Oecuménisme au quotidien

Vivre avec deux cultures, les conjuguer au jour le jour, parfois jongler avec... C'est partager, s'enthousiasmer, questionner, souffrir aussi parfois.

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mercredi 05 mars 2014

Des hommes, des cendres, un chemin

Un nouveau chemin... Chaque année, j'ai un peu la surprise... Chaque fois, quelqu'un me pose une question... Un peu comme un clin-Dieu, une piste pour me remettre sur la route !

"Que font les protestants pour le Carême ?" ; "C'est quoi le Mardi-Gras ?" ; "Pourquoi 40 jours mais ça commence un mercredi ?"... Autant de questions apparemment simples, autant de discussions qui sont allées bien plus loin...

"Convertissez-vous et croyez à l'Evangile !"... Un appel, encore... A réécouter, à rejoindre l'Evangile, à reprendre la route plutôt que les chemins de traverse...

Chers amis, quelle que soit la manière dont vous montez vers Pâques, que votre voyage soit serein, paisible, qu'il vous mène vers vous-même, comme Abraham l'a fait en obéissant à Dieu : lekh lekha, va vers toi !

lundi 03 juin 2013

Non communion

Note préliminaire : oui, ceci est le deuxième billet, sur le même sujet, coup sur coup. Le précédent était davantage un billet d'humeur. Parce qu'une heure d'adoration en union de prière mondiale, bien sûr c'est magnifique. Mais avec le contexte que j'ai pris en pleine figure samedi, et que je vais tenter d'expliquer dans le présent article, c'était très dur de me trouver en décalage, bien malgré moi.

Cela fait quelques années maintenant qu'il m'arrive, parfois, d'officier pour des cultes. J'ai eu cette chance, depuis le début de mes études de théologie, d'avoir tout à la fois une paroisse[1] particulièrement accueillante et une pasteur qui a confiance, et nous donne confiance.

D'ici quelques semaines, la paroisse sera sans pasteur, pour une année de vacance[2]. Je suis, avec d'autres, dans le panel des prédicateurs laïcs, et nous avons déjà préparé le planning pour les quelques mois à venir.

Mon prochain culte est prévu le 14 juillet. Comme à chaque fois que j'ai cette chance, j'essaie de transformer cette célébration en nouvelle occasion de fête oecuménique... J'invite des amis catholiques[3], je lance quelques petites provocations, toujours avec le sourire : "Tiens, c'est moi qui prêche ce jour là... Ca t'intéresse ?"... ;) Je tends mes petites perches dans l'espoir de créer de nouvelles passerelles, susciter des questions, des sourires, des louanges, de l'ouverture d'esprit, peut-être même des graines d'oecuménisme.

Cette fois, la formule change un peu. Le 14 juillet, c'est le deuxième dimanche du mois. Les deuxièmes et quatrièmes dimanches, ce sont des cultes avec Sainte Cène. Pour moi, cela prend une consonnance spéciale. Ce sera la seconde fois seulement ! Et à mon tour, partager le pain pour l'assemblée, offrir le vin, communier... Quelle joie ! Quelle fête !

Alors, comme chaque fois, j'invite. En précisant la Sainte Cène. Et que, selon la formule traditionnelle, "tous ceux qui reconnaissent Jésus Christ comme le Seigneur" sont invités à la table... Etonnement et joie pour la plupart, qui se réjouissent à l'avance... Et une réponse négative :
"- Tu sais que je ne pourrai pas participer..." La voix s'est faite un peu triste dans le combiné.
"- Hein ?!? Pourquoi ?!" Mais à la seconde où je pose la question, je connais déjà la réponse. L'Eglise catholique romaine demande à ses fidèles de ne pas communier à la Sainte Cène, pour éviter la confusion avec une communion pleine et entière, dans les canons de l'Eglise[4].

Je tente d'argumenter, qu'on se connaît, qu'il n'y aura pas de risque de confusion ni pour les gens présents, ni pour moi, que ce fichu principe de précaution n'a pas lieu d'être, pour une fois ! C'est peine perdue. Le devoir d'obéissance dans toute sa splendeur. Mon esprit n'est plus à la fête, seulement la séparation.

Pour moi, c'est une nouvelle déchirure. Une révélation : non seulement l'accueil eucharistique est de moins en moins possible pour les protestants, mais en plus, pour des catholiques respectueux du droit canon, l'accueil à la Sainte Cène n'est pas possible non plus ! Malgré tous les efforts d'ouverture et de pédagogie, c'est toujours une fin de non-recevoir. Là, je pense que beaucoup comprendront quand je dis que l'Eglise catholique romaine paraît vraiment méprisante ou orgueilleuse, au choix, vis-à-vis de ses partenaires dans l'oecuménisme...

J'en profite pour poser officiellement la question à mes lecteurs ayant quelques compétences en droit canonique : de même qu'on peut demander un accueil eucharistique à l'évêque de manière exceptionnelle, peut-on demander une dérogation pour un accès à la Sainte Cène ? Est-ce prévu quelque part en droit canonique ou je mets encore les pieds là où je ne devrais pas ? Faut-il que je travaille Unitatis Redintegratio[5] dans tous les sens pour en trouver une interprétation qui convienne ?

En fait ces journées à la con, ça te fait te sentir vivant,
ça me fait écrire des textes bien écorchés comme avant...
Grand Corps Malade, Jour de doute

Edit du 05 juin : j'ai ajouté le lien vers l'encyclique de 2003 exprimant la demande faite aux catholiques de ne pas communier hors de l'Eglise Catholique Romaine.
Merci au pasteur Pernot de l'Oratoire, et à son blog très précis sur la question.

