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mardi 12 juin 2012

Aujourd'hui, j'ai...

... savouré[1] les embrassades de mes filles au moment de partir bosser.

... oublié mon bouquin sur les méthodes des historiens, à potasser pour mercredi prochain. Du coup, j'ai médité le Symbole des Apôtres dans le RER.

... cravaché en parallèle sur trois sujets différents. Heureusement que les PC sont multitâches. Et que Dieu nous a doté d'oreilles et de mains ayant la capacité d'être indépendantes.

... compati aux malheurs de ma chef et réfléchi sur la façon de, peut-être, rationaliser un engrenage qui va de plus en plus vite, avec de plus en plus de sable dans les rouages, et de plus en plus de poids à porter.

... présenté des excuses pour mes erreurs. Humilité pas si simple en entreprise, où chacun doit défendre, parfois chèrement, sa place.

... couru pour être à l'heure chez la nounou. Retrouvailles toujours bienvenues... et avant de partir, des bisous pour tout le monde du haut de ses quatre-vingt cinq centimètres.

... partagé une méditation sur le thème "demander et faire confiance". Groupe oecuménique, multiculturel, multilingue : des chemins de foi, de vie, des échanges. Un rappel aussi : prendre du temps. Pour prier. Pour oublier un peu l'activisme. Se poser, prendre le temps qu'il faut dans cette société du "toujours pressé".

... accueilli avec une grande joie trois bonnes nouvelles. Un chemin de foi qui s'ouvre, pour un futur parrain qui a tout à apprendre... et l'envie de le faire. Une réconciliation, attendue, espérée, priée... et arrivée. Et une demande de baptême. Gloire à Dieu !

... changé de génération en même temps que de lieu. D'une réunion bilan à une autre. Joie du mois de juin !

... retrouvé un prêtre et une bande de mamans. Autour d'un bon repas, de Bibles et d'idées pour transmettre ce que nous croyons à notre progéniture. Et à celle des autres aussi, parce qu'on est sympas.

... prié avec Saint François d'Assise, en souhaitant ardemment que l'Esprit nous donne de pouvoir "mettre l'amour où il y a la haine", sans avoir d'arrière-pensée.

... rejoint mes pénates en pédalant sous la pluie, en pensant à ces heures bien remplies et en souriant. Merci mon Dieu ! Et à demain, si tu veux bien.

Note

[1] Une minute de trop, d'ailleurs, juste de quoi rater la navette. Paye ton quart d'heure à pied le long des voies pour rejoindre la gare.

mardi 26 juillet 2011

Un mélange de plus

Pour un dimanche de grandes vacances, il y avait foule au temple... Nos familles ont presque fait doubler l'audience habituelle. Tout le monde est là, sur son trente et un ; mes frères ont même sorti la cravate pour l'occasion... Marion gigote, tout en blanc, sourit à l'un ou à l'autre, réclame les bras...

Pendant tout le culte, l'oecuménisme a eu la part belle. Bien sûr, c'est au temple, et non, il n'y a pas de diacre ou de prêtre, encore plus difficiles à trouver qu'à l'habitude en ces temps de voyages, camps, pèlerinages... Mais je n'ai pas oublié Marie dans la confession de foi... Nous chantons le Magnificat après les lectures bibliques... Et mon frère, le parrain de Marion, a parlé à son tour[1] de notre mélange de culture, d'Eglises et de foi.

Bien sûr, il y aura toujours ceux qui répèteront que je dois choisir ; que tel ou tel acte m'engagera davantage d'un côté ou de l'autre ; qui ironiseront sur le baptême d'un futur troisième enfant à l'Eglise orthodoxe, eh pourquoi pas ? Ceux qui ne comprennent pas, ne comprendront peut-être jamais que ma foi ne peut être dichotomique, qu'entre le blanc et le noir il y a non seulement toute une diversité de gris, mais aussi toutes les couleurs de l'arc en ciel...

