vendredi 22 décembre 2017

Ecoute

Malachie 3, 16-18

Alors ceux qui respectent le SEIGNEUR se sont parlé les uns aux autres. Le SEIGNEUR les a écoutés avec attention. On a écrit devant lui les noms de ceux qui le respectent et qui l'honorent.
Ensuite, le SEIGNEUR de l'univers a dit : « Le jour où j'agirai, ils seront pour moi comme un trésor personnel. Je serai bon pour eux, comme un père est bon envers son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre ceux qui m'obéissent et ceux qui ne m'obéissent pas, entre ceux qui me servent et ceux qui ne me servent pas. »

"On n'est pas chrétien tout seul." Combien de fois a-t-on entendu cette phrase ? C'est ce propos qui me revient en lisant ces versets aujourd'hui.

Ceux qui croient en Dieu se parlent, ils ne restent pas seuls. Et lorsqu'ils se parlent entre eux, même pas à Dieu, a priori, Dieu les entend. Mieux : Dieu les écoute ! Il espionne nos conversations, mieux que la CIA et le FBI réunis ? Non, il n'espionne pas : il écoute avec attention. Il prête l'oreille à nos échanges. Et quand il parle à son tour, il dit de nous que nous sommes son trésor... Que rêver de plus beau ? Chacun-e d'entre nous est le trésor personnel de Dieu !

Dans nos cours de théologie, il y a parfois des moments où l'on se cogne, un peu plus fort que d'habitude, contre nos idées reçues, nos formatages, nos routines, nos dogmes. Nous nous remettons en cause et de temps en temps, nous ne pouvons que réagir, de façon plus ou moins épidermique. Notre émotion peut dépasser notre intellect, et pourtant, c'est de ces chocs et des échanges qui en découlent que nous progressons le plus !

C'est ainsi que nous avons eu plusieurs débats avec nos camarades africains sur les conséquences de la colonisation, encore maintenant, dans un cours d'Ancien Testament. C'est comme ça que nous pouvons avoir des discussions très animées entre ministres ou futurs ministres de nos Églises catholique, orthodoxes, protestantes, pendant un cours œcuménique sur la liturgie...

C'est important de parler aux autres de sa foi, de partager l'intimité de ce qu'on vit, dans les rituels, dans la prière... C'est primordial d'écouter vivre celle des autres... Pour ne pas laisser notre foi s'étioler dans notre propre personne, mais se nourrir des manières, des expériences, des perceptions des autres. C'est comme ça que grandit un-e chrétien-ne... Et qu'il-elle passe par-dessus le découragement évoqué hier !

mercredi 20 décembre 2017

Générosité

Malachie 3, 10b-12

Je l'affirme, moi, le SEIGNEUR de l'univers : vous pouvez vérifier que je dis la vérité. Vous verrez alors que j'ouvrirai pour vous les réservoirs d'eau du ciel, et que je vous couvrirai de bienfaits abondants.
Pour vous, je détournerai les criquets : ils ne détruiront pas vos récoltes, ils n'empêcheront pas vos vignes de donner du raisin. Je le promets, moi, le SEIGNEUR de l'univers. Tous les autres peuples diront que vous êtes heureux, car la vie sera très agréable dans votre pays, je le dis, moi le SEIGNEUR de l'univers.

Ces quelques phrases sont surprenantes. En effet, qu'y lit-on ? La vérité de Dieu, c'est la générosité ! C'est le signe qu'il nous donne de sa présence et de son action : l'abondance est là, la satiété, le confort... Que demander de plus ?

Sa volonté réside dans notre bonheur. Dieu est un père, et comme un parent souhaite que ses enfants grandissent et gagnent leur autonomie, lui aussi ne veut que notre libre arbitre. Il souhaite que nous prenions nos décisions de manière éclairée... À mon sens, c'est pour cette raison qu'il fait preuve d'autant d'abondance, de miséricorde, de pardon...

