois liberticides" et "il faut protéger les musulmans". Je voulais me tromper. J'espérais que les politiques ne céderaient pas à la facilité du "tout-sécuritaire". Je souhaitais de tout coeur que la rancoeur ne se manifeste pas contre des croyants qui ont le tort d'avoir "la mauvaise foi"... Mais l'état d'urgence est toujours là, plus que jamais, et on se demande s'il va s'arrêter, un jour. Et les musulmans ont subi des attaques, sont la cible de tant de remarques désobligeantes... Le pire étant sans doute ceux qui clament bien fort "pas d'amalgame !" mais n'hésitent pas à généraliser telle ou telle anecdote...

Alors aujourd'hui, je ressens cette proximité avec Nada, d'autant plus fortement. Et non seulement je la ressens, mais je veux l'exprimer. Parce que nous avons une foi similaire, un mode de vie équivalent, des soucis comparables au quotidien... Nous nous ressemblons. Et ce n'est pas parce que notre foi s'exprime différemment que l'une vaut mieux que l'autre. J'espère continuer longtemps à cultiver notre amitié. C'est ma façon d'être humaniste, peut-être. C'est "ma part", pour reprendre l'histoire du colibri[1]... Parce que je ne veux pas que la haine puisse gagner les coeurs et les esprits.

Note

[1] Un jour, dit une légende amérindienne, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

samedi 28 mars 2015

Tendresse

Baptiste, dit Bibi, est un jeune médecin qui blogue, avec sourire et délicatesse, et même parfois un peu de cynisme et d'humour noir. Il blogue des histoires de soignants, de soignés, des relations surprenantes, difficiles, émouvantes, violentes, joyeuses, dures qu'il peut y avoir dans des situations toujours hors du commun, provoquées par la maladie et la faiblesse... Des fois avec ses expériences à lui, d'autres fois avec des moments relatés par des aides-soignants, infirmiers, ou patients...

On y trouve souvent des pépites... Celle d'hier m'a particulièrement touchée : la Tendresse... C'est une plume qui flotte dans l'air et donne du sens à la vie...

dimanche 30 novembre 2014

En union, en marche, en Avent !

Ce matin, j'avais un peu la tête dans le pâté... Une fête d'enfants, des amis avec lesquels refaire le monde, ça vous occupe plutôt densément un samedi, de manière telle que le dimanche commence un peu difficilement... Amis repartis, Tendre Moitié au kendo, Grande Puce à la sortie louveteaux, Minipuce à peine réveillée... Et moi qui ai promis au pasteur une confession de foi pour le culte du jour !

Douche rapide, habillage encore plus rapide, pour Minipuce et pour moi, le bouquin de prières attrapé vite fait sur l'étagère, en quelques minutes j'avais trouvé un texte sympathique et ajouté une strophe de mon cru correspondant à l'évangile du jour... Hop, hop, c'est parti, vite vite, ouf, ça va, quelques minutes de retard seulement, le culte commence à peine. Minipuce connaît bien les lieux, je n'ai pas à m'inquiéter pour elle, elle rejoint vite les autres enfants avec des tas d'activités : des dessins, des jeux, une Bible pour enfants, ...

Je remonte l'allée centrale, direct vers le premier rang, comme d'habitude... C'est pas que je cherche à me mettre en valeur ou que je sois de petite taille, c'est juste qu'on voit tout, qu'on peut donner un coup de main au cas où, qu'on est pas loin de la salle des enfants... Et que même quand on arrive en retard, il y a toujours de la place ! Et là mon oeil droit repère une aube... Gniiii ? Une aube ? Au temple ? Kécépasse ? Mon regard surpris s'attarde un peu sur le banc, à côté de l'aube je vois deux robes pastorales noires... A ce moment là mon cerveau embrumé reconnecte ses neurones : aujourd'hui c'est le culte d'installation du pasteur, avec invitation aux communautés voisines ! Oh bon sang, avec mes baskets et mon sweat Taizé, alors que tout le monde est sur son trente-et-un, j'en loupe pas une !

Le culte se déroule tranquillement, sortant de la routine, puisque ce sont des laïcs de la paroisse qui célèbrent la liturgie, tandis que la prédication est assurée par le président du Consistoire Nord Ouest de l'Eglise Protestante Unie de Région Parisienne[1]. Après quoi il préside également la liturgie spécifique pour l'installation du pasteur : louange, accueil, engagement mutuel du pasteur et de la paroisse, imposition des mains, discours d'accueil des différents intervenants.

Et c'est là que tout prend son sens. Au départ, je me disais que c'était un simple formalisme, une procédure à suivre pour être "dans les clous", demandée par un pasteur d'origine allemande, donc peut-être un peu carré, un peu à cheval sur les règles... Et c'est au moment de l'imposition des mains que tout s'est illuminé. Tous les acteurs de ce moment ont pris conscience de l'importance du geste. Représentants du CP[2], de la famille, de l'Entraide[3], du groupe de prière, du groupe Rencontre, des musiciens, de tous âges, de toutes origines, de tous horizons, tous ont symboliquement entouré et imposé les mains au pasteur, pour la paroisse. Alors, dans ces mains entourant notre nouveau ministre, c'est tout le lien qui peut exister entre les hommes, entre Dieu et les hommes, qui a pris chair ! Là, oui, je peux dire que l'union, l'Esprit Saint était présent, palpable, sensible. Et, comment dire ? Ca secoue... Vraiment...

Si avant je me disais "à quoi bon ?", aujourd'hui j'ai compris une chose : non, l'installation d'un pasteur, d'un nouveau CP, ce n'est pas juste "pour faire officiel" ou "pour se faire mousser". Non. C'est vraiment Dieu qui est au coeur, qui se rend présent dans nos actions humaines...

Et si tout ça se déroule le premier dimanche d'une nouvelle année liturgique, ce n'est sans doute pas pour rien. Vous, je ne sais pas. Mais moi, j'ai bien aimé mon entrée en Avent ! Très beau chemin à tous...

