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lundi 24 octobre 2011

A la croisée des chemins...

Un vendredi soir, un peu avant dix-neuf heures. Comme chaque fois que je le peux le vendredi, je me presse en direction de l'église de ma ville, car une messe est célébrée, suivie d'un temps d'adoration. Moment de silence, moment béni, moment de joie, d'écoute, d'introspection, de respiration, de paix retrouvée après l'agitation de la semaine.

Ce soir-là, je cours presque, car je vais être en retard, et je sais que l'horaire sera respecté. Sur une messe d'une demi-heure, quelques minutes peuvent me faire rater les lectures...

C'est au milieu d'une rue que je le croise. Lui aussi presse le pas, mais en sens inverse. Vendredi soir, djellaba blanche, je sais où il se rend : à la maison de prière, juste à côté du centre protestant. L'évidence me frappe, et je me dis que nous allons tous deux prier : deux endroits différents mais une même volonté de cheminer vers Dieu. Je résiste à le saluer et me contente de sourire.

Salam, mon frère. Que nos prières, à l'unisson, rejoignent Dieu...

(Et une pensée toute spéciale à Ren')

mercredi 06 juillet 2011

Dialogue interreligieux ou relativisme ?

Je crois que parfois, je frise l'indécence. Si, si. D'abord j'ai des discussions à propos de Dieu au boulot. Ah, vous voyez bien, que je pousse aux bornes des limites ! Ensuite, c'est en anglais. Ben oui, parce que pour faire communiquer des indiens et des français, il faut bien trouver une langue commune...

Mais le plus gros de tout ça, c'est que... Je vais plus loin dans la discussion à propos de Dieu, de la prière, du ressenti dans les lieux sacrés, avec ces collègues indiens, leur autre culture, leur vue différente sur la nôtre, notre communication en langue étrangère, qu'avec des amis bien français, pétris de préjugés, de mauvaises expériences, rejetant en bloc toute idée de spiritualité quelle qu'elle soit...

Alors, quelle(s) conclusion(s) en tirer ?

C'est d'abord un constat un peu désabusé. Oui, il faut faire un effort, ça peut faire peur... Il faut prendre le risque d'aimer véritablement son prochain. Oser se mettre à nu, accepter de laisser tomber un peu de ses apparences pour accueillir l'autre, ça chamboule, ça déstabilise, ça peut même faire mal parce qu'il peut y avoir des maladresses... Oui mais... Ca veut aussi dire qu'on est plus ouvert à toutes les perles qui peuvent briller, comme ça, d'un coup, sans crier gare !

C'est aussi le regret que des personnes, plus proches de moi, en termes de culture, de foi, de pratique religieuse, de langue, restent bloquées dans une peur terrible de l'autre, à tel point qu'il est impossible de tenter une idée d'acceptation. Un "c'est vraiment n'importe quoi", rageur, marmonné en pleine homélie, alors que le prêtre parlait de l'islam comme d'un possible autre chemin pour parvenir à Dieu, m'a bien fait comprendre que mes relations riches autant que renversantes avec mes amis indiens font encore figure d'exception. Ces personnes me taxeraient sans doute de relativisme, de faiblesse à vouloir explorer les chemins du divin entre croyants, fussent-ils de différentes sensibilités...

Finalement, il reste quelques regrets, mêlés à une grande joie... Un lien qui s'affirme, confirmant ce que j'avais pressenti il y a déjà une quinzaine d'années : les différentes religions ont énormément de similitudes, et les rapprochements peuvent parfois prendre des voies bien surprenantes...

lundi 17 mai 2010

Unité... et solidarité

In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.
(Dans les choses nécessaires, unité ; dans le doute, liberté ; en tout, charité.)

C'est sur cette maxime, attribuée à divers auteurs (Saint Augustin, Vincent de Lérins, Peter Meiderlin, Richard Baxter...), que le prêtre a construit hier matin son homélie. Un discours sur l'unité que, je dois bien l'avouer, j'ai trouvé sujet à questions et interprétations. Si je suppose que je me trouvais en public catholique, le prêtre parlait probablement de l'unité de l'Eglise catholique... mais ses propos pouvaient laisser à penser qu'il parlait de l'ensemble des chrétiens ! Et dans toute son homélie, jamais il n'a clairement dit s'il parlait d'unité catholique ou d'unité chrétienne... Un peu comme si dans son esprit, c'était la même chose...

