Actualité

Quelques mots sur les sujets "du moment" (certains sont toujours valables, d'autres passent).

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vendredi 15 juillet 2016

Triste communion

Il y a quelques jours, j'entendais les nouvelles annonçant un attentat à Istanbul. La violence montant en Turquie. Je pensais à cette amie rencontrée il y a des années, alors que je commençais tout à la fois mes études et ma vie d'adulte s'ouvrant au monde... Nous avions eu des tas de discussions, sur nos cultures, nos religions, la laïcité, l'intérêt pour les autres. Elle me racontait son souhait de finir ses études de médecine en France, pratiquer peut-être quelque temps, puis retourner chez elle, à Istanbul, pour transmettre et faire grandir son pays, là-bas, ce pays qu'elle aimait profondément. J'aimais les petites étoiles dans ses yeux et son sourire un peu énigmatique quand elle nous parlait de sa famille... Alors l'actualité m'a rappelé cette amie... Nous avons perdu contact, au fil des années.

Je me demandais ce qu'elle était devenue. J'ai commencé à écrire ce billet, avec ce titre. Parce que je trouvais un peu dommage de me souvenir d'elle à ce moment-là.

Et puis il y a eu le décès de mon grand-père. Rien à voir, me direz-vous. Il est mort à 98 ans, dans son lit. Oui mais la famille s'est trouvée, momentanément, plus unie que jamais. Comme si la perte rapprochait, inexorablement.

Hier soir, un homme a pris le volant d'un camion, à Nice. Peu importent ses motivations. Il s'est cru dans un jeu vidéo peut-être, ou il a perdu toute conscience. Il a joué aux quilles. Sauf que c'était avec des vraies personnes. Quatre-vingt-quatre. Hommes, femmes, enfants, de toutes religions, de toutes couleurs, des êtres humains comme vous et moi.

Cela fait dix-huit mois que la haine explose, un peu partout, en actes aveugles. Non, la France n'est pas la seule touchée, bien sûr il y a plein d'autres drames, bien sûr il faut lutter pour tout cela. En attendant, nous sommes tous unis, dans cette triste communion.

Et maintenant ? Je ne crois pas à la force des armes. Je crois en l'éducation et en l'amour. Et je voudrais que Paul ait raison : "Là où le péché abonde, la grâce surabonde" (Romains 5, 20)...

dimanche 17 mai 2015

Une liberté nouvelle

Le synode de l’Église Protestante Unie de France (EPUdF)[1], a voté ce jour la possibilité pour les paroisses de bénir les unions de même sexe.

C'est quoi un synode ?

Le synode national, pour les protestants, c'est l'instance de décision de l'institution nationale, un des rouages du système presbytéro-synodal en vigueur dans l’Église depuis la Réforme. Il est constitué des membres élus des synodes régionaux, eux-mêmes membres élus des différentes paroisses. Les 105 délégués qui ont pris la décision ce jour, ont été élus par leurs pairs pour prendre les décisions afférant à l'ensemble des paroisses d'où ils viennent.

Souvent, les décisions qui sont prises ne font l'objet d'aucune surprise. Parfois elles sont très attendues et viennent naturellement, d'autres fois, fruits d'une longue réflexion, elles sont âprement débattues avant d'être prises. Ce fut le cas pendant ces quatre jours...

Pourquoi on en parle autant ?

La plupart des pratiquants "de base" sont réticents à cette bénédiction[2]. Il suffit de faire un tour dans les paroisses et de poser la question pour se faire très vite une idée. Est-ce parce que la réflexion de chacun n'est pas allée assez loin ? C'était le pari que l'EPUdF avait pris il y a deux ans, lors du débat sur la loi, appelée de manière impropre de "mariage pour tous". Alors l’Église avait pris la décision d'attendre avant de se prononcer sur la question, préférant lancer une étude sur l'idée de la bénédiction : que veut dire bénir ? Est-ce qu'on bénit des personnes, des couples, des projets, des actions, des objets ? Pourquoi ? Est-ce une reconnaissance, un engagement, une volonté, un signe divin ? Les débats, selon les paroisses, sont allés bon train, ont pris différentes formes : conférences, échanges, cultes, ciné-débats, partages œcuméniques et j'en passe... Oui, les paroissiens ont travaillé, échangé, évolué... Chacun a pu se faire une idée plus précise de ce qui était en jeu ou non.

Certains pasteurs sont également contre le fait de bénir des unions homosexuelles, et auraient aimé que le synode empêche toute possibilité de le faire. Est-ce pour ne pas avoir à dire non ? Pour reporter sur l'institution leur propre choix ? Ou pour imposer leur vision des choses, en oubliant que l’Église a toujours été diverse ? Ils ont été environ cent cinquante (pasteurs et conseillers presbytéraux) à signer un appel demandant au synode de reporter sa décision, comme l'a fait l'UEPAL en juin dernier, décidant qu'elle ne se prononcerait pas sur la question pour le moment et remettant à une date ultérieure (plus propice ?) cette épineuse question.

Et toi, tu en penses quoi ?

Ce qui a été donné aujourd'hui, c'est une liberté. Ce n'est pas une obligation. Aucun pasteur, aucune paroisse ne sera obligée de bénir un mariage homo. Celles et ceux qui souhaitent le faire, le pourront. En toute conscience. Exercer une liberté est toujours plus difficile que d'obéir à un ordre ou se soumettre à une interdiction... Et plus beau, aussi. Parce qu'on est responsable (et pas coupable) !

Le travail en paroisse a été fait pendant deux ans, accompagné, discuté. Aujourd'hui, c'est une possibilité nouvelle qui s'ouvre. Tous, dans notre entourage plus ou moins proche, nous avons des cas concrets à mettre en face de la théorie des mots. Un de mes oncles et un de mes cousins sont homos. C'est compliqué, déjà, à titre personnel. Un peu plus encore, en famille : selon les générations, différents types de préjugés s'appliquent. Souvent la loi du silence et le tabou valent mieux que des coups de poignards dans les mots à chaque rencontre... Alors, en société... En tant qu’Église, il me semble que nous nous devons d'abord d'accueillir les personnes, telles qu'elles sont, telles qu'elles se présentent à nous, et leur témoigner en premier lieu l'Amour que le Christ a mis en exergue !

Des couples durables, il n'y en a pas tant que ça. Qui franchissent le pas du mariage, encore moins. Et qui vont jusqu'à demander une reconnaissance par l’Église, n'en parlons pas ! Qu'il s'agisse de couples "traditionnels" ou de même sexe... Dans les mois, les années à venir, je souhaite et j'espère que le temps sera pris dans les paroisses pour chaque cas qui se présente, dans la paix et la joie donnée par le Seigneur...

Notes

[1] La plus importante Église protestante, par le nombre, en France ; Église sœur de l'UEPAL en Alsace-Moselle, séparée pour cause de régime concordataire.

