Une Bible vraiment oecuménique !
Par Tigreek le jeudi 11 novembre 2010, 23:57 - Actualité - Lien permanent
Je ne pouvais pas ne pas en parler sur ce blog... La nouvelle édition de la TOB est sortie ! J'imagine déjà les mines perplexes de mes lecteurs devant mon sourire d'une oreille à l'autre... Quézako ?
La Traduction Oecuménique de la Bible, ou TOB pour les intimes, dont la première publication est parue en 1975, est une référence pour les chrétiens désireux de mieux connaître les confessions voisines. Pour la première fois, des biblistes protestants, orthodoxes et catholiques travaillaient ensemble pour produire une traduction moderne, fiable et sérieuse des textes.
Ce travail n'est pas resté figé. De nouvelles éditions ont vu le jour en 1988 puis en 2004, apportant des révisions conséquentes. Mais cette année, pour la première fois, la TOB intègre six nouveaux livres, jamais édités dans une bible en français ! Il s'agit de livres présents dans les bibles orthodoxes : 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, la Prière de Manassé et le Psaume 151.
Vous comprendrez que cette nouvelle édition figure en bonne place sur ma liste de cadeaux de Noël...
Commentaires
chrétiens et juifs, il me semble, non?
@ David : je ne me prononcerai pas là-dessus. Le canon juif fait évidemment partie de la TOB (puisqu'il correspond au canon protestant du Premier Testament, ou plutôt l'inverse, bref), mais je ne sais pas si des spécialistes juifs font partie du groupe de traduction...
Intéressant !
On en apprend tous les jours : je ne savais pas qu'il y avait 151 psaumes et plusieurs autres deutérocanoniques dans la tradition orthodoxe ! Merci Tigreek !
En revanche, je dois avouer que j'utilise assez peu la TOB... pas tellement à cause du O, d'ailleurs, mais je ne sais pas... je n'aime pas beaucoup cette traduction.
J'avoue avoir un faible pour celle d'Osty, certes un peu ancienne mais à la fois très proche du texte et très unifiée : un seul traducteur, ça aide pour avoir une unité d'ensemble ! Y compris dans la traduction elle-même : tel mot en grec ou en hébreu correspond toujours au même mot en français, sauf s'il y a une vraie raison de ne pas le faire... c'est le gros reproche que je fais à la BJ, qui prend - je trouve - de grosses libertés avec le texte, quelque fois même sans vraies raisons littéraires françaises (ou, du moins, je ne comprends pas ces raisons). En plus, elle préfère trop souvent la Septante à l'hébreu d'origine... ce qui m'a toujours laissé perplexe !
Bref... vive la nouvelle TOB !!!
Je n'ai qu'une vieille TOB : cadeau de confirmation de ma marraine ! Donc pour m'en faire changer... mais je jetterai bien un coup d'oeil à ces textes tout de même
Bon, j'avoue sinon utiliser de préférence la BJ pour l'aspect "littéraire" qui rend son texte si plaisant à lire, puis ses notes conséquentes... (Et pour "contrer" le reproche fait par Vianney, il suffit d'aller voir le texte grec en cas de doute, non ?)
Zabou, oui, il "suffit" d'aller voir le texte grec... sauf que tout le monde ne connaît pas le grec !
Figurez-vous - j'ose à peine le susurrer à votre oreille qui sera une tombe pour ce secret - figurez-vous que même certains séminaristes, diacres et prêtres n'arrivent même pas à assimiler assez de grec et d'hébreu pour lire ces textes couramment dans leur langue originale - Incroyable mais vrai, mais chut, hein !!!
Or beaucoup de mot ont un sens particulier (je pense à menô, chez Jean, demeurer, et à tant d'autres) qui font que, chaque fois qu'ils reviennent, on devrait avoir dans la tête et le cœur les autres emplois de ce mot, à d'autres endroits dans l'Écriture, qui entrent en écho, en résonance... si on traduit chaque fois par un terme différent, pouf ! tout ça disparaît. C'est dommage, car c'est un des mécanismes classiques de l'exégèse...
Alors je suis d'accord, traduttore traditore, n'est-ce pas, mais peut-être parfois traditore un peu moins, tout de même... (Comment ça, vous ne parlez pas NON PLUS italien ? Cela veut dire "traducteur, traître"... avec un jeu de mots)
@ Vianney : je connaissais l'existence des deutérocanoniques orthodoxes, mais je n'ai jamais trouvé à les lire en français (lorsque je cherchais un canon orthodoxe je le trouvais en russe, en grec, ou autres langues "orientales" mais pas français). Ce sera une bonne occasion de faire connaissance avec ces textes !
