Ca arrive, sans prévenir. Comme un mauvais rêve dont on aimerait bien pouvoir se réveiller en sursaut, et pousser un soupir de soulagement. Comme une impression de déjà vu, un malaise déjà vécu qu'on sent poindre, sans y croire encore.
Et pourtant, la seconde d'après, se rendre à l'évidence : ben non, il n'est plus là, le vélo sagement attaché, m'attendant avec siège enfant et casques, pour me ramener à la maison, la puce sur le porte-bagage. Plus rien, aucune trace, comme s'il n'avait jamais été là.
Alors, mon esprit oscille entre "Ducon !" et "que vienne ton règne"... Ce n'est que du matériel, et déjà je planifie les étapes : rentrer à pied d'abord (et faire subir à ma puce un trajet un peu long pour des petites jambes de quatre ans), puis porter plainte même si c'est juste pour la forme, et puis racheter... Il faudra trouver le temps dans mes journées chargées, pour ça aussi. Je n'en avais pas besoin !
Mais ce n'est pas "que" des objets. C'est mon moyen de transport, le plus efficace et simple en agglomération, c'est mon moyen d'évasion, mon défouloir et mon loisir aussi. C'est surtout le deuxième qu'on me vole, ajouté au cambriolage il y a quelques mois... Et tout cela, c'est un peu usant.
Ca touche, au fond, là, même si je voudrais bien faire semblant de ne pas le voir, de passer l'éponge aussi vite que je remplacerai ce vélo... Plus que l'objet auquel je ne m'attache pas tant que ça, c'est l'intention qui compte. Il y a le Mal, celui qui fait les grandes tragédies, qui ne se guérit que sur plusieurs années, voire jamais. Et puis il y a le mal du quotidien, celui qu'on voudrait faire paraître insignifiant, celui dont on dit que ce n'est pas grave, que plaie d'argent n'est pas mortelle... Pas mortelle, non. Juste fatigant, psychologiquement.