Notes

[1] Le consistoire pour les protestants de l'Eglise Protestante Unie, c'est comme un secteur pour les catholiques : un regroupement de plusieurs paroisses, un échelon intermédiaire entre la paroisse et la région, géré par le synode régional

[2] Conseil Presbytéral

[3] L'association d'action sociale, d'entraide rattachée à la paroisse, comme son nom l'indique

samedi 27 juillet 2013

Grand Kiff, 2ème édition - Teasing

Hier matin, des quatre coins de France et de Navarre, et même d'Angleterre et d'Allemagne, des bus ont convergé vers Grenoble, contribuant ainsi au caractère orange du trafic annoncé par la sécurité routière...

Mille cinq cent personnes, des jeunes de 15 à 25 ans et leurs animateurs, de toutes paroisses protestantes, sont réunies pour cinq jours de fête, de louange, de prière, d'ateliers bibliques, de créativité, de joie, de partage... Le thème ? Vous êtes lumières du monde !

Avec un petit groupe de notre paroisse, j'ai la chance d'y participer. Ces mômes sont incroyables ! Sketches, chants, danses, prières, ils savent tout faire, avec une énergie et une profondeur souvent étonnante et rafraîchissante... Je viendrai vous raconter, comme je le peux, comme je le sens... Quelques jours de patience !

lundi 06 mai 2013

Athée, vraiment ?

Pito est geek, un peu. Célibataire, il a traîné ses guêtres dans différentes branches professionnelles avant d'atterrir dans l'informatique parisienne, comme beaucoup, à l'approche de l'an 2000. Il se dit athée par désintérêt... Et à l'occasion, parle avec un certain mépris d'un curé de son enfance qui l'a marqué. Dans le mauvais sens du terme. Depuis, il ne veut plus entendre parler de l’Église. Il a deux filleuls, qu'il couvre régulièrement de cadeaux et dont il suit l'éducation avec assez d'intérêt. Il veut être un parrain copain et bienveillant, cherchant à éveiller la curiosité intellectuelle de ses filleuls, leur sens critique... Et de la négociation aussi, parfois !

Pivi est geek aussi, à fond : jeux de rôle, univers fantastiques et de science fiction, esperanto, programmation professionnelle et personnelle... Marié, deux enfants, il a le sourire aussi facile que le verbe, le coeur sur la main et une franchise qui fait parfois grincer des dents. Surtout en entreprise. La religion ? Il en a eu un aperçu. A rencontré des clercs pas très ouverts, d'après ses dires. Et après avoir subi les épreuves de la vie, vu le mal de près, il refuse de croire en un Dieu bon. Et même en un dieu tout court. Malgré tout, il reconnaît qu'il a été élevé dans une société judéo-chrétienne dont il apprécie les valeurs. Il s'est marié, mais pas à l'église. Son fils, l'aîné, a reçu le baptême à l'église pour des convenances familiales ; sa fille cadette a reçu un "baptême républicain". Il ne donnera pas de catéchisme à ses enfants, s'efforcera de les éduquer à différents points de vue spirituels "pour qu'ils puissent choisir une religion, s'ils le souhaitent".

Jean Claude a un travail répétitif, qu'il trouve barbant et peu enrichissant intellectuellement. Pour ne rien arranger, ses collègues, qui ne ratent pas un épisode de "l'amour est dans le pré", seraient bien incapables de citer trois espèces de céréales ou trois races bovines... Avide de savoir et de réflexion, il cherche en permanence la discussion sur des sujets aussi divers que la géopolitique, l'histoire, la philosophie, les religions... Rien ne l'intéresse plus qu'un débat argumenté sur un sujet qu'il maîtrise ou qu'il souhaite approfondir. Il s'est construit seul, faute de structure familiale solide et de moyens financiers suffisants. Son enfance au parcours chaotique n'a pas laissé la place pour un enseignement religieux. Il se dit athée, agnostique, bouffeur de curés... Et est trop heureux de lancer une discussion sur les différences entre les cathares et les protestants. Sa soif spirituelle, son besoin de présence, de lien, se ressentent dans chaque propos qu'il tient. Athée, vraiment ?

Bénédicte a grandi dans une famille rationnelle. Les pieds sur terre, la valeur du travail avant tout, elle est devenue une fourmi[1] laborieuse, hypermotivée, la conscience professionnelle chevillée à l'esprit. Elle se targue d'avoir un minimum de culture, et a bien appris quelques histoires, des traditions religieuses, la signification de certaines fêtes... Comme beaucoup, elle confond immaculée conception (de Marie) avec conception virginale (de Jésus). Sans attachement particulier à l’Église, elle prône une éducation forte et stricte, sévère mais juste, une morale assez classique somme toute.

Guillaume s'est construit par provocation, par opposition aux autres. Opposition à sa mère dont il n'était pas le préféré et pour laquelle il s'acharnait à être toujours plus turbulent. Opposition sociétale en choisissant un look que l'on peut qualifier de marginal : cheveux longs, habillé de noir de la tête aux pieds et parfois jusqu'aux ongles. Opposition à une Église qu'il considère comme un instrument de pouvoir et de manipulation, à un Dieu dont il nie farouchement l'existence. Pourtant... Derrière la façade un peu abrupte, on le découvre compétent, serviable, toujours de bonne compagnie et l'oreille attentive. Il joue avec humour de son côté décalé et ne veut surtout pas entendre qu'il pourrait avoir quelque attache... Mais est prêt à aller jusqu'au mariage religieux, lui qui se dit ouvertement athée, pour pouvoir faire sa vie avec celle qu'il aime, la mère de son fils dans quelques temps[2]. C'est aussi celui de mes coéquipiers qui affiche le plus ouvertement son ignorance de tout catéchisme, et me pose régulièrement des questions sur tel ou tel point de pensée, de dogme, pour avoir une sorte "d'état de l'art"...

