La théo pour les nuls

Cette catégorie regroupe des billets qui se veulent didactiques, pour répondre à des questions que l'on m'a posées. D'autres articles expliquent des pratiques, des points théologiques qui peuvent être mal compris d'une confession à une autre.

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dimanche 27 février 2011

De la transsubstantiation (et sa définition)

Dans mon billet précédent, Vianney a profité de la légère mention que j'ai faite à la page "mini-dico" de ce blog, pour donner un éclairage plus précis sur la définition donnée pour la transsubstantiation :

Et j'arrive au terme "transsubstantiation", dont je copie-colle la définition :
littéralement, la transformation d'une substance en une autre. Le terme désigne, pour certains chrétiens (en particulier les catholiques), la transformation du pain et du vin en chair et sang du Christ lors de l'Eucharistie.
Et je corrige : non, pas "transformation", car il n'y a précisément pas de passage d'une forme à une autre.
Saint Thomas reprendra la plus antique tradition chrétienne, attestée par nombre de Pères de l'Église, en parlant de "conversion" de la substance du pain dans la substance du Corps du Christ et de la substance du vin dans la substance du Sang du Christ. Dans conversion, il n'y a pas la notion de forme qu'on trouve dans "transformation".

Toute personne un brin initiée à la métaphysique distinguera aisément entre substance première (dont on parle ici) et substance seconde, ie. la forme (dont on ne parle pas ici, puisqu'elle ne change pas !).
Pour les autres, il suffit simplement de constater qu'entre avant et après la consécration, rien, absolument rien ne paraît avoir changé : ni le goût, ni la couleur, ni la forme géométrique, ni la teneur en alcool (ça, je vous le promets, moi qui dois parfois consommer la fin du calice !), ni... rien. En revanche, dans la foi catholique et la foi orthodoxe, dans la droite ligne de toute la succession apostolique depuis l'origine (je ne le dis pas pour chipoter, je le dis parce que cela va forcément de pair : la foi en l'un implique la foi en l'autre, et réciproquement), on croit que cela, qui paraît un bout de pain, que ceci, qui paraît un peu de vin, est maintenant cela, le Corps du Christ, et ceci, le Sang du Christ.

Je remarque d'ailleurs que la définition dit "chair" et non pas "Corps". C'est bien peu biblique. On préfèrera donc "Corps" à "chair", qui ne désignent pas précisément la même chose.

Comme précisé dans ma page, la définition que je donne n'est pas de moi (j'eus été bien en mal de le faire, craignant surtout un faux-sens théologique), mais de Wikipédia. Vous me direz, avec raison, que ce n'est pas franchement une source fiable et que j'aurais pu chercher ailleurs... Difficile, sans tomber dans une interprétation partisane du phénomène cité !

Ainsi donc, en sources neutres, je peux proposer :

Mediadico : [théol.] Changement miraculeux de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ dans l'eucharistie.

Wiktionnaire : (Théologie) Changement miraculeux de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’eucharistie.

Vous remarquerez que ces deux définitions sont rigoureusement identiques et reprennent celle du Littré.

Le TLFi donne : THÉOL. (CATH. ET ORTHODOXE). Dans l'Eucharistie, changement total de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang du Christ au moment de la Consécration, alors que ces espèces restent les mêmes.

J'ai bien conscience que ces définitions peuvent paraître lapidaires et dénuées de tout le caractère de sacrement et de mystère (ou pas) que le terme implique. D'autres sites beaucoup moins neutres s'essaient également à la définition :

L'Église catholique en France : C'est littéralement la transformation d'une substance en une autre. Dans la théologie catholique, c'est la doctrine selon laquelle au cours de l'eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps et le Sang du Christ tout en conservant les caractéristiques physiques et les apparences originales. Aujourd'hui, les catholiques préfèrent utiliser l'expression "présence réelle". Cette doctrine prend le nom de transsubstantiation au concile de Trente (1551) où elle est officiellement proclamée par l'Église catholique, prenant ainsi position à l'encontre de la consubstantiation envisagée par les protestants.

