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lundi 30 janvier 2012

Unité et unions

C'était une nouvelle semaine de prière pour l'Unité. Il y a eu des temps de célébration ensemble. Des prières, bien sûr, des textes, des réflexions. C'était beau, d'avoir préparé ensemble, d'alterner les interventions, d'écouter la façon de croire de nos voisins. C'est toujours une grande joie de pouvoir louer, chanter ensemble, prier avec les mêmes mots. Nous avons réellement des raisons de louer Dieu pour tout ce que nous avons vécu dans cette semaine. Et quoi de plus important pour des chrétiens que d'unir leurs voix vers le Seigneur ?

Pourtant... C'était chouette d'être ensemble dans cette petite église, un peu froide mais simple et propice au recueillement ; mais les larmes me sont montées aux yeux quand même. Pendant que chacun prenait la parole pour louer ces prières pendant la semaine, pour confier aux uns, aux autres et à Dieu tel ou telle amie, collègue, enfant, ma gorge s'est serrée. Il paraît qu'il est temps de passer d'un oecuménisme de courtoisie à un oecuménisme de dialogue... Mais on en est tellement loin !! Il est où, le dialogue, quand on va écouter les autres une fois par an pour se donner bonne conscience ? Où se cache-t-il, le dialogue, quand les familles qui souhaitent garder vivantes leurs traditions, plutôt que d'en laisser une prendre le pas sur l'autre, ne peuvent toujours le faire que dans la douleur d'une séparation ? Où est l'Unité lorsqu'on ne leur permet pas l'union dans ce que le christianisme a fondé de plus beau[1] ? J'ai réalisé que l'oecuménisme qui se passe dans les paroisses n'est pas celui auquel je peux participer. On ne nourrit pas de la même façon un affamé et quelqu'un qui mange plus qu'à satiété.

Et aussi... ces pépites d'espoir. Deux Eglises, déjà en communion sur certains points, et qui préparent pour 2013 une véritable Eglise Unie. Le processus est long, difficile. Il doit ménager les sensibilités de chacun. Il met à nu les souffrances, les craintes, les rancoeurs, les réactions vives jusque là enfouies, les incompréhensions. Face à tout cela il y a des gens qui y croient, et qui déploient des trésors de patience, de dialogue, d'explication, de débats... Pour que finalement chaque personne trouve sa place, avec sa foi, son parcours, son envie de prier, de faire le chemin vers Dieu, dans cette nouvelle Eglise, qui ne sera pas forcément meilleure, mais davantage une, sainte, catholique[2] et apostolique !

Notes

[1] Oui, je parle bien de la communion

[2] mais, hélas, pas encore romaine

dimanche 20 novembre 2011

Brèves (de comptoir ?)

Bien sûr, il y a ces sujets qui font réagir : une nouvelle campagne de publicité Benetton mettant en scène de façon provocante diverses personnalités ; une obscure pièce de théâtre dont on n'aurait jamais entendu parler si elle ne foulait pas aux pieds les chrétiens et leur foi. Sur ces sujets, d'autres ont déjà argumenté, dit ce qu'il y avait à dire, invité à la prière, à la discussion. Pour ma part je ne saurais qu'exprimer ma tristesse et ma douleur de voir croyants et non-croyants, et même entre croyants les frères se déchirer... Quand les noms d'oiseaux volent entre chrétiens, quand les sous-entendus se font pesants de rancoeur, quand la violence pointe, dans les mots et les gestes envers prêtres ou blogueurs... Alors je ne peux que prier pour que la raison reprenne le dessus, et pour que Dieu nous donne d'écouter la petite voix de l'Amour, plutôt que de céder aux trompettes de l'affrontement.

Le théâtre aujourd'hui, j'en ai vu aussi : du chouette, du beau, de l'amateur... Une joyeuse bande d'ados venus avec leur pasteur, mettre en scène l'histoire d'Esther pendant le culte ce matin. Entre comédie musicale et théâtre contemporain, des costumes faits de bric et de broc mais suffisamment évocateurs, de l'humour, du punch, de l'authenticité ! C'était chouette, et ils ont été copieusement applaudis.

Il y a aussi de véritables trésors : une réminiscence d'un débat vieux de quelques siècles, joliment présenté par Zabou... Toute ressemblance avec un débat existant aujourd'hui serait purement fortuite ! ;)

Il y a aussi ce dimanche du Christ Roi. J'aime bien cette fête, depuis que j'en ai appris la signification[1]. J'aime bien les ornements blancs, la joie, l'ambiance apocalyptique au milieu d'un hiver qui s'annonce... Pas apocalyptique façon catastrophe, plutôt "rêve d'un nouveau monde". Et ce matin, à la messe, une jeune fille l'avait bien compris, ce rêve... Elle était hilare, agaçait sa mère à côté d'elle, se mettait à chanter un gloria quand le chant se terminait. J'ai bien aimé son sourire, son rêve, et puis encore ce sourire devant la communion... Lucille, elle s'appelle. C'est marqué sur son sac.

Il y a l'Avent qui arrive, mais cela, on le sait déjà, et depuis deux semaines au moins... Il sera bien assez tôt, la semaine prochaine, de se préparer à cette venue. D'ailleurs, je vais prêcher, pour cette entrée en Avent. Et si cela se confirme, si le conseil presbytéral de la paroisse est d'accord, il se pourrait que ce soit aussi... ma première célébration de la Sainte Cène !

Et puis, à contre courant des affiches publicitaires voulant nous faire consommer à tout crin, cette semaine j'ai vu fleurir de jolies photos dans ma station de RER... Pas de mannequin à taille de guêpe mais des enfants, des jeunes femmes, des grands-parents... Pas de slogan xyloglossé[2] mais de vraies belles propositions qui font du bien. Pas de sourire digne d'un dentifrice mais des mines sincèrement réjouies ! C'est la campagne annuelle du Secours Catholique. Et j'aime ça :)

Notes

[1] c'est-à-dire depuis peu, car mes connaissances sur le calendrier liturgique catholique sont toujours fortement lacunaires...

[2] merci à David pour l'expression ! ;)

dimanche 09 octobre 2011

Et maintenant ?

L'actualité est riche, et les journées n'ont toujours que vingt-quatre heures... J'aurais pu vous parler des Etats Généraux du Christianisme, mais comme je n'ai pas pu y aller encore cette année... J'aurais pu aussi vous raconter comment mes amis hindous ont fêté Dussehra, la victoire du bien sur le mal... Ou alors... la célébration oecuménique de l'anniversaire du colloque de 1561 !

Stature similaire, mêmes cheveux poivre et sel, mêmes lunettes, même inclinaison de tête... La ressemblance s'arrête là. L'un est l'évêque du diocèse, l'autre un haut responsable de l'Eglise Réformée de France. Si la mise du pasteur est classique, en robe noire à rabat, celle de l'évêque m'étonne : sur la soutane, un surplis[1], une mosette[2], une étole blanche. Sans oublier la croix pectorale, bien sûr. Alors que les pasteurs sont en robe, et les autres prêtres en aube et étole blanche, il aurait voulu jouer la provocation qu'il ne s'y serait pas pris autrement : comment expliquer autrement un choix de vêtements liturgiques aussi "traditionnel" ?