Mais des célébrations comme celle de dimanche me confortent, me donnent de l'assurance, et une sérénité que je ne pourrais trouver ailleurs. Nous étions tous là, tous ensemble, et je ne saurais trop définir ce lien qui nous unissait, à part parler d'Esprit... Parce que c'était bien plus grand que nous, nos visions étriquées d'églises et de communautés. Parce que Dieu était véritablement parmi nous, parce que notre pasteur a été remarquable dans l'accueil tant que dans sa prédication, parce que je ne pouvais, à mes yeux, faire plus éclatant comme témoignage de foi...

Parler d'Amour, parce que c'est universel et que cela surpasse tout le reste. Du Christ ressuscité, parce que c'est notre identité de chrétiens. De Dieu qui sauve, parce que c'est notre espoir pour chaque jour. Et de l'Esprit qui habite en nous, parce que c'est le trésor qui se cache en chacun !

Et quelle richesse que celle de nos rites si différents et aux liturgies pourtant extrêmement similaires... Bien sûr qu'il faut garder tout cela... Que répondre à ceux qui ne comprennent pas mon chemin, sinon en continuant à aller à la messe, au culte, aux différents groupes, aux activités diverses de la paroisse ? Que dire sinon continuer à étudier, encore, pour chercher Dieu inlassablement ? Que répliquer sinon ouvrir mon coeur, écouter, prier, et donner autant que possible, cet Amour que Dieu me donne de vivre ?

Alors, oui, c'est un petit mélange de plus... On verra...

Notes

[1] sans que nous nous soyons concertés, hein

vendredi 15 juillet 2011

Dans l'eau et dans l'Esprit

Je n'en ai guère parlé dans ces pages, peut-être parce que je n'ai plus les mêmes motivations que pour notre aînée... Ou peut-être parce que cela m'est finalement plus simple. Mais passons. Dans quelques jours, c'est notre seconde fille, Marion, qui recevra le baptême.

Si Nathalie avait été baptisée à l'église, après la messe, c'est pendant un culte dominical, et avec[1] une présence conséquente des deux communautés, que Marion va recevoir le premier des sacrements. Nonobstant le commentaire entendu à plusieurs reprises[2], nous avons maintenu le choix du temple pour différentes raisons.

Aujourd'hui, la préparation d'un baptême, en particulier d'un baptême d'enfant, doit grandement gérer les sensibilités de chacun. Croyant, un peu, beaucoup ou pas du tout, les parents ont leurs raisons de demander ce sacrement pour leur enfant. Aux Eglises de savoir réexpliquer la valeur du sacrement, la grâce infinie de Dieu, l'entrée dans une communauté qui s'efforcera d'être accueillante, toujours... Mais les prêtres et pasteurs, et les membres des équipes de préparation qui passent par ici pourraient en témoigner bien mieux que moi.

Quand se rajoute la composante oecuménique, ça se corse encore un petit peu. Non seulement il faut arriver à dire ce qu'on souhaite, nous les parents, mais en plus il faut l'expliquer à au moins deux interlocuteurs (un prêtre et un pasteur), avec nos mots maladroits, dire notre symbolique du sacrement, tous les espoirs que l'on y place, la valeur que ce geste prend pour nous, pourquoi notre foi, nos engagements nous poussent à demander le baptême pour notre fille.

Alors, c'est peut-être un peu compliqué, tout ça. Et oui, je sais, ça fait beaucoup de "peut-être" en quelques lignes. Une chose est sûre... C'est que plus que jamais je veux dire, chanter, crier, argumenter, et redire encore : je crois en Dieu, Père, Fils et Esprit, un Dieu unique, universel, amour pour tous et chacun... et c'est cette foi que je veux transmettre à mes filles !

Et dans quelques jours, j'espère que la fête sera au rendez-vous, que vous vous unirez à nous, à la grande joie de voir Marion accueillie elle aussi dans la maison de notre Père !

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Notes

[1] Je l'espère !

[2] "Et si un troisième naît un jour, vous le ferez baptiser à l'église orthodoxe ?"

lundi 27 juin 2011

L'Esprit en perfusion

Que dire, comment résumer ces dernières trente-six heures ? Tant d'émotions, de joie, de larmes aussi... Et en même temps une immense paix... Tout cela avec l'engagement de cinq hommes ou petits bouts d'hommes, de trois à trente ans !

