En guise de préambule à ce billet, je tiens à rappeler quelques points qui me semblent importants :
- je n'exerce aucun ministère. Mes écrits n'engagent que moi, en aucun cas une communauté ecclésiale, quelle qu'elle soit.
- les explications qui suivent ne se veulent pas un précis de théologie. Elles ont pour but de répondre à des questions sur les sacrements en général, de la part de gens qui ne sont pas des spécialistes en théologie, mais souhaitent s'ouvrir à la perception d'autres chrétiens sur leur foi.
- les commentaires sont ouverts à la discussion (dans le respect de chacun), et il me semble qu'il ne manque pas de lecteurs théologiens de ce blog qui sauront répondre à toute question si je ne le puis pas
Un sacrement, c'est quoi ?
C'est le signe visible de quelque chose d'invisible. Autrement dit, pour un chrétien, c'est la manifestation tangible de la grâce de Dieu, de l'amour du Christ ressuscité dans nos vies.
Définition catholique : Les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels nous est donnée la vie divine. (Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique, n°224)
Définition protestante : Les sacrements sont les actes cultuels directement institués par le Christ, liés à une promesse de grâce et à un élément tangible qui devient la manifestation visible du don divin. Par ailleurs, les Eglises réformées et luthériennes considèrent qu'un sacrement n'est efficace (c'est-à-dire qu'il devient don de grâce) que s'il est reçu dans la foi par son bénéficiaire et la communauté ecclésiale. (Source : Fédération Protestante de France)
Un sacrement commun : le baptême
Le sacrement commun à toutes les confessions chrétiennes est le baptême. Dans ce sens, il ne sera pas répété dans le cas d'une conversion d'une confession à une autre, il est reconnu entre les confessions. Il prend sa source dans les textes évangéliques du baptême de Jésus lui-même :
Alors paraît Jésus, venu de Galilée jusqu'au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. Jean voulut s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. » Alors, il le laisse faire. Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »
Matthieu 3, 13-17
Le baptême est en général administré par un ministre de la confession concernée (diacre, prêtre, pasteur, pope), mais peut être donné par n'importe quel chrétien si besoin. Du grec baptizô, "je plonge", le sacrement de baptême symbolise la nouvelle naissance du chrétien. Mort dans son ancienne vie terrestre, il renaît à la vie avec le Christ.
Cette renaissance se concrétise dans la purification par l'eau[1], par immersion ou aspersion, avec la prononciation par l'officiant de la formule trinitaire : "Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". Les orthodoxes et catholiques y ajoutent la marque du saint chrême, symbole des dons de l'Esprit.
Les sacrements catholiques et orthodoxes
Un point historique d'abord... Le schisme de 1054 (appelé aussi grand schisme d'Orient ou schisme de Rome, selon le point de vue), à l'origine de la séparation catholiques/orthodoxes, est fondé sur une raison essentiellement géopolitique : il s'agissait alors d'une revendication du pouvoir, entre la papauté et le patriarcat de Constantinople. Il en résulte que les sacrements catholiques et orthodoxes sont très similaires, le schisme ne portant pas sur les rites déjà établis.
Note : je confesse ma grande méconnaissance de l'orthodoxie, aussi je prie d'avance mes lecteurs d'excuser (et corriger si possible) les erreurs que je pourrais faire en parlant des sacrements orthodoxes...
Les sacrements sont répartis en trois catégories : l'initiation chrétienne, la guérison et le service.
Initiation chrétienne
Le baptême est le premier sacrement de l'initiation, suivi par la confirmation et/ou l'eucharistie.
Confirmation / Chrismation
La confirmation (catholique) ou chrismation (orthodoxe) marque l'effusion de l'Esprit Saint à la personne qui reçoit ce sacrement. Le confirmand est marqué, par l'évêque ou un prêtre ayant reçu délégation, d'une croix tracée sur le front avec le saint chrême, exprimant de façon visible la conformation au Christ du baptisé.
Ce sacrement est distinct du baptême, de la même manière que la Pentecôte représente pour les disciples l'achèvement du mystère pascal. Avec le baptême, le chrétien renaît avec le Christ et intègre une communauté ; avec la confirmation, il reçoit l'Esprit comme les disciples l'ont reçu à la Pentecôte, qui l'envoie en mission.