[2] Je dis bien bénédiction et non mariage : pour les protestants, le mariage n'est pas un sacrement, c'est pour bien distinguer la bénédiction du sacrement que j'utilise un autre terme.

jeudi 08 janvier 2015

Pour la liberté

Un début d'année. Des voeux. Des nouvelles, qui viennent d'un peu loin parfois. Des bonnes et des moins bonnes.

Et puis... Douze morts. Deux tireurs. Une demi-heure de furie. Et le pays en colère.

Les balles ne réduiront pas la liberté au silence. Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et les autres deviendront les martyrs de la liberté d'expression, du droit à l'humour qui ne fait pas plaisir à tout le monde, des vérités qui dérangent. Charlie Hebdo n'est pas mort, contrairement à ce qu'on pu penser (et dire) les cagoulés...

Non, je ne fais pas partie des fans de cet hebdomadaire. Un peu trop corrosif à mon goût... C'est pas pour autant que j'aie eu envie de les détruire...

Non, les gens qui font ça ne sont pas des religieux. Ils s'en prétendent, ils s'en servent de prétexte, mais ce n'en sont pas. Quelle que soit la religion qu'un croyant sincère pratique, elle mène à l'élévation personnelle, au travail sur soi...

Alors, quoi ? Surtout ne pas chercher la vengeance. Ne pas généraliser. Voir les faits, dire la colère, et continuer à vivre... Dire et redire qu'une infime minorité qui a peur et veut terroriser les autres n'y parviendra pas, tant que nous sommes déterminés à ne pas nous y laisser réduire. Répéter encore, qu'un dessin ou un sourire peut désarmer des bombes, même si aujourd'hui pour eux, ce ne fut pas le cas. Et croire enfin, que l'Amour peut tout surpasser.

lundi 04 mars 2013

Coming out (1)

Comme ceux de la "génération Jean-Paul II", pendant plus de vingt ans je n'ai connu qu'un pape. Il était là avant ma naissance et malgré ce que mes parents, mes grands-parents en disaient, je ne pouvais pas imaginer d'autre que lui. Vieux, en blanc, souriant, avec ces yeux qui pétillent et la légende du "pape polonais inattendu" collée aux souliers.

Et voilà qu'en huit ans, il se passe davantage de choses qu'en vingt-cinq... Sans doute mon regard a-t-il changé aussi. Ceux qui avaient connu Vatican II et le grand essor libéral qui s'est ensuivi ont vu arriver Benoît XVI avec un oeil très critique. Dans mon entourage, beaucoup ont fait la moue et déploré l'arrivée au pouvoir du "panzer kardinal", comme il était surnommé. J'ai entendu prédire la mort d'un oecuménisme, prétendument rendu agonisant par les efforts de Jean Paul II. Les affres des différentes tentatives de rapprochement avec la FSSPX n'ont pas arrangé cette opinion, propageant l'idée que ce nouveau souverain pontife aimerait mieux faire l'unité avec une forme d'extrémisme qu'avec une sensibilité (réformée ou luthérienne par exemple) plus éloignée théologiquement mais aussi plus modérée. C'était, sans doute, oublier un peu vite l'accueil interreligieux à Assise, par exemple.

De mon côté, je me taisais. Craignant, un peu, un homme réputé intransigeant. Et me disant aussi qu'il avait été élu par ses pairs. Essayant de ne pas écouter les sirènes un peu trop défaitistes à mon goût. Oh, bien sûr, elles se sont accentuées avec les différents sujets délicats qui se sont révélés : SIDA, préservatif, avortement, pédophilie, et également anglicanisme, FSSPX, Vaticanleaks... Sujets ô combien sensibles, sur lesquels il n'est point besoin d'être chrétien pour s'écharper. Situations de souffrance où le ressenti prend trop souvent le pas sur la raison. Je ne crois pas que la Curie soit aussi pourrie qu'on a pu le lire. Je ne veux pas tomber dans l'angélisme non plus. Ce sont des humains, comme vous et moi. Sensibles, raisonnables, faillibles, croyants, passionnés...

Coup de tonnerre. Surprise. Sur le moment, j'ai cru que mon frère, qui m'avait envoyé la nouvelle par texto, me faisait une blague... Benoît XVI annonçait sa renonciation. Stupeur pour moi, je le voyais bien garder le gouvernail encore quelques années, ça doit être mon côté catho. Et à l'inverse, mon côté protestant se dit que ce Pape, par ce geste, est peut-être devenu le plus protestant de tous. En s'écartant de la charge lorsqu'il a estimé que, même avec l'aide de l'Esprit, ça n'allait pas suffire. Si ça, ce n'est pas un geste oecuménique, je ne sais pas ce que c'est...

Humilité, silence, béance. Se taire. Laisser parler. Et faire confiance.

dimanche 20 novembre 2011

Brèves (de comptoir ?)

Bien sûr, il y a ces sujets qui font réagir : une nouvelle campagne de publicité Benetton mettant en scène de façon provocante diverses personnalités ; une obscure pièce de théâtre dont on n'aurait jamais entendu parler si elle ne foulait pas aux pieds les chrétiens et leur foi. Sur ces sujets, d'autres ont déjà argumenté, dit ce qu'il y avait à dire, invité à la prière, à la discussion. Pour ma part je ne saurais qu'exprimer ma tristesse et ma douleur de voir croyants et non-croyants, et même entre croyants les frères se déchirer... Quand les noms d'oiseaux volent entre chrétiens, quand les sous-entendus se font pesants de rancoeur, quand la violence pointe, dans les mots et les gestes envers prêtres ou blogueurs... Alors je ne peux que prier pour que la raison reprenne le dessus, et pour que Dieu nous donne d'écouter la petite voix de l'Amour, plutôt que de céder aux trompettes de l'affrontement.

Le théâtre aujourd'hui, j'en ai vu aussi : du chouette, du beau, de l'amateur... Une joyeuse bande d'ados venus avec leur pasteur, mettre en scène l'histoire d'Esther pendant le culte ce matin. Entre comédie musicale et théâtre contemporain, des costumes faits de bric et de broc mais suffisamment évocateurs, de l'humour, du punch, de l'authenticité ! C'était chouette, et ils ont été copieusement applaudis.

Il y a aussi de véritables trésors : une réminiscence d'un débat vieux de quelques siècles, joliment présenté par Zabou... Toute ressemblance avec un débat existant aujourd'hui serait purement fortuite ! ;)

Il y a aussi ce dimanche du Christ Roi. J'aime bien cette fête, depuis que j'en ai appris la signification[1]. J'aime bien les ornements blancs, la joie, l'ambiance apocalyptique au milieu d'un hiver qui s'annonce... Pas apocalyptique façon catastrophe, plutôt "rêve d'un nouveau monde". Et ce matin, à la messe, une jeune fille l'avait bien compris, ce rêve... Elle était hilare, agaçait sa mère à côté d'elle, se mettait à chanter un gloria quand le chant se terminait. J'ai bien aimé son sourire, son rêve, et puis encore ce sourire devant la communion... Lucille, elle s'appelle. C'est marqué sur son sac.