Un culte spécial, en plein air, un peu retardé par rapport à nos habitudes, pour que chaque famille puisse y assister, termine l'année scolaire. Les enfants qui ont suivi tout un cursus nous présentent leurs travaux, histoires, chants et gestes... Et parmi eux, deux garçons de dix ans ont décidé de demander le baptême. C'est quelque chose, à dix ans, de faire une telle démarche ! Avec et devant les parents, la famille, les copains... Beaucoup d'émotion, du genre de celle qui se voit sur les visages, s'entend dans les voix, se transmet de génération en génération. Chacun des enfants a témoigné du manque qu'ils ressentaient, l'un pour sa grand-mère, l'autre pour son grand-père, décédés récemment. L'un est venu recevoir le baptême avec ses frères... La paroisse est alors une grande famille, plus que jamais, prenant soin de ses enfants, tous unis, tous liés dans l'Esprit.

Autre lieu, autre heure, mais toujours sous la bienveillance de l'Esprit, appelé au coeur de l'assemblée pour cette fois ordonner cinq nouveaux prêtres, dont Vianney... Lors de la prostration des ordinands, une litanie des saints prenante, belle, emplit la cathédrale, faisant chavirer mon coeur... Et de loin, je vis le héros du jour concélébrer avec l'évêque sa première eucharistie. Même avec deux petits monstres très peu sensibles à la solennité du lieu, ce fut une très belle célébration...

Merci Loïc, Jérémie, Vianney ! Pour votre engagement, pour votre présence, pour votre pas en avant, qui nous montre, à chacun, la voie vers le Christ !

mardi 24 mai 2011

Electrochoc

Il était une fois un dimanche du temps pascal... Un beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Avec ma fille nous allions à la messe, celle de onze heures à Béthanie, parce qu'il y a l'éveil à la foi organisé pour les petits, pendant que les grands écoutent les textes du jour et l'homélie...

En arrivant, il y avait plus de voitures que d'habitude, plus de monde aussi. Et dans l'église, qui est modulable, tout était arrangé pour accueillir le plus de monde possible. "Il doit y avoir des premières communions" me dis-je. Impression confirmée par la feuille de messe, qui comportait les noms des six nouveaux baptisés et de la vingtaine de jeunes se préparant à communier pour la première fois.

Les familles se pressaient bien sûr, dans les bancs réservés pour elles, mais aussi tous les amis des jeunes, ceux de l'aumônerie, leurs animateurs... Sans compter une quinzaine d'enfants de choeur[1] entourant le prêtre des jeunes, le padre comme il aime à se faire appeler.

Comme d'habitude, il a mené la cérémonie de main de maître. Rompu au charisme de la prédication, il y a mis tout son coeur, toute son âme, toute sa sincérité. Il brûle véritablement au feu de l'Esprit, c'est évident pour quiconque l'entend prêcher à l'ambon. Il fallait l'entendre parler du don de Dieu, du don que chaque chrétien est appelé à faire de sa vie, à l'image du Christ dans l'eucharistie ! Une énergie sans pareille l'anime quand il s'agit de parler du scandale de gens qui n'aient pas encore entendu parler de Jésus, et de sa joie de voir naître de nouveaux chrétiens.

Ses mots ont pris la voie directe au coeur. Les larmes ont roulé, j'ai supplié de connaître un jour ce don, ce fameux don, cette eucharistie, qu'il était impossible de ne pas désirer en l'entendant parler ainsi.

Vient la consécration, puis juste avant la communion proprement dite :
- Les jeunes vont communier en premier, dans le plus grand recueillement... pas de photos... coeur à coeur... Puis, que tous ceux qui croient en la présence réelle s'avancent pour recevoir la communion.

Stupeur. Je n'ose y croire. Et dire qu'on parlait, dix jours avant, de première communion avec Vianney... Mais je n'y comprends tellement plus rien, qu'une fois de plus, je m'avancerai les bras croisés, regrettant à la dernière seconde, devant l'hésitation du ministre à me donner l'hostie.