Oui, notre vie de chrétien est bien plus enviable que beaucoup d'autres, car nous sommes conscients que Dieu est à nos côtés !

mardi 19 décembre 2017

Père

Malachie 3, 6-10a

Moi, le SEIGNEUR, je ne change pas. Et vous, vous êtes toujours les enfants de Jacob ! Tout comme vos ancêtres, vous vous êtes éloignés de mes enseignements, vous ne les avez pas suivis. Revenez vers moi, et je reviendrai vers vous, je le dis, moi, le SEIGNEUR de l'univers. Mais vous demandez : “Comment pouvons-nous revenir vers toi ? ”
Je vous réponds : “Est-ce qu'un être humain peut tromper Dieu ? Pourtant, vous me trompez ! ” Vous demandez encore : “En quoi t'avons-nous trompé ? ” Je vous réponds : “Quand vous devez donner le dixième de vos biens et quand vous me faites des offrandes.” Malheur à vous ! Vous êtes maudits parce que vous me trompez, vous, le peuple tout entier.
Apportez donc réellement le dixième de vos biens dans la salle du trésor, pour qu'il y ait toujours de la nourriture dans le temple.

La plupart des parents ont déjà fait cette expérience : les enfants, quand ils ont fait une bêtise, espèrent le cacher en racontant une histoire ou en expliquant les choses à leur façon... Mais comme le dit l'adage populaire, "ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace". Même si nos enfants utilisent des procédés différents de ceux qu'on avait (pas de smartphones pendant notre enfance !), nous voyons bien les essais d'autonomie dont ils font preuve, les ratés, ce qui les fait progresser. Tout l'art du parent, il me semble, consiste alors à encadrer de manière sécure les tentatives de ses enfants. Non pas les empêcher d'inventer, ou au contraire les laisser tout faire, mais leur permettre de mener leurs expériences sans qu'ils se mettent en danger.

Ici, nous voyons que Dieu nous traite comme ses enfants : il n'est pas dupe de ce que nous essayons de "négocier" avec lui. Il nous rappelle les règles, nous éduque, nous donne une nouvelle chance de bien agir, en tenant compte de notre passé. Dieu nous redit que nos actions ne concernent pas que notre personne, mais peuvent avoir des conséquences sur toute la communauté. Que ce soit positif, ou négatif. Il vaut mieux bien se comporter. Ainsi, c'est toute la communauté qui bénéficie de nos actes de bonté, de générosité. Rendre à Dieu ce qui lui est dû, ce n'est pas inutile, c'est profitable à l'ensemble des individus qui m'entourent.

lundi 18 décembre 2017

Cadeaux

Malachie 3, 3-5

Il s'installera pour fondre l'argent au feu et pour le rendre pur. Il purifiera les prêtres de la famille de Lévi, ils les rendra purs comme on rend purs l'or et l'argent. Alors ils pourront présenter les offrandes au SEIGNEUR en respectant les règles. Ainsi, les offrandes des gens de Jérusalem et des autres habitants de Juda plairont au SEIGNEUR, comme autrefois, dans le passé.
Oui, le SEIGNEUR de l'univers le dit : « Je viendrai au milieu de vous pour vous juger. Je me dépêcherai d'accuser les sorciers, ceux qui commettent l'adultère, ceux qui font des serments faux, ceux qui paient mal leurs ouvriers, ceux qui écrasent les veuves et les orphelins par l'injustice, ceux qui traitent mal les étrangers, tous ceux qui ne me respectent pas. »

Que serait Noël sans les échanges de cadeaux ? Même en dehors de toute considération religieuse, la fête de Noël est l'occasion de montrer aux autres qu'on tient à eux, en leur offrant des cadeaux... C'est une marque de convivialité, d'attention à l'autre, de générosité. Trouver un bon cadeau est difficile, car ce n'est pas un cadeau qui doit nous convenir à nous ! C'est un objet qui va faire plaisir à la personne qui le reçoit, qui montre l'affection que nous avons pour cette personne, l'intérêt que nous portons à sa vie, sans la juger.

Pour les chrétiens, que sont les cadeaux que nous partageons, sinon un symbole humain, une représentation de l'Amour de Dieu pour nous ? Dieu nous purifie, il nous rend brillants et dignes de louange, comme l'or et l'argent dont on fait les plus beaux bijoux. Il nous fait, nous aussi, capables d'aimer nos prochains, toutes les personnes qui nous entourent au quotidien. Dieu ne nous fait pas de plus beau présent, que son Amour à partager... Toujours, et de manière inconditionnelle.

samedi 16 décembre 2017

Messager

Malachie 2, 17 - 3, 2

Vous fatiguez le SEIGNEUR avec vos discours. Vous dites : « Comment est-ce que nous le fatiguons ? » Vous le fatiguez quand vous dites : « Ceux qui font le mal, le SEIGNEUR les regarde avec bonté. Il approuve ces gens-là. » Vous dites aussi : « Le Dieu qui juge avec justice, que fait-il ? »
Voici la réponse du SEIGNEUR de l'univers : « Je vais envoyer mon messager. Il préparera le chemin pour moi. Tout à coup, le Seigneur que vous désirez arrivera dans son temple. Voici le messager de l'alliance que vous attendez, il arrive. »
Qui pourra résister quand il viendra ? Qui pourra rester debout quand il se montrera ? Car il est comme le feu du fondeur, comme la lessive du blanchisseur.