Je précise que la consubstantiation n'est pas "envisagée par les protestants", mais uniquement par une partie d'entre eux, généralement appelée (en France) les Luthériens ; Calvin allait plus loin en délaissant la notion philosophique de "substance" et affirmant la présence du Christ dans la Cène par l'action du Saint Esprit.

Par ailleurs, des évangéliques[1] donnent : La transsubstantiation est une doctrine de l'Eglise Catholique romaine. Elle est définie dans la section 1376 du Catéchisme catholique. (...) En d'autres termes, l'Eglise Catholique romaine enseigne qu'une fois qu'un prêtre ordonné bénit le pain de la Sainte Cène, il est transformé en véritable corps du Christ (bien qu'il conserve l'apparence, l'odeur et le goût du pain) ; et lorsqu'il bénit le vin, il est transformé en véritable sang de Christ (bien qu'il conserve l'apparence, l'odeur et le goût du vin). Un tel concept est-il biblique ? Il existe des passages qui, s'ils sont interprétés de manière strictement littérale, conduiraient à la "présence réelle" de Christ dans le pain et le vin. (...)
Les Catholiques romains interprètent ce passage littéralement et appliquent son contenu à la Sainte Cène, ce qu'ils désignent par "Eucharistie" ou "Messe". Ceux qui rejettent l'idée de la transsubstantiation interprètent les paroles de Jésus dans Jean 6:53-57 de manière figurative et symbolique.

Bref. Le concept est difficile, particulièrement lorsqu'on veut "jongler" avec dans un environnement œcuménique, car il s'agit d'un des principaux points de divergence qui existent entre protestants et catholiques / orthodoxes.

J'ai très vite fait connaissance avec ce terme. A l'âge de huit ans, quand les autres enfants du caté se préparaient à faire leur première communion, on[2] m'expliquait que je ne pouvais pas faire comme les autres, que mes parents avaient créé quelque chose de nouveau, qu'un jour je pourrai choisir, mais qu'en attendant... Je n'avais peut-être pas encore l'âge pour choisir, je pouvais continuer à faire le caté et l'école biblique, mais cette histoire de transsubstantiation était un truc vraiment trop gros et je ne pouvais pas faire comme si j'y croyais, si un jour je décidais que ce n'était pas vrai. A cet âge, je connaissais ce mot, savais ce qu'il impliquait pour moi, l'histoire du fossé qu'il creusait entre les deux Églises dans lesquelles je grandissais, alors que[3] beaucoup de catholiques adultes ignorent aujourd'hui ce terme, désignant le mystère du sacrement qui est au cœur de leur foi.

Enfin, un mot de ma pasteur ce midi, alors qu'on parlait d'une discussion, justement sur le débat transsubstantiation / consubstantiation : "ce sacrement de la division, on l'appelle communion..."

Notes

[1] Ce n'est pas moi qui le dis, c'est leur propre site, dans sa version anglaise

[2] Un 'on' pluriel qui figure les "grands", mère, prêtre, pasteur...

[3] et j'espère le dire avec aménité

mardi 01 février 2011

Euthanasie dans la Bible ?

As-tu entendu parler de Longinus ? Que dit-on de lui dans la Bible ?
Parce que si c'est bien le méchant romain qui a percé Jésus de sa lance, c'est un cas d'euthanasie !

C'est en substance le propos que m'a tenu un ami ce midi. Il est, vous vous en doutez, de culture judéo-chrétienne comme il le reconnaît lui-même, mais plutôt agnostique, laissant de côté toute pratique un tant soit peu religieuse. Son idée était de justifier des propositions autorisant l'euthanasie "pour abréger les souffrances", par le fait qu'un soldat romain aurait achevé Jésus sur la croix, le perçant au côté à l'aide d'une lance.

L'accomplissement de l'Ecriture selon Jean

Le soldat qui a percé le flanc de Jésus après la crucifixion l'a fait une fois qu'il était mort, pour s'en assurer, d'après l'évangile de Jean (19, 34). Seul cet évangile, sur les 4 canoniques, mentionne le coup de lance, d'ailleurs.