Il y a l'Avent qui arrive, mais cela, on le sait déjà, et depuis deux semaines au moins... Il sera bien assez tôt, la semaine prochaine, de se préparer à cette venue. D'ailleurs, je vais prêcher, pour cette entrée en Avent. Et si cela se confirme, si le conseil presbytéral de la paroisse est d'accord, il se pourrait que ce soit aussi... ma première célébration de la Sainte Cène !

Et puis, à contre courant des affiches publicitaires voulant nous faire consommer à tout crin, cette semaine j'ai vu fleurir de jolies photos dans ma station de RER... Pas de mannequin à taille de guêpe mais des enfants, des jeunes femmes, des grands-parents... Pas de slogan xyloglossé[2] mais de vraies belles propositions qui font du bien. Pas de sourire digne d'un dentifrice mais des mines sincèrement réjouies ! C'est la campagne annuelle du Secours Catholique. Et j'aime ça :)

Notes

[1] c'est-à-dire depuis peu, car mes connaissances sur le calendrier liturgique catholique sont toujours fortement lacunaires...

[2] merci à David pour l'expression ! ;)

lundi 07 novembre 2011

Y'a plus de saisons !!

Ce matin, en arrivant à l'entrée de la tour de bureaux où je travaille, ma première pensée fut de me questionner sur la structure de métal et de verre posée devant la porte. Puis de visualiser la forme de sapin stylisée, et d'esquisser un sourire : quoi que de très normal de préparer les décorations lumineuses, les entreprises qui s'en occupent vont avoir fort à faire dans le mois qui arrive... Dans ma ville, les décos sont déjà en place, comme des témoins de la fête qui va arriver, discrètes car restant éteintes pour l'instant.

Je passe la porte et mon sourire se fige, mes yeux s'agrandissent de stupeur. Machinalement je me remémore la date d'aujourd'hui, oui, on est bien le sept novembre, soit sept semaines avant Noël... Et le hall est rempli de lumières scintillantes, comme si Noël était demain !! Alors je repense aux catalogues de jouets et aux tracts publicitaires qui prédisent déjà "les fêtes" et s'accumulent depuis une semaine ou deux dans ma boîte aux lettres... Aux trois personnes qui m'ont déjà demandé "mes listes" pour pouvoir acheter les cadeaux "pas trop au dernier moment, tu comprends"...

Il y a quinze ans, on se moquait de ma grand-mère qui s'y prenait deux mois à l'avance pour les cadeaux de Noël, mais il semblerait que tout le monde soit devenu fou. L'Avent, c'est quatre semaines de veille, de préparation matérielle mais surtout spirituelle. Quel est le but de tout ce remue-ménage ? Faire acheter plus que d'habitude ? Annoncer deux fois plus à l'avance fera-t-il acheter deux fois plus aux consommateurs ? Faut-il faire oublier la crise avec les paillettes et les lumières ?

Mais, plus que l'appât du gain, c'est la déconnexion avec les valeurs de base de Noël dans notre société aux origines judéo-chrétiennes qui m'inquiète. Il y a vingt ans, le grand déballage publicitaire de Noël débutait à la première semaine de l'Avent. Cela avait un sens, quelque part, on associait les préparatifs matériels au chemin de prière qui menait à la venue du Sauveur. Aujourd'hui, les images populaires de Noël sont le sapin, les cadeaux et l'orgie de nourriture qui va avec. Plus de crèche, aussi kitsch puisse-t-elle être[1], le petit Jésus est passé aux oubliettes...

Quel sens, nous chrétiens, allons-nous donner à Noël cette année ? "Veillez, car vous ne connaissez ni le jour, ni l'heure" disait l'évangile d'hier. Notre heure est-elle venue de mettre un peu d'espérance, mais aussi de patience dans le coeur de nos frères ?[2]

Notes

[1] La "foi du charbonnier", vous savez ?

[2] Du coup, j'ai aussi pensé à une carte d'Israël en guise de calendrier de l'Avent, avec deux petits ânes pour mes deux filles, un portant Jésus, l'autre Marie, en route de Nazareth vers Bethléem...

dimanche 30 octobre 2011

La paix... à sa porte !

Je n'avais que cinq ans lors de la rencontre de 1986 à Assise, initiée par Jean-Paul II[1], et je n'en ai eu que des échos, par la suite. Appréciée ou non, cette rencontre interreligieuse, cette prière pour la paix n'était pas passé inaperçue.

C

Et depuis, l'idée que toutes les religions ont au moins un but, une action, une oeuvre en commun, la PAIX, a fait son chemin. Le comité mondial des Religions pour la Paix existait déjà, il s'y est ajouté une dimension régionale européenne... Et puis d'autres aussi, je ne peux pas citer ici toutes les idées et actions, organisations, mais mes lecteurs connaissent déjà Ren' et Dialogue-Abraham (où l'on peut aussi retrouver Tiqun, Aâya, Ahouva et bien d'autres !), et ceux qui me suivent également sur Facebook ont pu entendre parler aussi de l'association Coexister...

Les "grandes" rencontres, les temps forts comme celui d'Assise en 1986 ou ceux organisés cette année pour le quart de siècle, sont autant d'occasions de mettre en valeur ce qui se vit à côté de chez soi. Parce que toutes les personnes que j'ai citées ci-dessus vivent d'abord l'interreligieux au quotidien. C'est du "vivre ensemble", mais tellement plus ! Parce que la paix se construit d'abord à sa porte, parce qu'une paix durable est bien plus que l'absence de guerre ! C'est une ouverture, c'est, je crois, avant toute chose refuser la peur de l'autre. Et passer outre la peur, ce n'est pas au niveau d'une religion, d'une nation que cela peut se faire... C'est chacun, dans son existence, qui peut faire un pas puis l'autre, jour après jour.

Puissions-nous, chacun dans nos prières, porter ce voeu, cette volonté, de pouvoir partager un jour la paix ! Shalom... Salam... Shanti !

Notes

[1] ce pape d'une génération... Mais c'est une autre histoire !

mardi 19 avril 2011

WWJD ?

Le bazar a commencé fin mars. Alors qu'une exposition, qui n'est plus à présenter, compte parmi ses oeuvres une photographie, pourtant ancienne, mais déjà controversée, d'un crucifix plongé dans des "humeurs"[1], le blog de l'Oratoire, que je lis régulièrement, s'indigne. Je le lis et passe mon chemin, ayant déjà repéré l'intervenant en question comme un excité, un "pur et dur" avec qui il est particulièrement difficile de discuter[2].