Dieu nous fait ce grand cadeau : il nous confie son envoyé ! Il va arriver, il est bientôt là... Pour renforcer l'alliance qui s'est peu à peu délitée... Comme les Israélites qui avaient reconstruit le Temple de Jérusalem et se laissaient aller à la routine de la vie retrouvée, nous avons peut-être expérimenté cette routine du temps ordinaire, cette longue période de la Pentecôte jusqu'au Christ Roi, qui pourrait nous laisser aller dans nos habitudes. Soudain Dieu se rappelle à nous, il nous envoie un messager, comme une invitation à reprendre souffle, à se relever du bord du chemin pour reprendre la route, à regarder de nouveau vers l'horizon. Dieu veut nous renouveler son alliance, préparons-nous !

Oui, préparons-nous à revivre ! Comme le feu du fondeur, il brûlera les impuretés pour ne laisser couler dans son alliance que du pur métal, brillant, solide. Comme la lessive du blanchisseur, elle éliminera les taches sur nous pour nous rendre de nouveau blancs comme le jour de notre baptême.

Préparons-nous ! Il arrive...

mardi 12 décembre 2017

Fraternité

Malachie 2, 8-10

Moi, le SEIGNEUR de l'univers, je le dis : Vous, les prêtres, au contraire, vous vous êtes éloignés du chemin. Par votre enseignement, vous avez trompé beaucoup de monde, vous avez brisé mon alliance avec les lévites. Eh bien, à mon tour, je vais pousser tout le peuple à vous mépriser et à vous abaisser. En effet, vous ne m'obéissez pas et vous faites des différences entre les gens quand vous appliquez la loi. »
Est-ce que nous n'avons pas tous un seul père ? Est-ce que ce n'est pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourtant, nous ne sommes pas fidèles les uns aux autres, et ainsi, nous ne respectons pas l'alliance entre Dieu et nos ancêtres. Pourquoi donc ?

Et si la vraie fraternité, c'était de reconnaître Dieu comme notre Père à tous ? Est-ce que cela nous aiderait à accepter les autres comme nos frères, nos soeurs ?

Il me semble que la difficulté, dans la fraternité, n'est pas d'intégrer ce principe, mais d'accepter réellement les autres tels qu'ils sont. Ce sont mes frères, mes soeurs, et ils ne sont pas moi. Je n'ai pas à chercher à les rendre semblables à moi. Ils sont tous différents... Et c'est ce qui fait la richesse de notre monde ! La diversité permet à toutes les personnes de trouver leur place, sans tenter de se comparer à leurs voisins, leurs amis, leurs familles... Car tout le monde porte sa propre identité. Et pourtant nous faisons partie de la même fraternité ! Car nous n'avons qu'un seul Père.

Ces propos sont valables y compris, voire surtout, pour nos propres enfants. Ils ont été créés à partir de nous, mais ils ne sont pas nous. Il est illusoire de chercher à les rendre similaires à ce que nous sommes, car ils ne pourront pas satisfaire à cette recherche, et vouloir les conformer ou se conformer à cet espoir fausse toute relation possible. Avoir une relation vraie, aimante, sincère, passe par la capacité à reconnaître l'autre comme il est, et ne pas chercher à le plier à nos désirs.

lundi 11 décembre 2017

Enseigner

Malachie 2, 5-7

Par cette alliance, je leur ai donné la vie et la paix, pour qu'ils me respectent, et ils m'ont respecté, ils ont tremblé devant moi.
Ils ont enseigné la vérité et ils n'ont pas menti. Ils ont mené une vie droite en accord avec moi et ils ont détourné beaucoup de gens du mal.
Oui, c'est le rôle du prêtre d'enseigner la connaissance de Dieu, c'est le prêtre que les gens consultent pour connaître la loi. En effet, il est le porte-parole du SEIGNEUR de l'univers.

Que l'on pense "in persona christi" ou "sacerdoce universel", une des premières missions du ministre dans l'Eglise est de transmettre, sinon une foi[1], du moins une connaissance.