Ce qui m'amène à poser deux questions :

  • Malgré toute la bonne volonté que l'on peut mettre par ailleurs (pour prier ensemble, œuvrer ensemble dans la solidarité ou la lutte contre la torture par exemple), comment faire l'unité si chacun considère que les autres sont inférieurs à lui et doivent adhérer à son parti ? L'unité, pour les catholiques, signifie-t-elle ramener tous les chrétiens dans le giron de Rome ? Pour les orthodoxes, faire adhérer toute la chrétienté au rite oriental ? Dès lors, comment répondre au vœu de Jésus exprimé en Jean 17, 21, "qu'ils soient un comme nous sommes un" ?
  • Qu'est ce qui prévaut pour distinguer le nécessaire du reste ? Le prêtre parlait hier du nécessaire en citant le credo. Je l'ai apprécié, car c'est effectivement un élément commun à tous les chrétiens (si ce n'est que le terme "catholique" du symbole des Apôtres ou de Nicée-Constantinople est à prendre dans son sens grec !). Le credo est la base de notre foi que nous partageons tous. Mais ensuite, comment décider de ce qui est nécessaire ou non ? Les sacrements ? Le culte des saints ? Le(s) ministère(s) ? La façon de commémorer la Sainte Cène ? La liturgie ? Qui doit décider, sur quels critères ?

Puis, au temple, le culte avait pour thème l'entraide. Entre paroissiens, envers les autres, chrétiens ou non. Chercher l'aide de l'Esprit Saint pour mieux se mettre au service : des autres, de son prochain, du plus petit. S'il y a quelque chose qu'on sait faire en commun, nous les chrétiens, c'est bien cela : aider son prochain, se mettre au service des autres, parfois au détriment de son propre équilibre.

Alors, l'unité, si on la commençait par là ? Échanger un sourire, apprendre à se connaître, aller à la rencontre de l'autre, partager sa détresse et peut-être s'aider mutuellement à se relever...

jeudi 06 août 2009

La joie du baptême

La préparation fut houleuse, en particulier la préparation liturgique... Nous avons dû nous y reprendre à deux fois, la première fois ayant résulté en un quiproquo auprès de la paroisse catholique : nous ne rentrions pas dans la procédure habituelle, quelle idée ! De plus, les contraintes des différents membres de la famille nous donnaient une "fenêtre de tir" calendaire plutôt restreinte... Alors, cette fois-ci, j'ai pris les devants. Dès le mois de janvier, j'ai lancé mes hameçons, rencontré les prêtres, bien compris que si certains avaient l'âge et la culture "Vatican II", d'autres ne l'avaient pas !

Après les discussions passionnées, voire douloureuses, sur les divers points liturgiques, le refus d'accueil eucharistique avec le sentiment d'avoir joué la balle de ping-pong entre les différents intervenants du clergé, ce fut un véritable soulagement lorsque nous avons pu organiser la rencontre avec les célébrants du baptême : le prêtre, et la vice-présidente du conseil presbytéral, représentant la pasteur, qui serait absente à la date de la cérémonie.

Superstition ? Souci de faire les choses "dans l'ordre" ? J'ai attendu le dernier moment pour parfaire les détails pratiques du baptême... Pas de faire-part : quand j'ai eu le temps nécessaire pour les préparer, le délai pour les envoyer était un peu court... Et tout le reste a été fait à l'avenant aussi... Il faut dire que revenant directement du Grand Kiff et enchaînant avec la semaine de boulot / préparation du baptême, c'était difficile de faire autrement.

Mais il devait y avoir un ange gardien pour Nathalie, ou qui veillait spécialement sur cette fête, car je n'ai rencontré aucun obstacle ! Robe blanche arrivée pile dans les temps, traiteur qui ne part pas en vacances, mon frère appelé à la rescousse pour donner un coup de main qui trouve un billet de train dans le chassé-croisé du plus grand déplacement de départ en vacances... Et jusqu'aux intervenantes du baptême, à qui j'ai demandé une participation, qui ne se sont pas donné le mot mais sont finalement arrivées sur le même verset : "qu'ils soient un, comme nous sommes Un" (Jean 17,21) ! Si ça n'est pas un clin-Dieu, ça...

La fête a été belle, Nathalie a été très sage et concentrée pendant la cérémonie, puis joyeuse et très heureuse de tous les cadeaux dont toute la famille l'a couverte ! Merci pour cette fête, pour cet accueil, pour la joie et la paix de cette journée. Une très bonne entrée en matière pour des vacances en famille, une pause profitable à tous les trois...

dimanche 07 juin 2009

Quinze mille personnes rassemblées pour la Trinité

C'était grand. C'était sympa. C'était beau. C'était émouvant aussi... Aujourd'hui, dans le diocèse de Versailles, plus de trois cents adultes recevaient la confirmation catholique, et pour certains, communiaient pour la première fois.