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Viennent les méditations proposées par les deux principaux intervenants. Les tons sont différents, les attitudes, les discours également. Si besoin était, chacun des deux aura précisé sa position à demi-mot. Les mêmes questions se posent sur l'oecuménisme, comme toujours : qu'est-ce ? Comment y parvenir ?

Autant l'un des discours est conservateur, autant l'autre est ouvert. Le baume au coeur suit la douche froide. Mais le goût amer reste. Comment faire avancer l'oecuménisme, comment continuer à propager le feu de l'Esprit, comment proclamer l'universalité de la Bonne Nouvelle lorsque certains freinent ainsi des quatre fers, et le proclament ?

Notes

[1] à moins que ce ne fut un rochet ?

[2] pour les détails, voir cette page

lundi 29 août 2011

Taizé - Carnet de voyage - Teasing

Ce furent trois jours denses. Pleins. De joie, de soleil, de sécheresse, de prière, de larmes, de pluie, de déceptions, de chants, de clins Dieu, de nuages, de pas, de communion !

Au coeur de plus de deux mille cinq cents de mes frères et soeurs, j'ai vécu l'Eglise... Celle du Christ ressuscité. Dans un tel esprit d'union, de communion... Celui que j'y ai toujours retrouvé. Celui qui fait, qu'à Taizé plus qu'ailleurs, je me sens véritablement chez moi. Ce que frère Roger a déjà exprimé, bien avant moi :

Marqué par le témoignage de vie de ma grand-mère, j’ai trouvé à sa suite ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le Mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque.

Pas de conversion sinon celle du coeur, pas d'autre union que celle au Christ ressuscité.

mercredi 24 août 2011

Saint Barthélémy : nouvel élan pour l'oecuménisme ?

Blogs catholiques et protestants, discussions facebook s'accordent pour parler d'un jour, ou plutôt d'une nuit, funeste s'il en fût, massacre terrible pour le royaume de France, celui de la Saint Barthélémy.

Les protestants les plus "durs", qui ne sont pas forcément les réformés historiques, mais aussi certains venus au protestantisme par rejet profond et violent du catholicisme, marquent ce jour en rendant honneur aux victimes... Ils racontent encore et encore ce massacre qui s'est déroulé il y a cinq siècles, en expliquent aussi les tenants et aboutissants politiques qui ont fait des protestants des martyrs, en une sanglante nuit.

D'autres, plus nuancés, insistent sur le salut que chacun reçoit de Dieu. Pour une évangélisation, un retour à la Bible, et une adhésion au salut inconditionnel, typique des valeurs protestantes.

Et puis, chez les catholiques, pour moi la surprise est venue de cet ami prêtre, témoignant pour l'unité dans son statut facebook... Suivi de peu par Natalia, qui se demande où en est l'oecuménisme aujourd'hui.

Natalia précise bien les deux points qui "coincent" entre protestants et catholiques. Oui, les protestants regrettent le dédain de l'Eglise catholique, qui se considère comme la seule véritable Eglise... La culture relativiste ambiante nous conduirait-elle à finir par vouloir que l'Eglise croie qu'elle a tort parce que d'autres ne pensent pas comme elle ? Non, pas qu'elle a tort. Mais peut-être que, comme elle l'a dit dans Unitatis Redintegratio, les autres assemblées écclésiales ont aussi une part de vérité[1]...

Il y a déjà quelque temps, j'avais exprimé ici même, sous forme humoristique, l'impression que peut donner l'Eglise catholique aux autres communautés : un ensemble de croyants qui refusent qu'il existe un autre chemin vers Dieu... Tout en multipliant les contacts oecuméniques et interreligieux. Cherchez l'erreur...

Alors, aujourd'hui, l'oecuménisme, en panne ? Je ne le crois pas, j'espère le contraire. Parce que la mondialisation est présente, aussi dans ce domaine là. Parce que les coeurs, les esprits s'ouvrent, que les foyers mixtes sont de plus en plus nombreux, et davantage à refuser la compromission. Parce qu'une génération de "métis" comme moi existe à présent, est en train d'en créer une autre. Je crois profondément que les valeurs que nous transmettons sont celles du Christ ressuscité... avec les différences de sensibilité et de célébration de nos confessions.

Que tous les chrétiens, face à l’ensemble des nations, confessent leur foi dans le Dieu un et trine, dans le Fils de Dieu incarné, notre Rédempteur et Seigneur, et par un commun effort, dans l’estime mutuelle, qu’ils rendent témoignage de notre espérance qui ne sera pas confondue.
Unitatis Redintegratio, II, 12

Notes

[1] De plus, parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique : la Parole de Dieu écrite, la vie de grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles. Tout cela, qui provient du Christ et conduit à lui, appartient de droit à l’unique Église du Christ. Unitatis Redintegratio, I, 3

dimanche 31 juillet 2011

Déculturation ?

Des tenues resplendissantes, une assistance attentive autant qu'émerveillée, une jeune femme reine du jour entrant au bras de son père... Des lectures, un échange de consentements, les jeunes mariés prenant la parole, un discours de l'officiant... Mariage "classique" à l'église ? Mariage, oui ; mais d'Eglise, point. Frustration, coquille vide, manque... J'ai du mal à exprimer mon malaise face à ce que j'ai vécu hier.

Certains diront que je suis peut-être "vieux jeu". Sans doute. Je ne sais pas, j'ai du mal à me réjouir, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse s'engager à ce point pour la vie, sans s'en remettre à quelque chose d'un peu plus solide que la simple parole humaine... Je peux comprendre une foi différente, des doutes, un questionnement... Mais qu'il n'y ait rien, sans que ce vide ne pose question, ça me dépasse. ou alors... Feront-ils comme l'un de mes amis, qui a demandé un "baptême républicain" pour sa fille ? Mais cet ami reconnaît au minimum une influence judéo-chrétienne sur les traditions qu'il reconnaît appliquer... Alors que là, rien, rien d'autre que "l'amour"... Mais quel amour ? Charnel ? Temporel ?

Par ailleurs, suite aux discussions avec mes amis indiens, dans lesquels le mariage prend une grande place car nos traditions et nos sociétés sont construites très différemment, viennent d'autres questions... Quelles sont les bases d'une telle union ? Qu'est ce qui la fera vivre à long terme ? En Inde, pour diverses raisons le divorce n'existe pas ; en France, statistiquement un mariage sur trois est touché par une séparation...

Cette union me fait également revenir sur celle de deux amis indiens, ou plutôt l'une indienne et l'autre français, naturalisé, de parents indiens. C'était il y a un an, et si les costumes des mariés étaient différents, correspondant aux costumes traditionnels indiens, le déroulement a été le même. Rien de plus, pas de traditions indiennes, pas plus de traditions françaises reprises, voire "arrangées" à l'indienne, comme ils l'ont fait dans beaucoup de gestes de leur vie de tous les jours... A l'époque je m'étais demandé si c'était volontaire ou non, dans quelle mesure il leur avait été possible, ou non, de faire une cérémonie religieuse. Avant de me rendre compte que mon amie ne m'avait jamais parlé d'une religion quelconque, et plus tard de réaliser qu'une communauté hindoue parisienne existe bien et est particulièrement vivante. Là aussi, le choix était donc volontaire de ne pas donner d'aspect religieux. Pourquoi ? Comment est-ce possible ?