Quand j'étais ado, une de mes animatrices d'aumônerie a beaucoup marqué ma vie de foi, et ma vie tout court. Elle m'a raconté un grand nombre de ses expériences de foi. Je ne comprenais pas très souvent, mais j'écoutais toujours. Elle m'a expliqué ce qu'elle avait découvert, ce qui avait fait grandir la prière en elle.

J'ai appris. Avec mes gestes maladroits pour ma première icône. Avec mes pauvres mots pour mes premières prières. Avec mes poings qui exprimaient ma colère de grandir dans un monde pas toujours rose, et tellement difficile à changer ! Avec mes pieds qui suivaient des milliers d'autres, en pélerinage, à Lourdes, à Taizé... Avec ma voix qui aimait à chanter Dieu.

Quand j'ai atteint l'âge adulte, parfois je passais la voir. Elle m'a dit plusieurs fois : "tu sais, quand on est animatrice, quand on fait du caté, on ne voit pas le résultat"... J'ai envie de lui dire, aujourd'hui, je suis là... Ce n'est peut-être pas la vocation dont j'avais rêvé, mais c'est celle qui sera peut-être la mienne, un jour prochain. Merci !

Note

[1] car cela Dieu seul peut le faire

jeudi 07 décembre 2017

Sacrifice ?

Malachie 1, 9-10

Maintenant, essayez de me prier, moi, votre Dieu, pour que j'aie pitié de vous. Est-ce que je vous recevrai avec bonté après ce que vous avez fait ? Je vous le demande, moi, le SEIGNEUR de l'univers. Il vaudrait mieux que l'un de vous ferme les portes du temple. Ainsi, vous n'irez pas allumer du feu sur mon autel pour rien. En effet, moi, le SEIGNEUR de l'univers, je n'ai aucun plaisir à vous voir, et les offrandes que vous me présentez ne me plaisent pas.

Après le constat de manque de respect des prêtres dans leurs offrandes à Dieu, voici que Dieu exprime sa colère. Dans ces paroles très dures, le prophète exige de vider les lieux pour le Seigneur. Il refuse par avance toutes les offrandes, tout ce que nous pourrions lui apporter. Il regrette d'avoir fait confiance à son peuple tout en ayant confirmé son amour quelques versets plus tôt.

En réalité, la solution n'est pas dans les offrandes mais dans la prière. On peut le voir dans la première phrase du texte. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas les offrandes, les animaux, les sacrifices, c'est notre prière honnête, sincère. Comme le dit le psaume : "Mon sacrifice, ô Dieu, c'est moi-même avec mon orgueil brisé. Ô Dieu, tu ne refuses pas de regarder un cœur complètement brisé."[1]

Gardons confiance en notre prière !

Note

[1] Psaume 51 (50), 19

mardi 05 décembre 2017

Honorer, respecter

Malachie 1, 6

Moi, le SEIGNEUR de l'univers, voici ce que je dis aux prêtres : Un fils honore son père, un serviteur respecte son maître. Vous m'appelez votre père, mais est-ce que vous m'honorez ? Vous m'appelez votre maître, mais est-ce que vous me respectez ? Vous me méprisez et vous demandez : “En quoi est-ce que nous t'avons méprisé ?”

Après avoir confirmé l'amour de Dieu pour son peuple, preuves à l'appui, le prophète interpelle les prêtres d'Israël. Ceux-ci semblent s'être endormis dans leur routine, ou dans le confort d'un rituel repris dans le Temple reconstruit au retour d'exil. Le désert, l'éloignement de Dieu est toujours bien présent, et notre chemin de l'Avent pourrait nous paraître bien aride.

Comme chrétiens, par notre baptême, nous sommes, nous aussi, prêtres, prophètes et rois. Ce texte ne peut-il pas nous concerner, dans notre vie de croyants ? Nous lisons la Bible, nous répétons nos prières, nous célébrons, mais avec quelle attention ? Souvent, nous pensons que nous connaissons déjà les histoires, nous n'écoutons que d'une oreille... Que mettons-nous derrière les mots de nos prières ? Quel lien entretenons-nous réellement avec le Seigneur ? Quelle conviction avons-nous dans notre vie de foi ?