Sylvain et Élodie ont été baptisés, et c'est à peu près tout. Concubins depuis plusieurs années, ils ont fini par se marier. C'est alors que la question s'est posée : mariage religieux ou pas ? J'avais fait une bénédiction lors du mariage d'un couple d'amis, ils s'en souvenaient et avaient été touchés, à défaut de comprendre ou d'adhérer. Conscients de la légèreté voire de la provocation que serait de leur part une demande de mariage à l'église, ils ont évoqué l'idée d'une bénédiction, une petite prédication, "quelque chose"... Nous en avons discuté ensemble, parlé superstitions, croyances, foi, rites, symboles et ressentis... Un peu de la Bible et de Jésus, aussi. On a cherché le fond de leur demande, je leur ai dit que c'était eux qui se mariaient, pas leurs grand-mères pour qui c'était fait depuis longtemps. Nous n'avons pas fait de célébration. J'espère juste ne pas avoir rebuté, permis de poser une réflexion, quelque chose qui ait un peu de sens.

Au travail, entre amis, en famille, se définir comme "athée, avec des valeurs" est désormais l'équivalent de celui qui, il y a deux générations, allait à la messe le dimanche "parce que ça se fait". Mais sont-ils véritablement athées, ces gens qui m'entourent, me provoquent, me questionnent ? Sont-ils si différents de ceux qui, il y a quelques décennies, n'avaient d'image de l’Église que celle que leur renvoyait le curé lors de la messe où les (en)traînaient leurs mères, leurs épouses, leurs enfants ? Quel est mon rôle, notre rôle, en tant que croyants ? Doit-on seulement tenir un rôle particulier ?

Note : oui, je parle essentiellement de gens venant de familles catholiques. Je préviens d'avance les trolls protestants : si je n'ai pas d'exemple en tête dans un cadre protestant, c'est probablement à cause de leur minorité (je rappelle que les protestants représentent environ 3% de la population en France ; et par exemple, je n'en connais aucun dans mon environnement professionnel). Je sais que le même type d'histoire, version protestante, se trouve aisément en Suisse, en Alsace, dans le sud de la France, où le protestantisme est davantage une confession "installée", au même titre que le catholicisme.

Notes

[1] ou une abeille ?

[2] Depuis le début de rédaction de cet article, son fils est né. Il s'appelle... Nathaniel (ce qui veut dire "don de Dieu", en hébreu) ! Quand je lui ai demandé s'il connaissait la signification de ce prénom, il m'a répondu "oui" avec un grand sourire... Une provocation de plus, ou une porte ouverte à un Autre potentiel ?

dimanche 21 août 2011

Concélébration

On ne s'est jamais parlé. C'est tout juste si on se salue, un peu de loin, respectueusement l'un pour l'autre, comme un signe de reconnaissance, sans mots. Toujours discret, il est là régulièrement, dans l'assemblée avec sa femme, aussi silencieuse que lui, et dont les yeux ne perdent rien. Parfois nos regards se croisent, et il y a un je-ne-sais-quoi qui passe...

Dès mon arrivée dans la paroisse je l'ai vite repéré. Je crois que ce qui a été le plus flagrant pour moi, ce fut sa croix pectorale. Aussi imposante que celle d'un évêque... mais d'une forme singulière, ouvragée, pas une simple croix latine ou un crucifix, non, non...

C

Et puis j'ai entendu parler de lui... Mes oreilles furent aussitôt à l'affût ! Non, il n'avait jamais "concélébré en rite romain", et oui, il y avait bien un couple d'orthodoxes qui faisait partie de la paroisse...

Mais le plus beau, c'est à l'autel que cela se passe. Quand il est là, il vient assister le prêtre pour donner la communion. Et c'est tout un ensemble de "petits" gestes qui marquent la reconnaissance entre ministres du culte : le prêtre ne lui présente pas l'hostie comme aux laïcs, mais le laisse se servir seul ; de même pour le vin qu'il présente aux autres ministres extraordinaires de la communion. Enfin, après la communion c'est lui qui replacera les hosties consacrées au creux du tabernacle...

Pas de mots mais des attitudes, celles de deux frères, en entente tacite, implicite. Un accord qui les lie par-delà les différences. Même quand le credo choisi par le prêtre est celui de Nicée-Constantinople, et que, jetant un regard en coin au moment du "filioque", j'ai bien remarqué la tête baissée et le silence...

J'aime cet oecuménisme vécu, ce partage sans mots, ces regards croisés... J'apprécie cette complicité, cette union de prière muette, cette présence multiple, témoignant que nous sommes tous Un... fraternellement en Christ.

dimanche 07 août 2011

Là où on ne l'attend pas

Le SEIGNEUR dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu. Alors, en l'entendant, Élie se voila le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l'entrée de la caverne.
1 Rois 19, 11-13a

Ce matin, dans ma paroisse, Dieu avait une saveur retrouvée. Et de découverte, aussi. Plaisir de reprendre le chemin de l'église que je connais bien maintenant, un peu branlante, et aux vitraux tellement chaleureux. Joie de retrouver la chaleur d'une assemblée dominicale, après une semaine de labeur en théologie sur les Actes... Joindre la pratique à la théorie, harmoniser la liturgie et les visées théologiques...

... et me faire cueillir par ce texte sur le prophète Élie. Comme un clin d’œil. Parce que toute la blogosphère s'agite autour des JMJ imminentes[1], ou bien des sessions de Paray, ou de Taizé... Et si... Et si le Seigneur était aussi dans le cœur de ces parents qui amènent leurs enfants à la messe ? Et s'Il était dans la force de cette grand-mère qui malgré sa faiblesse, a accompagné sa petite-fille à l'église ? Dans celui de ces têtes nouvelles, de passage par ici... Ce ne sont pas de grands événements, ils ne passeront pas au journal télévisé... C'est le bruissement que j'ai entendu aujourd'hui. Celui d'une simple paroisse parisienne, qui continue de vivre, de visiter ses malades, de fêter l'eucharistie chaque dimanche, de chanter à pleine voix !

Notes

[1] Et je ne parle même pas de Facebook ou Twitter !

dimanche 31 juillet 2011

Déculturation ?