Notes

[1] Je parle de la paroisse protestante ; je fréquente tout aussi assidûment la paroisse catholique, mais mes limitations y sont autrement plus importantes...

[2] Il n'y a pas de faute d'orthographe, c'est bien une vacance pastorale, et je vous prie de croire que ce sera loin d'être des vacances !

[3] Voire athée...

[4] Le texte exact est : "Les fidèles catholiques, tout en respectant les convictions religieuses de leurs frères séparés, doivent donc s'abstenir de participer à la communion distribuée dans leurs célébrations, afin de ne pas entretenir une ambiguïté sur la nature de l'Eucharistie et, par conséquent, manquer au devoir de témoigner avec clarté de la vérité." Ecclesia de Eucharistia, §30

[5] Texte de Vatican II concernant plus particulièrement l'oecuménisme, NDA

En travers de la gorge

Fête du Saint Sacrement ce dimanche. Avec évangile de la multiplication des pains. "Donnez-leur vous-mêmes à manger !". Dieu multiplie autant que nécessaire... A la seule condition qu'on mette un peu de nous-mêmes au départ !

Pour moi, c'est plutôt multiplication des douleurs. Car oui, l'intercommunion est, plus que jamais, absolument pas d'actualité. Et donc, pour des "métis" chrétiens comme moi, pour des familles multi-confessionnelles, pour les 90% des protestants qui ont épousé des catholiques, c'est toujours une déchirure.

Parce que l'Eglise catholique n'accepte l'accueil eucharistique qu'à de très rares exceptions.
Parce que les catholiques ne doivent pas entretenir la confusion en communiant à la Sainte Cène protestante.
Pas d'échappatoire. Pas de communion possible. C'est tout. C'est simple. Implacable. Douloureux.

Alors pardon Seigneur, j'ai eu un sourire ironique quand durant la prière eucharistique, le prêtre a évoqué l'unité à bâtir. Où est-elle, cette unité, quand on claque les portes sur les orteils qui essayaient de se glisser dans un entrebaîllement timide ?

Où est-elle cette unité, quand on pourrait avoir l'impression qu'il y a bien plus de raisons d'être écarté de la communion qu'il n'y en a d'y être accepté ? Divorcé remarié ? Ecarté ! Homosexuel non célibataire ? Ecarté ! Protestant ou mélangé ? Ecarté ! Avortée ? Ecartée ! Franc maçon ? Ecarté !

Il y a deux millénaires, un gars bien avait dit : "je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades." (Marc 2, 17). Le même a choisi de donner, comme le dit la prière eucharistique, "le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera donné pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés".

Et maintenant ?

C'est peut-être ça un jour de doute, c'est pas une chute de moral... C'est le besoin de vérifier que t'as encore bien la dalle !
Grand Corps Malade, Jour de doute

mercredi 14 novembre 2012

Pour la Paix

"Pourquoi on fait une prière comme ça ?
- Tu as vu les drapeaux ?
- Oui. C'étaient tous des drapeaux de la France, mais il y avait des écritures en doré dessus...
- Ce sont les drapeaux des régiments de soldats. Ceux qui sont morts pendant la guerre.
- C'est quoi la guerre ?
- C'est quelque chose que tu ne connais pas. Moi non plus d'ailleurs, Papi et Mamé non plus... PAr contre, Fati a fait la guerre, tu sais, le papa de Mamé ? ..."

Difficile de parler de ce qu'on ne connaît pas. Travail de mémoire, d'éducation... Mes filles sont la troisième génération familiale à ne pas connaître la guerre sur le sol français. Du coup, la prière pour la paix organisée samedi dernier dans ma ville en devient vraiment une, peut-être, elle change de visage : plus seulement prière pour les morts tombés au combat, mais prière pour l'avenir, pour tout ce qu'il y a à construire.

Nous n'avons pas connu la guerre. Nous voyons des hommes en parler. Porte-drapeaux, ils sont fiers, graves, solennels. Emus, aussi. Omniprésents dans le choeur et pourtant un peu... incongrus, si l'on peut dire ça. Je crois qu'ils ne viennent pas souvent dans un lieu religieux. Cette distance, autant que celle entre générations, place cette cérémonie un peu hors du temps. Ce n'est plus le temps ordinaire, ce n'est plus un temps de guerre. C'est une parenthèse où tout devient possible !

Nous nous retrouvons entre familles multiconfessionnelles. Avec la même impression : celle d'être chez nous, à l'aise, nous qui avons habituellement un pied de chaque côté. Là aussi, une petit bulle hors du temps, hors de l'espace ordinaire. Pour la Paix.

mardi 12 juin 2012

Aujourd'hui, j'ai...

... savouré[1] les embrassades de mes filles au moment de partir bosser.

... oublié mon bouquin sur les méthodes des historiens, à potasser pour mercredi prochain. Du coup, j'ai médité le Symbole des Apôtres dans le RER.

... cravaché en parallèle sur trois sujets différents. Heureusement que les PC sont multitâches. Et que Dieu nous a doté d'oreilles et de mains ayant la capacité d'être indépendantes.

... compati aux malheurs de ma chef et réfléchi sur la façon de, peut-être, rationaliser un engrenage qui va de plus en plus vite, avec de plus en plus de sable dans les rouages, et de plus en plus de poids à porter.

... présenté des excuses pour mes erreurs. Humilité pas si simple en entreprise, où chacun doit défendre, parfois chèrement, sa place.