Ce texte ne serait-il pas un appel pour retrouver un peu de fraîcheur dans nos démarches ? Et si... Si les enfants nous inspiraient ?

dimanche 03 décembre 2017

Amour, doute et désert

Malachie 1, 1-3

Voici le message que le SEIGNEUR a envoyé aux Israélites, par l'intermédiaire de Malachie.
Le SEIGNEUR déclare à son peuple : « Moi, le SEIGNEUR, je vous aime, mais vous, vous me demandez : “Où est la preuve de ton amour ?” »
Je vous réponds : « Est-ce qu'Ésaü n'était pas le frère de Jacob ? Pourtant j'ai préféré Jacob à Ésaü. Les gens de la famille d'Ésaü occupaient une région montagneuse. J'en ai fait un désert et j'ai livré leur pays aux chacals. »

Ce texte n'est pas sans rappeler un texte du jour, premier dimanche de l'Avent, dans le livre d'Esaïe[1], nous évoquant le désert, l'aridité parfois de notre existence. Nous avons eu, dans le passé peut-être, la joie, comme une eau fraîche, d'un lien très fort avec Dieu. Mais aujourd'hui, ou à certains moments de notre vie, nous avons l'impression que le Seigneur est singulièrement absent. La seule chose qui nous permet de ne pas jeter l'éponge, c'est ce souvenir qu'il a été là quand on a eu besoin de lui.

Oui, Dieu nous le rappelle, il nous aime, même quand on doute. Dans le livre de Malachie, livre prophétique, il est important d'apporter les preuves de ce que l'on avance : Dieu aime Israël, et Israël est prospère. Tandis qu'il déteste Edom, et Edom est désertique.

Douter, mais veiller[2] : le désert est aride, inhospitalier. Rien ne peut y attirer l'attention, c'est un lieu qui favorise l'introspection. C'est aussi un endroit où l'on va remarquer très vite la présence d'un autre être humain ! Ainsi, ressentir un manque de Dieu, c'est aussi se tenir disponible, à l'écoute, à l'affût du moindre signe de Sa présence, de Son retour.

Dieu nous aime, il nous le rappelle. N'ayons pas peur du désert, il saura nous retrouver.

Notes

[1] Esaïe 63,16–64,7

[2] Marc 13, 33-37

dimanche 02 octobre 2011

Rencontre peu banale

J'ai lu quelque part "Dieu existe, je l'ai rencontré !". Ca alors, ça m'étonne.

Que Dieu existe, la question ne se pose pas. Mais que quelqu'un l'ait rencontré avant moi, voilà ce qui me surprend. Parce que j'ai eu le privilège de rencontrer Dieu juste à un moment où je doutais de lui.

Dans un petit village de Lozère abandonné des hommes, il n'y avait plus personne. Et en passant devant la vieille église, poussé par je ne sais quel instinct, je suis entré...

Et là, j'ai été ébloui par une lumière intense... insoutenable.
C'était Dieu... Dieu en personne, Dieu qui priait.

Je me suis dit "Qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même ? Pas lui ? Pas Dieu ?"
Non ! Il priait l'homme !
Il me priait moi. Il doutait de moi comme j'avais douté de lui !

Il disait :
- Ô Homme, si tu existes, un signe de toi.
J'ai dit :
- Mon Dieu, je suis là...
Il a dit :
- Miracle ! Une humaine apparition.
Je lui ai dit :
- Mais, mon Dieu, comment pouvez-vous douter de l'existence de l'homme, puisque vous l'avez créé ?
Il m'a dit :
- Oui. Mais il y a si longtemps que je n'en ai pas vu dans mon église... que je me demandais si ce n'était pas une vue de l'esprit.
Je lui ai dit :
- Vous voilà rassuré mon Dieu.
Il m'a dit :
- Oui ! Je vais pouvoir leur dire là-haut : "L'homme existe, je l'ai rencontré !"

Raymond Devos

dimanche 07 août 2011

Là où on ne l'attend pas

Le SEIGNEUR dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu. Alors, en l'entendant, Élie se voila le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l'entrée de la caverne.
1 Rois 19, 11-13a

Ce matin, dans ma paroisse, Dieu avait une saveur retrouvée. Et de découverte, aussi. Plaisir de reprendre le chemin de l'église que je connais bien maintenant, un peu branlante, et aux vitraux tellement chaleureux. Joie de retrouver la chaleur d'une assemblée dominicale, après une semaine de labeur en théologie sur les Actes... Joindre la pratique à la théorie, harmoniser la liturgie et les visées théologiques...