Techniquement : le crucifié mourait par asphyxie à cause de la tétanie des muscles de la cage thoracique (et aussi à cause de la torture qu'il avait subie avant... Flagellation, portement de la croix ou de la poutre transversale, j'en passe et des pires). Lorsqu'il pouvait s'appuyer sur ses pieds, l'agonie était plus lente, alors les soldats qui voulaient abréger brisaient les jambes de ceux qui vivaient encore. Comme quelqu'un a indiqué que Jésus était déjà mort, le centurion a voulu vérifier. Ainsi, comme Jean l'indique par deux fois (19, 36-37), ce qui était dit dans les Ecritures (comprendre l'Ancien Testament) s'est produit[1].

Le soldat converti devenu Saint Longin

Dans l'évangile (canonique), ce soldat n'a pas de nom, et il y a un amalgame avec le centurion qui a commandé la centurie "de service" le jour de la crucifixion... et qui s'est converti (Matthieu 27, 54 ; Luc 23, 47). Il est cité dans un évangile apocryphe, l'évangile de Nicodème, et c'est là qu'on trouve le nom de Longin - Longinus.

Notes

[1] Référence multiple mêlant le psaume 34, Esaïe, Exode...

mercredi 12 janvier 2011

Sacrements et confessions chrétiennes

En guise de préambule à ce billet, je tiens à rappeler quelques points qui me semblent importants :

  • je n'exerce aucun ministère. Mes écrits n'engagent que moi, en aucun cas une communauté ecclésiale, quelle qu'elle soit.
  • les explications qui suivent ne se veulent pas un précis de théologie. Elles ont pour but de répondre à des questions sur les sacrements en général, de la part de gens qui ne sont pas des spécialistes en théologie, mais souhaitent s'ouvrir à la perception d'autres chrétiens sur leur foi.
  • les commentaires sont ouverts à la discussion (dans le respect de chacun), et il me semble qu'il ne manque pas de lecteurs théologiens de ce blog qui sauront répondre à toute question si je ne le puis pas ;)

Un sacrement, c'est quoi ?

C'est le signe visible de quelque chose d'invisible. Autrement dit, pour un chrétien, c'est la manifestation tangible de la grâce de Dieu, de l'amour du Christ ressuscité dans nos vies.

Définition catholique : Les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels nous est donnée la vie divine. (Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique, n°224)

Définition protestante : Les sacrements sont les actes cultuels directement institués par le Christ, liés à une promesse de grâce et à un élément tangible qui devient la manifestation visible du don divin. Par ailleurs, les Eglises réformées et luthériennes considèrent qu'un sacrement n'est efficace (c'est-à-dire qu'il devient don de grâce) que s'il est reçu dans la foi par son bénéficiaire et la communauté ecclésiale. (Source : Fédération Protestante de France)

Un sacrement commun : le baptême

Le sacrement commun à toutes les confessions chrétiennes est le baptême. Dans ce sens, il ne sera pas répété dans le cas d'une conversion d'une confession à une autre, il est reconnu entre les confessions. Il prend sa source dans les textes évangéliques du baptême de Jésus lui-même :

Alors paraît Jésus, venu de Galilée jusqu'au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. Jean voulut s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. » Alors, il le laisse faire. Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »
Matthieu 3, 13-17

Le baptême est en général administré par un ministre de la confession concernée (diacre, prêtre, pasteur, pope), mais peut être donné par n'importe quel chrétien si besoin. Du grec baptizô, "je plonge", le sacrement de baptême symbolise la nouvelle naissance du chrétien. Mort dans son ancienne vie terrestre, il renaît à la vie avec le Christ.

Cette renaissance se concrétise dans la purification par l'eau[1], par immersion ou aspersion, avec la prononciation par l'officiant de la formule trinitaire : "Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". Les orthodoxes et catholiques y ajoutent la marque du saint chrême, symbole des dons de l'Esprit.