Oui mais... Quelques jours plus tard, c'est un pasteur qui relate ce qui n'est encore qu'une anecdote sur Miettes de théologie. Avec un point de vue nettement plus nuancé, auquel j'adhère davantage... Le fait reste jusqu'alors peu remonté, même si les interrogations naissent en moi : faut-il en parler ? Ou pas ? Cette photo vaut-elle qu'on s'indigne, qu'on en parle, ou pas ? Quel sentiment avoir ? Vis-à-vis de la photo ? De ce qu'elle représente ? C'est un vrai débat entre deux logiques différentes : une qui parle de symboles, et où les symboles sont les signes visibles de mystères moins tangibles ; et une qui parle d'images, qui ne sont que des objets, des images qui ne doivent pas être sacralisées au risque de devenir des idoles... Et assez curieusement, ce sont deux blogs protestants qui me font réfléchir en premier sur cette photo, et l'acte qu'elle représente[3], alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'information me parvienne de sources plus catholiques...

Et puis en quelques jours, au seuil de la semaine sainte, c'est toute la catho-blogosphère qui s'enflamme : Dialogue-Abraham, Edmond, Koz, Aliocha[4], Marc et le Chafouin... Enfin, quand je dis s'enflamme, je devrais dire appelle à la prière et à la mesure. Avant ou après le vandalisme de quelques jeunes extrémistes, qui viennent ainsi médiatiser l'affaire, et par le même coup mettre à bas la politique du silence qui avait jusqu'ici plutôt bien marché : la meilleure façon de mépriser quelque chose qui ne vaut pas la peine d'être mentionné, c'est de ne pas en parler...

Ce que j'en pense, comment réagir ? Je me pose toujours la question... Ou plus exactement, je me demande "Qu'aurait fait Jésus ?"[5]... Ma réponse, je crois que je l'ai donnée dimanche à une assemblée[6] : ouvrir les yeux, suivre Jésus, l’annoncer à tous ! Quoiqu'il en coûte.

Et si tout commençait par un simple sourire ?
Pensons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, à la fête donnée spontanément en son honneur ; et même si nous savons que la Passion sera à l’ordre du jour, nous pouvons garder à l’esprit la Résurrection, le plus grand espoir qui nous soit donné, sans condition... Et le sourire devient possible.

Notes

[1] comme on le disait autrefois

[2] Ce n'est pas faute d'avoir essayé...

[3] car elle aussi n'est qu'une représentation, pas l'acte lui-même d'exposer un symbole religieux humilié. Ca peut poser question...

[4] Si si, je la classe dans la catho-blogosphère, même si elle est bien cachée

[5] "What would Jesus do ?" en anglais, d'où le titre de ce billet

[6] que j'aurais bien voulu secouer un peu... Mais peut-être l'ai-je fait ?

mercredi 23 mars 2011

Un Parvis pour les Gentils ?

Dans la Jérusalem antique, du temps du Temple de Salomon, le parvis des Gentils était l'espace extérieur au Temple, où chacun pouvait approcher (de loin) le sacré. Les non-Juifs y étaient admis, mais malheur à eux s'ils dépassaient la limite : ils étaient alors lapidés par les Juifs se trouvant légitimement dans l'enceinte sacrée.

Plan du Temple

Le Temple a été détruit et rasé lors de l'insurrection de 70. On suppose que certains blocs monumentaux qui restent pourraient être les pierres qui formaient le pavement du parvis des Gentils, sur lequel reposait l'ensemble de l'architecture du Temple.

Aujourd'hui, l'Eglise catholique reprend cette image pour inaugurer, à son tour, un parvis des Gentils. Qu'est-ce que c'est ? Deux jours de colloque, sur cinq lieux différents, réunissant croyants et non-croyants, pour discuter de valeurs à vivre, le tout en s'appuyant sur la raison.

Il y a quand même, à mon sens, une différence notable entre ces deux lieux, si l'on met à part la distance spatiale et temporelle bien sûr.

Il n'était pas possible, il est toujours très difficile, de devenir Juif si l'on n'est pas de famille juive. Le judaïsme n'est pas une religion prosélyte, c'est une religion généalogique, une religion héréditaire. Au contraire, le catholicisme, et le christianisme dans son ensemble[1], sont par nature prosélytes ! La bonne nouvelle que Jésus nous sauve est pour tous, en tout temps, de toute nation.

Le corollaire de cette constatation, est que le parvis des Gentils du Temple était un moyen d'entrer en contact, de façon très claire avec les non-Juifs... qui n'étaient pas pour autant non-croyants, d'ailleurs ! Aujourd'hui, dans cette manifestation, on ne sait pas trop : le but est manifestement de toucher ceux qui ne croient pas / plus au catholicisme, de battre en brèche les préjugés qui touchent forcément une confession (malgré tout) majoritaire par rapport aux autres (protestantisme, orthodoxie, islam). Mais est-on non-catholique comme on est non-Juif ? On ne naît pas chrétien, on le devient[2]... Et être non-catholique ne signifie pas être non-croyant...

Alors, évangélisation ou non ? Opération marketing ou simple mise au point ? Et quid des croyants non-catholiques ? A voir...

Notes

[1] oui, j'ose, nous sommes tout de même sur un blog œcuménique, si, si !

[2] même si on croit que la grâce de Dieu se manifeste toujours en premier

mercredi 17 novembre 2010

Pour une vraie liberté de culte

J'ai beaucoup hésité avant d'écrire ce billet. Parce que je ne voulais pas l'écrire sous le coup de la colère, de la peur ou du désespoir ; parce que le sujet est éminemment délicat et que mes mots peuvent parfois dire ce que je ne pense pas ; parce que d'autres l'ont déjà exprimé, de maintes façons, mieux que moi... Mais le malaise persiste, plus largement et plus profondément que la disparition de dizaines de frères et soeurs, aussi tragique et aussi peu relayée fût-elle[1].

La nouvelle est tellement terrible que pendant un moment j'ai cru que je vivais encore dans les premiers siècles de notre ère, à l'époque où être chrétien était une gageure, un pari complètement fou, une manière ouverte de défier l'autorité (croyait-on) et de risquer sa vie. Mais non, on est bien en 2010, et c'est à l'arme automatique que des terroristes ont versé le sang d'innocents, juste parce qu'ils étaient chrétiens...

Ce carnage est inadmissible. Spectaculaire. Il attire (enfin ?) l'attention sur une communauté que l'on pourrait croire paisible et bien tranquille (en France, en tout cas, on peut croire cela). Mais si aujourd'hui, en France, la liberté de culte est réelle, il y a tellement d'autres points du globe où cela n'est qu'une utopie ! En Orient, et aussi au Pakistan où la loi anti-blasphème fait des ravages, en Chine où les chrétiens autochtones doivent se retrouver en cachette, en Corée où ils sont également pourchassés, et j'en oublie...