Des tenues resplendissantes, une assistance attentive autant qu'émerveillée, une jeune femme reine du jour entrant au bras de son père... Des lectures, un échange de consentements, les jeunes mariés prenant la parole, un discours de l'officiant... Mariage "classique" à l'église ? Mariage, oui ; mais d'Eglise, point. Frustration, coquille vide, manque... J'ai du mal à exprimer mon malaise face à ce que j'ai vécu hier.

Certains diront que je suis peut-être "vieux jeu". Sans doute. Je ne sais pas, j'ai du mal à me réjouir, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse s'engager à ce point pour la vie, sans s'en remettre à quelque chose d'un peu plus solide que la simple parole humaine... Je peux comprendre une foi différente, des doutes, un questionnement... Mais qu'il n'y ait rien, sans que ce vide ne pose question, ça me dépasse. ou alors... Feront-ils comme l'un de mes amis, qui a demandé un "baptême républicain" pour sa fille ? Mais cet ami reconnaît au minimum une influence judéo-chrétienne sur les traditions qu'il reconnaît appliquer... Alors que là, rien, rien d'autre que "l'amour"... Mais quel amour ? Charnel ? Temporel ?

Par ailleurs, suite aux discussions avec mes amis indiens, dans lesquels le mariage prend une grande place car nos traditions et nos sociétés sont construites très différemment, viennent d'autres questions... Quelles sont les bases d'une telle union ? Qu'est ce qui la fera vivre à long terme ? En Inde, pour diverses raisons le divorce n'existe pas ; en France, statistiquement un mariage sur trois est touché par une séparation...

Cette union me fait également revenir sur celle de deux amis indiens, ou plutôt l'une indienne et l'autre français, naturalisé, de parents indiens. C'était il y a un an, et si les costumes des mariés étaient différents, correspondant aux costumes traditionnels indiens, le déroulement a été le même. Rien de plus, pas de traditions indiennes, pas plus de traditions françaises reprises, voire "arrangées" à l'indienne, comme ils l'ont fait dans beaucoup de gestes de leur vie de tous les jours... A l'époque je m'étais demandé si c'était volontaire ou non, dans quelle mesure il leur avait été possible, ou non, de faire une cérémonie religieuse. Avant de me rendre compte que mon amie ne m'avait jamais parlé d'une religion quelconque, et plus tard de réaliser qu'une communauté hindoue parisienne existe bien et est particulièrement vivante. Là aussi, le choix était donc volontaire de ne pas donner d'aspect religieux. Pourquoi ? Comment est-ce possible ?

Qu'on ne se méprenne pas... Je ressens aussi un malaise quand des mariés s'unissent à l'église "pour avoir un beau mariage" ou "parce que ça se fait comme ça dans la famille"... Je ne demande pas que chaque mariage soit forcément religieux. Je me demande simplement comment on en est arrivé là, comment est-ce possible de ne pas se poser plus de question sur les fondamentaux de la vie ? Est-on forcément fou quand on choisit de suivre une religion ?

mercredi 06 juillet 2011

Dialogue interreligieux ou relativisme ?

Je crois que parfois, je frise l'indécence. Si, si. D'abord j'ai des discussions à propos de Dieu au boulot. Ah, vous voyez bien, que je pousse aux bornes des limites ! Ensuite, c'est en anglais. Ben oui, parce que pour faire communiquer des indiens et des français, il faut bien trouver une langue commune...

Mais le plus gros de tout ça, c'est que... Je vais plus loin dans la discussion à propos de Dieu, de la prière, du ressenti dans les lieux sacrés, avec ces collègues indiens, leur autre culture, leur vue différente sur la nôtre, notre communication en langue étrangère, qu'avec des amis bien français, pétris de préjugés, de mauvaises expériences, rejetant en bloc toute idée de spiritualité quelle qu'elle soit...

Alors, quelle(s) conclusion(s) en tirer ?

C'est d'abord un constat un peu désabusé. Oui, il faut faire un effort, ça peut faire peur... Il faut prendre le risque d'aimer véritablement son prochain. Oser se mettre à nu, accepter de laisser tomber un peu de ses apparences pour accueillir l'autre, ça chamboule, ça déstabilise, ça peut même faire mal parce qu'il peut y avoir des maladresses... Oui mais... Ca veut aussi dire qu'on est plus ouvert à toutes les perles qui peuvent briller, comme ça, d'un coup, sans crier gare !

C'est aussi le regret que des personnes, plus proches de moi, en termes de culture, de foi, de pratique religieuse, de langue, restent bloquées dans une peur terrible de l'autre, à tel point qu'il est impossible de tenter une idée d'acceptation. Un "c'est vraiment n'importe quoi", rageur, marmonné en pleine homélie, alors que le prêtre parlait de l'islam comme d'un possible autre chemin pour parvenir à Dieu, m'a bien fait comprendre que mes relations riches autant que renversantes avec mes amis indiens font encore figure d'exception. Ces personnes me taxeraient sans doute de relativisme, de faiblesse à vouloir explorer les chemins du divin entre croyants, fussent-ils de différentes sensibilités...

Finalement, il reste quelques regrets, mêlés à une grande joie... Un lien qui s'affirme, confirmant ce que j'avais pressenti il y a déjà une quinzaine d'années : les différentes religions ont énormément de similitudes, et les rapprochements peuvent parfois prendre des voies bien surprenantes...

vendredi 05 novembre 2010

Au coeur de l'Atlas

J'allais voir en en ayant déjà entendu parler. Beaucoup. En bien, en moins bien, par des gens de milieux et de spiritualités différentes. J'entrais dans la salle comme on entre dans une église ou un temple inconnu, ouvrant grand mes sens et mon esprit pour accueillir l'Esprit.

Les scènes se succèdent. Des images, très peu de son. Des regards, des expressions, de la contemplation, bien plus que des mots. A contrario des blockbusters qui jouent avec les sons sursaturés, au début on se demande si les hauts-parleurs de la salle fonctionnent...