Ce prêtre est pour moi une énigme. Il vit de l'Esprit, et brûle de façon si intense que tout autour de lui semble devoir passer par cette flamme... Il est passionné, et en même temps la force de ses convictions peut se faire violence inouïe, envoyée à la face de ses interlocuteurs pas forcément préparés. De sa part, je m'attendais à tout, sauf à cette ouverture soudaine.

Il faut croire que Dieu aime écrire droit avec des lignes courbes...

Notes

[1] Pardon, de servants de messe... Que des garçons chez nous, une petite pensée pour Zabou et sa troupe mixte !

mardi 29 mars 2011

De la grâce au signe

Et de deux. Paul et Raphaël. Un apôtre et un archange. Avec de tels protecteurs, de quoi auraient-ils besoin ?

Et pourtant. Sur notre terre des hommes, nous avons besoin de signes. Même quand la grâce de Dieu nous inonde, même quand elle nous précède, et pour dire qu'elle est justement première, nous parents demandons le baptême pour nos enfants.

Dimanche, ce n'était pas comme parent que j'étais là. Le tour de ma cadette viendra, dans quelques mois. Non, dimanche, si j'ai vu la grâce, si j'en ai été témoin, si je l'ai signé, c'est parce qu'un tout-petit, la bouille toute ronde et le sourire avenant, m'a été confié, par ses parents.

Raphaël, petit bout, le visage baigné par l'eau, le front marqué du saint chrême, couvert du vêtement blanc, tu as été habillé par Jésus ressuscité. Tu es né à la Vie. J'ai cette chance de t'avoir comme filleul à présent. C'est une joie, et c'est une responsabilité, tu sais. Parce qu'on va inventer une nouvelle situation, toi et moi. Parce que je vais essayer de te faire connaître mon mélange, d'ouvrir ton esprit à la Bible, à l'histoire, à la fraternité, à tout ce qui fait que le monde est beau et que nous serons, si Dieu le veut, ferments d'unité. Parce que tu seras peut-être un jour, filleul à la fois d'un prêtre et d'un pasteur ? :)

Que Dieu te bénisse, Raphaël.
Qu'Il nous donne à tous, de savoir suivre avec confiance le chemin qu'Il nous montre...
Que nous gardions toujours la soif d'eau vive de la Samaritaine...

jeudi 02 décembre 2010

Vivre et louer

Il y a des jours comme ça...

Où l'esprit est bien disposé dès le réveil, même quand sortir de sous la couette douillette est difficile
Où la prière coule naturellement, et me remplit de joie alors que le jour n'est pas encore levé
Où le sourire reste présent, même debout pendant une demi-heure dans un train coincé en souterrain
Où tout paraît plus léger, y compris le travail le plus lassant
Où le rire complice efface les craintes des changements à venir
Où le chant de louange et les câlins font passer toutes les bêtises
Où la prière fraternelle met du baume sur la souffrance des divisions
Où les progrès d'un fils font pleurer de joie épouse et mère

Oui, il y a des jours, où l'on se rend compte que rien ne vaut un baptême à vivre !

mardi 21 septembre 2010

Qui a besoin de nous ?

Ca commence avec une découverte. Une découverte de l'autre, de sa richesse, de sa différence. Une (re)découverte de sa foi, de ses doutes, de sa soif de vie spirituelle féconde plutôt qu'une croyance stérile.

Et un jour, on veut se marier. Comme chacun tient à sa confession, on cherche comment concilier l'amour que l'on éprouve l'un pour l'autre, avec l'attachement que l'on voue à son Eglise. On s'aperçoit qu'on dérange, ici davantage que là, selon le vécu de la personne à qui l'on s'adresse...

L'amour qui nous paraissait si simple et capable d'abattre toutes les barrières se trouve soudain au pied du mur, face aux institutions et l'absurde de lois humaines. On ne comprend pas, on se fâche, on se révolte... Puis finalement on choisit, on renonce, on prépare. L'amour seul semble pouvoir panser les blessures, les incompréhensions.