En ce jour de l'Aïd al Adha, la fête du Sacrifice, j'aimerais qu'une vraie paix, un véritable dialogue, une vraie recherche de Dieu soit possible. Sans arrière-pensée, et en toute liberté :

Tout ce que nous avons dit jusqu’ici montre combien sont non-fondées et injustifiables, du point de vue islamique orthodoxe, les actes de terreur et les meurtres gratuits qui continuent malheureusement d’être perpétrés contre des vies sacrées et innocentes par des franges extrémistes prétendant se réclamer de l’islam. Les massacres qui ont touché récemment la communauté chrétienne d’Irak sont, faut-il encore le rappeler, totalement contraires à l’esprit de l’islam comme à ses principes et ses lois. [...]
Au contraire, les paroles, les actes et même le visage des hommes vraiment religieux reflètent la sagesse, la sérénité, l’intégrité et la noblesse, qui sont, pour les croyants, un rappel de l’exemple lumineux de tous les prophètes et saints aux cœurs purs.
(Jean Abd-al-Wadoud Gouraud, L’Aïd al-Adha et le monothéisme abrahamique, sur Oumma.com)

Je voudrais qu'aucune violence ne persiste. Qu'on fasse la fête en célébrant l'Agneau, plutôt que pleurer sur les morts qui déchirent nos vies...

Et en attendant que l'utopie se réalise, plusieurs actions possibles : écrire aux chrétiens d'Orient ou signer l'appel du journal La Vie de façon immédiate.
Puis, peut-être, intervenir avec des associations comme l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED), l'Action Chrétienne en Orient, l'Association des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT), Portes Ouvertes...

Notes

[1] Même si des quotidiens en ont fait un article et le Nouvel Obs un édito (relayé par Padreblog et Sébastien Fath)

jeudi 11 novembre 2010

Une Bible vraiment oecuménique !

Je ne pouvais pas ne pas en parler sur ce blog... La nouvelle édition de la TOB est sortie ! J'imagine déjà les mines perplexes de mes lecteurs devant mon sourire d'une oreille à l'autre... Quézako ?

La Traduction Oecuménique de la Bible, ou TOB pour les intimes, dont la première publication est parue en 1975, est une référence pour les chrétiens désireux de mieux connaître les confessions voisines. Pour la première fois, des biblistes protestants, orthodoxes et catholiques travaillaient ensemble pour produire une traduction moderne, fiable et sérieuse des textes.

Ce travail n'est pas resté figé. De nouvelles éditions ont vu le jour en 1988 puis en 2004, apportant des révisions conséquentes. Mais cette année, pour la première fois, la TOB intègre six nouveaux livres, jamais édités dans une bible en français ! Il s'agit de livres présents dans les bibles orthodoxes : 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, la Prière de Manassé et le Psaume 151.

Vous comprendrez que cette nouvelle édition figure en bonne place sur ma liste de cadeaux de Noël... ;)

mercredi 13 octobre 2010

Interruption de grossesse : théorie, pratique

A l'heure où l'objection de conscience fait débat, où les principes théoriques de chacun sont autant de balles jetées à la tête de l'autre dans des joutes politiques, je me trouve devant un cas des plus pratiques. Avec de nouvelles questions, de celles qui ne sont pas posées dans les assemblées...

Une amie, enceinte, a subi une amniocentèse. Cet examen faisait suite à une prise de sang[1], que l'on conseille maintenant à toute femme enceinte... Ce test, souvent proposé de manière anodine, sans explication de toutes les conséquences qui pourraient en découler, présente des résultats variables, et ne dépiste que la trisomie 21, a contrario d'une échographie qui a pour but de déceler différentes anomalies, dont un certain nombre peuvent être traitées[2].

Que d'angoisses. Peur du résultat du test sanguin, d'abord. Ce résultat est vague : une probabilité... Au dessus d'une certaine probabilité, l'amniocentèse est proposée, et même fortement conseillée[3]. Mais l'amniocentèse n'est pas sans risque... jusqu'à 2% de risque de fausse couche ! Et voilà les parents transformés en calculateurs, à peser des coefficients de risque comme des banquiers... Sauf que ce n'est pas une somme d'argent qui est en jeu, c'est la vie d'une famille...

Ensuite, si par malheur le résultat de l'amniocentèse est positif sur la trisomie, quelle décision à prendre ! Rien de moins que la vie ou la mort... Choisir de recevoir un enfant handicapé, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner, même si la lourdeur du handicap varie beaucoup sur les différents cas de trisomie 21... Ou bien choisir une IMG[4], ce qui veut dire la mort pour le bébé, et une épreuve particulièrement difficile pour la mère... Comment peut-on en arriver à effectuer, de manière quasi-automatique, des tests qui amènent à de telles décisions ?

Dans le contexte des dicussions actuelles, il me semble indispensable de conserver l'objection de conscience, comme l'Europe l'a confirmé. J'irais même plus loin : faut-il étendre l'objection de conscience, concernant aujourd'hui l'avortement, à l'amniocentèse, ou tout autre examen de dépistage spécifique à des maladies / handicaps incurables ? D'autres que moi se sont posé la question...

Enfin, dans un contexte oecuménique, autant la position de l'Eglise catholique est claire, autant celle de l'Eglise réformée semble nettement plus frileuse : le dernier rapport sur le sujet sur le site de la FPF date de 2004... On me répondra sans doute que l'Eglise réformée attache autant d'importance à la réflexion personnelle que l'Eglise catholique à l'obéissance... Mais n'est-ce pas, parfois, éviter le débat que de le reléguer à l'histoire personnelle ? Quid de l'accompagnement des personnes qui s'interrogent sur ce sujet ?

Notes

[1] le tri-test, appelé aussi HT21, qui recherche dans le sang de la mère trois hormones présentes chez le bébé, indicatrices de trisomie

[2] Ainsi un autre ami a eu une petite fille atteinte d'une malformation cardiaque détectée in utero, opérée aussitôt après la naissance, qui serait décédée sans échographie prénatale...

[3] avec l'argument massue "c'est remboursé par la Sécu !"

[4] Interruption Médicale de Grossesse

dimanche 04 juillet 2010

Acharnement

On se souvient (plus ou moins douloureusement) des "affaires" de prêtres pédophiles, les dossiers ressortis du formol, le besoin de mettre en cause des hauts dirigeants de l'Eglise catholique, jusqu'au Pape... Les prêtres s'étaient alors sentis attaqués en masse, car la généralisation et la théorie du complot étaient tellement présentes que tout geste, toute parole étaient passés au crible de la critique "bien-pensante".