Je n'ai pas (encore) de TOB, car je dois avouer que cette traduction me paraissait plutôt... comment dire... formelle, voire franchement tordue, par rapport à d'autres qui prennent davantage de libertés avec le texte, mais en conservent le sens tout en le rendant intelligible à notre société. La version "Parole de Vie" est très bonne dans ce sens... J'ai eu l'occasion de travailler quelques textes en traduction Osty, et elle est sympathique aussi.
@ Zabou : c'est un beau cadeau de confirmation
Quant à la BJ, elle doit être faite pour les littéraires... Les scientifiques comme Vianney et moi préférons des versions plus pragmatiques, peut-être ?
@ Vianney (bis) : rhooooo, pas beau de dénoncer ses collègues... Ceci étant, je trouve que c'est un vrai plaisir de discuter avec des biblistes, une fois qu'on est suffisamment rompu aux langues bibliques pour pouvoir suivre !
Traduttore traditore, ou en français "traduire c'est trahir", c'est vrai, c'est pour ça que l'interprétation de tel ou tel passage ne peut se faire qu'à la lumière du texte original si possible, et du contexte d'écriture, etc... C'est ce qui rend l'éxégèse passionnante, non ?
Même pas besoin d'aller voir sur mon étagère...c'est une TOB, offerte au jour de notre mariage, remise au cours de la messe, par le prêtre qui célébrait. C'est le cadeau qu'il nous a fait, marqué de sa plume sur la première page, de ses mots si beaux, écrits juste pour nous....C'était il y a presque vingt ans. Comme Zabou, je n'en veux pas une nouvelle ! Pour Noël, faudra trouver autre chose !
Aaaah les traductions ! J'étais un mordu des dernières nouveautés à une époque...
J'ai entendu parler de cette nouvelle version de la TOB mais je ne suis pas encore allé voir... Quelqu'un d'entre vous aurait-il des échos sur les principales retouches ? En tout cas l'intégration du canon Orthodoxe est vraiment un plus, pour nous-même bien sûr mais surtout pour nos frères orthodoxes qui ne disposent pas de traductions francophones qui leur est propre.
En tout cas cela ne devrais pas trop changer ma manière de travailler les textes : comme pour Vianney, la traduction Emile Osty est mon outil principal. Si je veux plus précis il me faut des traductions universitaires comme ceux de l'IET de Bruxelles, mais il faut comparer ce qui est comparable : ces textes sont destinés à la recherche et non à une publication destinée au grand public, là on tombe pratiquement dans le mot à mot. Je trouve la Bible Osty nettement plus précise que les autres Bibles francophones, les Bibles catholiques en tout cas, je ne connais que les principales traductions protestantes. Par contre, pour quelques passages, Émile Osty fait des choix de traductions différents des les autres traductions, et comme il s'agit de l'AT et que je ne connais pas l'hébreux je ne sais pas si ses choix sont pertinents.
Vous utilisez l'interlinéaire de Maurice Carrez ? Je la trouve vraiment approximative. Pour moi son seul intérêt est le repérage de première intention pour le texte grec. Je l'utilise beaucoup à cette fin, mais c'est vraiment dans ce seul but : deux termes présents dans un même verset, "temple" et "sanctuaire" par exemple, ne sont rendus au final que par un seul et même terme, par exemple "Temple". Et inversement...
@ Anne-Claire : évidemment, un tel cadeau, c'est irremplaçable
C'est un plaisir de voir que le cadeau d'une Bible aux jeunes mariés se fait aussi chez les catholiques, jusque là je ne l'avais vu que dans les paroisses protestantes...
@ Olivier C : pour les principales retouches, voir le lien que je donne en début d'article, il y a quelques exemples.
Quant à mes propres outils de traduction, j'avoue ne pas connaître du tout l'interlinéaire dont vous parlez. Comme j'ai nettement moins d'expérience que vous, j'en reste pour le moment au Nestle-Aland ou à la BHS pour le texte, un dico spécifique au NT / AT, et le Bailly pour le grec (pour l'hébreu, je balbutie encore, on verra l'année prochaine).