Qu'on ne se méprenne pas... Je ressens aussi un malaise quand des mariés s'unissent à l'église "pour avoir un beau mariage" ou "parce que ça se fait comme ça dans la famille"... Je ne demande pas que chaque mariage soit forcément religieux. Je me demande simplement comment on en est arrivé là, comment est-ce possible de ne pas se poser plus de question sur les fondamentaux de la vie ? Est-on forcément fou quand on choisit de suivre une religion ?

mardi 26 juillet 2011

Un mélange de plus

Pour un dimanche de grandes vacances, il y avait foule au temple... Nos familles ont presque fait doubler l'audience habituelle. Tout le monde est là, sur son trente et un ; mes frères ont même sorti la cravate pour l'occasion... Marion gigote, tout en blanc, sourit à l'un ou à l'autre, réclame les bras...

Pendant tout le culte, l'oecuménisme a eu la part belle. Bien sûr, c'est au temple, et non, il n'y a pas de diacre ou de prêtre, encore plus difficiles à trouver qu'à l'habitude en ces temps de voyages, camps, pèlerinages... Mais je n'ai pas oublié Marie dans la confession de foi... Nous chantons le Magnificat après les lectures bibliques... Et mon frère, le parrain de Marion, a parlé à son tour[1] de notre mélange de culture, d'Eglises et de foi.

Bien sûr, il y aura toujours ceux qui répèteront que je dois choisir ; que tel ou tel acte m'engagera davantage d'un côté ou de l'autre ; qui ironiseront sur le baptême d'un futur troisième enfant à l'Eglise orthodoxe, eh pourquoi pas ? Ceux qui ne comprennent pas, ne comprendront peut-être jamais que ma foi ne peut être dichotomique, qu'entre le blanc et le noir il y a non seulement toute une diversité de gris, mais aussi toutes les couleurs de l'arc en ciel...

Mais des célébrations comme celle de dimanche me confortent, me donnent de l'assurance, et une sérénité que je ne pourrais trouver ailleurs. Nous étions tous là, tous ensemble, et je ne saurais trop définir ce lien qui nous unissait, à part parler d'Esprit... Parce que c'était bien plus grand que nous, nos visions étriquées d'églises et de communautés. Parce que Dieu était véritablement parmi nous, parce que notre pasteur a été remarquable dans l'accueil tant que dans sa prédication, parce que je ne pouvais, à mes yeux, faire plus éclatant comme témoignage de foi...

Parler d'Amour, parce que c'est universel et que cela surpasse tout le reste. Du Christ ressuscité, parce que c'est notre identité de chrétiens. De Dieu qui sauve, parce que c'est notre espoir pour chaque jour. Et de l'Esprit qui habite en nous, parce que c'est le trésor qui se cache en chacun !

Et quelle richesse que celle de nos rites si différents et aux liturgies pourtant extrêmement similaires... Bien sûr qu'il faut garder tout cela... Que répondre à ceux qui ne comprennent pas mon chemin, sinon en continuant à aller à la messe, au culte, aux différents groupes, aux activités diverses de la paroisse ? Que dire sinon continuer à étudier, encore, pour chercher Dieu inlassablement ? Que répliquer sinon ouvrir mon coeur, écouter, prier, et donner autant que possible, cet Amour que Dieu me donne de vivre ?

Alors, oui, c'est un petit mélange de plus... On verra...

Notes

[1] sans que nous nous soyons concertés, hein

vendredi 15 juillet 2011

Dans l'eau et dans l'Esprit

Je n'en ai guère parlé dans ces pages, peut-être parce que je n'ai plus les mêmes motivations que pour notre aînée... Ou peut-être parce que cela m'est finalement plus simple. Mais passons. Dans quelques jours, c'est notre seconde fille, Marion, qui recevra le baptême.

Si Nathalie avait été baptisée à l'église, après la messe, c'est pendant un culte dominical, et avec[1] une présence conséquente des deux communautés, que Marion va recevoir le premier des sacrements. Nonobstant le commentaire entendu à plusieurs reprises[2], nous avons maintenu le choix du temple pour différentes raisons.

Aujourd'hui, la préparation d'un baptême, en particulier d'un baptême d'enfant, doit grandement gérer les sensibilités de chacun. Croyant, un peu, beaucoup ou pas du tout, les parents ont leurs raisons de demander ce sacrement pour leur enfant. Aux Eglises de savoir réexpliquer la valeur du sacrement, la grâce infinie de Dieu, l'entrée dans une communauté qui s'efforcera d'être accueillante, toujours... Mais les prêtres et pasteurs, et les membres des équipes de préparation qui passent par ici pourraient en témoigner bien mieux que moi.

Quand se rajoute la composante oecuménique, ça se corse encore un petit peu. Non seulement il faut arriver à dire ce qu'on souhaite, nous les parents, mais en plus il faut l'expliquer à au moins deux interlocuteurs (un prêtre et un pasteur), avec nos mots maladroits, dire notre symbolique du sacrement, tous les espoirs que l'on y place, la valeur que ce geste prend pour nous, pourquoi notre foi, nos engagements nous poussent à demander le baptême pour notre fille.

Alors, c'est peut-être un peu compliqué, tout ça. Et oui, je sais, ça fait beaucoup de "peut-être" en quelques lignes. Une chose est sûre... C'est que plus que jamais je veux dire, chanter, crier, argumenter, et redire encore : je crois en Dieu, Père, Fils et Esprit, un Dieu unique, universel, amour pour tous et chacun... et c'est cette foi que je veux transmettre à mes filles !

Et dans quelques jours, j'espère que la fête sera au rendez-vous, que vous vous unirez à nous, à la grande joie de voir Marion accueillie elle aussi dans la maison de notre Père !

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Notes

[1] Je l'espère !

[2] "Et si un troisième naît un jour, vous le ferez baptiser à l'église orthodoxe ?"

lundi 27 juin 2011

L'Esprit en perfusion

Que dire, comment résumer ces dernières trente-six heures ? Tant d'émotions, de joie, de larmes aussi... Et en même temps une immense paix... Tout cela avec l'engagement de cinq hommes ou petits bouts d'hommes, de trois à trente ans !

Un culte spécial, en plein air, un peu retardé par rapport à nos habitudes, pour que chaque famille puisse y assister, termine l'année scolaire. Les enfants qui ont suivi tout un cursus nous présentent leurs travaux, histoires, chants et gestes... Et parmi eux, deux garçons de dix ans ont décidé de demander le baptême. C'est quelque chose, à dix ans, de faire une telle démarche ! Avec et devant les parents, la famille, les copains... Beaucoup d'émotion, du genre de celle qui se voit sur les visages, s'entend dans les voix, se transmet de génération en génération. Chacun des enfants a témoigné du manque qu'ils ressentaient, l'un pour sa grand-mère, l'autre pour son grand-père, décédés récemment. L'un est venu recevoir le baptême avec ses frères... La paroisse est alors une grande famille, plus que jamais, prenant soin de ses enfants, tous unis, tous liés dans l'Esprit.