Les sacrements catholiques et orthodoxes

Un point historique d'abord... Le schisme de 1054 (appelé aussi grand schisme d'Orient ou schisme de Rome, selon le point de vue), à l'origine de la séparation catholiques/orthodoxes, est fondé sur une raison essentiellement géopolitique : il s'agissait alors d'une revendication du pouvoir, entre la papauté et le patriarcat de Constantinople. Il en résulte que les sacrements catholiques et orthodoxes sont très similaires, le schisme ne portant pas sur les rites déjà établis.

Note : je confesse ma grande méconnaissance de l'orthodoxie, aussi je prie d'avance mes lecteurs d'excuser (et corriger si possible) les erreurs que je pourrais faire en parlant des sacrements orthodoxes...

Les sacrements sont répartis en trois catégories : l'initiation chrétienne, la guérison et le service.

Initiation chrétienne

Le baptême est le premier sacrement de l'initiation, suivi par la confirmation et/ou l'eucharistie.

Confirmation / Chrismation

La confirmation (catholique) ou chrismation (orthodoxe) marque l'effusion de l'Esprit Saint à la personne qui reçoit ce sacrement. Le confirmand est marqué, par l'évêque ou un prêtre ayant reçu délégation, d'une croix tracée sur le front avec le saint chrême, exprimant de façon visible la conformation au Christ du baptisé.

Ce sacrement est distinct du baptême, de la même manière que la Pentecôte représente pour les disciples l'achèvement du mystère pascal. Avec le baptême, le chrétien renaît avec le Christ et intègre une communauté ; avec la confirmation, il reçoit l'Esprit comme les disciples l'ont reçu à la Pentecôte, qui l'envoie en mission.

Eucharistie

L'eucharistie est le sacrement central de la vie du baptisé. Du grec eukaristeuô, "je rends grâce", il s'agit de la célébration de la passion et de la résurrection de Jésus, par la proclamation de la Bible et le partage des espèces eucharistiques, le pain et le vin, préalablement consacrées comme corps et sang du Christ, offert en sacrifice.

Souvent, l'eucharistie est appelée "communion". Mais la communion des fidèles au corps du Christ, s'il est le point culminant de la célébration, est indissociable des autres éléments de la liturgie, célébrée par un prêtre ou un évêque.

Tous les adultes confirmés, ainsi que les enfants ayant suivi le catéchisme et fait leur première communion, peuvent recevoir l'eucharistie. Les personnes qui ne peuvent se déplacer pour participer à ce sacrement en assemblée peuvent néanmoins recevoir la communion, préalablement consacrée, des mains d'un laïc.

Guérison

Confession / pénitence / réconciliation

Le pardon des péchés commis par un chrétien après son baptême, est accordé par le sacrement de pénitence et réconciliation. Ce sacrement est un retour à la communion avec Dieu par la conversion, et exprime la miséricorde infinie de Dieu, désireux de sauver tous les hommes.

Lors du sacrement de réconciliation, le pénitent se confie à un prêtre, qui le guide dans son chemin de conversion et de retour à Dieu, puis lui accorde l'absolution de la part de Dieu.

Sacrement des malades / onction

Le sacrement ou onction des malades a pour but de donner une aide spirituelle spécifique au chrétien souffrant d'une maladie grave ou de la vieillesse. Il ne remplace nullement les soins médicaux mais a vocation à apporter le réconfort, le courage et la paix pour supporter en chrétien les affres de la maladie ou de l'âge. Par ce sacrement, le malade est également uni à la souffrance de Jésus au moment de sa Passion.

Il est administré par un prêtre à l'aide d'une huile bénie par l'évêque, ou lui-même au besoin. Le prêtre marque les mains et le front du malade à l'aide de cette huile.

Service

Mariage

Le mariage est l'alliance que scellent un homme et une femme, constituant ainsi entre eux une communauté de toute la vie. C'est un engagement ferme, donné pour le bien des conjoints ainsi que la génération et l'éducation des enfants.

Les époux se donnent l'un à l'autre le sacrement de mariage. En conséquence, dans l'Eglise catholique, un diacre ou un prêtre peut célébrer un mariage.