On se remémore peut-être plus difficilement le cas de Liès H., cet homme qui a été, en plein "débat" sur l'identité nationale (ça veut dire quoi cette expression ??), le bouc émissaire du gouvernement et de Brice Hortefeux en particulier. Qu'avait-il fait ? Sa femme se déplaçait voilée des pieds à la tête... Mon Dieu quelle horreur ! Et comme ça ne suffisait pas, on s'est acharné à trouver tout et n'importe quoi, en niant le concept (utopique ?) de présomption d'innocence, depuis la fraude aux allocs jusqu'à l'exploitation de travailleurs irréguliers, en passant par la polygamie... Il fallait une punition exemplaire, je ne sais pas moi, le déchoir de sa nationalité française par exemple ! Et si on laissait faire la justice ? Il y a des enquêteurs, il y a des punitions prévues pour toutes les infractions qui lui sont reprochées...

Véronique Courjault a également eu droit au haro sur sa personne, en particulier lors de sa sortie de prison. Quoi ? Cette femme qui a tué froidement trois de ses bébés, un vrai danger public, "déjà" sortie de prison !! Eh oui. Elle a fait de la préventive, elle a purgé sa peine. Laissez-la donc se reconstruire ! Vous voulez des scoops en sortie de prison ? Suivez donc des prisonniers anonymes, ceux qui ne sont pas passés à la télé, voyez comme ils peinent à se réinsérer...

Aujourd'hui, c'est Liliane Bettencourt qui est à l'affiche. Cette femme, fortunée, riche héritière et en bisbille avec sa fille, est le prétexte pour toutes les critiques. Rendez-vous compte : elle a honteusement profité du bouclier fiscal, qui était justement mis en place pour des gens comme elle ! Cherchez l'erreur... Vous auriez fait quoi à sa place ?

Je pourrais aussi citer Jérôme Kerviel, ou d'autres noms devenus célèbres à force de médiatisation. Bref. Et l'amour dans tout ça ? L'amour du prochain, où est-il ? Ou bien, sans même parler de valeurs chrétiennes, la présomption d'innocence, le respect de la personne, où sont-ils passés ? Un certain Jésus, un temps, a parlé de paille et de poutre (Matthieu 7, 3-5 ; Luc 6, 41-42... On devrait peut-être en prendre de la graine.

mercredi 12 mai 2010

Internet = danger

Ca n'est pas nouveau, mais certains semblent le découvrir... Internet, et en particulier ce qu'on appelle les "réseaux sociaux", est à manier avec beaucoup de précautions.

Imaginons un moment un vaste domaine, disposant de salles plus ou moins vastes, avec des ambiances allant du heavy metal au chant grégorien en passant par le funk, pour se retrouver tranquillement en groupes (allant de 3 à 500 personnes, voire plus). Vous pouvez y entrer gratuitement, vous laissez juste votre carte d'identité au portier, en échange de quoi il vous remet un badge spécial qui prendra en compte toutes vos activités. Tout ceci est gratuit, vous êtes simplement sous le couvert de caméras de surveillance en permanence, et votre image est diffusée à qui veut la voir, sur des écrans géants tout autour de la propriété (oui oui, y compris quand vous passez au petit coin ou vous livrez à des activités interdites aux enfants avec votre conjoint du moment). Quand on se met sur un plan physique, il me semble qu'on voit tout de suite le danger de la chose.

Internet, c'est ça : une vitrine. Il ne faut jamais oublier que tout ce qu'on y met est susceptible d'être vu par n'importe qui. Est-ce que vous laisseriez votre carte de visite au premier passant dans la rue qui vous demande votre numéro de téléphone ? Je ne crois pas. Ainsi, il y a des précautions de base à prendre sur le net, comme dans la rue :

  • Ne pas donner son nom réel, utiliser son prénom ou un pseudonyme (sauf si vous êtes déjà un "personnage public" : élu local ou national, people, prêtre, pasteur...).
  • Ne jamais divulguer son adresse exacte si on ne connaît pas précisément la personne à qui l'on s'adresse.
  • Ne pas donner de numéro de téléphone. Si quelqu'un sur qui vous avez des doutes tient à avoir un moyen de vous contacter, donnez une adresse mail (réelle ou bidon, d'ailleurs).
  • Un peu plus subtil, mais pas tant que ça : ne confiez pas vos mots de passe à votre navigateur, et fermez systématiquement votre connexion lorsque vous avez terminé ce que vous aviez à faire sur un site (achat, jeu en ligne, commentaire sur un blog, discussion en ligne, etc).

Sur ce blog, j'ai déjà expliqué pourquoi je tenais à l'anonymat. Vous ne trouverez pas ici de photo de moi, ni nom, ni adresse. Idem sur mon profil Faceb**k. J'ai d'ailleurs longtemps hésité à en créer un, car depuis la création de cet espace j'ai senti le danger inhérent à ce type même de structure. L'informatique est mon métier, internet un de mes outils de travail. Un policier utiliserait-il ses menottes pour s'enchaîner lui-même à un lampadaire ?

mardi 27 avril 2010

Interdit d'interdire

Ces derniers temps, je me sens des pensées rebelles, comme le besoin d'un vent de folie, d'utopie d'un monde meilleur comme il pouvait en souffler en mai 68...

Interdire la burka ? Confusion des termes, confusion des genres, confusion des situations... Ce dont on parle n'est pas la burka des talibans, celle qui fait peur, qui est dangereuse car restreignant le champ visuel, étouffant les sons, empêchant les mouvements, transformant les femmes en fantômes. Non, ce dont on parle, c'est d'un voile dit "intégral", un habit appelé niqab dont une partie couvre le visage, un peu comme certains s'emmitouflent entre écharpe et bonnet en hiver. Si ceux-là peuvent se cacher sous prétexte du froid, pourquoi d'autres ne pourraient-elles pas se cacher sous prétexte de pudeur, de timidité, de protection ? Et qu'appelle-t-on "voile intégral" ? Parle-t-on du niqab exclusivement, ou bien cela engloberait-il les habits des soeurs chrétiennes ?

Interdire "pour la bonne cause" ? Laissez-moi rire... Que feront les femmes qui sont réellement obligées par leur mari à porter le niqab ? Ne seront-elles pas purement et simplement cloîtrées chez elles ? Quant à celles qui le laisseront de côté pour cause d'interdiction, combien d'entre elles subiront outrages et insultes ? Combien se sentiront agressées par notre société française où la "femme libérée" se doit d'avoir une sexualité débridée et montrée sur la place publique ? Tant qu'on y est, pour la bonne cause, pourquoi ne pas interdire les slips des ados apparents sous des jeans qui béent ?! Ce ne serait pas une bonne cause d'hygiène et d'esthétisme, ça ?

