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mardi 13 mars 2018

Aimer... en colloque

Elles sont venues, elles sont toutes là. Toutes ces personnes, d'âges divers[1], en habits monastiques d'une grande variété, avec col romain ou cravate, en civil... Je faisais bien comme un semblant de provocation, avec mon sweat à capuche marqué "I love Taizé" dans le dos. J'ai vu des sourires, j'ai entendu des remarques, des questions... Taizé reste une référence d’œcuménisme, plus ou moins connue.

Quel rapport avec le Carême, à part les calendriers qui se croisent ? C'est qu'il s'agit de montrer au monde, concrètement, l'Amour de Dieu, qui se manifeste jusqu'à nous réunir. Même si ce n'est que quelques jours. Même si nous reconnaissons que l'Unité de l’Église n'est pas encore pour demain. Elle est là, et elle avance à petits pas. Il est plus facile de détruire que de reconstruire, et l’œuvre progresse pierre après pierre.

La plus belle démonstration ? C'est le grand rabbin de France qui nous l'a faite, peut-être, cet après-midi. Si Dieu nous fait à son image, alors je suis à son image, tu l'es aussi, ta voisine, ton voisin l'est aussi. Ainsi, puisque nous sommes tous à l'image de Dieu, nous sommes égaux entre nous. En même temps, si Dieu nous fait à son image, alors Dieu nous fait uniques, car Dieu est unique. Nous sommes donc tous égaux, et uniques, à l'image de Dieu.

Le plus beau moment ? La prière œcuménique du soir. Des dizaines de ministres, tous avec leurs habits liturgiques, dans la chapelle universitaire. Une célébration à multiples voix. Une prédication sur la Transfiguration, en trois temps. Et de beaux chants qui nous invitent à nous laisser transformer par la puissance d'Amour de Dieu...

Je vous laisse avec un de mes préférés. Jubilez, criez de joie

Note

[1] Mais tout de même, soyons honnêtes, plutôt au dessus de 50 ans pour la plupart.

vendredi 17 janvier 2014

Question de point de vue...

Assertion de départ : "entre la Bible et la communion, y'a pas photo !"

Le catholique : "c'est sûr, entre un bouquin et le Corps du Christ, y'a pas photo !"

Le protestant : "c'est sûr, entre la Parole de Dieu et la commémoration d'un repas, y'a pas photo !"

Moi : "je prendrais bien la Parole de Dieu et le Corps du Christ..." ;)

lundi 03 juin 2013

Non communion

Note préliminaire : oui, ceci est le deuxième billet, sur le même sujet, coup sur coup. Le précédent était davantage un billet d'humeur. Parce qu'une heure d'adoration en union de prière mondiale, bien sûr c'est magnifique. Mais avec le contexte que j'ai pris en pleine figure samedi, et que je vais tenter d'expliquer dans le présent article, c'était très dur de me trouver en décalage, bien malgré moi.

Cela fait quelques années maintenant qu'il m'arrive, parfois, d'officier pour des cultes. J'ai eu cette chance, depuis le début de mes études de théologie, d'avoir tout à la fois une paroisse[1] particulièrement accueillante et une pasteur qui a confiance, et nous donne confiance.

D'ici quelques semaines, la paroisse sera sans pasteur, pour une année de vacance[2]. Je suis, avec d'autres, dans le panel des prédicateurs laïcs, et nous avons déjà préparé le planning pour les quelques mois à venir.

Mon prochain culte est prévu le 14 juillet. Comme à chaque fois que j'ai cette chance, j'essaie de transformer cette célébration en nouvelle occasion de fête oecuménique... J'invite des amis catholiques[3], je lance quelques petites provocations, toujours avec le sourire : "Tiens, c'est moi qui prêche ce jour là... Ca t'intéresse ?"... ;) Je tends mes petites perches dans l'espoir de créer de nouvelles passerelles, susciter des questions, des sourires, des louanges, de l'ouverture d'esprit, peut-être même des graines d'oecuménisme.

Cette fois, la formule change un peu. Le 14 juillet, c'est le deuxième dimanche du mois. Les deuxièmes et quatrièmes dimanches, ce sont des cultes avec Sainte Cène. Pour moi, cela prend une consonnance spéciale. Ce sera la seconde fois seulement ! Et à mon tour, partager le pain pour l'assemblée, offrir le vin, communier... Quelle joie ! Quelle fête !

Alors, comme chaque fois, j'invite. En précisant la Sainte Cène. Et que, selon la formule traditionnelle, "tous ceux qui reconnaissent Jésus Christ comme le Seigneur" sont invités à la table... Etonnement et joie pour la plupart, qui se réjouissent à l'avance... Et une réponse négative :
"- Tu sais que je ne pourrai pas participer..." La voix s'est faite un peu triste dans le combiné.
"- Hein ?!? Pourquoi ?!" Mais à la seconde où je pose la question, je connais déjà la réponse. L'Eglise catholique romaine demande à ses fidèles de ne pas communier à la Sainte Cène, pour éviter la confusion avec une communion pleine et entière, dans les canons de l'Eglise[4].

Je tente d'argumenter, qu'on se connaît, qu'il n'y aura pas de risque de confusion ni pour les gens présents, ni pour moi, que ce fichu principe de précaution n'a pas lieu d'être, pour une fois ! C'est peine perdue. Le devoir d'obéissance dans toute sa splendeur. Mon esprit n'est plus à la fête, seulement la séparation.