Les Eglises diffèrent sur la dissolution du mariage : l'Eglise catholique n'accepte pas la dissolution du mariage, alors que l'Eglise orthodoxe l'autorise une fois.

Ordination

Le sacrement de l'ordre reconnaît les ministres, c'est-à-dire les évêques, prêtres et diacres. Ce sont les évêques qui administrent les trois niveaux de ce sacrement particulier. Les hommes appelés à ce service reçoivent une triple mission, au nom et en la personne du Christ : enseigner, sanctifier et gouverner le peuple de Dieu.

Pendant l'ordination, l'Esprit est conféré à l'évêque, au prêtre et au diacre par l'imposition des mains, d'une manière différente pour chaque ordre : ensemble des évêques pour un évêque, évêque et prêtres pour un prêtre, évêque seul pour un diacre.

Pour davantage d'informations, voir les sites des Eglises catholique et orthodoxe en France.

Les sacrements réformés

Le baptême est le premier sacrement protestant, complété par la Sainte Cène dans la vie d'église.

Sainte Cène

Le mot cène (du latin cena, 'repas'), est le nom donné au repas communautaire institué par Jésus Christ le soir précédant sa mort. Ce repas, est célébré par la communauté pendant le culte, en partageant le pain et le vin. Ce sacrement, auquel le Seigneur lui-même convie les chrétiens et s'offre à eux, est le mémorial de la première Cène.

Tout chrétien est invité à la Sainte Cène, quelle que soit son appartenance ecclésiale.

Rien d'autre ?

La particularité des sacrements réformés est de se conformer au principe de sola scriptura : seuls les signes institués par Jésus lui-même sont reconnus comme sacrements.

La confirmation, la bénédiction de mariage, la reconnaissance de ministère (ordination) sont des occasions de liturgie particulière, mais ne sont pas des sacrements[2].

Pour davantage de précisions, voir le site de la Fédération Protestante de France.

Notes

[1] à l'origine, les Juifs pratiquaient le baptême par immersion dans l'eau du Jourdain

[2] L'union des Eglises réformée et luthérienne en France, prévue en 2013, suscite des discussions sur le sujet.

mercredi 03 novembre 2010

Quels sacrements ?

Je vous livre une petite devinette, en attendant un prochain billet sur les sacrements : pouvez-vous citer[1] les sacrements des confessions chrétiennes (7 pour les catholiques et orthodoxes, 2 pour les réformés) ? Quel est le sacrement commun à toutes ?

Question subsidiaire : pour vous, un sacrement, c'est quoi ?

Notes

[1] de mémoire, cela va de soi ;)

dimanche 03 mai 2009

Quelles vocations ?

Aujourd'hui, dans l'Eglise catholique, c'est la journée de prière pour les vocations. L'évangile du jour correspond bien, c'est celui du bon pasteur (Jean 10, 11-18)... Ce qui correspond pile poil à la première idée qui vient à l'esprit quand on dit "vocation" à un(e) catholique : la vocation de prêtre, le bon Pasteur par excellence, le représentant de Jésus au sein de l'Eglise, chargé de veiller sur les brebis de la bergerie, et ramener les brebis égarées. Différents blogs relaient l'information (et la prière) : Edmond Prochain, Totus Tuus, entre autres.

J'aimerais m'attarder sur ce qu'on met sur le mot "vocation", car il n'a pas le même sens dans les différentes communautés.

Pour les catholiques, la vocation première, c'est celle de prêtre. Il est le ministre du culte par excellence, celui qui administre les sacrements, qui anime la vie des paroisses, qui participe à la formation des jeunes... Aujourd'hui, devant le manque criant de prêtres, la réorganisation se fait sentir, et les diacres sont appelés à prendre des fonctions plus importantes. Cependant, leur ministère est encore mal défini : super-laïcs ? sous-prêtres ? Quelle place leur donner ?

Davantage en marge du siècle, arrivent les religieux et religieuses. Différents ordres, avec des spiritualités et des pratiques très diverses, de la contemplation cloîtrée à la consécration au service dans le siècle... Tous sont consacrés et ont donné leur vie à Dieu. Leur vocation a-t-elle moins de valeur que celle d'un prêtre ?