Autre lieu, autre heure, mais toujours sous la bienveillance de l'Esprit, appelé au coeur de l'assemblée pour cette fois ordonner cinq nouveaux prêtres, dont Vianney... Lors de la prostration des ordinands, une litanie des saints prenante, belle, emplit la cathédrale, faisant chavirer mon coeur... Et de loin, je vis le héros du jour concélébrer avec l'évêque sa première eucharistie. Même avec deux petits monstres très peu sensibles à la solennité du lieu, ce fut une très belle célébration...

Merci Loïc, Jérémie, Vianney ! Pour votre engagement, pour votre présence, pour votre pas en avant, qui nous montre, à chacun, la voie vers le Christ !

lundi 13 juin 2011

Ensemble, une fois par an...

De tous les horizons
de diverses nations
de tous les milieux
de chaque sensibilité
d'une multitude de langues...

Joie de se retrouver
un an après
endroit voisin, visages connus.

Prières d'espoir
pour tous ceux qui n'en n'ont plus
chants, accueil de l'Esprit
et une louange inattendue,
à pleine voix...

L'oecuménisme en action
de quoi garder en tête
que l'Esprit nous mène
source de nos unions
aujourd'hui, demain, à jamais.

dimanche 08 mai 2011

Retour(s)...

Du Japon. Après deux semaines de tourisme, de soutien, de discussion en franglo-japonais, de kendo[1], quelques heures d'avion, voilà une arrivée qui était attendue ! Avalanche de cadeaux et de surprises, de gadgets et de beaux objets, de câlins, rires, souvenirs, photos... Une famille un peu perturbée mais réunie, heureuse, prête à repartir sur un rythme (presque) retrouvé.

Au "doublé". J'étais en manque. De sacré, de liturgie, de célébration, de temps calme où retrouver Celui qui me nourrit. Hier lors de la célébration d'éveil à la foi des tout-petits, sur Saint François d'Assise, nous les parents insistions sur c'est en donnant qu'on reçoit ; oui mais pour donner, il faut avoir quelque chose en réserve ! Et mes réserves étaient épuisées. Alors quelle joie ce matin, d'assister, de nouveau, à la messe puis au culte... Deux communions, l'une de coeur et l'autre d'Esprit, l'une de désir et l'autre de partage : que demander de plus ?

Sur les Rameaux. Renvoi direct, en plein coeur, à ma propre prédication de cette montée vers Jérusalem. Ouvrir les yeux, suivre Jésus, l'annoncer : tel était mon plan, reprenant le texte narrant le voyage de Jéricho vers la ville sainte. Et aujourd'hui, même plan : commencer par ouvrir les yeux, ne pas rester aveugle, savoir le reconnaître. Puis suivre Jésus dans la Bible, demander l'aide de Dieu lui-même pour pouvoir comprendre ces écrits qui sont parfois si obscurs... Enfin l'annoncer, en revenant en arrière si besoin.[2]

Sur la liturgie comme expression vivante de notre foi. En seconde partie, pas de prédication en temps que telle, mais une revue de l'évangile du jour comme un résumé de la liturgie du dimanche... Ce fut une redécouverte, une autre façon de percevoir des paroles, des répons, une entrée en relation avec le Seigneur.

A la routine. Ou presque. Retrouver des habitudes, un rythme, calmer les angoisses, l'excitation. Reprendre une activité "normale". Ce sera pour demain...

Notes

[1] Escrime japonaise

[2] Il y a quand même un élément qui change : les disciples d'Emmaüs ont peur. Et Jésus leur apparaît, et ce n'est pas dit dans ces versets, mais il aurait pu aussi leur dire : "N'ayez pas peur"... Une phrase terriblement tendance en ce début de mai, n'est ce pas ?

mardi 29 mars 2011

De la grâce au signe

Et de deux. Paul et Raphaël. Un apôtre et un archange. Avec de tels protecteurs, de quoi auraient-ils besoin ?

Et pourtant. Sur notre terre des hommes, nous avons besoin de signes. Même quand la grâce de Dieu nous inonde, même quand elle nous précède, et pour dire qu'elle est justement première, nous parents demandons le baptême pour nos enfants.

Dimanche, ce n'était pas comme parent que j'étais là. Le tour de ma cadette viendra, dans quelques mois. Non, dimanche, si j'ai vu la grâce, si j'en ai été témoin, si je l'ai signé, c'est parce qu'un tout-petit, la bouille toute ronde et le sourire avenant, m'a été confié, par ses parents.

Raphaël, petit bout, le visage baigné par l'eau, le front marqué du saint chrême, couvert du vêtement blanc, tu as été habillé par Jésus ressuscité. Tu es né à la Vie. J'ai cette chance de t'avoir comme filleul à présent. C'est une joie, et c'est une responsabilité, tu sais. Parce qu'on va inventer une nouvelle situation, toi et moi. Parce que je vais essayer de te faire connaître mon mélange, d'ouvrir ton esprit à la Bible, à l'histoire, à la fraternité, à tout ce qui fait que le monde est beau et que nous serons, si Dieu le veut, ferments d'unité. Parce que tu seras peut-être un jour, filleul à la fois d'un prêtre et d'un pasteur ? :)

Que Dieu te bénisse, Raphaël.
Qu'Il nous donne à tous, de savoir suivre avec confiance le chemin qu'Il nous montre...
Que nous gardions toujours la soif d'eau vive de la Samaritaine...

mercredi 09 mars 2011

Des cendres, monter vers Pâques

Aujourd'hui, pour les catholiques comme pour les protestants, c'est le début du carême[1]. Autant ce jour est marqué par des messes particulières dans toutes les paroisses catholiques, autant très peu de paroisses réformées manifestent une piété spécifique.

Sortie de la messe, discussion quelque peu surréelle :
Moi - Je me marre, Claire[2][3] est au culte ce soir :)
- Ah ? Je croyais que les protestants ne faisaient pas le carême ?
- Oui, c'est pour ça que ça me fait bien rire, son pasteur est à moitié catho, c'est pas possible autrement, c'est bien la première fois que je vois un pasteur faire un culte le mercredi des cendres, et une méditation chaque jour du carême sur un texte biblique ! D'ailleurs, par curiosité je voulais suivre les méditations, et je me retrouve à en écrire aussi...

Bref. Tout ça pour dire que l'air de rien, ça bouge dans les têtes et les coeurs. Les cathos parlent de jeûne, d'efforts, de se rapprocher de Dieu en essayant de rogner sur le superflu de nos vies, pour le donner à Dieu et/ou aux autres. Le tout dans la joie, celle de se libérer de nos entraves routinières... Les protestants, bougons, disent "mais ça rime à quoi de dire qu'on fait des efforts que 40 jours par an ? C'est tout le temps qu'il faut en faire". Et puis, quand un pasteur un peu original parle des cendres comme de nos petits feux humains éteints, qu'il faut raviver un peu, chaque jour, prendre le temps de se préparer à accueillir le grand feu pascal, il le dit avec une telle fougue qu'on ne peut qu'être d'accord...