Pour moi, c'est une nouvelle déchirure. Une révélation : non seulement l'accueil eucharistique est de moins en moins possible pour les protestants, mais en plus, pour des catholiques respectueux du droit canon, l'accueil à la Sainte Cène n'est pas possible non plus ! Malgré tous les efforts d'ouverture et de pédagogie, c'est toujours une fin de non-recevoir. Là, je pense que beaucoup comprendront quand je dis que l'Eglise catholique romaine paraît vraiment méprisante ou orgueilleuse, au choix, vis-à-vis de ses partenaires dans l'oecuménisme...

J'en profite pour poser officiellement la question à mes lecteurs ayant quelques compétences en droit canonique : de même qu'on peut demander un accueil eucharistique à l'évêque de manière exceptionnelle, peut-on demander une dérogation pour un accès à la Sainte Cène ? Est-ce prévu quelque part en droit canonique ou je mets encore les pieds là où je ne devrais pas ? Faut-il que je travaille Unitatis Redintegratio[5] dans tous les sens pour en trouver une interprétation qui convienne ?

En fait ces journées à la con, ça te fait te sentir vivant,
ça me fait écrire des textes bien écorchés comme avant...
Grand Corps Malade, Jour de doute

Edit du 05 juin : j'ai ajouté le lien vers l'encyclique de 2003 exprimant la demande faite aux catholiques de ne pas communier hors de l'Eglise Catholique Romaine.
Merci au pasteur Pernot de l'Oratoire, et à son blog très précis sur la question.

Notes

[1] Je parle de la paroisse protestante ; je fréquente tout aussi assidûment la paroisse catholique, mais mes limitations y sont autrement plus importantes...

[2] Il n'y a pas de faute d'orthographe, c'est bien une vacance pastorale, et je vous prie de croire que ce sera loin d'être des vacances !

[3] Voire athée...

[4] Le texte exact est : "Les fidèles catholiques, tout en respectant les convictions religieuses de leurs frères séparés, doivent donc s'abstenir de participer à la communion distribuée dans leurs célébrations, afin de ne pas entretenir une ambiguïté sur la nature de l'Eucharistie et, par conséquent, manquer au devoir de témoigner avec clarté de la vérité." Ecclesia de Eucharistia, §30

[5] Texte de Vatican II concernant plus particulièrement l'oecuménisme, NDA

En travers de la gorge

Fête du Saint Sacrement ce dimanche. Avec évangile de la multiplication des pains. "Donnez-leur vous-mêmes à manger !". Dieu multiplie autant que nécessaire... A la seule condition qu'on mette un peu de nous-mêmes au départ !

Pour moi, c'est plutôt multiplication des douleurs. Car oui, l'intercommunion est, plus que jamais, absolument pas d'actualité. Et donc, pour des "métis" chrétiens comme moi, pour des familles multi-confessionnelles, pour les 90% des protestants qui ont épousé des catholiques, c'est toujours une déchirure.

Parce que l'Eglise catholique n'accepte l'accueil eucharistique qu'à de très rares exceptions.
Parce que les catholiques ne doivent pas entretenir la confusion en communiant à la Sainte Cène protestante.
Pas d'échappatoire. Pas de communion possible. C'est tout. C'est simple. Implacable. Douloureux.

Alors pardon Seigneur, j'ai eu un sourire ironique quand durant la prière eucharistique, le prêtre a évoqué l'unité à bâtir. Où est-elle, cette unité, quand on claque les portes sur les orteils qui essayaient de se glisser dans un entrebaîllement timide ?

Où est-elle cette unité, quand on pourrait avoir l'impression qu'il y a bien plus de raisons d'être écarté de la communion qu'il n'y en a d'y être accepté ? Divorcé remarié ? Ecarté ! Homosexuel non célibataire ? Ecarté ! Protestant ou mélangé ? Ecarté ! Avortée ? Ecartée ! Franc maçon ? Ecarté !

Il y a deux millénaires, un gars bien avait dit : "je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades." (Marc 2, 17). Le même a choisi de donner, comme le dit la prière eucharistique, "le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera donné pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés".

Et maintenant ?

C'est peut-être ça un jour de doute, c'est pas une chute de moral... C'est le besoin de vérifier que t'as encore bien la dalle !
Grand Corps Malade, Jour de doute

lundi 04 mars 2013

Coming out (1)

Comme ceux de la "génération Jean-Paul II", pendant plus de vingt ans je n'ai connu qu'un pape. Il était là avant ma naissance et malgré ce que mes parents, mes grands-parents en disaient, je ne pouvais pas imaginer d'autre que lui. Vieux, en blanc, souriant, avec ces yeux qui pétillent et la légende du "pape polonais inattendu" collée aux souliers.

Et voilà qu'en huit ans, il se passe davantage de choses qu'en vingt-cinq... Sans doute mon regard a-t-il changé aussi. Ceux qui avaient connu Vatican II et le grand essor libéral qui s'est ensuivi ont vu arriver Benoît XVI avec un oeil très critique. Dans mon entourage, beaucoup ont fait la moue et déploré l'arrivée au pouvoir du "panzer kardinal", comme il était surnommé. J'ai entendu prédire la mort d'un oecuménisme, prétendument rendu agonisant par les efforts de Jean Paul II. Les affres des différentes tentatives de rapprochement avec la FSSPX n'ont pas arrangé cette opinion, propageant l'idée que ce nouveau souverain pontife aimerait mieux faire l'unité avec une forme d'extrémisme qu'avec une sensibilité (réformée ou luthérienne par exemple) plus éloignée théologiquement mais aussi plus modérée. C'était, sans doute, oublier un peu vite l'accueil interreligieux à Assise, par exemple.