Un rassemblement autour de la Trinité : c'est important ! Dans les ateliers du matin, on a parlé du Père, du Fils, de l'Esprit sous différentes formes. Dans l'atelier de théologie (appelé "mystère de la Trinité" : le mot "théologie" fait peur ?), on a utilisé des noms savants, parlé de kérygme, de périchorèse... On a évoqué les points communs entre les différentes confessions chrétiennes : ça m'a fait chaud au coeur de voir que d'autres s'intéressent à la Trinité vue par les protestants ou les orthodoxes. Du coup, on a parlé baptême et credo, puisque ce sont deux manifestations de la foi chrétienne, communes à toutes les confessions.

A midi, repas rapide en retrouvant chacun sa paroisse. Echanges, enthousiasme des enfants qui revenaient de Triniland avec leurs bandeaux colorés et leurs ballons-visages... Rapidement, la logistique reprend le dessus : il faut plier les gaules, se rassembler pour le grand temps fort de la journée : la célébration !

Une partie de l'assemblée sous le chapiteau (le plus grand d'Europe, parait-il), l'autre dehors, une estrade dehors et un autel dedans... Pendant que les paroissiens trouvent leur place et commencent les chants de louange, les prêtres, diacres, séminaristes, servants d'autel, enfants de choeur s'habillent et s'organisent en procession. Ils défilent tous, dans le chapiteau d'abord, puis jusqu'à l'estrade dehors ; icône de la Trinité en tête, les diacres et prêtres embrassent l'autel puis s'assemblent à l'extérieur. Accueil, chants, lectures : pendant le psaume, de jeunes handicapés me donnent les larmes aux yeux en faisant de l'expression corporelle sur le refrain... Un très bel alléluia précédant la lecture de l'évangile, et c'est l'homélie. L'évêque insiste sur l'importance de vivre nos vies de baptisé(e)s, de laisser oeuvrer en nous l'Esprit : "la grâce nous précède".

Après l'homélie, les célébrants regagnent le chapiteau, suivis des confirmands. Moment fort de la chrismation, où chacun de ces adultes reçoit la marque du Christ, l'effusion de l'Esprit des mains de l'évêque ou d'un prêtre ! Les visages, retransmis sur écrans géants, traduisent l'émotion de cet instant. L'Eucharistie qui suit est également très belle, même si je souffre toujours de ne pouvoir y participer pleinement ; j'en souffre d'autant plus que cet évêque qui a consacré le pain et le vin est le même qui m'a exprimé son refus de me voir communier au Christ, y compris à l'occasion d'un baptême, sacrement pourtant commun et... trinitaire.

La bénédiction et le chant d'envoi se déroulent... sous la pluie, qui nous avait épargné jusque là. Les paroisses en extérieur sont évacuées le plus vite possible vers les bus, mais ont le temps d'être mouillées... Dans le chapiteau, à l'abri, nous attendons notre tour, en compagnie de chants et du commentaire de l'organisateur qui nous donne les nouvelles. Enfin, c'est à nous de rejoindre le portail d'entrée, puis le bus, qui nous ramènera à nos pénates.

Gloire au Père, au Fils, et au Saint Esprit ! Amen.

dimanche 19 avril 2009

Joyeuses Pâques ! Et Divine Miséricorde...

J'en connais qui, en lisant le titre de ce billet, vont crier au scandale : "Mais n'importe quoi, Pâques c'était la semaine dernière..." Eh non ! Pas pour tout le monde... Chez les orthodoxes, et les chrétiens dits "de rite oriental" (1), Pâques était fêté aujourd'hui. Ainsi donc, tous les chrétiens sont aujourd'hui entrés dans le temps de Pâques, temps de fête de l'Eglise par excellence ! Soyons dans la joie du Seigneur !

Par ailleurs, aujourd'hui, c'est le dimanche de la Divine Miséricorde chez les catholiques. Je l'ai découvert très récemment... Il s'agit d'une fête instituée par Jean-Paul II en 2000, lors du temps de Pâques, à l'occasion de la canonisation de Soeur Faustine (2). J'apprécie beaucoup le fait de rappeler que Dieu est infiniment miséricordieux... Evidemment, cela ne fait pas des chrétiens de meilleurs hommes que les autres ; cela ne doit pas non plus nous autoriser à pécher volontairement, sous prétexte que "de toutes façons nous serons pardonnés" ! Mais cela représente un tel espoir dans notre vie de tous les jours ! Nous n'avons plus à nous soucier de nos mauvaises actions passées, nous n'avons pas à craindre de punition ou de quelconque châtiment, puisque Dieu est tellement bon qu'Il nous suffira de nous repentir sincèrement, et nous placer sous son autorité, pour être pardonnés...