Se libérer pour se donner davantage à Dieu (ou l'inverse ?). Bon chemin à tous vers la grande joie de Pâques !

Notes

[1] Autrement dit, le mercredi des Cendres. Et oui, j'assume mon jeu de mots du titre, ça vaut bien la frime en latin de certain(e)s autres ;)

[2] protestante, amie commune

[3] Le prénom a été changé

dimanche 27 février 2011

De la transsubstantiation (et sa définition)

Dans mon billet précédent, Vianney a profité de la légère mention que j'ai faite à la page "mini-dico" de ce blog, pour donner un éclairage plus précis sur la définition donnée pour la transsubstantiation :

Et j'arrive au terme "transsubstantiation", dont je copie-colle la définition :
littéralement, la transformation d'une substance en une autre. Le terme désigne, pour certains chrétiens (en particulier les catholiques), la transformation du pain et du vin en chair et sang du Christ lors de l'Eucharistie.
Et je corrige : non, pas "transformation", car il n'y a précisément pas de passage d'une forme à une autre.
Saint Thomas reprendra la plus antique tradition chrétienne, attestée par nombre de Pères de l'Église, en parlant de "conversion" de la substance du pain dans la substance du Corps du Christ et de la substance du vin dans la substance du Sang du Christ. Dans conversion, il n'y a pas la notion de forme qu'on trouve dans "transformation".

Toute personne un brin initiée à la métaphysique distinguera aisément entre substance première (dont on parle ici) et substance seconde, ie. la forme (dont on ne parle pas ici, puisqu'elle ne change pas !).
Pour les autres, il suffit simplement de constater qu'entre avant et après la consécration, rien, absolument rien ne paraît avoir changé : ni le goût, ni la couleur, ni la forme géométrique, ni la teneur en alcool (ça, je vous le promets, moi qui dois parfois consommer la fin du calice !), ni... rien. En revanche, dans la foi catholique et la foi orthodoxe, dans la droite ligne de toute la succession apostolique depuis l'origine (je ne le dis pas pour chipoter, je le dis parce que cela va forcément de pair : la foi en l'un implique la foi en l'autre, et réciproquement), on croit que cela, qui paraît un bout de pain, que ceci, qui paraît un peu de vin, est maintenant cela, le Corps du Christ, et ceci, le Sang du Christ.

Je remarque d'ailleurs que la définition dit "chair" et non pas "Corps". C'est bien peu biblique. On préfèrera donc "Corps" à "chair", qui ne désignent pas précisément la même chose.

Comme précisé dans ma page, la définition que je donne n'est pas de moi (j'eus été bien en mal de le faire, craignant surtout un faux-sens théologique), mais de Wikipédia. Vous me direz, avec raison, que ce n'est pas franchement une source fiable et que j'aurais pu chercher ailleurs... Difficile, sans tomber dans une interprétation partisane du phénomène cité !

Ainsi donc, en sources neutres, je peux proposer :

Mediadico : [théol.] Changement miraculeux de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ dans l'eucharistie.

Wiktionnaire : (Théologie) Changement miraculeux de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’eucharistie.

Vous remarquerez que ces deux définitions sont rigoureusement identiques et reprennent celle du Littré.

Le TLFi donne : THÉOL. (CATH. ET ORTHODOXE). Dans l'Eucharistie, changement total de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang du Christ au moment de la Consécration, alors que ces espèces restent les mêmes.

J'ai bien conscience que ces définitions peuvent paraître lapidaires et dénuées de tout le caractère de sacrement et de mystère (ou pas) que le terme implique. D'autres sites beaucoup moins neutres s'essaient également à la définition :

L'Église catholique en France : C'est littéralement la transformation d'une substance en une autre. Dans la théologie catholique, c'est la doctrine selon laquelle au cours de l'eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps et le Sang du Christ tout en conservant les caractéristiques physiques et les apparences originales. Aujourd'hui, les catholiques préfèrent utiliser l'expression "présence réelle". Cette doctrine prend le nom de transsubstantiation au concile de Trente (1551) où elle est officiellement proclamée par l'Église catholique, prenant ainsi position à l'encontre de la consubstantiation envisagée par les protestants.

Je précise que la consubstantiation n'est pas "envisagée par les protestants", mais uniquement par une partie d'entre eux, généralement appelée (en France) les Luthériens ; Calvin allait plus loin en délaissant la notion philosophique de "substance" et affirmant la présence du Christ dans la Cène par l'action du Saint Esprit.

Par ailleurs, des évangéliques[1] donnent : La transsubstantiation est une doctrine de l'Eglise Catholique romaine. Elle est définie dans la section 1376 du Catéchisme catholique. (...) En d'autres termes, l'Eglise Catholique romaine enseigne qu'une fois qu'un prêtre ordonné bénit le pain de la Sainte Cène, il est transformé en véritable corps du Christ (bien qu'il conserve l'apparence, l'odeur et le goût du pain) ; et lorsqu'il bénit le vin, il est transformé en véritable sang de Christ (bien qu'il conserve l'apparence, l'odeur et le goût du vin). Un tel concept est-il biblique ? Il existe des passages qui, s'ils sont interprétés de manière strictement littérale, conduiraient à la "présence réelle" de Christ dans le pain et le vin. (...)
Les Catholiques romains interprètent ce passage littéralement et appliquent son contenu à la Sainte Cène, ce qu'ils désignent par "Eucharistie" ou "Messe". Ceux qui rejettent l'idée de la transsubstantiation interprètent les paroles de Jésus dans Jean 6:53-57 de manière figurative et symbolique.

Bref. Le concept est difficile, particulièrement lorsqu'on veut "jongler" avec dans un environnement œcuménique, car il s'agit d'un des principaux points de divergence qui existent entre protestants et catholiques / orthodoxes.

J'ai très vite fait connaissance avec ce terme. A l'âge de huit ans, quand les autres enfants du caté se préparaient à faire leur première communion, on[2] m'expliquait que je ne pouvais pas faire comme les autres, que mes parents avaient créé quelque chose de nouveau, qu'un jour je pourrai choisir, mais qu'en attendant... Je n'avais peut-être pas encore l'âge pour choisir, je pouvais continuer à faire le caté et l'école biblique, mais cette histoire de transsubstantiation était un truc vraiment trop gros et je ne pouvais pas faire comme si j'y croyais, si un jour je décidais que ce n'était pas vrai. A cet âge, je connaissais ce mot, savais ce qu'il impliquait pour moi, l'histoire du fossé qu'il creusait entre les deux Églises dans lesquelles je grandissais, alors que[3] beaucoup de catholiques adultes ignorent aujourd'hui ce terme, désignant le mystère du sacrement qui est au cœur de leur foi.

Enfin, un mot de ma pasteur ce midi, alors qu'on parlait d'une discussion, justement sur le débat transsubstantiation / consubstantiation : "ce sacrement de la division, on l'appelle communion..."