... et me faire cueillir par ce texte sur le prophète Élie. Comme un clin d’œil. Parce que toute la blogosphère s'agite autour des JMJ imminentes[1], ou bien des sessions de Paray, ou de Taizé... Et si... Et si le Seigneur était aussi dans le cœur de ces parents qui amènent leurs enfants à la messe ? Et s'Il était dans la force de cette grand-mère qui malgré sa faiblesse, a accompagné sa petite-fille à l'église ? Dans celui de ces têtes nouvelles, de passage par ici... Ce ne sont pas de grands événements, ils ne passeront pas au journal télévisé... C'est le bruissement que j'ai entendu aujourd'hui. Celui d'une simple paroisse parisienne, qui continue de vivre, de visiter ses malades, de fêter l'eucharistie chaque dimanche, de chanter à pleine voix !

Notes

[1] Et je ne parle même pas de Facebook ou Twitter !

dimanche 31 juillet 2011

Déculturation ?

Des tenues resplendissantes, une assistance attentive autant qu'émerveillée, une jeune femme reine du jour entrant au bras de son père... Des lectures, un échange de consentements, les jeunes mariés prenant la parole, un discours de l'officiant... Mariage "classique" à l'église ? Mariage, oui ; mais d'Eglise, point. Frustration, coquille vide, manque... J'ai du mal à exprimer mon malaise face à ce que j'ai vécu hier.

Certains diront que je suis peut-être "vieux jeu". Sans doute. Je ne sais pas, j'ai du mal à me réjouir, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse s'engager à ce point pour la vie, sans s'en remettre à quelque chose d'un peu plus solide que la simple parole humaine... Je peux comprendre une foi différente, des doutes, un questionnement... Mais qu'il n'y ait rien, sans que ce vide ne pose question, ça me dépasse. ou alors... Feront-ils comme l'un de mes amis, qui a demandé un "baptême républicain" pour sa fille ? Mais cet ami reconnaît au minimum une influence judéo-chrétienne sur les traditions qu'il reconnaît appliquer... Alors que là, rien, rien d'autre que "l'amour"... Mais quel amour ? Charnel ? Temporel ?

Par ailleurs, suite aux discussions avec mes amis indiens, dans lesquels le mariage prend une grande place car nos traditions et nos sociétés sont construites très différemment, viennent d'autres questions... Quelles sont les bases d'une telle union ? Qu'est ce qui la fera vivre à long terme ? En Inde, pour diverses raisons le divorce n'existe pas ; en France, statistiquement un mariage sur trois est touché par une séparation...

Cette union me fait également revenir sur celle de deux amis indiens, ou plutôt l'une indienne et l'autre français, naturalisé, de parents indiens. C'était il y a un an, et si les costumes des mariés étaient différents, correspondant aux costumes traditionnels indiens, le déroulement a été le même. Rien de plus, pas de traditions indiennes, pas plus de traditions françaises reprises, voire "arrangées" à l'indienne, comme ils l'ont fait dans beaucoup de gestes de leur vie de tous les jours... A l'époque je m'étais demandé si c'était volontaire ou non, dans quelle mesure il leur avait été possible, ou non, de faire une cérémonie religieuse. Avant de me rendre compte que mon amie ne m'avait jamais parlé d'une religion quelconque, et plus tard de réaliser qu'une communauté hindoue parisienne existe bien et est particulièrement vivante. Là aussi, le choix était donc volontaire de ne pas donner d'aspect religieux. Pourquoi ? Comment est-ce possible ?

Qu'on ne se méprenne pas... Je ressens aussi un malaise quand des mariés s'unissent à l'église "pour avoir un beau mariage" ou "parce que ça se fait comme ça dans la famille"... Je ne demande pas que chaque mariage soit forcément religieux. Je me demande simplement comment on en est arrivé là, comment est-ce possible de ne pas se poser plus de question sur les fondamentaux de la vie ? Est-on forcément fou quand on choisit de suivre une religion ?

mardi 19 juillet 2011

Quelle journée !

On dirait une journée comme les autres... Un lundi matin, se lever, aller travailler...

Mais... Ce jour-là, les sourires se font plus fréquents à mon égard... Les yeux s'illuminent, les souhaits s'accumulent... Mon téléphone ne cesse de sonner, appels, messages... Ma boîte mail est également plus remplie que d'habitude... Photos, messages, liens...

Merci.
Merci à tous, mes amis, pour cette belle journée.
Merci mon Dieu, pour tout cela.
Merci pour la joie, la vie, l'amour...
Tous les jours !!!