... couru pour être à l'heure chez la nounou. Retrouvailles toujours bienvenues... et avant de partir, des bisous pour tout le monde du haut de ses quatre-vingt cinq centimètres.

... partagé une méditation sur le thème "demander et faire confiance". Groupe oecuménique, multiculturel, multilingue : des chemins de foi, de vie, des échanges. Un rappel aussi : prendre du temps. Pour prier. Pour oublier un peu l'activisme. Se poser, prendre le temps qu'il faut dans cette société du "toujours pressé".

... accueilli avec une grande joie trois bonnes nouvelles. Un chemin de foi qui s'ouvre, pour un futur parrain qui a tout à apprendre... et l'envie de le faire. Une réconciliation, attendue, espérée, priée... et arrivée. Et une demande de baptême. Gloire à Dieu !

... changé de génération en même temps que de lieu. D'une réunion bilan à une autre. Joie du mois de juin !

... retrouvé un prêtre et une bande de mamans. Autour d'un bon repas, de Bibles et d'idées pour transmettre ce que nous croyons à notre progéniture. Et à celle des autres aussi, parce qu'on est sympas.

... prié avec Saint François d'Assise, en souhaitant ardemment que l'Esprit nous donne de pouvoir "mettre l'amour où il y a la haine", sans avoir d'arrière-pensée.

... rejoint mes pénates en pédalant sous la pluie, en pensant à ces heures bien remplies et en souriant. Merci mon Dieu ! Et à demain, si tu veux bien.

Note

[1] Une minute de trop, d'ailleurs, juste de quoi rater la navette. Paye ton quart d'heure à pied le long des voies pour rejoindre la gare.

mercredi 30 mai 2012

Souffle sur nos villes

C'est un rendez-vous que je ne voudrais pas rater. Une fois par an, chaque fois dans un lieu différent, ce sont au bas mot quatre communautés différentes qui se retrouvent : baptistes, anglicans, réformés et catholiques de plusieurs paroisses... Sourires, accueil, (re)découverte, clin d'oeil : "Tiens, mais on se connaît, nous !"... Au fil des ans, les liens se créent, doucement mais sûrement.

Il ne s'agit pas d'une messe ou d'un culte. Pas de sacrement, pas de liturgie habituelle, tout est permis... ou presque. La prière est axée sur nos villes et tous ses habitants. Du bébé le plus jeune jusqu'au maire, en passant par les travailleurs, les parents, les retraités, l'Esprit est venu pour tous ! Toutes les communautés ont participé à la préparation, de la louange à l'intercession. C'est une occasion inespérée pour découvrir d'autres expressions possibles de la foi.

Je suis à l'aise. Certains parleraient sans doute avec dédain de relativisme. Oui, j'aime le silence d'une adoration ou les méditations d'un monastère. Ici, je me régale des multiples manières de s'approcher de Dieu. J'apprécie la ferveur qui se dégage de la prière spontanée. J'aime chanter à pleine voix avec le groupe de louange. Je crie vers Dieu avec le groupe d'action catholique ouvrière, dénonçant la folie du monde du travail, cherchant les pépites d'espoir. Je fredonne "jamais tout seul" avec une jeune haïtienne vibrante de foi dans une situation de dénuement. Je prie avec les disciples d'Emmaüs, pour avoir le feu au coeur et savoir reconnaître le Christ dans ceux qui sont isolés au milieu de nos jungles urbaines. Je prie encore pour que le Seigneur donne la sagesse à ceux qui nous gouvernent, de près ou de loin... Je frappe des mains en chantant avec mes frères et soeurs pour garder au coeur ce moment de partage.

La soirée se termine sur une touche conviviale, autour d'un verre et de quelques biscuits. Discussions, sourires, échanges, surprises, présentations... Et à l'année prochaine pour une autre prière, ensemble, pour nos villes.

lundi 02 avril 2012

Grâce et souffrance

Eloi, Eloi, lama sabacthani... A la mode, cette phrase ? Oui, sans doute car c'est la période... Vivre la Passion tout en connaissant la puissance d'espérance de la résurrection... Jésus a-t-il douté sur la croix ?

Bien sûr que non, diront les exégètes de tout poil, qui auront reconnu le psaume 22 (21)... Ce psaume des ténèbres, basculant aux deux tiers pour finir en cri de louange, préfigure sans aucun doute aux yeux du chrétien le sort qui attendra Jésus.

Bien sûr que oui, disent les partisans de la théologie dyophysite[1] ! Puisque Jésus est tout homme, il faut bien qu'il aie connu le doute, lui aussi ; la peur, l'angoisse, jusqu'au tréfonds de lui-même, jusqu'au bout de ses convictions.

Et pourquoi cela n'aurait-il pas été un cri de souffrance mais aussi d'espoir ? De l'auto-persuasion pour passer au delà de l'épreuve qui consistait quand même, excusez-moi du peu, à mourir ! Ce psaume, il le connaissait forcément. S'il en connaissait le dénouement, peut-être l'a-t-il choisi précisément parce que sa situation, cloué au bois de la croix, correspondait au dénuement[2], à la supplique désespérée du psalmiste au début du texte.

Il est impossible de souffrir, de mourir à la place de quelqu'un en grande détresse physique, psychique ou spirituelle. Mais à ses côtés, peut-être est-il possible de rappeler ce psaume, et son verset charnière : "Tu m'as répondu !"[3]. Oui, la douleur est là. Elle est terrible. Opaque. Étouffante. Elle empêche de voir autre chose. Elle aveugle le cœur et l'esprit. Elle empêche de penser, de raisonner. Elle transforme tout autour, de mal en pis. Mais il y a quelque chose, après. C'est comme la fumée dans un incendie : elle est toxique, irrespirable, elle affaiblit, oblige à se courber, se baisser, aller presque jusqu'au sol. Mais si l'on peut lui échapper, dehors, il y a de l'air frais.