De mon côté, je me taisais. Craignant, un peu, un homme réputé intransigeant. Et me disant aussi qu'il avait été élu par ses pairs. Essayant de ne pas écouter les sirènes un peu trop défaitistes à mon goût. Oh, bien sûr, elles se sont accentuées avec les différents sujets délicats qui se sont révélés : SIDA, préservatif, avortement, pédophilie, et également anglicanisme, FSSPX, Vaticanleaks... Sujets ô combien sensibles, sur lesquels il n'est point besoin d'être chrétien pour s'écharper. Situations de souffrance où le ressenti prend trop souvent le pas sur la raison. Je ne crois pas que la Curie soit aussi pourrie qu'on a pu le lire. Je ne veux pas tomber dans l'angélisme non plus. Ce sont des humains, comme vous et moi. Sensibles, raisonnables, faillibles, croyants, passionnés...

Coup de tonnerre. Surprise. Sur le moment, j'ai cru que mon frère, qui m'avait envoyé la nouvelle par texto, me faisait une blague... Benoît XVI annonçait sa renonciation. Stupeur pour moi, je le voyais bien garder le gouvernail encore quelques années, ça doit être mon côté catho. Et à l'inverse, mon côté protestant se dit que ce Pape, par ce geste, est peut-être devenu le plus protestant de tous. En s'écartant de la charge lorsqu'il a estimé que, même avec l'aide de l'Esprit, ça n'allait pas suffire. Si ça, ce n'est pas un geste oecuménique, je ne sais pas ce que c'est...

Humilité, silence, béance. Se taire. Laisser parler. Et faire confiance.

mardi 12 juin 2012

Aujourd'hui, j'ai...

... savouré[1] les embrassades de mes filles au moment de partir bosser.

... oublié mon bouquin sur les méthodes des historiens, à potasser pour mercredi prochain. Du coup, j'ai médité le Symbole des Apôtres dans le RER.

... cravaché en parallèle sur trois sujets différents. Heureusement que les PC sont multitâches. Et que Dieu nous a doté d'oreilles et de mains ayant la capacité d'être indépendantes.

... compati aux malheurs de ma chef et réfléchi sur la façon de, peut-être, rationaliser un engrenage qui va de plus en plus vite, avec de plus en plus de sable dans les rouages, et de plus en plus de poids à porter.

... présenté des excuses pour mes erreurs. Humilité pas si simple en entreprise, où chacun doit défendre, parfois chèrement, sa place.

... couru pour être à l'heure chez la nounou. Retrouvailles toujours bienvenues... et avant de partir, des bisous pour tout le monde du haut de ses quatre-vingt cinq centimètres.

... partagé une méditation sur le thème "demander et faire confiance". Groupe oecuménique, multiculturel, multilingue : des chemins de foi, de vie, des échanges. Un rappel aussi : prendre du temps. Pour prier. Pour oublier un peu l'activisme. Se poser, prendre le temps qu'il faut dans cette société du "toujours pressé".

... accueilli avec une grande joie trois bonnes nouvelles. Un chemin de foi qui s'ouvre, pour un futur parrain qui a tout à apprendre... et l'envie de le faire. Une réconciliation, attendue, espérée, priée... et arrivée. Et une demande de baptême. Gloire à Dieu !

... changé de génération en même temps que de lieu. D'une réunion bilan à une autre. Joie du mois de juin !

... retrouvé un prêtre et une bande de mamans. Autour d'un bon repas, de Bibles et d'idées pour transmettre ce que nous croyons à notre progéniture. Et à celle des autres aussi, parce qu'on est sympas.

... prié avec Saint François d'Assise, en souhaitant ardemment que l'Esprit nous donne de pouvoir "mettre l'amour où il y a la haine", sans avoir d'arrière-pensée.

... rejoint mes pénates en pédalant sous la pluie, en pensant à ces heures bien remplies et en souriant. Merci mon Dieu ! Et à demain, si tu veux bien.

Note

[1] Une minute de trop, d'ailleurs, juste de quoi rater la navette. Paye ton quart d'heure à pied le long des voies pour rejoindre la gare.

mercredi 30 mai 2012

Souffle sur nos villes

C'est un rendez-vous que je ne voudrais pas rater. Une fois par an, chaque fois dans un lieu différent, ce sont au bas mot quatre communautés différentes qui se retrouvent : baptistes, anglicans, réformés et catholiques de plusieurs paroisses... Sourires, accueil, (re)découverte, clin d'oeil : "Tiens, mais on se connaît, nous !"... Au fil des ans, les liens se créent, doucement mais sûrement.

Il ne s'agit pas d'une messe ou d'un culte. Pas de sacrement, pas de liturgie habituelle, tout est permis... ou presque. La prière est axée sur nos villes et tous ses habitants. Du bébé le plus jeune jusqu'au maire, en passant par les travailleurs, les parents, les retraités, l'Esprit est venu pour tous ! Toutes les communautés ont participé à la préparation, de la louange à l'intercession. C'est une occasion inespérée pour découvrir d'autres expressions possibles de la foi.

Je suis à l'aise. Certains parleraient sans doute avec dédain de relativisme. Oui, j'aime le silence d'une adoration ou les méditations d'un monastère. Ici, je me régale des multiples manières de s'approcher de Dieu. J'apprécie la ferveur qui se dégage de la prière spontanée. J'aime chanter à pleine voix avec le groupe de louange. Je crie vers Dieu avec le groupe d'action catholique ouvrière, dénonçant la folie du monde du travail, cherchant les pépites d'espoir. Je fredonne "jamais tout seul" avec une jeune haïtienne vibrante de foi dans une situation de dénuement. Je prie avec les disciples d'Emmaüs, pour avoir le feu au coeur et savoir reconnaître le Christ dans ceux qui sont isolés au milieu de nos jungles urbaines. Je prie encore pour que le Seigneur donne la sagesse à ceux qui nous gouvernent, de près ou de loin... Je frappe des mains en chantant avec mes frères et soeurs pour garder au coeur ce moment de partage.