Love will hold us together...

vendredi 15 juillet 2011

Dans l'eau et dans l'Esprit

Je n'en ai guère parlé dans ces pages, peut-être parce que je n'ai plus les mêmes motivations que pour notre aînée... Ou peut-être parce que cela m'est finalement plus simple. Mais passons. Dans quelques jours, c'est notre seconde fille, Marion, qui recevra le baptême.

Si Nathalie avait été baptisée à l'église, après la messe, c'est pendant un culte dominical, et avec[1] une présence conséquente des deux communautés, que Marion va recevoir le premier des sacrements. Nonobstant le commentaire entendu à plusieurs reprises[2], nous avons maintenu le choix du temple pour différentes raisons.

Aujourd'hui, la préparation d'un baptême, en particulier d'un baptême d'enfant, doit grandement gérer les sensibilités de chacun. Croyant, un peu, beaucoup ou pas du tout, les parents ont leurs raisons de demander ce sacrement pour leur enfant. Aux Eglises de savoir réexpliquer la valeur du sacrement, la grâce infinie de Dieu, l'entrée dans une communauté qui s'efforcera d'être accueillante, toujours... Mais les prêtres et pasteurs, et les membres des équipes de préparation qui passent par ici pourraient en témoigner bien mieux que moi.

Quand se rajoute la composante oecuménique, ça se corse encore un petit peu. Non seulement il faut arriver à dire ce qu'on souhaite, nous les parents, mais en plus il faut l'expliquer à au moins deux interlocuteurs (un prêtre et un pasteur), avec nos mots maladroits, dire notre symbolique du sacrement, tous les espoirs que l'on y place, la valeur que ce geste prend pour nous, pourquoi notre foi, nos engagements nous poussent à demander le baptême pour notre fille.

Alors, c'est peut-être un peu compliqué, tout ça. Et oui, je sais, ça fait beaucoup de "peut-être" en quelques lignes. Une chose est sûre... C'est que plus que jamais je veux dire, chanter, crier, argumenter, et redire encore : je crois en Dieu, Père, Fils et Esprit, un Dieu unique, universel, amour pour tous et chacun... et c'est cette foi que je veux transmettre à mes filles !

Et dans quelques jours, j'espère que la fête sera au rendez-vous, que vous vous unirez à nous, à la grande joie de voir Marion accueillie elle aussi dans la maison de notre Père !

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Notes

[1] Je l'espère !

[2] "Et si un troisième naît un jour, vous le ferez baptiser à l'église orthodoxe ?"

dimanche 22 mai 2011

Le support (suite)

Il s'avère que je n'ai pas terminé de décrire la première étape... (un simple oubli, je vous assure !)

Sur la planche, avant de pouvoir dessiner, il faut préparer une couche permettant d'accueillir la figure qui sera représentée. Sur une planche de contreplaqué telle que celle que j'utilise, deux couches de gouache blanche un peu épaisse suffisent. Ainsi, la planche préparée, représente notre être tel que Dieu nous crée, immaculés, prêts à le recevoir.

Et pendant que la couche blanche sèche, on peut reproduire sur un calque le modèle que l'on a choisi.

Planche et calque

Si l'on connaît les canons iconographiques, et les différentes règles symboliques, on peut créer son propre modèle, mais il est difficile d'obtenir quelque chose d'harmonieux et correspondant aux canons. Je ne l'ai fait qu'une fois, et à ce moment-là, la recherche du trait et des harmonies dans la scène reproduite se fait toujours dans la prière, et avec du temps. La main se nourrit peu à peu de la prière, des recherches sur le sujet, des autres modèles sur lesquels on a médité...

jeudi 21 avril 2011

Jeudi saint

Servir. A la suite de Jésus, les prêtres, les évêques, le pape réitèrent le geste du lavement des pieds, se mettent au service, à la place la plus basse. Une célébration particulière, une invitation à entrer, laisser la poussière du chemin au dehors, se rendre propre pour mieux accueillir le Christ.

Se donner. Entrer dans le don de soi, total. Autant que possible avec nos petites vies d'humains. Et percevoir la lumière, l'absolu du Don dans la Cène du Seigneur. Accepter d'être nourris, autrement. Indiciblement.

Apprécier. Le "hasard" du vagabondage, une rencontre inattendue entre un repas partagé, un lieu de culture et de divertissement, un philosophe et écrivain interviewé... Entendre ses efforts pour parler d'une foi "en la vie", pour renier toute utilité d'un dieu. S'attrister un peu devant sa vision bien superficielle des évangiles. Et m'autoriser à avoir foi "en la vie", avec Dieu à mes côtés. Parce que c'est juste tellement mieux :)

Douter. Et l'espace de quelques instants, se mettre à rationaliser, à chercher les (in)cohérences dans ce triduum, dans cette saga prenante de trois jours où l'on retient son souffle... Trois jours ? Mais est-ce cohérent ? Même les récits des évangiles ont des "trous"...