Il faut cheminer par la Passion. Mais nous, chrétiens, savons qu'au bout, il y a la Résurrection. Bonne semaine sainte.

Notes

[1] mot barbare s'il en est, qui signifie "deux natures", pour exprimer toute la divinité et l'humanité de Jésus, réunies en un seul être... Oui, je sais, mon cours d'histoire du christianisme sur le concile de Chalcédoine tombe à pic !

[2] oui, sans le 'o', ici

[3] verset 22

lundi 30 janvier 2012

Unité et unions

C'était une nouvelle semaine de prière pour l'Unité. Il y a eu des temps de célébration ensemble. Des prières, bien sûr, des textes, des réflexions. C'était beau, d'avoir préparé ensemble, d'alterner les interventions, d'écouter la façon de croire de nos voisins. C'est toujours une grande joie de pouvoir louer, chanter ensemble, prier avec les mêmes mots. Nous avons réellement des raisons de louer Dieu pour tout ce que nous avons vécu dans cette semaine. Et quoi de plus important pour des chrétiens que d'unir leurs voix vers le Seigneur ?

Pourtant... C'était chouette d'être ensemble dans cette petite église, un peu froide mais simple et propice au recueillement ; mais les larmes me sont montées aux yeux quand même. Pendant que chacun prenait la parole pour louer ces prières pendant la semaine, pour confier aux uns, aux autres et à Dieu tel ou telle amie, collègue, enfant, ma gorge s'est serrée. Il paraît qu'il est temps de passer d'un oecuménisme de courtoisie à un oecuménisme de dialogue... Mais on en est tellement loin !! Il est où, le dialogue, quand on va écouter les autres une fois par an pour se donner bonne conscience ? Où se cache-t-il, le dialogue, quand les familles qui souhaitent garder vivantes leurs traditions, plutôt que d'en laisser une prendre le pas sur l'autre, ne peuvent toujours le faire que dans la douleur d'une séparation ? Où est l'Unité lorsqu'on ne leur permet pas l'union dans ce que le christianisme a fondé de plus beau[1] ? J'ai réalisé que l'oecuménisme qui se passe dans les paroisses n'est pas celui auquel je peux participer. On ne nourrit pas de la même façon un affamé et quelqu'un qui mange plus qu'à satiété.

Et aussi... ces pépites d'espoir. Deux Eglises, déjà en communion sur certains points, et qui préparent pour 2013 une véritable Eglise Unie. Le processus est long, difficile. Il doit ménager les sensibilités de chacun. Il met à nu les souffrances, les craintes, les rancoeurs, les réactions vives jusque là enfouies, les incompréhensions. Face à tout cela il y a des gens qui y croient, et qui déploient des trésors de patience, de dialogue, d'explication, de débats... Pour que finalement chaque personne trouve sa place, avec sa foi, son parcours, son envie de prier, de faire le chemin vers Dieu, dans cette nouvelle Eglise, qui ne sera pas forcément meilleure, mais davantage une, sainte, catholique[2] et apostolique !

Notes

[1] Oui, je parle bien de la communion

[2] mais, hélas, pas encore romaine

lundi 14 novembre 2011

Pour la Paix

Un dimanche matin précédant le 11 novembre. De l'avis de tous, ce fut une belle cérémonie. Une messe pour appeler à la paix, une célébration œcuménique, autant que faire se peut.

Était-ce la présence des drapeaux qui la rendait plus solennelle ? Et l'aplomb des anciens combattants, qui tenaient droit comme jamais leur fierté, leur responsabilité mais dans les yeux desquels brille aussi "plus jamais ça". A leurs côtés, portant également drapeaux, une écharpe blanche remplaçant les médailles, trois lycéens marquaient la transmission, la mémoire d'un temps qu'ils n'ont pas connu mais dont ils prennent ainsi conscience.

Juste devant le chœur, sur quelques rangs réservés, se tenaient les fidèles de la paroisse réformée. Pas de culte ce dimanche-ci : pour rendre la cérémonie la plus œcuménique possible, tous les protestants étaient invités à se joindre à la messe. Geste fort, engageant pour la paroisse, difficile pour certains : la paix est parfois au bout d'un chemin escarpé.

Et la messe fut un agréable et émouvant ballet. Liturgie, chants, témoignages, autant de moments partagés, mis en commun, alternés, passant sans cesse d'un état d'esprit à un autre. C'est impressionnant de sentir les motivations qui sous-tendent les propos des uns et des autres. Si différents et pourtant unis dans un même élan !


Autre lieu, autre ambiance... Onze novembre, au temple. Je suis avec une amie, nous avons rejoint quatre permanents de Taizé qui préparent les rencontres du Nouvel An à Berlin. Prêtre et pasteur ont orienté volontairement l'hommage autour de Taizé. Raconter la volonté de Frère Roger de passer outre les absurdités, de prendre soin de son prochain, tant en aidant des juifs à passer en zone libre qu'en hébergeant des prisonniers allemands après la guerre...

Dire la paix, cette paix, cette joie internationale, communicatrice, universelle, que l'on retrouve là-bas, qui se dit dans les chants, la méditation, la prière. Et en même temps tellement difficile à raconter... Reprendre les chants, en français, en allemand, en latin. Un drapeau européen a été ajouté aux drapeaux des régiments français. Un bon début ?

dimanche 09 octobre 2011

Et maintenant ?