Heureusement, de la façon dont c'est présenté pour l'instant, il y a fort à parier que le conseil constitutionnel retoque le projet de loi... Si ce n'est la burka, interdisons la fessée, renchérissent les empêcheurs de vivre en rond ! "Vous n'imaginez pas combien d'enfants grandissent psychiquement choqués par une fessée !" nous disent les pédiatres. On imagine tellement mal, qu'eux-mêmes sont incapables de donner ne serait-ce qu'une estimation. Par contre, dans les pays où l'interdiction est déjà en place, on a vu des enfants se retourner contre leurs parents, des parents devenant laxistes de peur de cette loi, puis menacés par leurs enfants qui leur disent "de toute façon, tu n'as pas le droit de me toucher"...

Soyons honnêtes : dans l'éducation de mon ainée, qui a bientôt quatre ans, il m'est arrivé de céder à la fessée. Pas de gaité de cœur, oh non, ni parce qu'une "bonne fessée, ça remet les idées en place", comme je l'ai entendu dire. Mais parce que sous le coup de l'énervement, le trop plein de bêtises accumulées, les bornes sont dépassées, et qu'il faut bien le faire sentir, d'une manière ou d'une autre. Évidemment, ça fonctionne une fois, deux peut-être, ensuite l'enfant n'a plus peur des fessées, ou alors se ferme tellement qu'il n'y a aucune valeur pédagogique à ce geste. Alors on passe à autre chose : chez nous le plus efficace, c'est la punition sur la chaise...

Et si on laissait les gens être un peu intelligents, plutôt que leur dire ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire à chaque étape de leur vie ? "Va à l'école, bosse, fais de longues et prestigieuses études, gagne ta rolex avant cinquante ans, aie femme, maîtresse et enfants, sinon t'es pas un homme". C'est ça la vie ? "Surtout ne met pas de niqab, aie des enfants mais ne leur donne pas de fessée, prends autant d'amants que tu veux mais veille à ce qu'ils mettent des préservatifs..." Ça ne paraît aberrant à personne ?? Si on laissait plutôt les gens être responsables ? Quand on ne s'acharne pas à "vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola", c'est possible d'avoir des gens qui pensent, et qui réfléchissent même, si, si !

lundi 12 avril 2010

C'est trop facile...

C'est trop facile d'entrer aux églises, de déverser toute sa saleté, face au curé qui dans la lumière grise, ferme les yeux pour mieux nous pardonner...

C'est ainsi que chantait Brel dans Grand Jacques... C'est aussi l'impression que me laissent un grand nombre de personnes, dont je dirais volontiers qu'elles "hurlent avec les loups". Ouh, les vilains curés, qui sont tous des pédophiles en puissance ! Ouh, la vilaine Eglise, qui protège tous ces affreux bonshommes ! Ouh, l'horrible pape, à la tête de tout de ramassis de clercs malfaisants, et qui a sans doute été lui-même impliqué, il n'y a pas de fumée sans feu, après tout, hein ?! Et de toute façon, tout ça, c'est parce que les prêtres sont obligés d'être célibataires, on les autoriserait à se marier, ça n'arriverait pas... Ces discours sont tenus par des gens bien-pensants, qui estiment être "réalistes", qui finissent par penser réellement ce qu'ils disent. Jusqu'à des blogueurs habituellement mesurés comme Authueil, que j'admire pour sa capacité à démêler pour des "mékeskidis" comme moi les noeuds de l'Assemblée, mais qui dès qu'il s'agit de catho-bashing, est particulièrement violent...

Brel dans sa chanson, continuait ainsi :
Tais-toi donc, grand Jacques, que connais-tu du bon Dieu ? Un cantique, une image, tu n'en connais rien de mieux...

C'est trop facile de céder à la critique sans connaître. Ca n'est pas mieux de laisser libre cours à sa colère. Voilà pourquoi j'ai mis un certain temps avant de réagir. Même si je savais que je le ferais. C'est trop. Trop monté en épingle, trop de souffrances, trop de rancoeurs accumulées, trop de mots utilisés comme des armes sans qu'ils veulent dire la même chose pour l'un et pour l'autre, trop d'amalgames. Alors je vais essayer de résumer ce que je pense des scandales de pédophilie dont on parle à propos des prêtres :

  • Détruire un enfant en utilisant sa sexualité en devenir, c'est immonde. C'est irréparable. La seule chose qu'on peut faire, c'est prier pour eux et elles. Parce qu'aucune condamnation, aucune compensation financière ne peut rendre ce qui a été perdu dans un tel gâchis.
  • Utiliser un "statut", une position d'autorité, c'est un facteur aggravant.
  • Généraliser le cas de certaines exceptions à toute une catégorie, c'est du grand n'importe quoi. Pour les prêtres comme pour les professeurs, les boulangers, les animateurs de centres de vacances ou je ne sais quelle autre "catégorie" de personnes en contact avec des enfants.
  • Utiliser une cible comme une religion déjà battue en brèche par une sécularisation avançant à vitesse grand V depuis un demi-siècle, c'est l'assurance d'avoir "l'opinion publique" avec soi. Peu importe à quel prix, y compris celui de l'approximation...

Certains l'ont déjà dit mieux que moi, avec force arguments autrement plus fouillés : Koz et Armagilus chez les Sacristains, Natalia, Bashô chez le Chafouin... D'autres, au fil des jours, des articles et des attaques, ont dit leur souffrance, en plein coeur d'un Carême qui s'est révélé particulièrement éprouvant : David, Emmanuel, un ami chez Zabou...

Et puis, finalement, un manifeste de tous ceux qui refusent cet acharnement, est là, prêt à être signé : l'appel à la vérité. Parce que le Christ est venu pour tous. Pour nous sauver.

mercredi 24 février 2010

Les Sacristains font des émules...

Je ne sais si c'est l'air du temps ou une sympathique émulation fraternelle... Toujours est-il qu'un blog collectif, reprenant l'esprit des Sacristains, a vu le jour récemment, du côté protestant.

Il s'agit du blog de la paroisse parisienne de l'Oratoire du Louvre, judicieusement appelé Lab'Oratoire. Peuplé de nombreuses "pointures" du milieu protestant, mais aussi ouvert aux questions et aux participations de tous, sera-t-il une expérimentation concluante d'évangélisation par le blog ? Espérons-le !

Pour ma part, du peu que j'en ai vu pour l'instant, il est ouvert, simple d'accès, et représente assez bien à mes yeux "l'ambiance" réformée. Pour qui souhaite avoir une vue synthétique du monde protestant, cela peut donner un bon échantillon, pour rester dans le vocabulaire de laborantin...

Merci à Autheuil pour l'information !

dimanche 18 octobre 2009

De l'équipe des sonneurs de cloches

Voilà un mois que le blog des sacristains a ouvert ses portes, apportant son lot de réjouissances, questions, observations, sujets houleux, mais aussi trolls et autres débordements. Qu'en dire ?

