Quand on parle d'oecuménisme, il y a plusieurs aspects (et autant de définitions que de personnes qui en parlent, mais c'est une autre histoire). La théologie d'abord, qui considère les tenants et les aboutissants de la situation actuelle, qui analyse les défis, les enjeux de notre temps, les progrès déjà faits, pour essayer d'aller de l'avant, de faire un pas de plus sur un chemin vers l'unité. C'est ce qui s'enseigne en fac de théo, mais qui est sans doute aussi ardu à enseigner qu'à apprendre...

Et puis il y a la pratique. La "vraie vie"... Hier soir, dans ma paroisse, se rassemblait un groupe oecuménique, au sein duquel se trouvaient des catholiques, des anglicans, des réformés. Un chant pour se mettre en condition (physique et spirituelle), la lecture d'un texte de la Bible (en l'occurrence le psaume 42), une discussion (souvent animée, parfois contradictoire mais toujours intéressante), puis un moment de partage autour d'un repas. J'apprécie beaucoup ce groupe et l'esprit qui y règne. C'est ouvert, chaleureux, on s'y sent un peu comme chez soi, d'où qu'on vienne, car les sourires et l'écoute sont présents en permanence. La parole y est libre, loin d'une morale qui pourrait paraître surannée ou des contraintes du quotidien, très loin des querelles de chapelle et encore plus loin des points d'achoppement théologiques.

Mais... il y a un "mais". Ce groupe existe depuis plus de trente ans. Les mêmes habitués s'y retrouvent et se sont vus vieillir ensemble. La technique de partage autour d'un texte biblique a été éprouvée et approuvée. C'est sans doute ce qui en fait l'esprit "famille". Le seul bémol, c'est que les membres ont aujourd'hui pour la plupart plus de soixante ans. Ils ont vu, vécu Vatican II en direct, profité du vent d'oecuménisme et de fraternité qui a soufflé à ce moment. Ils se sont rendus compte que partager la Bible, discuter autour de ces textes fondateurs, c'était fonder les bases pour commencer un chemin côte à côte. Mais ce groupe est resté figé dans cette réalité. Aujourd'hui, il existe une autre situation : la mienne et celle de milliers d'autres couples mixtes ou d'enfants "mélanges". Les questions ne sont plus vraiment celle de partager un texte fondateur ; c'est désormais acquis. Les questions aujourd'hui dans les familles mixtes sont celles du mariage, du baptême, de l'éducation des enfants, et d'un accueil à la même communion, qu'on l'appelle eucharistie, sainte cène ou qu'on imagine un sacrement nouveau...

Les Eglises ne sont pas très "chaudes" pour répondre à ce genre de questionnement. Dixit le curé de ma paroisse : "on veut bien participer, pas proposer". Partager sur la Bible ensemble, c'est très bien. Pour le reste, à chacun de galérer, trouver ses réponses tout seul en fonction des discours des uns et des autres (pas forcément les mêmes d'un pasteur à l'autre, d'un prêtre à l'autre, d'un évêque à l'autre...). Oui, j'aime l'esprit de grande famille de ce groupe d'anciens très chaleureux. Mais parfois, j'aimerais bien qu'on débatte un peu sur d'autres questions, dont je sais qu'elles se posent aussi à d'autres familles de nos paroisses...