L'actualité est riche, et les journées n'ont toujours que vingt-quatre heures... J'aurais pu vous parler des Etats Généraux du Christianisme, mais comme je n'ai pas pu y aller encore cette année... J'aurais pu aussi vous raconter comment mes amis hindous ont fêté Dussehra, la victoire du bien sur le mal... Ou alors... la célébration oecuménique de l'anniversaire du colloque de 1561 !

Stature similaire, mêmes cheveux poivre et sel, mêmes lunettes, même inclinaison de tête... La ressemblance s'arrête là. L'un est l'évêque du diocèse, l'autre un haut responsable de l'Eglise Réformée de France. Si la mise du pasteur est classique, en robe noire à rabat, celle de l'évêque m'étonne : sur la soutane, un surplis[1], une mosette[2], une étole blanche. Sans oublier la croix pectorale, bien sûr. Alors que les pasteurs sont en robe, et les autres prêtres en aube et étole blanche, il aurait voulu jouer la provocation qu'il ne s'y serait pas pris autrement : comment expliquer autrement un choix de vêtements liturgiques aussi "traditionnel" ?

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Viennent les méditations proposées par les deux principaux intervenants. Les tons sont différents, les attitudes, les discours également. Si besoin était, chacun des deux aura précisé sa position à demi-mot. Les mêmes questions se posent sur l'oecuménisme, comme toujours : qu'est-ce ? Comment y parvenir ?

Autant l'un des discours est conservateur, autant l'autre est ouvert. Le baume au coeur suit la douche froide. Mais le goût amer reste. Comment faire avancer l'oecuménisme, comment continuer à propager le feu de l'Esprit, comment proclamer l'universalité de la Bonne Nouvelle lorsque certains freinent ainsi des quatre fers, et le proclament ?

Notes

[1] à moins que ce ne fut un rochet ?

[2] pour les détails, voir cette page

mercredi 14 septembre 2011

Taizé - Carnet de voyage - Dimanche 28 août 2011

Provocation ? Test ? Grande première ? Peut-être un peu de tout ça... Ou pas. Juste l'impression, profonde, d'être à ma place. A cet instant là, dans ce lieu là, dans cet esprit là. Puisque la communauté le vit comme cela, puisque j'en suis si proche...

Pendant l'eucharistie, j'ai vécu en catho. Je sentais bien mes camarades un peu perdus, à côté de moi, eux qui ne connaissaient que le culte réformé étaient surpris par mes gestes, mes répons... Les chants, ces fameux chants méditatifs qui rendent Taizé célèbre, rythmaient la messe. C'était un peu étrange, pour moi, de voir à quel point la liturgie peut, d'un coup, paraître "simple", lorsqu'on la vit ainsi. Multilingue : pas d'homélie mais le silence, celui qui permet de réfléchir sur le texte, revoir son moment de retraite, comprendre peu à peu la Révélation, dans toute sa profondeur.

Taizé, mélange des genres... Compromission ? Relativisme ? Ou juste vivre pleinement le fond de la foi chrétienne, sans fioriture, sans bisbille. Ici, personne ne demande la confession de l'autre. Ni son job, ses peurs, sa situation de famille... D'ailleurs, on ne demande pas, on offre. On offre à l'autre ce qu'on est. Et comme chacun fait pareil, tout le monde apprend de la façon la plus simple et merveilleuse qui soit, au contact de l'autre, des autres, autant qu'à celui du Tout Autre.

J'ai grandi, un peu. C'est le moment. Le bon moment. Communion. Première communion... Goûter, pour la première fois, au Pain de Vie. Surprise. Joie. A cœur ouvert. Pleine conscience de ce trésor que je vis.

Dimanche à Taizé, c'est aussi les départs. Larmes, séparations, sacs à dos, trafic intense. Une joyeuse ruche. Dont chaque abeille va aller porter du fruit. Chacune à sa place.

mercredi 07 septembre 2011

Taizé - Carnet de voyage - Samedi 27 août 2011

Sécheresse. Vide. Les chants, toujours, que j'apprécie, que je chante mais qui me semblent si lointains. Le temps de silence me paraît dramatiquement vide, autant que mon esprit. J'aime être là, j'aime beaucoup ce lieu mais ne ressens plus rien. Désarroi qui s'ajoute lors de la distribution de la communion, inattendue. Je sais que du pain est aussi proposé pour ceux qui ne prennent pas l'eucharistie. Hésitation, mais finalement sans communier.

Révélation. Temps d'échange, de partage, d'écoute... Enseignement d'un frère sur la Résurrection (comme tous les samedis à Taizé, apprends-je).

"Dieu nous aime, non pas pour ce que nous sommes, mais parce que nous sommes."

Une intuition, une parole lue, mais ici répétée, donnée, dite avec une telle assurance que cela libère l'esprit... L'Amour de Dieu est premier, et cause de notre comportement chrétien... ou en tout cas, devrait l'être.

Partage. Petit groupe, avec un prêtre drômois et quelques lycéens. Echange sur les difficultés de témoigner, d'affirmer être chrétien dans un monde athée.

Rencontre. Avec un frère, surprenant échange. Pendant quelques instants, être proche, discuter de questions théologiques profondes. Découvrir un peu plus la communauté, s'entendre confirmer des intuitions, se rassurer tout en remettant en cause des propos que je trouvais choquants... Me sentir, une fois de plus, chez moi à Taizé, avoir la confirmation d'une démarche sensiblement équivalente à la mienne. Lire, entendre les frères m'aide à mieux me comprendre moi-même !