Pour les protestants, qui historiquement ont réagi contre les excès de l'Eglise catholique du XVIe siècle, les vocations sont l'affaire de chacun. En effet, le pasteur, s'il a un ministère particulier, est surtout un croyant qui a reçu une formation particulière le rendant apte à former et guider les autres fidèles. Ainsi, parler de "prier pour les vocations" chez les protestants, serait simplement accentuer l'aspect particulier de l'Appel chez chacun... Tout croyant est appelé, selon ses compétences, sa Foi, sa disponibilité, sa formation, à un ministère au sein de l'Eglise... Assumer un ministère veut dire, en premier lieu, "rendre service". Chacun est appelé à se mettre au service de ses frères...

Alors, prions pour que tous les croyants entendent l'Appel qui leur est propre !

dimanche 05 avril 2009

Rameaux et/ou Passion ?

Aujourd'hui, c'est le dimanche des Rameaux. J'ai voulu, comme la proximité des lieux de culte me le permet depuis quelques mois, participer à la messe puis au culte, ce qui me donne l'occasion de partager des moments forts avec les deux communautés dans lesquelles je souhaite m'impliquer.

J'ai d'abord eu une surprise en allant à la messe, surprise de trouver dans la rue nombre de vendeurs à la sauvette qui fournissaient aux fidèles les rameaux à aller faire bénir à l'église... Je ne connaissais pas du tout ce genre de pratiques, venant d'un milieu rural où les gens qui venaient avec des rameaux de buis les prenaient dans leur jardin ou chez leur voisin... Ca m'a rappelé les vendeurs se trouvant autour du sanctuaire, à Lourdes ; curieuse cohabitation du sacré et du mercantilisme.

L'autre surprise, c'est que pour les catholiques, le dimanche des Rameaux est aussi celui de la Passion. Pourquoi ? Pourquoi passer en l'espace d'une célébration, de la joie de Jésus entrant dans Jérusalem à la souffrance de sa mise à mort ? Et surtout, pourquoi vouloir rapprocher ces deux événements, alors que la Semaine Sainte est là pour ça, pour nous faire méditer chaque jour en suivant Jésus dans Jérusalem, de la fête de son entrée triomphale, à la Sainte Cène le jeudi, et à sa Passion le vendredi ? Faisant quelques recherches, j'ai eu quelques éléments de réponse sur le site du Cybercuré.

Pour les protestants, les Rameaux sont avant tout une fête, celle de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule qui le salue avec des palmes, et porté par... un ânon. Et bien souvent, dans les cultes des Rameaux, la prédication et les diverses animations (les enfants du caté font ça très bien !) tournent autour de cet âne...

Ces différences donnent aux deux célébrations des ambiances singulièrement opposées : le ton est au recueillement et à la pénitence, la méditation chez les catholiques, tandis que chez les protestants, c'est plutôt la fête et la joie qui sont à l'honneur.

mercredi 25 février 2009

Préparer Pâques

Aujourd'hui, nous sommes le mercredi des Cendres, et pour les catholiques, c'est le début du Carême. Par curiosité, des catholiques m'ont demandé ce que faisaient les protestants pour le Carême. Réponse bien embarrassée de ma part, cherchant dans mes souvenirs : impossible de trouver quelque rite particulier, chez les réformés, pour l'entrée en Carême ou pendant la période pré-pascale... Et pour cause : historiquement, les protestants se sont élevés contre le Carême. Je me propose de faire ici un résumé comparatif de la période de préparation pascale pour les différentes confessions.

Chez les catholiques

Le Carême, autrefois aussi appelé "sainte quarantaine", est une période de 40 jours précédant Pâques. Il commence le mercredi des Cendres et se termine le samedi saint (veille de Pâques), mais ne comprend pas les dimanches. Historiquement, le Carême est un jeûne : un seul repas par jour. Le jeûne a disparu, mais le principe de privations est resté, pour aider une réflexion spirituelle qui doit amener le fidèle à se rapprocher du Christ.