La soirée se termine sur une touche conviviale, autour d'un verre et de quelques biscuits. Discussions, sourires, échanges, surprises, présentations... Et à l'année prochaine pour une autre prière, ensemble, pour nos villes.

dimanche 09 octobre 2011

Et maintenant ?

L'actualité est riche, et les journées n'ont toujours que vingt-quatre heures... J'aurais pu vous parler des Etats Généraux du Christianisme, mais comme je n'ai pas pu y aller encore cette année... J'aurais pu aussi vous raconter comment mes amis hindous ont fêté Dussehra, la victoire du bien sur le mal... Ou alors... la célébration oecuménique de l'anniversaire du colloque de 1561 !

Stature similaire, mêmes cheveux poivre et sel, mêmes lunettes, même inclinaison de tête... La ressemblance s'arrête là. L'un est l'évêque du diocèse, l'autre un haut responsable de l'Eglise Réformée de France. Si la mise du pasteur est classique, en robe noire à rabat, celle de l'évêque m'étonne : sur la soutane, un surplis[1], une mosette[2], une étole blanche. Sans oublier la croix pectorale, bien sûr. Alors que les pasteurs sont en robe, et les autres prêtres en aube et étole blanche, il aurait voulu jouer la provocation qu'il ne s'y serait pas pris autrement : comment expliquer autrement un choix de vêtements liturgiques aussi "traditionnel" ?

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Viennent les méditations proposées par les deux principaux intervenants. Les tons sont différents, les attitudes, les discours également. Si besoin était, chacun des deux aura précisé sa position à demi-mot. Les mêmes questions se posent sur l'oecuménisme, comme toujours : qu'est-ce ? Comment y parvenir ?

Autant l'un des discours est conservateur, autant l'autre est ouvert. Le baume au coeur suit la douche froide. Mais le goût amer reste. Comment faire avancer l'oecuménisme, comment continuer à propager le feu de l'Esprit, comment proclamer l'universalité de la Bonne Nouvelle lorsque certains freinent ainsi des quatre fers, et le proclament ?

Notes

[1] à moins que ce ne fut un rochet ?

[2] pour les détails, voir cette page

lundi 29 août 2011

Taizé - Carnet de voyage - Teasing

Ce furent trois jours denses. Pleins. De joie, de soleil, de sécheresse, de prière, de larmes, de pluie, de déceptions, de chants, de clins Dieu, de nuages, de pas, de communion !

Au coeur de plus de deux mille cinq cents de mes frères et soeurs, j'ai vécu l'Eglise... Celle du Christ ressuscité. Dans un tel esprit d'union, de communion... Celui que j'y ai toujours retrouvé. Celui qui fait, qu'à Taizé plus qu'ailleurs, je me sens véritablement chez moi. Ce que frère Roger a déjà exprimé, bien avant moi :

Marqué par le témoignage de vie de ma grand-mère, j’ai trouvé à sa suite ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le Mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque.

Pas de conversion sinon celle du coeur, pas d'autre union que celle au Christ ressuscité.

mercredi 24 août 2011

Saint Barthélémy : nouvel élan pour l'oecuménisme ?

Blogs catholiques et protestants, discussions facebook s'accordent pour parler d'un jour, ou plutôt d'une nuit, funeste s'il en fût, massacre terrible pour le royaume de France, celui de la Saint Barthélémy.

Les protestants les plus "durs", qui ne sont pas forcément les réformés historiques, mais aussi certains venus au protestantisme par rejet profond et violent du catholicisme, marquent ce jour en rendant honneur aux victimes... Ils racontent encore et encore ce massacre qui s'est déroulé il y a cinq siècles, en expliquent aussi les tenants et aboutissants politiques qui ont fait des protestants des martyrs, en une sanglante nuit.

D'autres, plus nuancés, insistent sur le salut que chacun reçoit de Dieu. Pour une évangélisation, un retour à la Bible, et une adhésion au salut inconditionnel, typique des valeurs protestantes.

Et puis, chez les catholiques, pour moi la surprise est venue de cet ami prêtre, témoignant pour l'unité dans son statut facebook... Suivi de peu par Natalia, qui se demande où en est l'oecuménisme aujourd'hui.

Natalia précise bien les deux points qui "coincent" entre protestants et catholiques. Oui, les protestants regrettent le dédain de l'Eglise catholique, qui se considère comme la seule véritable Eglise... La culture relativiste ambiante nous conduirait-elle à finir par vouloir que l'Eglise croie qu'elle a tort parce que d'autres ne pensent pas comme elle ? Non, pas qu'elle a tort. Mais peut-être que, comme elle l'a dit dans Unitatis Redintegratio, les autres assemblées écclésiales ont aussi une part de vérité[1]...

Il y a déjà quelque temps, j'avais exprimé ici même, sous forme humoristique, l'impression que peut donner l'Eglise catholique aux autres communautés : un ensemble de croyants qui refusent qu'il existe un autre chemin vers Dieu... Tout en multipliant les contacts oecuméniques et interreligieux. Cherchez l'erreur...