Juxtaposition. De deux mondes. Chrétien et musulman, village et monastère, travail et prière, sacré et profane, solitude et communauté, en habit et en civil, Dieu et les hommes... Les moines font le lien. Et nous découvrons avec eux que ce lien est inextricable, que leur vie, leur don, leur amour sont tellement entremêlés à "tout ça", tout ce qu'on a vu précédemment, qu'il leur est impossible de s'en détacher...

Malgré la peur. Cette trouille insondable qui atteint son paroxysme chez Frère Christophe, cette terreur devant l'horreur possible, puis de plus en plus probable... Loin d'une fanfaronnade, d'une volonté de finir en martyr, c'est déchirés entre l'Amour et la peur qu'ils finissent par décider de rester. Unanimement. Même Christophe.

Lorsque l'écran s'obscurcit, je ne peux m'empêcher de prier. Ou plutôt, continuer à prier, avec eux, même disparus. Comme pour garder un fil, un espoir, si ténu fût-il... Même s'il reste la question, perpétuelle : pourquoi tout ce mal ? Et surtout, comment y répondre ?

mercredi 10 mars 2010

Montre-moi ta maison, je te dirai qui tu es

Dans la ville, épargnée par les folies des promoteurs, il fait bon se promener parmi les maisons individuelles, serrées les unes contre les autres ou posées dans un écrin de verdure. Au fil des rues, chacune décline son identité, laissant imaginer au passant ce que peuvent être les habitants invisibles et leur caractère. Ici, c'est un couple, sans doute retraité, dans une maison bien sage, presque stricte, où chaque chose est à sa place, la pelouse à l'anglaise soigneusement taillée ; rien ne traîne, et on imagine aisément que dedans, tout est aussi bien rangé, dans un décor minutieusement pensé, épuré, presque minimaliste et tout en raffinement discret. Là, c'est une famille avec un chien : la pelouse est marquée par les empreintes de pattes et de pas, divers jouets sont semés un peu partout comme autant d'invitations ; aux fenêtres, des rideaux aux couleurs vives, et la porte ouverte du garage laisse entrevoir un joyeux bazar de matériel, vélos, jouets, vêtements remisés... A côté, c'est un amoureux du jardinage : dans un terrain plutôt vaste pour une ville, alternent fleurs et rangs de légumes ; la cabane qu'on devine au fond déborde d'outils et parfois, comme un escargot sort de sa coquille après l'averse, le propriétaire profite du soleil hivernal pour entretenir ses cultures. Il y a aussi la maison qui vient d'être rachetée : voilà un mois qu'elle est en travaux, on voit les camions amener des bennes, repartir avec des monceaux de béton, plâtre, gravats, puis les parpaings arriver, la physionomie de la bâtisse se transformer ; c'est une chrysalide, on attend que le papillon se montre !

On imprime à notre environnement ce que l'on est. Une même habitation occupée par deux familles différentes aura deux ambiances plus ou moins dissemblables. Je crois qu'il en est de même pour la foi : chacun "aménage" son coeur selon ce qu'il est. Bien sûr, il y a des ressemblances : dans chaque maison on trouve une cuisine, une ou plusieurs chambres, des toilettes ; dans chaque chrétien on retrouve la foi en la Trinité, la résurrection, le pardon. Mais David l'a déjà dit mieux que moi, chacun vit sa foi selon son caractère, construit et agence sa maison au fur et à mesure de sa vie. Parfois on commence par creuser les fondations, ça prend du temps, et le chantier peut être arrêté pour cause de mauvais temps... D'autres achètent une maison déjà faite, l'aménagent à leut goût... D'autres encore finissent par se rendre compte qu'ils étouffent dans leur propre coeur, alors qu'ils pensaient avoir bâti un palais ; alors ils rasent tout et recommencent.

Et puis, il y a les mélanges. Ceux et celles qui grandissent entre deux cultures, entre deux confessions ou religions. Une maison d'un genre nouveau : une église avec un minaret ; un temple avec des icônes... Ca peut paraître étrange, kitsch, voire vulgaire. Mais quand c'est sa propre maison... On y prend goût ! Alors, au moment de créer sa propre habitation, on demande un permis de construire, pour un temple avec un clocher. Mais les architectes ne l'entendent pas de cette oreille !

Imaginez... Lors d'un divorce, le juge demande aux enfants, dans la mesure de leurs capacités, de choisir s'ils veulent habiter avec leur père ou leur mère. Certains optent pour la résidence alternée, ce qui leur permet de profiter de deux ambiances différentes, et surtout de chacun de leurs parents, dans son environnement. Dans l'état actuel de l'oecuménisme, si l'on respecte les règles des clergés, la résidence alternée n'existe pas. Et pour moi, aucun enfant (et l'on reste toujours l'enfant de ses parents !) ne devrait avoir à faire ce choix.

lundi 30 novembre 2009

Temps prié, temps perdu ?

Dans cette vie où chaque minute est comptée, où chaque jour semble parfois passer plus vite que le précédent, il m'arrive de me demander si je ne perds pas mon temps lorsque je prie... Alors que je me demande comment passer davantage de temps avec ma fille, mieux ranger mon bureau pour gagner quelques minutes à ne pas chercher tel papier ou tel dossier, quel moyen de transport me ferait économiser quelques minutes pour arriver plus tôt le matin, partir plus tard le soir, tout en étant à l'heure chez la nounou ; la prière, quel temps perdu ! Dans le bus, je ferais mieux de travailler mon vocabulaire de grec ou de me remémorer quel est l'ordre du jour de ma prochaine réunion...

Oui, mais...

Si je focalise ma vie sur un boulot qui me rapportera ma paie du mois, sans forcément beaucoup de considération, que me restera-t-il lorsque j'aurai réglé tous mes frais ?
Si je veux avancer dans mes études de théologie, la théorie ne sera-t-elle pas qu'une coquille vide sans une prière régulière ?
Si le temps me manque déjà dans ma vie de tous les jours, quand prendrai-je le temps pour Dieu ?
Si je pense perdre mon temps lorsque je prie, même si parfois c'est pas facile, que peut penser Dieu lorsqu'il prend le temps de m'écouter ?
Si prier est une perte de temps, pourquoi cela me manque lorsque je ne prends pas quelques minutes de silence dans ma journée pour le faire ?

