Finalement, c'est non
Par Tigreek le mercredi 20 mai 2009, 23:40 - Témoignage - Lien permanent
Ah, ils ont de l'humour, ou alors ils aiment jouer au ping-pong... Souvenez-vous : lorsque j'ai évoqué un possible accueil eucharistique à l'occasion du baptême de ma fille, le curé m'a conseillé d'écrire à l'évêque, ce que j'ai fait. La réponse ne s'est pas faite attendre, mais est décevante et ambigüe : ni oui, ni non, me renvoyant auprès du curé. Soit. Je m'en vais donc écrire un mail au curé, qui me répond "Il faudrait que vous en parliez avec le prêtre qui célèbrera le baptême".
Là, je commence à m'impatienter, mais passons. Ce soir, j'ai rencontré le prêtre avec qui nous allons, effectivement, préparer la cérémonie baptismale. Lorsque je pose la question de la communion, il tente lui aussi d'éluder : "le curé vous a donné la réponse de l'évêque ?", à quoi je réponds par la négative.
Alors, l'air un peu coupable (ou gêné, je ne sais), il m'explique que l'évêque n'est pas vraiment pour ce genre de pratique (j'avais cru comprendre), et qu'il (le prêtre) n'est pas autorisé à pratiquer officiellement un accueil eucharistique. Quand je lui fais remarquer que l'accueil à la table eucharistique se pratiquait il y a 25 ans, il me demande si c'était de façon officielle. Oui, tout à fait officielle, avec dérogation de l'évêque, et invitation du prêtre pendant la messe, à ce que tout le monde puisse communier...
Mon insistance le contrarie. Je ne veux pas encore penser que tout est perdu. Pour moi, c'est un coup de massue, le recul dont parlait Authueil et auquel je ne voulais pas croire. Il finit par me répondre que "chacun est libre de décider en son coeur s'il communie ou pas", mais qu'il "ne peut pas rompre la communion avec son évêque". C'est une réponse que je trouve bâtarde, et je lui dis : officiellement, on refuse catégoriquement, officieusement, aucun prêtre ne me refusera le Corps du Christ si je me présente devant lui.
J'abandonne. Nous prenons les dates pour les réunions de préparation au baptême. Pour la célébration du baptême lors de la messe (plutôt que juste après, en comité restreint), là aussi, impossible de négocier.
Je ressors en état d'hébétude. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que c'est non, et non négociable. Sans entretien, sans discussion. Pourquoi une ouverture qui se pratiquait il y a une vingtaine d'années, ne s'imagine même plus maintenant ?? Les protestants, après avoir été des frères, seraient redevenus des hérétiques ? Au gré des monarques, on a eu l'Edit de Nantes et puis sa révocation ; au gré des évêques, on met en place Vatican II et puis on laisse tomber ?
Je ne peux m'empêcher de penser à la levée d'excommunication des lefebvristes : eux sont de nouveau accueillis à la table du Christ, tandis que les protestants en sont bannis, et ce alors que le dialogue de l'Eglise catholique avec les traditionnalistes me semble plus mince et plus récent que celui qu'elle peut avoir avec les protestants...
Les mariages interconfessionnels sont possibles depuis Vatican II. L'Eglise catholique ne se doutait-elle vraiment pas qu'un jour, des hybrides comme moi apparaîtraient ? J'ai une double culture et on ne peut pas me l'enlever. Je refuse d'abdiquer l'une pour l'autre, je souhaite continuer à pratiquer ma foi plurielle. Quelle place puis-je avoir dans l'Eglise ?
Commentaires
Je comprends votre désir d'unité mais je ne crois pas que l'on arrivera à une réelle communion par certains raccourcis comme le relativisme doctrinal.
J'en sais quelque chose : j'ai vécu un an dans une communauté (que je ne souhaite pas nommer ici) où les confessions étaient multiples, le directeur de la fondation avait décrété que toute personne d'une confession chrétienne autre que catholique pouvait accéder à la communion à partir du moment où celle-ci se sentait en bonne conscience avec elle-même. Il appelais ça de l'œcuménisme.
Le problème est qu'il était pratiquement le seul à en être convaincu. Car cela ne réglait rien du tout : à quoi sert-il de communier à la même table si l'on ne partage pas la même foi ? Si l'on provient de communautés qui s'opposent par ailleurs ? Puis-je faire comme si de rien n'était ? En quoi suis ouvert si je vais jusqu'à nier une partie de la réalité qui compose l'identité de l'autre ?
Je pense souvent à une remarque faite par un prêtre orthodoxe dont moi et quelques amis avions assisté à la liturgie : il nous était reconnaissant de n'avoir rien revendiqué à propos de l'eucharistie. Bref il nous était reconnaissant de respecter sa foi et ce qui nous sépare, nous pouvions donc entrer en dialogue...
@ Olivier C : Merci de votre réaction. Je sais que ma demande peut choquer, que certains pensent que laisser passer de tels manquements au canon de l'Eglise catholique ne sert pas l'oecuménisme. Je ne sais pas si ma réponse modifiera votre idée sur l'oecuménisme et comment il peut se faire, mais j'aimerais apporter quelques éléments :