Une petite graine, plantée dans un terreau hybride maladroitement mélangé, plus ou moins judicieusement arrosée, finit par germer. Une petite pousse, puis deux, sortent à la lumière. Elles ont la chance d'être bien exposées, ces petites plantes, elles reçoivent la lumière par deux grandes baies vitrées, dans la maison, alors que d'autres doivent se satisfaire d'un petit soupirail...

Etre jardinier avec d'aussi fragiles pousses n'est pas évident. On aimerait les protéger, les mettre à l'abri de toute atteinte, tout en s'assurant que quelqu'un veillera toujours sur elles, même si l'on vient à défaillir. On voudrait leur garder une jolie place au soleil, qu'elles puissent garder leur belle exposition...

Le baptême d'enfants nés de couples mixtes est aujourd'hui plus facile, mais on sent bien que l'on dérange, encore une fois. Tentés d'abandonner, on garde quand même espoir, accepte des concessions, encore, tout en ayant l'impression de devoir abandonner une partie de soi à la porte. C'est un peu comme si les gonds étaient grippés par le temps, on ne peut pas ouvrir beaucoup et on doit se faufiler...

Quant à partager le coeur de notre foi, ce que nous célébrons tous mais manifestement de façon inacceptable les uns pour les autres, il en est pour le moment hors de question. Jésus est allé manger chez Zachée, et à l'époque les autres n'ont pas compris son geste[1]. Aujourd'hui, chez qui irait Jésus ? Qui sont les autres ? Refuseraient-ils à nouveau d'entrer et partager le repas avec lui ?

Comment exprimer la souffrance de sentir le rejet, comme Zachée, quoi qu'on fasse ? Ceux qui ont lu "Le voyage des pères"[2], n'ont-ils pas compris que ce n'était pas aussi simple, qu'on n'était pas bêtement blanc ou noir, avec la révolte d'Alphée ?

Jésus avait besoin de Zachée, le bon berger a besoin de retrouver sa brebis perdue. Aujourd'hui, qui a besoin de nous ? Qui a besoin de brebis, ni blanches dans un troupeau noir, ni noires dans un troupeau blanc, mais grises allant d'un troupeau à un autre ? Le Berger ne voudra-t-il pas regrouper toutes ses brebis dans la même bergerie pour les garder à l'écart des prédateurs ? Le but de chaque brebis est-il de chercher la bergerie, fut-elle vide, ou de trouver son Berger ?

Notes

[1] Luc 19, 2-9

[2] Le Voyage des pères, David Ratte, Paquet, 2009

jeudi 06 août 2009

La joie du baptême

La préparation fut houleuse, en particulier la préparation liturgique... Nous avons dû nous y reprendre à deux fois, la première fois ayant résulté en un quiproquo auprès de la paroisse catholique : nous ne rentrions pas dans la procédure habituelle, quelle idée ! De plus, les contraintes des différents membres de la famille nous donnaient une "fenêtre de tir" calendaire plutôt restreinte... Alors, cette fois-ci, j'ai pris les devants. Dès le mois de janvier, j'ai lancé mes hameçons, rencontré les prêtres, bien compris que si certains avaient l'âge et la culture "Vatican II", d'autres ne l'avaient pas !

Après les discussions passionnées, voire douloureuses, sur les divers points liturgiques, le refus d'accueil eucharistique avec le sentiment d'avoir joué la balle de ping-pong entre les différents intervenants du clergé, ce fut un véritable soulagement lorsque nous avons pu organiser la rencontre avec les célébrants du baptême : le prêtre, et la vice-présidente du conseil presbytéral, représentant la pasteur, qui serait absente à la date de la cérémonie.

Superstition ? Souci de faire les choses "dans l'ordre" ? J'ai attendu le dernier moment pour parfaire les détails pratiques du baptême... Pas de faire-part : quand j'ai eu le temps nécessaire pour les préparer, le délai pour les envoyer était un peu court... Et tout le reste a été fait à l'avenant aussi... Il faut dire que revenant directement du Grand Kiff et enchaînant avec la semaine de boulot / préparation du baptême, c'était difficile de faire autrement.