Alors, le temps pour dire quelques mots à Dieu, parfois rien, juste un "bonjour" ; parfois une grosse colère ou un chagrin terrible ; parfois une solitude difficile à définir ; parfois une grande joie, des louanges ; ou encore des interrogations... Non, je crois que ce n'est jamais du temps perdu.

mercredi 25 novembre 2009

Un procès, le Christ Roi, la vérité, une prédication...

Ce dimanche à l'Eglise réformée, était la fin du synode régional sur l'entraide et la diaconie. Les pasteurs étant absents, ont proposé au groupe de Jeunes Adultes de la paroisse, dont je fais partie, d'animer le culte dominical...

Nous avions préparé l'animation, en choisissant les textes (nous nous sommes conformés aux textes du jour, correspondant à la fête catholique du christ Roi), confrontant nos idées, organisant les différents moments liturgiques... C'est un exercice intéressant qui n'a pas d'égal dans les autres activités d'une paroisse !

Et c'est à moi qu'est revenu l'honneur, la responsabilité, d'écrire la prédication. Ma première ! Et sur un texte pas franchement facile, puisqu'il s'agit de la comparution de Jésus devant Pilate (Jean 18, 28-38). En ayant en tête le Christ Roi - oui mais roi de quoi ? D'un Royaume qui n'est pas de ce monde... - j'ai orienté mon discours sur le procès qu'a vécu Jésus, et la vérité dont il parle.

Une fois en chaire, le trac passé, je me laisse prendre dans mon argumentaire. Je l'ai préparé, écrit, je le connais, il est suffisamment structuré pour que je ne m'y perde pas, et j'espère, mon auditoire non plus... C'est très étrange, je trouve, cette façon dont les visages évoluent au fil de mes phrases... Ce que j'ai écrit, ce que je dis est-il choquant ? Trop court, trop long, pas assez explicite ? C'est dangereux, une prédication. Pour convaincre, il faut y mettre une partie de soi, s'impliquer, prendre des risques...

Le culte se termine, et il est d'usage de se rencontrer, discuter, échanger à la fin de la cérémonie. Saluer les paroissiens comme le ferait le pasteur, recueillir les impressions, les questions... Notre petit groupe est vite submergé sous les compliments... Nous n'en attendions pas tant ! On termine en faisant connaissance d'un jeune couple auquel on donne rendez-vous pour notre prochaine rencontre.

Ce culte fut un temps appréciable. Temps de partage, de questions, de joie, de prière pour "refaire le plein" avant une semaine qui s'annonce chargée. Je recommencerai, sans doute...


Jean 18, 28-38 - Nous sommes tous des Ponce Pilate

Après la lecture de ce texte, j’ai envie de dire « Nous sommes tous des Ponce Pilate ».

Ne pas choisir la facilité

D’abord parce que c’est un peu facile de se placer dans un rôle de « gentil » aujourd’hui, alors qu’on connaît l’ensemble de la situation, deux mille ans après. On sait ce qui se passera après, et on pourrait « choisir son camp » ? Je le redis : c’est un peu trop facile !

Trop facile de considérer que « les autres » sont les méchants, et que nous aurions toujours le beau rôle. Dans la description d’un incident, d’un fait divers, à la télé, dans le journal, par les collègues, les amis, c’est très rapide de se positionner « du bon côté ». Quand on entend parler d’un accident, d’un viol, d’un enlèvement, les réactions sont vives, souvent disproportionnées « Mais que fait la police ? », « C’est inadmissible, un récidiviste, il n’aurait pas dû sortir de prison ! ».

Quand un père est soupçonné de pédophilie, il est très facile de hurler au scandale... avant de découvrir que ces soupçons existent parce qu’il a eu la naïveté de prendre une photo de ses enfants dans leur bain ! Dans un accident de la route, c’est facile de pointer un doigt accusateur sur celui qui a fauché un piéton... en oubliant que tous ceux qui ont le permis pourraient se trouver à la place de ce conducteur, cette conductrice ! Succomber à cette facilité de l’accusation, oublier que nous pouvons nous aussi être fautifs, n’est-ce pas éviter de se poser les bonnes questions ?

Pour revenir au texte, si on avait le choix, maintenant, où se placerait-on, dans cette scène ?

Je pense que personne n’aimerait se trouver à la place des chefs juifs, qui ont amené Jésus chez Pilate. Ceux-là ont vraiment, parmi les chrétiens, une mauvaise réputation. Mais si on y regarde de plus près, leur position était-elle enviable ? Jésus, ses prédications, ses actes, le nombre grandissant de ses disciples, était un véritable scandale dans la société juive ! Non content d’agir en prophète, il remettait en cause la loi de Moïse, la Torah, pilier de la foi juive. Ils se devaient de faire quelque chose, et cela impliquait la disparition de Jésus, qui était devenu trop populaire.

Pourrions-nous, alors, figurer parmi les disciples de Jésus ? Mais ceux-ci ne font pas partie de la scène, ils n’ont pas pu entrer dans le palais du gouverneur. Et même ceux qui l’ont pu, comme Pierre, ont fait profil bas. Les disciples, ici, sont absents. Le serons-nous ?

Jésus a le beau rôle, si l’on peut dire, dans ce passage, puisque c’est lui qui maîtrise le dialogue. Ce n’est pas le prisonnier que l’on croit, même s’il est lié : l’échange se déroule sur le plan des idées, de la politique, de la foi. Il garde son calme, il connaît le déroulement, il sait qu’il mourra mais ne craint pas (plus) cette issue fatale, il l’a acceptée. Apprécierions-nous cette place ? Oserions-nous répondre ainsi à nos détracteurs, en sachant que cela implique notre mort, alors que les accusations portées contre nous sont infondées ?

Reste Pilate. C’est la place la plus humaine finalement. La plus neutre, celle qui semble la plus confortable, a priori hors du conflit religieux qui oppose Jésus à la hiérarchie juive ; mais aussi la place piège, celle du juge qui décide de la peine du condamné, qui dispose de la vie des autres entre ses mains... qui sera jugé à son tour par les différentes parties en présence. Il a la capacité de poser les questions. Nous aussi. A nous de poser les bonnes !