Surprise. Après hésitations, j'assiste à mon premier office luthérien... en allemand. Je n'ai pas compris un traître mot de la prédication. Mais l'office est intéressant, à mi-chemin entre réformé et catholique. Et comme l'Eglise Réformée est en pleine communion avec l'Eglise Luthérienne, je sais que je peux communier. Grande première pour moi : ils utilisent des hosties, et communient sous les deux espèces, par intinction[1] ! Le Christ est parfois surprenant dans ses appels...

Prière du soir. Samedi soir à Taizé. J'ai versé une larme lorsque les enfants, allumant leur cierge au cierge pascal[2], ont transmis à l'assemblée la lumière de la Résurrection. Les plus petits d'entre nous ont cette responsabilité de transmettre la lumière, celle du Christ vivant. L'église s'illumine de mille petites flammes, de proche en proche... Joie... Espoir... Envoi en mission.

Notes

[1] Terme à retrouver dans le mini-dico

[2] ou ce qui représente dans l'église la lumière pascale...

vendredi 02 septembre 2011

Taizé - Carnet de voyage - Vendredi 26 août 2011

Au coeur des vacances en famille, quelques jours pour moi. Une respiration. Un ressourcement, espéré, attendu, sur une colline bien connue.

C'est un lieu où les différences sont gommées, où personne ne me demande ma confession, où chacun prie avec ses frères, ensemble et différemment... Un lieu unique où les chants portent la prière, où l'on peut se laisser aller, plonger, veiller, "lekh lekha", aller vers soi... Où la lumière est douce, les bougies rassurantes, attirantes, comme autant de petites flammes d'Esprit qui n'attendent que nous !

On est entrés ensemble pour la prière du soir, tous les sept, des ados aux pasteurs. Trempés par la pluie qui tombait sans discontinuer depuis l'après-midi, tremblants de froid et pas vraiment rassurés sur notre séjour.

Les frères sont sortis, les chants ont continué. J'ai quitté l'église plus de deux heures après, n'ai réalisé qu'après que j'avais la gorge sèche ! J'ai plongé. Tour à tour espoir, bilan, regrets, questions... Chants ou bien gorge nouée, silence, joie ou hurlement intérieur...

Oui, ça fait du bien. J'en avais besoin. Alleluia !

lundi 29 août 2011

Taizé - Carnet de voyage - Teasing

Ce furent trois jours denses. Pleins. De joie, de soleil, de sécheresse, de prière, de larmes, de pluie, de déceptions, de chants, de clins Dieu, de nuages, de pas, de communion !

Au coeur de plus de deux mille cinq cents de mes frères et soeurs, j'ai vécu l'Eglise... Celle du Christ ressuscité. Dans un tel esprit d'union, de communion... Celui que j'y ai toujours retrouvé. Celui qui fait, qu'à Taizé plus qu'ailleurs, je me sens véritablement chez moi. Ce que frère Roger a déjà exprimé, bien avant moi :

Marqué par le témoignage de vie de ma grand-mère, j’ai trouvé à sa suite ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le Mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque.

Pas de conversion sinon celle du coeur, pas d'autre union que celle au Christ ressuscité.

mercredi 24 août 2011

Saint Barthélémy : nouvel élan pour l'oecuménisme ?

Blogs catholiques et protestants, discussions facebook s'accordent pour parler d'un jour, ou plutôt d'une nuit, funeste s'il en fût, massacre terrible pour le royaume de France, celui de la Saint Barthélémy.

Les protestants les plus "durs", qui ne sont pas forcément les réformés historiques, mais aussi certains venus au protestantisme par rejet profond et violent du catholicisme, marquent ce jour en rendant honneur aux victimes... Ils racontent encore et encore ce massacre qui s'est déroulé il y a cinq siècles, en expliquent aussi les tenants et aboutissants politiques qui ont fait des protestants des martyrs, en une sanglante nuit.

D'autres, plus nuancés, insistent sur le salut que chacun reçoit de Dieu. Pour une évangélisation, un retour à la Bible, et une adhésion au salut inconditionnel, typique des valeurs protestantes.

Et puis, chez les catholiques, pour moi la surprise est venue de cet ami prêtre, témoignant pour l'unité dans son statut facebook... Suivi de peu par Natalia, qui se demande où en est l'oecuménisme aujourd'hui.

Natalia précise bien les deux points qui "coincent" entre protestants et catholiques. Oui, les protestants regrettent le dédain de l'Eglise catholique, qui se considère comme la seule véritable Eglise... La culture relativiste ambiante nous conduirait-elle à finir par vouloir que l'Eglise croie qu'elle a tort parce que d'autres ne pensent pas comme elle ? Non, pas qu'elle a tort. Mais peut-être que, comme elle l'a dit dans Unitatis Redintegratio, les autres assemblées écclésiales ont aussi une part de vérité[1]...

Il y a déjà quelque temps, j'avais exprimé ici même, sous forme humoristique, l'impression que peut donner l'Eglise catholique aux autres communautés : un ensemble de croyants qui refusent qu'il existe un autre chemin vers Dieu... Tout en multipliant les contacts oecuméniques et interreligieux. Cherchez l'erreur...

Alors, aujourd'hui, l'oecuménisme, en panne ? Je ne le crois pas, j'espère le contraire. Parce que la mondialisation est présente, aussi dans ce domaine là. Parce que les coeurs, les esprits s'ouvrent, que les foyers mixtes sont de plus en plus nombreux, et davantage à refuser la compromission. Parce qu'une génération de "métis" comme moi existe à présent, est en train d'en créer une autre. Je crois profondément que les valeurs que nous transmettons sont celles du Christ ressuscité... avec les différences de sensibilité et de célébration de nos confessions.