Mais il devait y avoir un ange gardien pour Nathalie, ou qui veillait spécialement sur cette fête, car je n'ai rencontré aucun obstacle ! Robe blanche arrivée pile dans les temps, traiteur qui ne part pas en vacances, mon frère appelé à la rescousse pour donner un coup de main qui trouve un billet de train dans le chassé-croisé du plus grand déplacement de départ en vacances... Et jusqu'aux intervenantes du baptême, à qui j'ai demandé une participation, qui ne se sont pas donné le mot mais sont finalement arrivées sur le même verset : "qu'ils soient un, comme nous sommes Un" (Jean 17,21) ! Si ça n'est pas un clin-Dieu, ça...

La fête a été belle, Nathalie a été très sage et concentrée pendant la cérémonie, puis joyeuse et très heureuse de tous les cadeaux dont toute la famille l'a couverte ! Merci pour cette fête, pour cet accueil, pour la joie et la paix de cette journée. Une très bonne entrée en matière pour des vacances en famille, une pause profitable à tous les trois...

lundi 29 juin 2009

Préparation de baptême

C'est en couple, en ayant laissé notre fille aux bons soins de sa grand-mère, que nous avons participé à une réunion de parents, préparatoire au baptême prévu au mois d'août. Cette réunion était organisée par la paroisse catholique : le nombre de baptêmes qui y est célébré (plus de 300 par an) demande une organisation rigoureuse, sans faille, dans laquelle on est sensés se mouler, sous peine de ne pas pouvoir célébrer le baptême (ce qui s'est passé l'an dernier pour nous).

Notre ressenti de cette séance est mitigé. Moins négatif que l'an dernier toutefois, où mon désarroi était total : malgré mes demandes, le baptême de notre fille était pris comme un "classique" baptême catholique. Les laïques qui forment l'équipe de préparation au baptême ne sont manifestement pas formés à accueillir des foyers mixtes. Or pour nous, conscients de représenter une union particulière, il est vraiment important de transmettre l'ensemble de la culture chrétienne que nous avons reçue. Cela signifie que nous ne pouvons accepter que seul un prêtre officie lors du baptême de notre enfant.

Bien sûr, nous dérangeons. Nous avons conscience de déranger. Mais nos interrogations, nos désirs d'unité, d'ouverture, ne peuvent pas rester muets. Et pour tous ces parents catholiques, nous nous devons de reprendre certaines assertions : non, baptiser un enfant ne veut pas dire "choisir la religion catholique" pour son enfant. Suite au concile et aux discussions oecuméniques, le baptême est le SEUL sacrement actuellement partagé par l'ensemble des Eglises chrétiennes. Un baptême n'est pas catholique, orthodoxe, protestant, anglican : il est chrétien. Certes, il sera célébré dans une des Eglises, si ce n'est par tradition parentale, ce sera par contingence pratique. Mais il est universel : un catholique ne sera pas rebaptisé s'il choisit de partager la confession protestante, ou inversement.

De notre côté, ce qui nous gêne, c'est (en apparence) l'imposition de dogmes, sans beaucoup de possibilité de débat. L'animateur nous invite à nous exprimer, mais il a toujours le dernier mot. Et le prêtre qui termine la réunion répond à des interrogations remontées par les animateurs, sans retour. Lors de notre rencontre avec la pasteur, nous avons expliqué pourquoi nous voulions faire baptiser notre fille, comment nous voyions le sacrement. Elle nous a donné la position communément admise dans l'Eglise réformée, a pris des textes de la Bible pour nous donner l'origine et la justification du baptême. Nous avons discuté de nos doutes, de notre foi, de ce que nous voulons transmettre, de l'engagement que nous avons pris à notre mariage...