La vérité ?

Ensuite, parce que comme Pilate, nous sommes confrontés à la vérité, parfois dérangeante, scandaleuse... Mais quelle vérité ? Qui la détient ? Existe-t-elle en plusieurs versions ?

Lorsqu’on lui amène Jésus, Pilate demande aux grands-prêtres quel est le motif de la condamnation. Ceux-ci, nous dit l’Evangile, restent vagues, mais précisent néanmoins que les raisons de l’arrestation de Jésus sont pour eux suffisamment graves pour demander la peine de mort. Alors Pilate interroge Jésus lui-même. Peut-être a-t-il entendu parler de cet homme qui fait scandale, qui refuse d’appliquer la loi de lapidation d’une femme adultère par exemple ? Peut-être est-ce la curiosité qui le pousse à interroger Jésus... Le texte ne le dit pas. Et nous, sommes-nous curieux de poser des questions à Jésus, à Dieu ? C’est le thème repris sur une des affiches du parcours alpha : quelle question poserions-nous à Dieu si nous l’avions en face de nous ?

Ainsi, Pilate interroge Jésus. Et là, surprise : Jésus répond « à côté de la plaque ». A une question fermée (autrement dit, qui appelle une réponse par oui ou non), il répond par une autre question. C’est une coutume classique dans l’enseignement juif, mais pas dans l’empire romain. Pilate se trouve alors déstabilisé. Il pensait obtenir la vérité en interrogeant directement l’homme qu’on lui a remis, il n’obtient qu’une remise en cause. Il pose une question politique (« Es-tu le roi des Juifs ? »), il reçoit en guise de réponse une question sur sa foi (« Est-ce ce que tu crois ou ce qu’on t’a dit ? »). Ne sommes-nous pas dans ce cas également, lorsque nous sommes révoltés parce qu’un proche est malade, parce qu’on a eu une mauvaise journée ? Si l’on entre en prière en étant révoltés, tristes, désemparés, il y a des chances que Dieu nous réponde sous forme d’un doute : qu’est ce que je crois ? Qu’est ce qui est la vérité pour moi ?

Du coup, chacun a les mêmes bases, les mêmes textes. Mais comme chacun a un vécu différent, un caractère différent, la foi, la vérité ne sera pas la même pour tout le monde. Jésus n’a pas dit « je détiens la vérité » mais « je suis la vérité » (Jean 14, 6), et dans ce texte « je rends témoignage à la vérité » (Jean 18, 37). Jésus a été envoyé dans le monde par amour pour nous, pour nous montrer la vérité. L’essentiel n’est pas de savoir qui la détient, mais de la vivre, d’en faire le témoignage.

Pour conclure, n’oublions pas que nous pouvons être comme Pilate, que nous avons le pouvoir de poser les questions, mais aussi de trouver par nous-mêmes les réponses, et de les partager, de les vivre, de faire le témoignage de notre foi par notre vie de chrétien !

samedi 21 novembre 2009

Temps de repos

D'abord l'eucharistie. Messe de la semaine, messe dite "basse", sans chants mais avec toujours autant de ferveur, autant d'actions de grâce (la signification du mot eucharistie en grec). Moins de monde, cérémonie plus "intime", on distingue la voix de chacun dans les réponds, celle chevrotante de la fidèle ancienne, celle de basse tonitruante du jeune père de famille, celle toute timide de la nouvelle paroissienne qui vient pour la première fois...

Puis le silence... habité. Sa présence à l'autel, les chuchotements du prêtre qui donne le sacrement de réconciliation, les bruits qui arrivent filtrés de l'extérieur... Il n'y a plus personne, seulement une présence, quelque chose d'indéfinissable... Temps donné, temps d'apaisement, d'ouverture, temps d'abandon, de confiance. Laisser de côté ses protections, ses peurs, se laisser imprégner de l'amour dispensé largement.

Et puis repartir. Pour un week-end, une semaine... Retrouver sa famille, ses proches, ses collègues, profiter de ce temps pour soi pour mieux se donner aux autres... Essayer de faire mieux à chaque fois ! Même si ce n'est pas facile, même si Dieu est exigeant. N'est-ce pas l'exigence qui fait la beauté de cet Amour là ?

mercredi 18 novembre 2009

La croix ne sert à rien sans la résurrection

C'est une idée qui s'est imposée à moi ce matin, en priant le chapelet dans les transports en commun... L'intérêt du chapelet, c'est que la méditation des différents mystères peut donner lieu à toutes sortes de surprises, selon le contexte, l'environnement, les pensées, la réceptivité...

Lors du dernier week-end régional des jeunes protestants, plusieurs participants ont été choqués de l'insistance sur le sacrifice complet de Jésus, le fait qu'il a donné sa vie pour nous sauver. C'est vrai que voir cet aspect des choses peut mettre mal à l'aise, et s'il est relativement naturel pour un catholique qui y trouve volontiers un chemin d'humilité, il l'est nettement moins pour un protestant... Le point de vue sacrificiel n'est guère apprécié chez les réformés, qui préfèreront mettre l'accent sur le salut par la foi, par exemple. Et le malaise évoqué par les jeunes, à leur retour chez eux, est assez révélateur de la culture réformée à cet égard !

La mise à mort de Jésus est un scandale, et ne doit pas nous laisser indifférents. Mort sur une croix, qui plus est, c'est à dire une mort sous la torture. Le fait que ce sacrifice d'un innocent faisait partie des plans de Dieu, est un des grands mystères de la foi chrétienne. Nous croyons que le libre choix de cette épreuve fait la force de l'Amour de Dieu pour nous : "Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique..." (Jean 3, 16).

Mais cette mort ne serait rien, elle ne pourrait constituer à elle seule un élément de foi, s'il n'y avait pas la résurrection. Le verset précédemment cité se termine ainsi : "... afin que quiconque croit en lui ne meurt pas, mais qu'il ait la vie éternelle". Le don total, l'abandon à Dieu aboutit à la résurrection. C'est cette vie éternelle qui, pour moi, donne aux chrétiens un espoir inextinguible.