Alors, aujourd'hui, l'oecuménisme, en panne ? Je ne le crois pas, j'espère le contraire. Parce que la mondialisation est présente, aussi dans ce domaine là. Parce que les coeurs, les esprits s'ouvrent, que les foyers mixtes sont de plus en plus nombreux, et davantage à refuser la compromission. Parce qu'une génération de "métis" comme moi existe à présent, est en train d'en créer une autre. Je crois profondément que les valeurs que nous transmettons sont celles du Christ ressuscité... avec les différences de sensibilité et de célébration de nos confessions.

Que tous les chrétiens, face à l’ensemble des nations, confessent leur foi dans le Dieu un et trine, dans le Fils de Dieu incarné, notre Rédempteur et Seigneur, et par un commun effort, dans l’estime mutuelle, qu’ils rendent témoignage de notre espérance qui ne sera pas confondue.
Unitatis Redintegratio, II, 12

Notes

[1] De plus, parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique : la Parole de Dieu écrite, la vie de grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles. Tout cela, qui provient du Christ et conduit à lui, appartient de droit à l’unique Église du Christ. Unitatis Redintegratio, I, 3

dimanche 21 août 2011

Concélébration

On ne s'est jamais parlé. C'est tout juste si on se salue, un peu de loin, respectueusement l'un pour l'autre, comme un signe de reconnaissance, sans mots. Toujours discret, il est là régulièrement, dans l'assemblée avec sa femme, aussi silencieuse que lui, et dont les yeux ne perdent rien. Parfois nos regards se croisent, et il y a un je-ne-sais-quoi qui passe...

Dès mon arrivée dans la paroisse je l'ai vite repéré. Je crois que ce qui a été le plus flagrant pour moi, ce fut sa croix pectorale. Aussi imposante que celle d'un évêque... mais d'une forme singulière, ouvragée, pas une simple croix latine ou un crucifix, non, non...

C

Et puis j'ai entendu parler de lui... Mes oreilles furent aussitôt à l'affût ! Non, il n'avait jamais "concélébré en rite romain", et oui, il y avait bien un couple d'orthodoxes qui faisait partie de la paroisse...

Mais le plus beau, c'est à l'autel que cela se passe. Quand il est là, il vient assister le prêtre pour donner la communion. Et c'est tout un ensemble de "petits" gestes qui marquent la reconnaissance entre ministres du culte : le prêtre ne lui présente pas l'hostie comme aux laïcs, mais le laisse se servir seul ; de même pour le vin qu'il présente aux autres ministres extraordinaires de la communion. Enfin, après la communion c'est lui qui replacera les hosties consacrées au creux du tabernacle...

Pas de mots mais des attitudes, celles de deux frères, en entente tacite, implicite. Un accord qui les lie par-delà les différences. Même quand le credo choisi par le prêtre est celui de Nicée-Constantinople, et que, jetant un regard en coin au moment du "filioque", j'ai bien remarqué la tête baissée et le silence...

J'aime cet oecuménisme vécu, ce partage sans mots, ces regards croisés... J'apprécie cette complicité, cette union de prière muette, cette présence multiple, témoignant que nous sommes tous Un... fraternellement en Christ.

mardi 26 juillet 2011

Un mélange de plus

Pour un dimanche de grandes vacances, il y avait foule au temple... Nos familles ont presque fait doubler l'audience habituelle. Tout le monde est là, sur son trente et un ; mes frères ont même sorti la cravate pour l'occasion... Marion gigote, tout en blanc, sourit à l'un ou à l'autre, réclame les bras...

Pendant tout le culte, l'oecuménisme a eu la part belle. Bien sûr, c'est au temple, et non, il n'y a pas de diacre ou de prêtre, encore plus difficiles à trouver qu'à l'habitude en ces temps de voyages, camps, pèlerinages... Mais je n'ai pas oublié Marie dans la confession de foi... Nous chantons le Magnificat après les lectures bibliques... Et mon frère, le parrain de Marion, a parlé à son tour[1] de notre mélange de culture, d'Eglises et de foi.

Bien sûr, il y aura toujours ceux qui répèteront que je dois choisir ; que tel ou tel acte m'engagera davantage d'un côté ou de l'autre ; qui ironiseront sur le baptême d'un futur troisième enfant à l'Eglise orthodoxe, eh pourquoi pas ? Ceux qui ne comprennent pas, ne comprendront peut-être jamais que ma foi ne peut être dichotomique, qu'entre le blanc et le noir il y a non seulement toute une diversité de gris, mais aussi toutes les couleurs de l'arc en ciel...

Mais des célébrations comme celle de dimanche me confortent, me donnent de l'assurance, et une sérénité que je ne pourrais trouver ailleurs. Nous étions tous là, tous ensemble, et je ne saurais trop définir ce lien qui nous unissait, à part parler d'Esprit... Parce que c'était bien plus grand que nous, nos visions étriquées d'églises et de communautés. Parce que Dieu était véritablement parmi nous, parce que notre pasteur a été remarquable dans l'accueil tant que dans sa prédication, parce que je ne pouvais, à mes yeux, faire plus éclatant comme témoignage de foi...

Parler d'Amour, parce que c'est universel et que cela surpasse tout le reste. Du Christ ressuscité, parce que c'est notre identité de chrétiens. De Dieu qui sauve, parce que c'est notre espoir pour chaque jour. Et de l'Esprit qui habite en nous, parce que c'est le trésor qui se cache en chacun !

Et quelle richesse que celle de nos rites si différents et aux liturgies pourtant extrêmement similaires... Bien sûr qu'il faut garder tout cela... Que répondre à ceux qui ne comprennent pas mon chemin, sinon en continuant à aller à la messe, au culte, aux différents groupes, aux activités diverses de la paroisse ? Que dire sinon continuer à étudier, encore, pour chercher Dieu inlassablement ? Que répliquer sinon ouvrir mon coeur, écouter, prier, et donner autant que possible, cet Amour que Dieu me donne de vivre ?