Bref. Pour ma fille je ne voulais pas céder à la facilité, mais si un jour elle a un petit frère ou une petite soeur, il a des chances que cet enfant soit baptisé au temple... Ce sera plus facile d'inviter un prêtre au temple, que d'essayer d'imposer une ouverture dont l'Eglise catholique ne semble plus vouloir.

mercredi 20 mai 2009

Finalement, c'est non

Ah, ils ont de l'humour, ou alors ils aiment jouer au ping-pong... Souvenez-vous : lorsque j'ai évoqué un possible accueil eucharistique à l'occasion du baptême de ma fille, le curé m'a conseillé d'écrire à l'évêque, ce que j'ai fait. La réponse ne s'est pas faite attendre, mais est décevante et ambigüe : ni oui, ni non, me renvoyant auprès du curé. Soit. Je m'en vais donc écrire un mail au curé, qui me répond "Il faudrait que vous en parliez avec le prêtre qui célèbrera le baptême".

Là, je commence à m'impatienter, mais passons. Ce soir, j'ai rencontré le prêtre avec qui nous allons, effectivement, préparer la cérémonie baptismale. Lorsque je pose la question de la communion, il tente lui aussi d'éluder : "le curé vous a donné la réponse de l'évêque ?", à quoi je réponds par la négative.

Alors, l'air un peu coupable (ou gêné, je ne sais), il m'explique que l'évêque n'est pas vraiment pour ce genre de pratique (j'avais cru comprendre), et qu'il (le prêtre) n'est pas autorisé à pratiquer officiellement un accueil eucharistique. Quand je lui fais remarquer que l'accueil à la table eucharistique se pratiquait il y a 25 ans, il me demande si c'était de façon officielle. Oui, tout à fait officielle, avec dérogation de l'évêque, et invitation du prêtre pendant la messe, à ce que tout le monde puisse communier...

Mon insistance le contrarie. Je ne veux pas encore penser que tout est perdu. Pour moi, c'est un coup de massue, le recul dont parlait Authueil et auquel je ne voulais pas croire. Il finit par me répondre que "chacun est libre de décider en son coeur s'il communie ou pas", mais qu'il "ne peut pas rompre la communion avec son évêque". C'est une réponse que je trouve bâtarde, et je lui dis : officiellement, on refuse catégoriquement, officieusement, aucun prêtre ne me refusera le Corps du Christ si je me présente devant lui.

J'abandonne. Nous prenons les dates pour les réunions de préparation au baptême. Pour la célébration du baptême lors de la messe (plutôt que juste après, en comité restreint), là aussi, impossible de négocier.

Je ressors en état d'hébétude. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que c'est non, et non négociable. Sans entretien, sans discussion. Pourquoi une ouverture qui se pratiquait il y a une vingtaine d'années, ne s'imagine même plus maintenant ?? Les protestants, après avoir été des frères, seraient redevenus des hérétiques ? Au gré des monarques, on a eu l'Edit de Nantes et puis sa révocation ; au gré des évêques, on met en place Vatican II et puis on laisse tomber ?

Je ne peux m'empêcher de penser à la levée d'excommunication des lefebvristes : eux sont de nouveau accueillis à la table du Christ, tandis que les protestants en sont bannis, et ce alors que le dialogue de l'Eglise catholique avec les traditionnalistes me semble plus mince et plus récent que celui qu'elle peut avoir avec les protestants...

Les mariages interconfessionnels sont possibles depuis Vatican II. L'Eglise catholique ne se doutait-elle vraiment pas qu'un jour, des hybrides comme moi apparaîtraient ? J'ai une double culture et on ne peut pas me l'enlever. Je refuse d'abdiquer l'une pour l'autre, je souhaite continuer à pratiquer ma foi plurielle. Quelle place puis-je avoir dans l'Eglise ?

jeudi 14 mai 2009

La réponse

J'ai reçu la réponse de l'évêque concernant ma demande d'accueil eucharistique lors du baptême de ma fille. En voici la teneur :

J'ai bien reçu la demande que vous m'avez présentée d'hospitalité eucharistique à l'occasion du prochain baptême de votre fille, N. Je vous adresse à votre curé, le P. O.S., qui connaît bien la situation ecclésiale de votre foyer et saura vous conseiller.
Je vous assure de ma prière pour [votre foyer] et la petite N. et confie au Seigneur votre vie ecclésiale pour qu'elle se développe dans le sens de l'unité que Dieu veut pour son Eglise.