La mort, le deuil, la tristesse font partie de la vie. Mais nous croyons que l'Amour de Dieu est plus fort que la mort. Et qu'il nous relèvera, par dessus les doutes, les colères, les larmes, le découragement, les épreuves. Toujours.

vendredi 30 octobre 2009

Escapade festive

Je pars ce matin pour Strasbourg. Destination : Protestants en fête !

C'est du jamais vu, un rassemblement national de la grande famille protestante, toutes tendances confondues... Trois jours d'animation, de fête, clôturés en beauté par un culte magistral au Zénith de Strasbourg...

Sur ce billet particulièrement court, je vous laisse en compagnie de Brel, Grand Jacques :

C'est trop facile d'entrer aux églises, de déverser toute sa saleté, face au curé qui dans la lumière grise, ferme les yeux pour mieux nous pardonner...
- Tais-toi donc, grand Jacques, que connais-tu du bon Dieu ? Un cantique, une image, tu n'en connais rien de mieux...

lundi 21 septembre 2009

Le Grand Kiff à la télé !

Ce dimanche 20 septembre, l'émission Présence protestante, sur France 2, a présenté un reportage sur le Grand Kiff.

Le Grand Kiff ? 1200 jeunes protestants, de tous horizons, réunis pendant cinq jours à Lyon, au mois de juillet, pour fêter l'Amour de Dieu pour le monde ! Ce fut cinq jours de fête, de chant, de louange, de réflexion, de jeu... autour de trois thèmes : Il te cherche, vis ta vie, le monde est à nous.

Le reportage est visible en ligne sur le site de France 2 (27 minutes), et il sera également possible de commander le DVD de l'émission.

dimanche 20 septembre 2009

Schizophrénie ?

Après un été à la fois mouvementé et particulièrement chargé sur le plan théologique, spirituel et méditatif, j'ai décidé de prendre mon bâton de marche et d'emprunter deux chemins qui peuvent paraître opposés.

D'un côté, suite au Grand Kiff et aux vidéos diffusées par les étudiants de l'IPT (et visibles sur le site de l'ERF), la question "pasteur, pourquoi pas ?" s'est faite mienne. J'ai effectué mon inscription la semaine dernière, pour débuter les cours de licence de théologie par correspondance. Je sais que ce sera long, sans doute pas toujours aisé... Mais si je ressens l'appel vers cette forme de ministère, peut-être que cela se concrétisera dans les années à venir ?

D'un autre côté, le chemin que j'ai parcouru depuis quelques mois m'incite à avancer également dans ma foi catholique. Aussi, je demande la confirmation. Une confirmation d'adulte, pour terminer mon "initiation", et recevoir si Dieu et l'Eglise le veulent, la grâce de l'Esprit, qui me donnera peut-être de nouvelles missions ?

Même si ces deux démarches paraissent contradictoires, elles ne le sont pas pour moi. Simplement, j'ai eu l'occasion de naître au carrefour de deux routes. J'ai eu la chance qu'aucun de mes parents n'oublie le chemin parcouru, mais choisisse de me le faire découvrir. Depuis des années, je ne parviens pas à me résoudre à "faire un choix" entre deux points de vue qu'on me présente souvent comme contraires, alors que pour moi ils sont complémentaires...

Aujourd'hui, je choisis de suivre le Seigneur, car je sais qu'il ne veut que le meilleur pour moi. Il saura m'indiquer ce qu'il attend de moi...

samedi 12 septembre 2009

Voilà qui est rassurant...

Il y a deux jours, je lisais :

Dieu ne te demandera pas combien de livres tu as lus, combien de miracles tu as accomplis. Il te demandera si tu as fait de ton mieux, par l'amour de lui. Peux-tu dire en toute sincérité : « J'ai fait de mon mieux » ? Même si le mieux doit se révéler un échec, il doit être notre mieux. Si tu es réellement amoureux du Christ, aussi modeste que soit ton travail, il en sera mieux accompli, de tout coeur. Ton travail attestera ton amour. Tu peux t'épuiser au travail, tu peux même t'y tuer, mais tant qu'il n'est pas mêlé d'amour, il est inutile.
Soeur Teresa de Calcutta, No Greater Love (trad. Il n'y a pas de plus grand amour, Lattès 1997)

Et aujourd'hui :

Tout homme qui vient à moi, qui écoute mes paroles et qui les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à un homme qui bâtit une maison. Il a creusé très profond, et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l'inondation, le torrent s'est précipité sur cette maison, mais il n'a pas pu l'ébranler parce qu'elle était bien bâtie. Mais celui qui a écouté sans mettre en pratique ressemble à l'homme qui a bâti sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s'est précipité sur elle, et aussitôt elle s'est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète.
Luc 6, 47-49

Alors, en ces temps où les médias nous parlent sans arrêt de crise financière, sociale, de pandémie, de réchauffement climatique, je trouve ces deux textes plutôt rassurants... L'évangile peut paraitre aussi dur que le roc dont il parle : ne pas mettre en pratique les enseignements de Jésus, c'est se condamner, se promettre soi-même à une destruction certaine. Et qui peut affirmer avec certitude avoir toujours suivi les paroles de Jésus ? Nous sommes tous pécheurs, indignes de défaire la courroie de ses sandales...

Oui, mais croire au Christ ressuscité nous donne une espérance formidable : tout pécheurs que nous soyons, Dieu nous a tellement aimé qu'il nous a envoyé son Fils, pour que nous soyons sauvés (voir Jean 3, 16) ! Alors, effectivement, la vie devient tout de suite plus simple : il suffit d'aimer Dieu, de lui faire confiance, et tout ce que nous ferons ne pourra que donner le meilleur de nous-mêmes...

Ne pas écouter nos craintes, faire de notre mieux en se confiant de tout notre coeur à l'Amour tout-puissant... C'est pas un beau programme, ça ?

- page 1 de 2