Alors, oui, c'est un petit mélange de plus... On verra...

Notes

[1] sans que nous nous soyons concertés, hein

lundi 13 juin 2011

Ensemble, une fois par an...

De tous les horizons
de diverses nations
de tous les milieux
de chaque sensibilité
d'une multitude de langues...

Joie de se retrouver
un an après
endroit voisin, visages connus.

Prières d'espoir
pour tous ceux qui n'en n'ont plus
chants, accueil de l'Esprit
et une louange inattendue,
à pleine voix...

L'oecuménisme en action
de quoi garder en tête
que l'Esprit nous mène
source de nos unions
aujourd'hui, demain, à jamais.

mardi 29 mars 2011

De la grâce au signe

Et de deux. Paul et Raphaël. Un apôtre et un archange. Avec de tels protecteurs, de quoi auraient-ils besoin ?

Et pourtant. Sur notre terre des hommes, nous avons besoin de signes. Même quand la grâce de Dieu nous inonde, même quand elle nous précède, et pour dire qu'elle est justement première, nous parents demandons le baptême pour nos enfants.

Dimanche, ce n'était pas comme parent que j'étais là. Le tour de ma cadette viendra, dans quelques mois. Non, dimanche, si j'ai vu la grâce, si j'en ai été témoin, si je l'ai signé, c'est parce qu'un tout-petit, la bouille toute ronde et le sourire avenant, m'a été confié, par ses parents.

Raphaël, petit bout, le visage baigné par l'eau, le front marqué du saint chrême, couvert du vêtement blanc, tu as été habillé par Jésus ressuscité. Tu es né à la Vie. J'ai cette chance de t'avoir comme filleul à présent. C'est une joie, et c'est une responsabilité, tu sais. Parce qu'on va inventer une nouvelle situation, toi et moi. Parce que je vais essayer de te faire connaître mon mélange, d'ouvrir ton esprit à la Bible, à l'histoire, à la fraternité, à tout ce qui fait que le monde est beau et que nous serons, si Dieu le veut, ferments d'unité. Parce que tu seras peut-être un jour, filleul à la fois d'un prêtre et d'un pasteur ? :)

Que Dieu te bénisse, Raphaël.
Qu'Il nous donne à tous, de savoir suivre avec confiance le chemin qu'Il nous montre...
Que nous gardions toujours la soif d'eau vive de la Samaritaine...

jeudi 11 novembre 2010

Une Bible vraiment oecuménique !

Je ne pouvais pas ne pas en parler sur ce blog... La nouvelle édition de la TOB est sortie ! J'imagine déjà les mines perplexes de mes lecteurs devant mon sourire d'une oreille à l'autre... Quézako ?

La Traduction Oecuménique de la Bible, ou TOB pour les intimes, dont la première publication est parue en 1975, est une référence pour les chrétiens désireux de mieux connaître les confessions voisines. Pour la première fois, des biblistes protestants, orthodoxes et catholiques travaillaient ensemble pour produire une traduction moderne, fiable et sérieuse des textes.

Ce travail n'est pas resté figé. De nouvelles éditions ont vu le jour en 1988 puis en 2004, apportant des révisions conséquentes. Mais cette année, pour la première fois, la TOB intègre six nouveaux livres, jamais édités dans une bible en français ! Il s'agit de livres présents dans les bibles orthodoxes : 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, la Prière de Manassé et le Psaume 151.

Vous comprendrez que cette nouvelle édition figure en bonne place sur ma liste de cadeaux de Noël... ;)

jeudi 12 août 2010

Famille dé- puis re-composée

Plus de vingt-cinq ans de mariage. Et puis, un jour, la rupture. Celle que (presque) personne ne pressentait. De la souffrance, partout, de celle qui déchire et qu'on croit ne jamais pouvoir surmonter. Le tourbillon manque d'emporter avec lui les esquifs qui s'approchent d'un peu trop près, s'inquiétant pour les êtres qui surnagent au cœur du maelström.

La tempête s'apaise, peu à peu. On prend des nouvelles, régulièrement, en essayant de rester en douceur, ne pas retourner involontairement le couteau dans la plaie, pas encore cicatrisée. Et puis, un jour, timidement : "J'ai retrouvé quelqu'un".

Rencontre. La famille éclatée a changé de visage, est devenue famille "recomposée". Des inconnus sont devenus presque frères par la volonté de deux personnes. Comme dans une vraie fratrie, on ne choisit pas : il faut apprendre à se connaître, se côtoyer, et espérer s'apprécier. Étrangement, les épreuves et les joies se partagent presque aussi facilement, même si on s'attache à rester à distance, se dire qu'on n'a rien en commun avec cette nouvelle famille. Les attaches prennent, au fil des ans.

L'Eglise est-elle comparable à une grande famille à l'histoire particulièrement houleuse ? Il y a eu les guerres de religions, dont les familles françaises portent encore parfois la trace dans leur généalogie... Aujourd'hui, nous convenons être frères entre confessions, mais nous ne voulons pas changer notre façon de nous comporter les uns par rapport aux autres. L'œcuménisme n'est pas se fonder tous dans le même moule : on ne demande pas à des frères de devenir des clones ! Mais ne serait-ce pas normal, pour une grande famille, de se retrouver à l'occasion autour d'un repas ?

lundi 02 août 2010

Communion familiale ?