Que tous les chrétiens, face à l’ensemble des nations, confessent leur foi dans le Dieu un et trine, dans le Fils de Dieu incarné, notre Rédempteur et Seigneur, et par un commun effort, dans l’estime mutuelle, qu’ils rendent témoignage de notre espérance qui ne sera pas confondue.
Unitatis Redintegratio, II, 12

Notes

[1] De plus, parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique : la Parole de Dieu écrite, la vie de grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles. Tout cela, qui provient du Christ et conduit à lui, appartient de droit à l’unique Église du Christ. Unitatis Redintegratio, I, 3

mardi 26 juillet 2011

Un mélange de plus

Pour un dimanche de grandes vacances, il y avait foule au temple... Nos familles ont presque fait doubler l'audience habituelle. Tout le monde est là, sur son trente et un ; mes frères ont même sorti la cravate pour l'occasion... Marion gigote, tout en blanc, sourit à l'un ou à l'autre, réclame les bras...

Pendant tout le culte, l'oecuménisme a eu la part belle. Bien sûr, c'est au temple, et non, il n'y a pas de diacre ou de prêtre, encore plus difficiles à trouver qu'à l'habitude en ces temps de voyages, camps, pèlerinages... Mais je n'ai pas oublié Marie dans la confession de foi... Nous chantons le Magnificat après les lectures bibliques... Et mon frère, le parrain de Marion, a parlé à son tour[1] de notre mélange de culture, d'Eglises et de foi.

Bien sûr, il y aura toujours ceux qui répèteront que je dois choisir ; que tel ou tel acte m'engagera davantage d'un côté ou de l'autre ; qui ironiseront sur le baptême d'un futur troisième enfant à l'Eglise orthodoxe, eh pourquoi pas ? Ceux qui ne comprennent pas, ne comprendront peut-être jamais que ma foi ne peut être dichotomique, qu'entre le blanc et le noir il y a non seulement toute une diversité de gris, mais aussi toutes les couleurs de l'arc en ciel...

Mais des célébrations comme celle de dimanche me confortent, me donnent de l'assurance, et une sérénité que je ne pourrais trouver ailleurs. Nous étions tous là, tous ensemble, et je ne saurais trop définir ce lien qui nous unissait, à part parler d'Esprit... Parce que c'était bien plus grand que nous, nos visions étriquées d'églises et de communautés. Parce que Dieu était véritablement parmi nous, parce que notre pasteur a été remarquable dans l'accueil tant que dans sa prédication, parce que je ne pouvais, à mes yeux, faire plus éclatant comme témoignage de foi...

Parler d'Amour, parce que c'est universel et que cela surpasse tout le reste. Du Christ ressuscité, parce que c'est notre identité de chrétiens. De Dieu qui sauve, parce que c'est notre espoir pour chaque jour. Et de l'Esprit qui habite en nous, parce que c'est le trésor qui se cache en chacun !

Et quelle richesse que celle de nos rites si différents et aux liturgies pourtant extrêmement similaires... Bien sûr qu'il faut garder tout cela... Que répondre à ceux qui ne comprennent pas mon chemin, sinon en continuant à aller à la messe, au culte, aux différents groupes, aux activités diverses de la paroisse ? Que dire sinon continuer à étudier, encore, pour chercher Dieu inlassablement ? Que répliquer sinon ouvrir mon coeur, écouter, prier, et donner autant que possible, cet Amour que Dieu me donne de vivre ?

Alors, oui, c'est un petit mélange de plus... On verra...

Notes

[1] sans que nous nous soyons concertés, hein

vendredi 15 juillet 2011

Dans l'eau et dans l'Esprit

Je n'en ai guère parlé dans ces pages, peut-être parce que je n'ai plus les mêmes motivations que pour notre aînée... Ou peut-être parce que cela m'est finalement plus simple. Mais passons. Dans quelques jours, c'est notre seconde fille, Marion, qui recevra le baptême.

Si Nathalie avait été baptisée à l'église, après la messe, c'est pendant un culte dominical, et avec[1] une présence conséquente des deux communautés, que Marion va recevoir le premier des sacrements. Nonobstant le commentaire entendu à plusieurs reprises[2], nous avons maintenu le choix du temple pour différentes raisons.

Aujourd'hui, la préparation d'un baptême, en particulier d'un baptême d'enfant, doit grandement gérer les sensibilités de chacun. Croyant, un peu, beaucoup ou pas du tout, les parents ont leurs raisons de demander ce sacrement pour leur enfant. Aux Eglises de savoir réexpliquer la valeur du sacrement, la grâce infinie de Dieu, l'entrée dans une communauté qui s'efforcera d'être accueillante, toujours... Mais les prêtres et pasteurs, et les membres des équipes de préparation qui passent par ici pourraient en témoigner bien mieux que moi.

Quand se rajoute la composante oecuménique, ça se corse encore un petit peu. Non seulement il faut arriver à dire ce qu'on souhaite, nous les parents, mais en plus il faut l'expliquer à au moins deux interlocuteurs (un prêtre et un pasteur), avec nos mots maladroits, dire notre symbolique du sacrement, tous les espoirs que l'on y place, la valeur que ce geste prend pour nous, pourquoi notre foi, nos engagements nous poussent à demander le baptême pour notre fille.