Notes

[1] Ce n'est pas moi qui le dis, c'est leur propre site, dans sa version anglaise

[2] Un 'on' pluriel qui figure les "grands", mère, prêtre, pasteur...

[3] et j'espère le dire avec aménité

mardi 25 janvier 2011

Une église peut en cacher une autre...

Dernier jour de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, jour où les catholiques du monde entier fêtent la conversion de (Saint) Paul... Un éblouissement sur tous les plans, une mise à genoux avant un relèvement pour celui qui deviendrait un des théologiens les plus commentés de toute l'histoire du christianisme !

A genoux, ou en tailleur à même le sol, nous allions l'être dans la petite chapelle que je découvrais... En arrivant, je manifestais mon étonnement devant cette petite chapelle, nichée au creux d'un pâté de maisons... Comment se faisait-il que cette chapelle subsiste alors qu'il devait y avoir une église plus grande à proximité ? C'est ensuite, suivant le prêtre de la paroisse, que j'ai découvert, derrière la douce chaleur de cette douillette et accueillante chapelle, une vaste église contemporaine, magnifique, spacieuse... Quelle joie d'y découvrir le Christ, non crucifié mais resplendissant et bénissant, comme il l'est dans ma propre paroisse !

Après quelques paroles d'explication et de bienvenue, le violon donne le ton, les chants de Taizé sont lancés. Repris spontanément à plusieurs voix, répétés à pleins poumons, emportant peu à peu dans la méditation, ils portent le groupe, laissent descendre l'Esprit au milieu de nous...

Lorsque le dernier chant s'estompe, chacun scrute son voisin. Nous ne nous connaissons pas tous mais sommes là pour apprendre à connaître les autres ! Créer des liens... On prend un verre, un repas, des rendez-vous ; on se promet de recommencer, l'expérience est réussie !

dimanche 23 janvier 2011

Unité, diversité, prière et tensions

Une semaine... Une petite semaine dans l'année pour éveiller les consciences, huit jours pour prier ensemble, pour se découvrir mutuellement. Pour moi, c'est aussi un temps d'exposition, de vulnérabilité. Parce que ces jours-ci peut-être davantage que les autres, je donne tout ce que j'ai... Parce que je me trouve en présence de deux communautés qui se retrouvent, discutent ensemble, se heurtent... Et veulent forcément me classer quelque part.

Conférence donnée par la pasteur, jeudi soir, avec pour thème "les protestants dans la société actuelle". J'y suis, autant dans le public que pour témoigner. Et les gens de se poser des questions : "C'est pas vous qu'on voit à la messe avec un bébé en écharpe ?". Et moi d'acquiescer en souriant, car ils se rendent compte à ce moment que je participe autant à la vie des paroisses catholique que protestante... Un autre couple "mixte" est là également. Expériences différentes, choix différents, vie de foi différente aussi... Idem pour l'éducation des enfants, l'équilibre à trouver, sans saturation.

Vendredi, adoration, ou comment vivre intensément un cœur à cœur avec Dieu... Un irrésistible besoin de me mettre à genoux devant mon Seigneur. Se laisser accompagner, ouvrir son cœur, son esprit à l'Esprit, partager ces moments, ces chants avec les enfants, les animatrices de l'aumônerie. Et les larmes, impossibles à retenir, roulent. Pourquoi ? Difficile à dire, seulement un mélange de tristesse, de fatigue, d'incompréhension...

Communion des saints, quelle que soit la confession ; une amie m'écrit :

Tu es en cet instant en prière et mon cœur loue le Seigneur à l'unisson.
Moment, comme à chaque fois que ma pensée se tourne vers Lui, où mon cœur en un instant se retourne, comme touché profondément par la profondeur de cette pensée, par la grâce. Ce retournement quasi physique et quasi systématique serait comme se jeter à ses genoux (ce geste si décrié chez nous et si plein de reconnaissance de sa majesté) pour l'adorer.
Ce geste que je ne fais pas, mon cœur lui l'ose et se prosterne.
Le cœur à cœur peut alors commencer. Nous sommes alors sur le même créneau de communication quelque soit le lieu, quelque soit le moment.
Maintenant !
Mon Seigneur et mon Dieu ! Alleluia !

mardi 18 janvier 2011

Toi qui nous unis...

Aujourd'hui débute la semaine de prière pour l'unité des chrétiens.

Qu'est-ce que c'est ?

Une semaine, du 18 au 25 janvier dans l'hémisphère nord, pendant laquelle les différentes confessions chrétiennes sont amenées à partager ensemble sur un thème précis. C'est l'occasion de (re)découvrir les autres, de prier ensemble, d'œuvrer de concert, de se rapprocher pour ne former "qu'un, comme nous sommes un" (Jean 17, 21).

Jérusalem

Cette année, le thème est l'origine des Eglises chrétiennes : Jérusalem, et les coutumes des premiers chrétiens. Nous sommes invités à partager autour du livre des Actes des Apôtres :

Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en communion. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.
Ac 2, 42-47, Traduction oecuménique de la Bible (TOB)

Quoi faire ?

Renseignez-vous : dans vos paroisses, il y a forcément quelque chose organisé pour cette semaine de prière. Échange de chaires, conférences œcuméniques, célébrations spécifiques, veillées de prière, concert de chorales chrétiennes... Vous pouvez également trouver les textes, des pistes de réflexion, des éléments liturgiques, sur le site Unité Chrétienne, en charge de l'organisation de cette semaine à retentissement mondial.

A l'heure où les chrétiens sont de nouveau persécutés pour leur foi, sous diverses formes, il me semble primordial de montrer que nous pouvons être unis dans la prière, pour que le règne de Dieu passe par nos mains... si nous le voulons.

mercredi 12 janvier 2011

Sacrements et confessions chrétiennes

En guise de préambule à ce billet, je tiens à rappeler quelques points qui me semblent importants :

  • je n'exerce aucun ministère. Mes écrits n'engagent que moi, en aucun cas une communauté ecclésiale, quelle qu'elle soit.
  • les explications qui suivent ne se veulent pas un précis de théologie. Elles ont pour but de répondre à des questions sur les sacrements en général, de la part de gens qui ne sont pas des spécialistes en théologie, mais souhaitent s'ouvrir à la perception d'autres chrétiens sur leur foi.
  • les commentaires sont ouverts à la discussion (dans le respect de chacun), et il me semble qu'il ne manque pas de lecteurs théologiens de ce blog qui sauront répondre à toute question si je ne le puis pas ;)

Un sacrement, c'est quoi ?

C'est le signe visible de quelque chose d'invisible. Autrement dit, pour un chrétien, c'est la manifestation tangible de la grâce de Dieu, de l'amour du Christ ressuscité dans nos vies.