Un déjeuner de famille est, chez moi, parfois l'occasion de débats plus ou moins houleux sur l'oecuménisme... Quatre générations de cohabitation catholico-protestante génèrent autant de heurts que de réconciliations, d'épisodes choquants ou déstabilisants que de bonnes surprises, d'incompréhension que d'explications... Dans les différents couples mixtes, et chez les enfants devenus "mélanges" (ma génération), une hypersensibilité s'est développée, nous sommes des écorchés vifs, réagissons au quart de tour sur toutes les questions épineuses, la plus symptomatique et symbolique étant (l'aurez-vous deviné, lecteurs de ce blogs ?) l'intercommunion. Qu'on l'appelle ainsi, qu'on lui préfère le nom d'accueil eucharistique, accueil à la Cène, la controverse est toujours la même et l'impression d'injustice et d'intolérance toujours dans le même sens...

Chacun y va de son anecdote[1], généralement des refus d'accueil eucharistique, ou de mariage oecuménique. Extraits :

Lors de la préparation à la première communion de sa fille, ma tante (protestante) va demander au prêtre de la paroisse si elle pourra communier, de façon exceptionnelle. Réponse du prêtre : "Ah ? Vous vous sentez donc davantage catholique que protestante ?". Interloquée, ma tante n'a pas poussé plus loin la tentative de dialogue.

Un couple mixte souhaite préparer et célébrer son mariage de manière oecuménique. Lors de la rencontre avec le prêtre, celui-ci leur dit "Il n'existe pas de mariage oecuménique. Soit vous faites un mariage catholique et le pasteur n'a pas son mot à dire, soit vous vous mariez au temple et j'y assisterai en civil[2]." Le couple, choqué par cette réaction, a laissé tomber l'idée d'un mariage oecuménique et s'est marié au temple.

Pour le baptême de Nathalie, le refus d'accueil eucharistique nous a été signifié, après maints rebonds, par le prêtre qui allait présider la cérémonie, en ces termes : "Je ne peux pas désobéir à mon évêque." Si la déception était au rendez-vous, c'était autant celle du refus du dialogue que celle de la réponse négative.

Les exemples pourraient être multipliés. L'Eglise catholique y apparaît toujours comme le "méchant" intolérant qui ferme systématiquement ses portes. En tant que "mélange", je souffre autant de voir les refus de l'Eglise catholique[3] que de la voir stigmatisée. Moi aussi, j'ai les nerfs à fleur de peau. Mais je voudrais tellement que tout le monde soit capable de passer par dessus ces réactions épidermiques ! Mon prof de théologie oecuménique ne s'y est pas trompé : lors de notre entretien pour valider le module, il a évoqué cette volonté de "passer par dessus". Non pas effacer, niveler, mais aller plus loin.

La théologie permet de percevoir différemment les points de divergence ; le cours de théologie oecuménique, en particulier[4], donne des bases pour comprendre chaque partie et construire quelque chose de plus fort que toutes nos oppositions, batailles, rancoeurs... Le chemin est probablement long, les explications nécessaires, les assouplissements difficiles. Mais je veux y croire.

Notes

[1] y compris mon grand-père, qui nous raconte (rien à voir avec la communion, mais c'est tellement... pittoresque, voire anachronique !) qu'une catholique venue un jour assister au culte, demanda ensuite au pasteur de se déchausser... pour voir s'il n'avait pas des pieds de bouc !

[2] NDLR : sous-entendu, "même pas en clergyman", alors qu'il le porte habituellement

[3] même si j'en comprends la logique

[4] proposé justement cette année, hasard ou... ? ;)

samedi 05 juin 2010

Comment vivre l'oecuménisme ?

Quand on parle d'oecuménisme, il y a plusieurs aspects (et autant de définitions que de personnes qui en parlent, mais c'est une autre histoire). La théologie d'abord, qui considère les tenants et les aboutissants de la situation actuelle, qui analyse les défis, les enjeux de notre temps, les progrès déjà faits, pour essayer d'aller de l'avant, de faire un pas de plus sur un chemin vers l'unité. C'est ce qui s'enseigne en fac de théo, mais qui est sans doute aussi ardu à enseigner qu'à apprendre...

Et puis il y a la pratique. La "vraie vie"... Hier soir, dans ma paroisse, se rassemblait un groupe oecuménique, au sein duquel se trouvaient des catholiques, des anglicans, des réformés. Un chant pour se mettre en condition (physique et spirituelle), la lecture d'un texte de la Bible (en l'occurrence le psaume 42), une discussion (souvent animée, parfois contradictoire mais toujours intéressante), puis un moment de partage autour d'un repas. J'apprécie beaucoup ce groupe et l'esprit qui y règne. C'est ouvert, chaleureux, on s'y sent un peu comme chez soi, d'où qu'on vienne, car les sourires et l'écoute sont présents en permanence. La parole y est libre, loin d'une morale qui pourrait paraître surannée ou des contraintes du quotidien, très loin des querelles de chapelle et encore plus loin des points d'achoppement théologiques.