Eucharistie
L'eucharistie est le sacrement central de la vie du baptisé. Du grec eukaristeuô, "je rends grâce", il s'agit de la célébration de la passion et de la résurrection de Jésus, par la proclamation de la Bible et le partage des espèces eucharistiques, le pain et le vin, préalablement consacrées comme corps et sang du Christ, offert en sacrifice.
Souvent, l'eucharistie est appelée "communion". Mais la communion des fidèles au corps du Christ, s'il est le point culminant de la célébration, est indissociable des autres éléments de la liturgie, célébrée par un prêtre ou un évêque.
Tous les adultes confirmés, ainsi que les enfants ayant suivi le catéchisme et fait leur première communion, peuvent recevoir l'eucharistie. Les personnes qui ne peuvent se déplacer pour participer à ce sacrement en assemblée peuvent néanmoins recevoir la communion, préalablement consacrée, des mains d'un laïc.
Guérison
Confession / pénitence / réconciliation
Le pardon des péchés commis par un chrétien après son baptême, est accordé par le sacrement de pénitence et réconciliation. Ce sacrement est un retour à la communion avec Dieu par la conversion, et exprime la miséricorde infinie de Dieu, désireux de sauver tous les hommes.
Lors du sacrement de réconciliation, le pénitent se confie à un prêtre, qui le guide dans son chemin de conversion et de retour à Dieu, puis lui accorde l'absolution de la part de Dieu.
Sacrement des malades / onction
Le sacrement ou onction des malades a pour but de donner une aide spirituelle spécifique au chrétien souffrant d'une maladie grave ou de la vieillesse. Il ne remplace nullement les soins médicaux mais a vocation à apporter le réconfort, le courage et la paix pour supporter en chrétien les affres de la maladie ou de l'âge. Par ce sacrement, le malade est également uni à la souffrance de Jésus au moment de sa Passion.
Il est administré par un prêtre à l'aide d'une huile bénie par l'évêque, ou lui-même au besoin. Le prêtre marque les mains et le front du malade à l'aide de cette huile.
Service
Mariage
Le mariage est l'alliance que scellent un homme et une femme, constituant ainsi entre eux une communauté de toute la vie. C'est un engagement ferme, donné pour le bien des conjoints ainsi que la génération et l'éducation des enfants.
Les époux se donnent l'un à l'autre le sacrement de mariage. En conséquence, dans l'Eglise catholique, un diacre ou un prêtre peut célébrer un mariage.
Les Eglises diffèrent sur la dissolution du mariage : l'Eglise catholique n'accepte pas la dissolution du mariage, alors que l'Eglise orthodoxe l'autorise une fois.
Ordination
Le sacrement de l'ordre reconnaît les ministres, c'est-à-dire les évêques, prêtres et diacres. Ce sont les évêques qui administrent les trois niveaux de ce sacrement particulier. Les hommes appelés à ce service reçoivent une triple mission, au nom et en la personne du Christ : enseigner, sanctifier et gouverner le peuple de Dieu.
Pendant l'ordination, l'Esprit est conféré à l'évêque, au prêtre et au diacre par l'imposition des mains, d'une manière différente pour chaque ordre : ensemble des évêques pour un évêque, évêque et prêtres pour un prêtre, évêque seul pour un diacre.
Pour davantage d'informations, voir les sites des Eglises catholique et orthodoxe en France.
Les sacrements réformés
Le baptême est le premier sacrement protestant, complété par la Sainte Cène dans la vie d'église.
Sainte Cène
Le mot cène (du latin cena, 'repas'), est le nom donné au repas communautaire institué par Jésus Christ le soir précédant sa mort. Ce repas, est célébré par la communauté pendant le culte, en partageant le pain et le vin. Ce sacrement, auquel le Seigneur lui-même convie les chrétiens et s'offre à eux, est le mémorial de la première Cène.
Tout chrétien est invité à la Sainte Cène, quelle que soit son appartenance ecclésiale.
Rien d'autre ?
La particularité des sacrements réformés est de se conformer au principe de sola scriptura : seuls les signes institués par Jésus lui-même sont reconnus comme sacrements.
La confirmation, la bénédiction de mariage, la reconnaissance de ministère (ordination) sont des occasions de liturgie particulière, mais ne sont pas des sacrements[2].
Pour davantage de précisions, voir le site de la Fédération Protestante de France.