Si je puis me permettre, en célébrant cette Divine Miséricorde, je trouve que les catholiques se rapprochent du "Sola Gratia" protestant... Un pas de plus vers l'oecuménisme ?

(1) J'ai entendu cette dénomination mais je ne sais pas réellement ce que cela signifie, si certains veulent éclairer ma lanterne et m'éviter des recherches, je leur vaudrai une reconnaissance sans bornes !

(2) Religieuse polonaise de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde, béatifiée en 1993 puis dernière sainte canonisée au XXe siècle

vendredi 17 avril 2009

Les catholiques ne sont pas les seuls chrétiens !

Je sais bien qu'en France, les catholiques sont majoritaires. Même si ce n'est plus une religion d'état. Même si l'athéisme a fait beaucoup de mal, et même s'ils sont vivement critiqués en ce moment. N'empêche. Parmi les croyants français, il y a une majorité de catholiques, c'est un fait.

Mais constituer la religion majoritaire ne veut pas dire que les chrétiens français sont composés des seuls catholiques ! Que faites-vous des orthodoxes, des réformés, des évangéliques, des luthériens, des anglicans, et j'en passe ? Tous sont également des chrétiens, il professent le même kérygme, croient aussi que Jésus est venu sur terre pour sauver les hommes...

Alors s'il vous plaît, amis catholiques, affichez-vous comme tels sur vos sites, vos blogs, vos rassemblements ! Je pense en particulier à Croire.com (un des dépliants que ce site publie, nommé "les prières du chrétien", contient le Symbole des Apôtres précisant "je crois en l'Eglise catholique" !), Communion et évangélisation (le thème est l'Eucharistie, alors même que l'accueil eucharistique est un des principaux points d'achoppement du dialogue oecuménique !), ou encore Garrigues et Sentiers...

J'en profite pour faire une mise au point : sur ce blog, quand je parle de "chrétiens", je parle bien de toute personne croyant au Christ ressuscité... Pour moi, la sémantique est très claire. Il existe des différences de pratique, de culture, d'appréciation entre protestants, catholiques, orthodoxes, mais nous sommes tous chrétiens, car en ce temps de Pâques, nous fêtons tous la Résurrection du Christ !

Edit : tiens, comme ça, pour voir, je m'en vais faire une petite liste des sites qui font la confusion (au gré de mes visites sur la toile).

vendredi 13 mars 2009

Le point commun

Ou comment la diversité des religions mène au même chemin...

Etait-ce un intérêt général pour la théologie, au sens large ? Une recherche de sens ? Un besoin de découverte d'autres cultures ? Ou tout simplement une sensibilité aux autres religions exacerbée par ma double éducation ? Toujours est-il qu'à l'adolescence, j'ai effectué des recherches sur les différentes religions existant de par le monde.

J'ai assez vite établi une conviction personnelle : les religions ont été créées par les hommes, pour différentes raisons. La première est constituée par des besoins d'expliquer des éléments qui les dépassent (événements naturels incontrôlables ou inexplicables, par exemple), et de répondre à des questions insolubles sans la supposition d'éléments surnaturels.

La seconde est d'établir un cadre éthique, un ensemble de règles permettant de vivre en société, sans que celle-ci devienne à court terme un immense champ de bataille. Chaque religion dispose ainsi de dogmes allant contre la nature animale de l'être humain. Elle impose des interdits, permettant aux hommes de dépasser leurs instincts et former une collectivité.

Mes observations m'ont permis de constater que sous des formes très diverses, les religions amènent toutes à un objectif commun : fonder une éthique, distinguer le bien du mal, assagir le côté nuisible et développer l'aspect altruiste de chacun pour son voisin. Chaque religion peut alors être perçue comme bénéfique, et chaque fidèle digne de respect. Cela peut paraître évident, simplement écrit ainsi. Mais lorsque nous entendons s'exprimer - quotidiennement - toutes les peurs, tous les préjugés que nous sommes capables de projeter sur nos semblables, est-ce toujours aussi évident ?

Récemment, j'ai découvert que la conclusion de mon étude d'il y a quelques années, porte un nom : l'éthique de réciprocité. Il s'agit d'un principe fondateur de nombre de religions, sur lequel est également basée la déclaration des droits de l'homme, résumé par la phrase "Traite les autres comme tu aimerais être traité" ou par son pendant "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse".

Pour en savoir plus : résumé Wikipédia