Pour en savoir plus : portail de la liturgie catholique

Le Carême débute avec la cérémonie des Cendres, qui a donné son nom au premier jour du Carême, le mercredi des Cendres. C’est le début du Carême ; un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel on manifeste notre désir personnel de conversion à Dieu. En recevant l’imposition des Cendres dans les églises, on exprime avec humilité et sincérité de coeur que nous voulons nous convertir et croire vraiment à l’Evangile. L’origine de l’imposition des cendres appartient à la structure de la pénitence canonique. Elle commence à être obligatoire pour toute la communauté chrétienne à partir du Xème siècle. La liturgie actuelle conserve les éléments traditionnels : imposition des cendres et jeûne rigoureux. Les cendres viennent des rameaux bénis pendant le Dimanche des rameaux de l’année précédente, suivant une tradition qui remonte au XIIème siècle. La formule de bénédiction rappelle la condition de pécheur de qui la reçoit.

On appelle Carême la période de quarante jours réservée à la préparation de Pâques, et marquée par l’ultime préparation des catéchumènes (grands enfants ou adultes demandant le baptême) qui doivent être baptisés le jour de Pâques. C’est comme une retraite collective de quarante jours pendant lesquels l’Eglise propose à ses fidèles l’exemple du Christ pendant sa période au désert, se prépare à la célébration des solennités pascales, dans la purification du coeur, la pratique parfaite de la vie chrétienne et une attitude de pénitence.

La pénitence, traduction latine du mot grec metanoia qui signifie « conversion » (littéralement « changement d’esprit ») du pécheur, désigne tout un ensemble d’actes intérieurs et extérieurs en vue de la réparation du péché commis, et l’état de fait qui en résulte pour le pécheur. Littéralement « changement de vie » se dit de l’acte du pécheur qui revient vers Dieu après s’être éloigné de lui, ou de l’incroyant qui reçoit la foi...

La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. « L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyr, ils citent comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints et la pratique de la charité "qui couvre une multitude de péchés" (1 P 4, 8) » (Catéchisme de l'Eglise catholique, n° 1434)

L’Eglise nous invite à faire du Carême un temps de retraite spirituelle dans lequel l’effort de méditation et de prière doit être soutenu d’un effort de mortification personnelle, laissée à la libre générosité de chacun. Si on vit bien le Carême, on doit obtenir une authentique et profonde conversion personnelle, et nous préparer de cette manière à la plus grande fête de l’année : le dimanche de la Résurrection du Seigneur. Se convertir veut dire se réconcilier avec Dieu, s’éloigner du mal, pour établir une relation d’amitié avec le Créateur. Cela suppose de se laisser aller au repentir et à la Confession de tous et chacun de nos péchés. Une fois rétablis dans la grâce (sans conscience de péché mortel), nous devons prendre la résolution de changer de l’intérieur (dans les attitudes) tout ce qui ne plaît pas à Dieu.

Source : La Bonne Nouvelle

Chez les orthodoxes

Le Carême pascal est appelé "Grand carême" ou "sainte quarantaine", par opposition aux jeûnes précédant Noël, l'Assomption, la fête des saints Pierre et Paul. Il dure six semaines, du Lundi Pur au Samedi de Lazare, précédant le dimanche des Rameaux, lui-même précédant la semaine sainte. Comme chez les catholiques, le jeûne est un prétexte et/ou une aide à une réflexion spirituelle pour préparer son esprit à la fête de Pâques.

Pour en savoir plus : Wikipedia

Chez les protestants

Historiquement, le Carême a été contesté par les protestants, du fait de l'absence de fondement biblique, et parce qu'il n'est pas besoin de période particulière pour se préparer à la grâce que Dieu nous fait. Plus précisément, l'importance du Carême pour la spiritualité n'a pas été remise en cause, mais bien la pratique de la pénitence.

Actuellement, chaque fidèle se prépare à Pâques comme il le souhaite. Des prédications spécifiques sont proposées les 6 dimanches précédant Pâques, diffusées à la radio pour ceux qui le souhaitent.

Pour en savoir plus : Wiki-protestants