J'ai toujours trouvé difficile d'expliquer aux enfants que Dieu peut nous répondre, même s'il ne nous parle pas en "voix off", comme dans les films. Pour un certain nombre d'adultes, c'est aussi quelque chose de très abstrait.
Parfois, il suffit juste d'accepter l'évidence...
Un matin, j'arrive en avance pour mon cours de grec[1]. Comme souvent dans ces cas-là, je jette un coup d’œil à l'oratoire de la fac, juste en face de la salle de cours. Personne. Juste la croix, nue, qui me fait face. Je lui réponds en me signant lentement[2].
Puis je m'agenouille face à la tapisserie, représentant Jésus enseignant à ses disciples. Je commence avec un Notre Père, en mettant mon cœur dans chaque mot. Par réflexe je dis "ne nous soumets pas à la tentation", alors je répète "ne nous laisse pas entrer"...
Lorsque je fais silence ensuite, mes questionnements me reviennent... Suis-je à ma place ? Quel appel est donc le mien ? Et j'interroge "s'il te plaît, dis-moi ce que tu attends de moi... Je ne comprends plus, je ne sais pas..."
La porte s'ouvre, une tête passe dans l'entrebâillement. J'ouvre les yeux, reconnais une étudiante avec laquelle j'ai déjà eu plaisir à échanger. Mon visage s'éclaire, je la salue. Me voyant à genoux, elle me dit "c'est un bon réflexe, de prier avant les cours ! Je ne te dérange pas plus, je dois retrouver Carine[3]..."
C'est en reprenant ma place que l'évidence m'est apparue : ce qu'Il attend de moi, c'est que je fasse mon chemin, avec mes camarades, mes pairs, soutien et miroir de ma réflexion, là où je suis, comme je suis. Le reste s'arrangera de lui-même. Un temps pour tout[4].
Notes
[1] Ça change de la semaine précédente, où je n'ai même pas entendu mon réveil...
[2] Ne le dites pas à mes camarades réformés ou évangéliques, ça risquerait de les défriser !
[3] Comme il est de coutume, le prénom a été changé.
[4] Et merci l'Ecclésiaste, qui doit être le plus connu des livres bibliques avec cette expression !