En premier lieu, le buzz avant même le lancement du site fut efficace. Une semaine avant la date officielle (14 septembre, fête de la Croix Glorieuse), la plupart des blogs personnels à tendance catholique parlaient déjà de "sacristains" qui se préparaient à "sonner les cloches"... Sans forcément savoir ce qui allait se passer : célébration particulière ? Rassemblement à ne pas rater ? Aucune idée mais j'avais bien l'intention de suivre ça de près ! Et manifestement, beaucoup d'autres n'étaient pas en reste, à tel point que La Croix en a fait un article, dévoilant un peu en avance le but des fondateurs : "donner un peu plus de visibilité aux cathos 'mainstream'". Mon impatience d'entendre les cloches virtuelles sonner n'en a été que plus grande : comment allaient-ils se présenter ? Par quel sujet entameraient-ils leur voyage ?

De voyage, il en fut question. Les métaphores allèrent bon train, la sacristie s'est transformée pour l'inauguration en radeau pour les plus humbles, en trois-mâts pour les plus optimistes ou les plus ambitieux... En tout cas, l'équipage était radieux, heureux de travailler en groupe, de mener leur embarcation dans le même sens, et comptant bien garder sereinement le cap, que ce soit en cabotage ou en haute mer.

En parlant d'équipage, même s'il était exclusivement masculin au début, pour moi il ne faisait aucun doute qu'il s'élargirait avec quelques personnalités féminines. Ce fut rapidement le cas, d'autant que Jean-Baptiste Balleyguier a très vite mis les pieds dans le plat, avec son article "Où sont les feeeeemmes…", suite auquel la polémique a dépassé toutes les espérances de l'auteur en termes de commentaires, je pense ! Quelques jours plus tard, ce sont Anne-Claire et Zabou qui obtenaient leur admission dans la sacristie, priant "les hommes" de faire un peu de ménage (Edmond, rassemble ces tasses que je ne saurais voir... David, cet objectif qui traîne entre ciboire et lectionnaire ne serait-il pas le tien ?).

J'ai remarqué que les quelques sujets qui ont été lancés au départ du blog provoquaient le débat sinon l'empoignade. Etait-ce volontaire ? J'ose imaginer que leurs auteurs avaient gardé en réserve certains articles pour ce nouveau media... Cela veut-il dire que l'activité du blog va s'atténuer ? Probablement pas. L'avantage d'un blog collectif, c'est que les différents auteurs peuvent se passer le relais suivant leurs activités annexes, en fonction des sujets sur lesquels ils sont plus ou moins aptes à réagir, plus ou moins sensibles.

De mon point d'observation, j'ai quand même eu à l'esprit quelques questions : pourquoi un tel blog collectif ? Pourquoi maintenant ? Et existe-t-il quelque chose de semblable dans la communauté réformée ?

La principale raison du blog collectif est celle de la visibilité. Oui, mais... les blogueurs qui se sont rassemblés chez les sacristains n'étaient-ils pas déjà visibles ? Effectivement, en se rassemblant ils peuvent faire entendre leurs voix à l'unisson sur certains sujets. Cela justifie-t-il seulement la création des Sacristains ? Pas vraiment : le Pape lui-même leur a donné sa bénédiction pour faire entendre leur son (de cloche !) sur Internet...

Pourquoi maintenant ? Ca, c'est une question que je me pose encore. Sans doute les fondateurs ont-ils pensé qu'une période d'accalmie dans l'actualité serait plus propice au lancement (nécessitant forcément un peu de réglages) d'un tel site. Et puis, l'équipe a le temps de se souder avant la prochaine tempête médiatique que, n'en doutons pas, une société de plus en plus laïque (voire athée) saura de nouveau lancer !

Enfin, cela m'a donné l'idée de voir ce qui se faisait du côté des blogs protestants. Par la force des choses, c'est un peu plus compliqué à trouver, les proportions étant en France d'environ un protestant pour trente catholiques (source Wikipedia). Les quelques résultats que j'ai obtenus reflètent bien l'organisation synodale des Eglises protestantes... Pour la plupart, il s'agit déjà de sites ou de blogs collectifs : paroisses, associations, événements... Les quelques blogs personnels sont souvent ceux de pasteurs relatant leur expérience personnelle (tel celui d'Eric George qui me fait parfois l'honneur de passer par ici) ou publiant leurs prédications, parfois à la demande de leurs paroissiens. J'exagère, il y a aussi des blogs de profs-chercheurs...

Bref, ma curiosité fut comblée, je dois avouer que j'apprécie le blog des Sacristains, qu'ils m'ont fait découvrir des blogueurs que je ne connaissais pas encore... Leur façon de voir les choses donne une ouverture certaine à des points de vue personnels, un échange qui n'existerait pas ou qui serait moins visible entre leurs blogs personnels. Bon voyage !

dimanche 12 avril 2009

Il est vivant !

Et c'est une telle fête, qu'elle va durer cinquante jours... Et que la société civile en a gardé rien moins que trois jours fériés : lundi de Pâques, Ascension et lundi de Pentecôte !

Joyeuses Pâques à tous !

samedi 21 mars 2009

Choisis ton camp, camarade !

Le sujet n'en finit plus de faire cliqueter les claviers (oui, mille excuses, je trouve l'expression "faire couler de l'encre" quelque peu dépassée dans ce cadre)... Le Pape, et avec lui ses évêques, et par généralisation toute l'Eglise catholique, se trouve prise dans une tourmente médiatique. La cause ? Trois événements qui ont défrayé la chronique à peu de temps d'intervalle, chacun ayant suffisamment de retentissement pour soulever "l'opinion publique"...

Je ne vais pas reprendre ces événements, d'autres que moi l'ont bien mieux fait, le moindre n'étant pas Maître Eolas, avec son style inimitable et sa rigueur toute juridique... Citons également Koz (suite et fin), Autheuil (suite), Matthieu, Eric George, le Chafouin, Patrice de Plunkett, j'en passe et des meilleurs... J'ai eu l'occasion d'exprimer mon opinion en commentaire sur ces différents blogs.

J'ajouterai que le rôle d'un chrétien, dans ce genre de remous, n'est pas seulement de soutenir son Eglise, mais aussi, à mon sens, de prier pour les différents acteurs de ces situations... et pour obtenir le discernement ! Il est important de garder calme et pédagogie, expliquer, toujours expliquer les valeurs partagées par l'Eglise...

Et pour ceux qui n'adhèrent pas au discours de l'Eglise catholique, qui crient au scandale quand on ose dire que la préservatif n'est pas la solution idéale contre le SIDA, ou juste pour ceux qui souhaitent participer financièrement à la lutte contre cet ennemi insidieux, allez voir du côté du Sidaction !