J'utilise également beaucoup les outils en ligne, comme le site de l'Alliance Biblique Française, qui permet de rechercher une référence précise, les occurences de certains mots, et propose un affichage en colonnes de plusieurs traductions... Mon seul regret : que les traductions proposées n'en contiennent pas une catholique, comme la BJ par exemple.
"Quant à mes propres outils de traduction, j'avoue ne pas connaître du tout l'interlinéaire dont vous parlez. Comme j'ai nettement moins d'expérience que vous, j'en reste pour le moment au Nestle-Aland ou à la BHS pour le texte, un dico spécifique au NT / AT, et le Bailly pour le grec..."
Et bien vous avez les outils les plus essentiels, les autres ne sont que secondaires. Il parait que le logiciel BibleWorks est très pro aussi.
"... pour l'hébreu, je balbutie encore, on verra l'année prochaine"
En ce qui me concerne je ne ferais pas d'hébreux avant des années... et c'est bien dommage.
@ Vianney : oui, oui, je sais... mais le grec, c'est le bien, quoi m'enfin ! :p (bon, l'hébreu aussi mais j'ai dû arrêter cette année après une seule année d'étude, alors je ne peux trop en parler même si j'ai hâte de reprendre). Puis le grec ça me permet aussi des gros débats linguistiques tenant à la disputatio mais passionnant avec un vicaire de ma paroisse jusqu'à ce qu'on se mette d'accord sur une traduction.
Ah la traduction et son fameux adage... eh oui, toujours cette difficulté à ménager fidélité et élégance à la foi(s) !
@ Olivier C. : Je connais et utilise cette version en interlinéaire et la trouve utile mais, effectivement, pour son aspect pratique ! C'est notamment super bien quand on veut montrer quelques petits points de la Bible en VO à des grands jeunes : bien plus accessible qu'un NT uniquement en grec ! Après, pour la traduction, euh bof quoi.
@ Olivier C : les grands esprits, tout ça... Vianney me parlait justement de BibleWorks hier soir
@ Zabou : je plussoie, le grec c'est le bien D'ailleurs, depuis que j'ai commencé à l'étudier, le latin me paraît "brut" face à la finesse du grec...
Quant à l'hébreu, c'est une logique et une culture totalement différente, rien à voir avec le lien qui peut exister entre grec et français pour ce qui est de la grammaire, de la conjugaison... En ce moment je me concentre pour ne pas me prendre les pieds dans le tapis, et arriver à suivre dans l'apprentissage des conjugaisons...
J'ai complètement oublié l'hébreu, au point d'être incapable de le lire, même lettre à lettre. Faut dire que j'étais en quatrième année, bien chargée... même si j'ai beaucoup aimé, j'ai oublié aussi vite que j'ai appris !
Le grec, en revanche, je réussis encore à le lire couramment et à le comprendre en gros, mais moins bien que le latin tout de même !
L'interlinéaire peut être pratique pour une recherche rapide, mais j'utilise plus facilement le texte grec directement (surtout avec BibleWorks, bien pratique !).
@ Zabou & Tigreek : oui, le grec, c'est le bien ! Langue poétique et philosophique, alors que le latin est une langue beaucoup plus juridique et militaire. Ceci explique sans doute cela !
Quelque chose m'échappera sans doute toujours: si toutes ces traductions nouvelles (TOB 2010, NBS, Segond 21, etc etc) apportent réellement des nouveautés quant à la compréhension du texte biblique, cela signifie que nos prédécesseurs ont travaillé sur des bases sinon fausses, tout au moins imparfaites. Quand je lis que la TOB est enfin arrivée à maturité, j'en conclus que les versions précédentes étaient adolescentes et conséquemment de fiabilité douteuse. C'est grave si l'on se réfère au principe "Sola Scriptura"... C'est un peu comme si des chimistes d'aujourd'hui avaient été formés jusqu'à ces dernières années par des traités de l'époque de Marie Curie ou des astronomes par les ouvrages de Camille Flammarion...
@ Jacques : les traductions nouvelles correspondent à une mise en adéquation des textes anciens avec la langue vernaculaire, qui évolue au gré de la société... La traduction Segond de 1910, par exemple, correspond à un français qui ne se parle plus aujourd'hui, une langue derrière laquelle on ne met plus les mêmes concepts et qui pourrait donc nous induire en erreur dans notre compréhension des textes bibliques !
Et pour des explications à la fois plus complètes et précises, je vous invite à lire l'article de La Croix sur ce sujet.