Voici ce que j'appelle "botter en touche". Cependant, je ne vais pas crier avant d'avoir mal. Ce n'est qu'une réponse un peu évasive, m'invitant à me rapprocher du curé de ma paroisse. Le même curé que celui qui m'a recommandé d'écrire ma demande à l'évêque... J'ai juste un tout petit peu l'impression de faire la balle de ping-pong.

Je vais donc m'atteler, dans les prochains jours, malgré cette réponse peu encourageante, à prendre contact avec le curé, et le prêtre qui va célébrer le baptême. Essayer de faire preuve de pédagogie, de diplomatie, de calme (ça, ça risque d'être un peu difficile). Expliquer ce qui n'est pas imaginable pour quelqu'un qui ne se trouve pas en situation interconfessionnelle : qu'un couple, et à plus forte raison un foyer comprenant des enfants, a besoin d'un équilibre, d'une harmonie, y compris au niveau spirituel. Et cette harmonie est consolidée par le soutien mutuel de nos églises.

Pour information, voici un paragraphe des textes de Vatican II sur l'Eucharistie et les "frères séparés" :
Vatican II, Unitatis Redintegratio, §22

Certes, les Communautés ecclésiales séparées de nous n'ont pas avec nous la pleine unité dérivant du baptême, et nous croyons, surtout par suite de l'absence du Sacrement de l'Ordre, qu'elles n'ont pas conservé toute la réalité propre du Mystère eucharistique. Néanmoins, en célébrant à la Sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie consiste dans la communion au Christ et elles attendent son retour glorieux.

dimanche 10 mai 2009

Colère

J'ai préparé une lettre à l'évêque. C'est la procédure : c'est lui qui peut décider d'ouvrir l'Eucharistie à des non-catholiques, de façon exceptionnelle, selon le droit canon. Pour le baptême de ma fille, je souhaite pouvoir participer à l'Eucharistie, et que les protestants de ma famille puissent le faire également. Alors j'ai préparé ma lettre.

"Ca mérite réflexion. On peut se voir ?", m'a répondu un des prêtres à qui j'ai demandé conseil avant d'envoyer ce courrier. Ainsi donc, un soir, je vais le rencontrer au presbytère. Je lui ai déjà parlé de ma situation d'hybride d'Eglises, en lui disant que je souffrais de ne pas pouvoir participer à l'Eucharistie. Il m'a déjà donné sa position : pour lui, être un mélange, c'est n'être rien, parce qu'on ne peut pas se réclamer de deux identités à la fois.

Effectivement, d'entrée de jeu, il me confirme son point de vue : l'accueil eucharistique n'a aucun lieu d'être, dans le sens où chacun a son Eglise, ses positions, et que l'Eucharistie n'a, selon lui, aucun sens chez les protestants, surtout pas le même que pour les catholiques. S'il était à la place de l'évêque, il refuserait ma demande. Hein, quoi ? Ai-je bien entendu ? Oui. Nous sommes bien en 2009, le concile Vatican II n'a jamais que 45 ans d'existence, et un (jeune) prêtre revient sur l'ouverture entre Eglises...

Je comprends bien que nous sommes dans une époque et une région où les religions, quelles qu'elles soient, sont attaquées. Je comprends que les croyants, en particulier les convertis adultes, aient un besoin d'identité religieuse forte. Je comprends leur crainte : celle que l'Eucharistie soit dévoyée, et que le plus grand mystère de l'Eglise catholique soit mal interprété, perde son sens dans l'ouverture.

Mais qu'à leur tour, ils comprennent mon dilemme ! Qu'ils essaient de prendre la mesure de la conciliation que je propose : non, je ne demande pas à ce qu'on gomme les différences entre les confessions ; non, je ne souhaite pas minimiser l'importance de l'Eucharistie, l'édulcorer en la rendant accessible à des non-catholiques ; mais comment peut-on imaginer faire progresser le dialogue oecuménique, si on n'ouvre pas ses portes aux autres ?