Définition catholique : Les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels nous est donnée la vie divine. (Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique, n°224)

Définition protestante : Les sacrements sont les actes cultuels directement institués par le Christ, liés à une promesse de grâce et à un élément tangible qui devient la manifestation visible du don divin. Par ailleurs, les Eglises réformées et luthériennes considèrent qu'un sacrement n'est efficace (c'est-à-dire qu'il devient don de grâce) que s'il est reçu dans la foi par son bénéficiaire et la communauté ecclésiale. (Source : Fédération Protestante de France)

Un sacrement commun : le baptême

Le sacrement commun à toutes les confessions chrétiennes est le baptême. Dans ce sens, il ne sera pas répété dans le cas d'une conversion d'une confession à une autre, il est reconnu entre les confessions. Il prend sa source dans les textes évangéliques du baptême de Jésus lui-même :

Alors paraît Jésus, venu de Galilée jusqu'au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. Jean voulut s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. » Alors, il le laisse faire. Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »
Matthieu 3, 13-17

Le baptême est en général administré par un ministre de la confession concernée (diacre, prêtre, pasteur, pope), mais peut être donné par n'importe quel chrétien si besoin. Du grec baptizô, "je plonge", le sacrement de baptême symbolise la nouvelle naissance du chrétien. Mort dans son ancienne vie terrestre, il renaît à la vie avec le Christ.

Cette renaissance se concrétise dans la purification par l'eau[1], par immersion ou aspersion, avec la prononciation par l'officiant de la formule trinitaire : "Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". Les orthodoxes et catholiques y ajoutent la marque du saint chrême, symbole des dons de l'Esprit.

Les sacrements catholiques et orthodoxes

Un point historique d'abord... Le schisme de 1054 (appelé aussi grand schisme d'Orient ou schisme de Rome, selon le point de vue), à l'origine de la séparation catholiques/orthodoxes, est fondé sur une raison essentiellement géopolitique : il s'agissait alors d'une revendication du pouvoir, entre la papauté et le patriarcat de Constantinople. Il en résulte que les sacrements catholiques et orthodoxes sont très similaires, le schisme ne portant pas sur les rites déjà établis.

Note : je confesse ma grande méconnaissance de l'orthodoxie, aussi je prie d'avance mes lecteurs d'excuser (et corriger si possible) les erreurs que je pourrais faire en parlant des sacrements orthodoxes...

Les sacrements sont répartis en trois catégories : l'initiation chrétienne, la guérison et le service.

Initiation chrétienne

Le baptême est le premier sacrement de l'initiation, suivi par la confirmation et/ou l'eucharistie.

Confirmation / Chrismation

La confirmation (catholique) ou chrismation (orthodoxe) marque l'effusion de l'Esprit Saint à la personne qui reçoit ce sacrement. Le confirmand est marqué, par l'évêque ou un prêtre ayant reçu délégation, d'une croix tracée sur le front avec le saint chrême, exprimant de façon visible la conformation au Christ du baptisé.

Ce sacrement est distinct du baptême, de la même manière que la Pentecôte représente pour les disciples l'achèvement du mystère pascal. Avec le baptême, le chrétien renaît avec le Christ et intègre une communauté ; avec la confirmation, il reçoit l'Esprit comme les disciples l'ont reçu à la Pentecôte, qui l'envoie en mission.

Eucharistie

L'eucharistie est le sacrement central de la vie du baptisé. Du grec eukaristeuô, "je rends grâce", il s'agit de la célébration de la passion et de la résurrection de Jésus, par la proclamation de la Bible et le partage des espèces eucharistiques, le pain et le vin, préalablement consacrées comme corps et sang du Christ, offert en sacrifice.

Souvent, l'eucharistie est appelée "communion". Mais la communion des fidèles au corps du Christ, s'il est le point culminant de la célébration, est indissociable des autres éléments de la liturgie, célébrée par un prêtre ou un évêque.

Tous les adultes confirmés, ainsi que les enfants ayant suivi le catéchisme et fait leur première communion, peuvent recevoir l'eucharistie. Les personnes qui ne peuvent se déplacer pour participer à ce sacrement en assemblée peuvent néanmoins recevoir la communion, préalablement consacrée, des mains d'un laïc.

Guérison

Confession / pénitence / réconciliation

Le pardon des péchés commis par un chrétien après son baptême, est accordé par le sacrement de pénitence et réconciliation. Ce sacrement est un retour à la communion avec Dieu par la conversion, et exprime la miséricorde infinie de Dieu, désireux de sauver tous les hommes.

Lors du sacrement de réconciliation, le pénitent se confie à un prêtre, qui le guide dans son chemin de conversion et de retour à Dieu, puis lui accorde l'absolution de la part de Dieu.

Sacrement des malades / onction

Le sacrement ou onction des malades a pour but de donner une aide spirituelle spécifique au chrétien souffrant d'une maladie grave ou de la vieillesse. Il ne remplace nullement les soins médicaux mais a vocation à apporter le réconfort, le courage et la paix pour supporter en chrétien les affres de la maladie ou de l'âge. Par ce sacrement, le malade est également uni à la souffrance de Jésus au moment de sa Passion.

Il est administré par un prêtre à l'aide d'une huile bénie par l'évêque, ou lui-même au besoin. Le prêtre marque les mains et le front du malade à l'aide de cette huile.

Service

Mariage

Le mariage est l'alliance que scellent un homme et une femme, constituant ainsi entre eux une communauté de toute la vie. C'est un engagement ferme, donné pour le bien des conjoints ainsi que la génération et l'éducation des enfants.

Les époux se donnent l'un à l'autre le sacrement de mariage. En conséquence, dans l'Eglise catholique, un diacre ou un prêtre peut célébrer un mariage.

Les Eglises diffèrent sur la dissolution du mariage : l'Eglise catholique n'accepte pas la dissolution du mariage, alors que l'Eglise orthodoxe l'autorise une fois.

Ordination

Le sacrement de l'ordre reconnaît les ministres, c'est-à-dire les évêques, prêtres et diacres. Ce sont les évêques qui administrent les trois niveaux de ce sacrement particulier. Les hommes appelés à ce service reçoivent une triple mission, au nom et en la personne du Christ : enseigner, sanctifier et gouverner le peuple de Dieu.

Pendant l'ordination, l'Esprit est conféré à l'évêque, au prêtre et au diacre par l'imposition des mains, d'une manière différente pour chaque ordre : ensemble des évêques pour un évêque, évêque et prêtres pour un prêtre, évêque seul pour un diacre.

Pour davantage d'informations, voir les sites des Eglises catholique et orthodoxe en France.

Les sacrements réformés

Le baptême est le premier sacrement protestant, complété par la Sainte Cène dans la vie d'église.

Sainte Cène

Le mot cène (du latin cena, 'repas'), est le nom donné au repas communautaire institué par Jésus Christ le soir précédant sa mort. Ce repas, est célébré par la communauté pendant le culte, en partageant le pain et le vin. Ce sacrement, auquel le Seigneur lui-même convie les chrétiens et s'offre à eux, est le mémorial de la première Cène.

Tout chrétien est invité à la Sainte Cène, quelle que soit son appartenance ecclésiale.

Rien d'autre ?

La particularité des sacrements réformés est de se conformer au principe de sola scriptura : seuls les signes institués par Jésus lui-même sont reconnus comme sacrements.