Alors, c'est peut-être un peu compliqué, tout ça. Et oui, je sais, ça fait beaucoup de "peut-être" en quelques lignes. Une chose est sûre... C'est que plus que jamais je veux dire, chanter, crier, argumenter, et redire encore : je crois en Dieu, Père, Fils et Esprit, un Dieu unique, universel, amour pour tous et chacun... et c'est cette foi que je veux transmettre à mes filles !

Et dans quelques jours, j'espère que la fête sera au rendez-vous, que vous vous unirez à nous, à la grande joie de voir Marion accueillie elle aussi dans la maison de notre Père !

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Notes

[1] Je l'espère !

[2] "Et si un troisième naît un jour, vous le ferez baptiser à l'église orthodoxe ?"

lundi 27 juin 2011

Première messe

Je n'avais encore jamais eu l'occasion d'assister à la première célébration de l'eucharistie d'un tout jeune prêtre... Je ne le regrette pas !

18h35. Un site de calcul d'itinéraires prévoit environ 20 minutes pour rejoindre l'église où Vianney va célébrer sa première messe. Si je me dépêche et qu'il n'y a pas trop de bouchons, je serai juste à l'heure...[1]

19h10. Les miracles sont toujours possibles ! Non seulement je suis à l'heure[2], mais en plus j'ai trouvé une place juste au pied de l'église...

Autant de paroissiens que d'amis et de membres de la famille constituent l'assemblée, sans parler des différents groupes de scouts... Et Vianney de rappeler que nous fêtons d'abord la présence et la résurrection du Christ... Il est solennel, majestueux, entouré de ses frères qui vont concélébrer avec lui.

Evidemment, sa première homélie n'a probablement pas grand-chose à voir avec celles qu'il fait d'habitude... Mais quels textes, et quelle argumentation ! Même si je pensais bien à suivre le même fil rouge que lui, dès que j'ai entendu la première lecture[3], je ne m'attendais pas à ce qu'il termine sur une telle apologie des espèces eucharistiques... Touché.

Alors, lors de la communion, j'ai choisi de m'avancer, bras croisés sur la poitrine. Ce geste qui m'est si difficile, qui me paraît tellement un geste de refus, par opposition aux mains tendues vers Celui qui se donne, devenait ici une évidence. Et contrairement à la croix sur le front des enfants, c'est une imposition des mains que j'ai eu la surprise et la joie de recevoir. C'est en tremblant et les lames aux yeux que j'ai retrouvé ma place...

Merci Vianney ! Que Dieu te bénisse, qu'il t'accompagne dans ce ministère, chaque jour.

Jubilez, criez de joie,
acclamez le Dieu trois fois saint !
Venez le prier dans la paix,
témoigner de son amour...
Jubilez, criez de joie,
pour Dieu, notre Dieu !

Notes

[1] Je tiens à m'excuser à l'avance auprès de PMalo, j'ai pris ma voiture pour voyager ce soir... Mais promis, j'irai voir ton frère à vélo dans sa nouvelle paroisse ! ;)

[2] Si, si, la messe est à 19h15 !

[3] Abraham demandant à Dieu s'il épargnerait Sodome et Gomorrhe s'il y trouvait ne serait-ce que dix justes ; ce qui fait immanquablement penser à Jésus, au don d'un seul juste pour sauver toute l'humanité !

L'Esprit en perfusion

Que dire, comment résumer ces dernières trente-six heures ? Tant d'émotions, de joie, de larmes aussi... Et en même temps une immense paix... Tout cela avec l'engagement de cinq hommes ou petits bouts d'hommes, de trois à trente ans !

Un culte spécial, en plein air, un peu retardé par rapport à nos habitudes, pour que chaque famille puisse y assister, termine l'année scolaire. Les enfants qui ont suivi tout un cursus nous présentent leurs travaux, histoires, chants et gestes... Et parmi eux, deux garçons de dix ans ont décidé de demander le baptême. C'est quelque chose, à dix ans, de faire une telle démarche ! Avec et devant les parents, la famille, les copains... Beaucoup d'émotion, du genre de celle qui se voit sur les visages, s'entend dans les voix, se transmet de génération en génération. Chacun des enfants a témoigné du manque qu'ils ressentaient, l'un pour sa grand-mère, l'autre pour son grand-père, décédés récemment. L'un est venu recevoir le baptême avec ses frères... La paroisse est alors une grande famille, plus que jamais, prenant soin de ses enfants, tous unis, tous liés dans l'Esprit.

Autre lieu, autre heure, mais toujours sous la bienveillance de l'Esprit, appelé au coeur de l'assemblée pour cette fois ordonner cinq nouveaux prêtres, dont Vianney... Lors de la prostration des ordinands, une litanie des saints prenante, belle, emplit la cathédrale, faisant chavirer mon coeur... Et de loin, je vis le héros du jour concélébrer avec l'évêque sa première eucharistie. Même avec deux petits monstres très peu sensibles à la solennité du lieu, ce fut une très belle célébration...

Merci Loïc, Jérémie, Vianney ! Pour votre engagement, pour votre présence, pour votre pas en avant, qui nous montre, à chacun, la voie vers le Christ !

lundi 13 juin 2011

Ensemble, une fois par an...

De tous les horizons
de diverses nations
de tous les milieux
de chaque sensibilité
d'une multitude de langues...

Joie de se retrouver
un an après
endroit voisin, visages connus.

Prières d'espoir
pour tous ceux qui n'en n'ont plus
chants, accueil de l'Esprit
et une louange inattendue,
à pleine voix...

L'oecuménisme en action
de quoi garder en tête
que l'Esprit nous mène
source de nos unions
aujourd'hui, demain, à jamais.

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