Unité... et solidarité
Par Tigreek le lundi 17 mai 2010, 23:32 - Oecuménisme au quotidien - Lien permanent
In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.
(Dans les choses nécessaires, unité ; dans le doute, liberté ; en tout, charité.)
C'est sur cette maxime, attribuée à divers auteurs (Saint Augustin, Vincent de Lérins, Peter Meiderlin, Richard Baxter...), que le prêtre a construit hier matin son homélie. Un discours sur l'unité que, je dois bien l'avouer, j'ai trouvé sujet à questions et interprétations. Si je suppose que je me trouvais en public catholique, le prêtre parlait probablement de l'unité de l'Eglise catholique... mais ses propos pouvaient laisser à penser qu'il parlait de l'ensemble des chrétiens ! Et dans toute son homélie, jamais il n'a clairement dit s'il parlait d'unité catholique ou d'unité chrétienne... Un peu comme si dans son esprit, c'était la même chose...
Ce qui m'amène à poser deux questions :
- Malgré toute la bonne volonté que l'on peut mettre par ailleurs (pour prier ensemble, œuvrer ensemble dans la solidarité ou la lutte contre la torture par exemple), comment faire l'unité si chacun considère que les autres sont inférieurs à lui et doivent adhérer à son parti ? L'unité, pour les catholiques, signifie-t-elle ramener tous les chrétiens dans le giron de Rome ? Pour les orthodoxes, faire adhérer toute la chrétienté au rite oriental ? Dès lors, comment répondre au vœu de Jésus exprimé en Jean 17, 21, "qu'ils soient un comme nous sommes un" ?
- Qu'est ce qui prévaut pour distinguer le nécessaire du reste ? Le prêtre parlait hier du nécessaire en citant le credo. Je l'ai apprécié, car c'est effectivement un élément commun à tous les chrétiens (si ce n'est que le terme "catholique" du symbole des Apôtres ou de Nicée-Constantinople est à prendre dans son sens grec !). Le credo est la base de notre foi que nous partageons tous. Mais ensuite, comment décider de ce qui est nécessaire ou non ? Les sacrements ? Le culte des saints ? Le(s) ministère(s) ? La façon de commémorer la Sainte Cène ? La liturgie ? Qui doit décider, sur quels critères ?
Puis, au temple, le culte avait pour thème l'entraide. Entre paroissiens, envers les autres, chrétiens ou non. Chercher l'aide de l'Esprit Saint pour mieux se mettre au service : des autres, de son prochain, du plus petit. S'il y a quelque chose qu'on sait faire en commun, nous les chrétiens, c'est bien cela : aider son prochain, se mettre au service des autres, parfois au détriment de son propre équilibre.
Alors, l'unité, si on la commençait par là ? Échanger un sourire, apprendre à se connaître, aller à la rencontre de l'autre, partager sa détresse et peut-être s'aider mutuellement à se relever...
Commentaires
Comme diacre catholique, j'essaie de ne jamais employer l'adjectif chrétien pour ce qui concerne uniquement l'Eglise catholique. C'est je crois le minimum à faire, même si je dois bien parfois le dire sans m'en apercevoir.
Ah l'unité des chrétiens, c'est un vaste sujet tout de même... car même si à la base on a la même foi, il y a quand-même de sacrées différences entre les différentes confessions je trouve... rien qu'au sujet de l'Eucharistie : symbole ou présence réelle du Christ ?
Mais bon, oeuvrer pour l'unité des hommes, c'est beau !
@ Max : merci, c'est gentil eu égard aux autres confessions ! J'ai remarqué qu'il est parfois difficile de parler d'unité chrétienne lorsque la personne à laquelle on s'adresse se focalise sur les divergences existant dans sa propre confession... Luthériens, réformés, évangéliques, baptistes, anglicans pour les protestants ; traditionnalistes, progressistes, communauté du Chemin Neuf ou de l'Emmanuel pour les catholiques...
@ Marie-Anne : tu touches là du doigt un des principaux points d'achoppement entre catholiques et protestants... Le sacrement de l'Eucharistie ou Sainte Cène, induisant la conception du ministère (ordonné ou non). Et pourtant... J'ai reçu une éducation "mixte", suivant les deux catéchismes en parallèle. Je peux dire aujourd'hui que pour moi, si les deux sacrements sont effectivement différents, de par la façon dont ils sont célébrés et donnés, la présence de Dieu y est toujours extrêmement forte. Qu'on l'imagine présent dans l'hostie ou envahissant l'espace où la communauté s'est rassemblée, ce n'est pour moi qu'une histoire d'interprétation.
Je pense que ça dépend du courant du protestantisme auquel tu appartiens.. chez nous à Genève, la Sainte Cène ne fait pas partie du culte, ou que rarement, pour les fêtes oecuméniques, les baptêmes ou les fêtes particulières ! Et franchement, au dernier baptême calviniste auquel j'ai assisté, il y a eu la Sainte Cène, mais avec des petits pains au lait ! Franchement, j'ai eu du mal à me dire que Jésus était véritablement présent dans ce pain... mais j'ai essayé, en me disant que les paroles étaient les mêmes...
Mais tu as raison, Dieu est présent avant tout parmi nous, pendant la messe ou le culte !
@ Marie-Anne : ça dépend effectivement des courants. Les luthériens sont plus proches (en termes de liturgie mais aussi de dogmes) des catholiques, les réformés en sont un peu plus éloignés.
Mais ce que tu me dis révèle davantage une méconnaissance des sacrements et de la liturgie protestante. Il faut savoir que la Sainte Cène n'est effectivement pas célébrée à chaque culte, pour diverses raisons. D'autre part, comme il n'y a pas consécration ni transsubstantiation, le pain utilisé n'est pas spécifique à ce sacrement. Alors oui, on utilise du pain "de tous les jours", baguette, pain de campagne, pain de mie ou pain au lait ! D'ailleurs, ma fille aînée (qui aura quatre ans au mois d'août) ne s'y trompe pas : elle ne réclame pas d'hostie lors de la messe, mais réclame le pain de la Sainte Cène lors du culte...
Au vu des questions et des réflexions que je vois au fil des pages, je crois que je ferai prochainement des articles explicatifs sur les sacrements...
Merci pour ces explications !