La confirmation, la bénédiction de mariage, la reconnaissance de ministère (ordination) sont des occasions de liturgie particulière, mais ne sont pas des sacrements[2].

Pour davantage de précisions, voir le site de la Fédération Protestante de France.

Notes

[1] à l'origine, les Juifs pratiquaient le baptême par immersion dans l'eau du Jourdain

[2] L'union des Eglises réformée et luthérienne en France, prévue en 2013, suscite des discussions sur le sujet.

mercredi 13 octobre 2010

Interruption de grossesse : théorie, pratique

A l'heure où l'objection de conscience fait débat, où les principes théoriques de chacun sont autant de balles jetées à la tête de l'autre dans des joutes politiques, je me trouve devant un cas des plus pratiques. Avec de nouvelles questions, de celles qui ne sont pas posées dans les assemblées...

Une amie, enceinte, a subi une amniocentèse. Cet examen faisait suite à une prise de sang[1], que l'on conseille maintenant à toute femme enceinte... Ce test, souvent proposé de manière anodine, sans explication de toutes les conséquences qui pourraient en découler, présente des résultats variables, et ne dépiste que la trisomie 21, a contrario d'une échographie qui a pour but de déceler différentes anomalies, dont un certain nombre peuvent être traitées[2].

Que d'angoisses. Peur du résultat du test sanguin, d'abord. Ce résultat est vague : une probabilité... Au dessus d'une certaine probabilité, l'amniocentèse est proposée, et même fortement conseillée[3]. Mais l'amniocentèse n'est pas sans risque... jusqu'à 2% de risque de fausse couche ! Et voilà les parents transformés en calculateurs, à peser des coefficients de risque comme des banquiers... Sauf que ce n'est pas une somme d'argent qui est en jeu, c'est la vie d'une famille...

Ensuite, si par malheur le résultat de l'amniocentèse est positif sur la trisomie, quelle décision à prendre ! Rien de moins que la vie ou la mort... Choisir de recevoir un enfant handicapé, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner, même si la lourdeur du handicap varie beaucoup sur les différents cas de trisomie 21... Ou bien choisir une IMG[4], ce qui veut dire la mort pour le bébé, et une épreuve particulièrement difficile pour la mère... Comment peut-on en arriver à effectuer, de manière quasi-automatique, des tests qui amènent à de telles décisions ?

Dans le contexte des dicussions actuelles, il me semble indispensable de conserver l'objection de conscience, comme l'Europe l'a confirmé. J'irais même plus loin : faut-il étendre l'objection de conscience, concernant aujourd'hui l'avortement, à l'amniocentèse, ou tout autre examen de dépistage spécifique à des maladies / handicaps incurables ? D'autres que moi se sont posé la question...

Enfin, dans un contexte oecuménique, autant la position de l'Eglise catholique est claire, autant celle de l'Eglise réformée semble nettement plus frileuse : le dernier rapport sur le sujet sur le site de la FPF date de 2004... On me répondra sans doute que l'Eglise réformée attache autant d'importance à la réflexion personnelle que l'Eglise catholique à l'obéissance... Mais n'est-ce pas, parfois, éviter le débat que de le reléguer à l'histoire personnelle ? Quid de l'accompagnement des personnes qui s'interrogent sur ce sujet ?

Notes

[1] le tri-test, appelé aussi HT21, qui recherche dans le sang de la mère trois hormones présentes chez le bébé, indicatrices de trisomie

[2] Ainsi un autre ami a eu une petite fille atteinte d'une malformation cardiaque détectée in utero, opérée aussitôt après la naissance, qui serait décédée sans échographie prénatale...

[3] avec l'argument massue "c'est remboursé par la Sécu !"

[4] Interruption Médicale de Grossesse

mardi 21 septembre 2010

Qui a besoin de nous ?

Ca commence avec une découverte. Une découverte de l'autre, de sa richesse, de sa différence. Une (re)découverte de sa foi, de ses doutes, de sa soif de vie spirituelle féconde plutôt qu'une croyance stérile.

Et un jour, on veut se marier. Comme chacun tient à sa confession, on cherche comment concilier l'amour que l'on éprouve l'un pour l'autre, avec l'attachement que l'on voue à son Eglise. On s'aperçoit qu'on dérange, ici davantage que là, selon le vécu de la personne à qui l'on s'adresse...

L'amour qui nous paraissait si simple et capable d'abattre toutes les barrières se trouve soudain au pied du mur, face aux institutions et l'absurde de lois humaines. On ne comprend pas, on se fâche, on se révolte... Puis finalement on choisit, on renonce, on prépare. L'amour seul semble pouvoir panser les blessures, les incompréhensions.

Une petite graine, plantée dans un terreau hybride maladroitement mélangé, plus ou moins judicieusement arrosée, finit par germer. Une petite pousse, puis deux, sortent à la lumière. Elles ont la chance d'être bien exposées, ces petites plantes, elles reçoivent la lumière par deux grandes baies vitrées, dans la maison, alors que d'autres doivent se satisfaire d'un petit soupirail...

Etre jardinier avec d'aussi fragiles pousses n'est pas évident. On aimerait les protéger, les mettre à l'abri de toute atteinte, tout en s'assurant que quelqu'un veillera toujours sur elles, même si l'on vient à défaillir. On voudrait leur garder une jolie place au soleil, qu'elles puissent garder leur belle exposition...

Le baptême d'enfants nés de couples mixtes est aujourd'hui plus facile, mais on sent bien que l'on dérange, encore une fois. Tentés d'abandonner, on garde quand même espoir, accepte des concessions, encore, tout en ayant l'impression de devoir abandonner une partie de soi à la porte. C'est un peu comme si les gonds étaient grippés par le temps, on ne peut pas ouvrir beaucoup et on doit se faufiler...

Quant à partager le coeur de notre foi, ce que nous célébrons tous mais manifestement de façon inacceptable les uns pour les autres, il en est pour le moment hors de question. Jésus est allé manger chez Zachée, et à l'époque les autres n'ont pas compris son geste[1]. Aujourd'hui, chez qui irait Jésus ? Qui sont les autres ? Refuseraient-ils à nouveau d'entrer et partager le repas avec lui ?

Comment exprimer la souffrance de sentir le rejet, comme Zachée, quoi qu'on fasse ? Ceux qui ont lu "Le voyage des pères"[2], n'ont-ils pas compris que ce n'était pas aussi simple, qu'on n'était pas bêtement blanc ou noir, avec la révolte d'Alphée ?

Jésus avait besoin de Zachée, le bon berger a besoin de retrouver sa brebis perdue. Aujourd'hui, qui a besoin de nous ? Qui a besoin de brebis, ni blanches dans un troupeau noir, ni noires dans un troupeau blanc, mais grises allant d'un troupeau à un autre ? Le Berger ne voudra-t-il pas regrouper toutes ses brebis dans la même bergerie pour les garder à l'écart des prédateurs ? Le but de chaque brebis est-il de chercher la bergerie, fut-elle vide, ou de trouver son Berger ?

Notes

[1] Luc 19, 2-9

[2] Le Voyage des pères, David Ratte, Paquet, 2009

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