Mais... il y a un "mais". Ce groupe existe depuis plus de trente ans. Les mêmes habitués s'y retrouvent et se sont vus vieillir ensemble. La technique de partage autour d'un texte biblique a été éprouvée et approuvée. C'est sans doute ce qui en fait l'esprit "famille". Le seul bémol, c'est que les membres ont aujourd'hui pour la plupart plus de soixante ans. Ils ont vu, vécu Vatican II en direct, profité du vent d'oecuménisme et de fraternité qui a soufflé à ce moment. Ils se sont rendus compte que partager la Bible, discuter autour de ces textes fondateurs, c'était fonder les bases pour commencer un chemin côte à côte. Mais ce groupe est resté figé dans cette réalité. Aujourd'hui, il existe une autre situation : la mienne et celle de milliers d'autres couples mixtes ou d'enfants "mélanges". Les questions ne sont plus vraiment celle de partager un texte fondateur ; c'est désormais acquis. Les questions aujourd'hui dans les familles mixtes sont celles du mariage, du baptême, de l'éducation des enfants, et d'un accueil à la même communion, qu'on l'appelle eucharistie, sainte cène ou qu'on imagine un sacrement nouveau...

Les Eglises ne sont pas très "chaudes" pour répondre à ce genre de questionnement. Dixit le curé de ma paroisse : "on veut bien participer, pas proposer". Partager sur la Bible ensemble, c'est très bien. Pour le reste, à chacun de galérer, trouver ses réponses tout seul en fonction des discours des uns et des autres (pas forcément les mêmes d'un pasteur à l'autre, d'un prêtre à l'autre, d'un évêque à l'autre...). Oui, j'aime l'esprit de grande famille de ce groupe d'anciens très chaleureux. Mais parfois, j'aimerais bien qu'on débatte un peu sur d'autres questions, dont je sais qu'elles se posent aussi à d'autres familles de nos paroisses...

mercredi 17 février 2010

Violette...

C'est le retour de la chasuble violette. Le Carême est commencé. Réflexion, méditation, jeûne sous une forme ou l'autre... Pendant quarante jours, chacun aura sa façon de se préparer à Pâques, de changer son coeur, son esprit, sa façon de faire.

L'évangile des Cendres dit "toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret" (Matthieu 6, 6). Je ne sais plus sur quel blog de pasteur j'ai lu un jour "c'est la voie de la facilité, pour un protestant, il le fait naturellement !". De même, les protestants ne suivent pas le Carême comme le font les catholiques. Pas de cérémonie particulière pour l'entrée en Carême ; pas de jeûne ; pas d'abstinence par rapport aux autres périodes de l'année.

"Mais alors, quelle préparation faites-vous à Pâques ?" ai-je entendu. Il y a le jeudi et le vendredi saint. Le vendredi saint en particulier est l'occasion d'une veillée de prière, davantage que la veillée pascale qui est plus ancrée chez les catholiques (et qui constitue un moment privilégié pour les baptêmes d'adultes). Quant à la "mise en condition", la méditation, la prière, l'humilité, c'est au quotidien que l'on est amenés à les faire, comme chaque chrétien. Chaque culte est propice à nous faire réfléchir sur nous-mêmes, davantage centré sur la Parole et l'exégèse que sur la Sainte Cène (qui n'est généralement pas célébrée tous les dimanches, d'ailleurs).

C'est un peu comme deux ambiances différentes... Ce serait sûrement intéressant d'échanger sur cette préparation à la fête qui constitue ce que nous sommes : des fidèles croyant à la résurrection du Christ ! Comment chacun se prépare-t-il à accueillir le Christ, la résurrection ; à vivre, revivre les instants les plus significatifs de la vie de Jésus, devenus l'essence sacramentelle de nos confessions ? Est-ce que cette préparation à Pâques ne nous permet pas de nous révéler à nous-même notre propre foi ?

mardi 26 janvier 2010

Prier pour l'Unité ?

Hier se terminait la semaine de prière pour l'Unité des Chrétiens. Rendez-vous devenu annuel, mis en place progressivement depuis 1908, et avec de plus en plus de réflexions menées autour de textes communs, cette semaine est devenue un moment particulièrement propice à l'organisation de célébrations rapprochant les différentes confessions chrétiennes.

Cette semaine me laisse un sentiment un peu mitigé.

Dans chaque communauté, chaque paroisse, on en parle, chacun essaie de rencontrer les autres... Bien sûr, des célébrations spécifiques sont organisées, pendant la semaine, de part et d'autre, des rencontres, des débats, des conférences ! J'ai aussi la joie de voir que les foyers "mixtes", inter-confessionnels, peuvent à cette occasion témoigner de leur vie, de leur expérience, de la richesse que peut créer l'apprivoisement mutuel de deux personnes d'univers différents. Certains réalisent la foi des autres, ouvrent les yeux sur une manière de prier qui ne leur est pas familière...

Mais... tout cela reste anecdotique à mon sens. Ce sont des célébrations faites "au plus arrangeant", des manifestations qui ne heurtent personne, une séance de prière ensemble, un débat... Tout ça en semaine, avec un public d'initiés, de gens déjà acquis à la cause, ou un minimum sensibilisés à l'oecuménisme. Pourquoi ne pas intégrer notre prière commune dans nos "sentiers battus" liturgiques ? Pourquoi passer sous silence, à la messe ou au culte du dimanche, ce désir d'unité ? Si nous le voulions vraiment, ce pourrait être possible ! Cela obligerait à vraiment nous concentrer sur le fond de notre foi, pas sur les apparences. Cela nous permettrait également de montrer au plus grand nombre l'accueil de nos frères d'autres confessions !

Je rêve d'un dimanche... où il y aurait une seule célébration, plutôt qu'une messe et un culte aux deux bouts de la rue. Une belle fête de l'unité. A la même heure. Tous ensemble. Pour chambouler un peu nos petites habitudes trop bien ancrées, chacun dans son lieu de culte familier. Pour montrer que nous pouvons faire autre chose que nous chamailler sur les points dogmatiques concernant la virginité de Marie, par exemple... Et si cette fête, c'était Pâques 2010 ?

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