Apaiser. Mes craintes, mes peurs, mes doutes. Dans l'ombre paisible de l'église, et la douceur du soir printanier, au creux d'une oreille attentive et aimante. Se glisser dans les bras réconfortants d'une maman.

Accompagner. L'ami qui sera ordonné en cette solennité du Saint Sacrement... Prier et le confier, aujourd'hui tout particulièrement, comme ses futurs pairs, à Celui qu'il s'apprête à suivre... pour la vie[1].

Notes

[1] et la Vie... Jean 14, 6

dimanche 10 octobre 2010

Douter, donner

Jésus notre Père, s'il y a en nous comme un doute, tu ne nous en aimes pas moins. Nous voudrions alors vivre de ta parole : "qui ose donner sa vie par amour pour moi le ressuscité, la retrouvera". (prière de Taizé, 23/03/2009)

Se rassurer dans le doute. Aimer et se laisser aimer...

Donner, toujours. Pour vivre pleinement. Faire confiance et se donner... même avec la peur au cœur.

lundi 26 juillet 2010

Seigneur, Adonaï, bénis-les...

Olivier est un bon ami. Nous nous sommes rencontrés, étudiants, et nous avons gardé le contact, toute notre bande de copains, même si la vie avance, les bébés font leur apparition, certains s'en vont, renforçant s'il était besoin les liens de ceux qui restent... Alsacien, il a reçu une éducation chrétienne, balloté entre catholicisme et protestantisme. Prudent, il ne s'enthousiasme pas facilement, prépare et organise tout, ne laisse rien au hasard. Il est lucide, minutieux, attentionné, sans illusions. En vacances, un jour, il est tombé amoureux sans s'en rendre compte. Il a hésité, nous a même demandé notre avis, toujours prudent ; et puis il a laissé parler son coeur.

Audrey est une jeune femme enjouée, sensible, avec ce côté enfantin qui a parfois le don d'exaspérer : on aimerait lui faire comprendre que nous ne sommes pas les élèves de sa classe de maternelle... Née dans une famille juive sépharade, elle met peu les pieds à la synagogue mais est attachée aux traditions. Elle aime la joie, les bandes de copains et les réunions de famille... et préparer des tas de desserts avec une profusion de rose(s) et de coeur(s). Elle a cru tomber amoureuse, plusieurs fois, et a fini par craquer "pour de vrai".

Audrey apporte à Olivier la touche de fantaisie qui lui manque, Olivier donne à Audrey la stabilité de quelqu'un qui garde les pieds sur terre. Ces deux-là sont heureux, ça se voit ; même s'ils ont eu du mal à se trouver, ils fonctionnent plutôt bien ensemble. Aujourd'hui, ils s'engagent, pour la vie... et ils m'ont demandé une bénédiction... Préparant leur mariage depuis plus d'un an, ils avaient cherché à avoir une cérémonie religieuse, un peu plus que la simple déclaration à la mairie. Ils désespéraient, et finalement ont trouvé une étudiante en théologie israélienne, qui a accepté de les bénir en hébreu.

Ce fut difficile à écrire... Autant l'oecuménisme je connais, je baigne dedans depuis l'enfance ; autant je fais mes premiers pas dans l'interreligieux. Je marche sur des oeufs, comment affirmer la foi chrétienne sans me mettre en porte-à-faux par rapport à la famille juive ? Finalement ça se fait : choisir un texte sur l'amour, parler de Dieu, garder un discours simple, bénir les futurs époux et leurs familles...

Joie d'Olivier et Audrey, qui m'ont adressé leurs remerciements à plusieurs reprises... Bonheur de les voir ensemble... Leur émotion était palpable, et leur désir d'une prière commune, enfin possible, laisse penser que l'Esprit était bien au rendez-vous !

lundi 19 juillet 2010

Quel Dieu ?

Sensations aigres-douces pour un week-end en campagne angevine... Joie d'un mariage, regret d'un engagement sans accompagnement religieux. Une union pour la vie, comptant sur la seule force morale des mariés, est-ce bien prudent ? Forme de courage de leur part sans doute, de ne pas céder aux générations antérieures et de ne pas faire célébrer une bénédiction qui leur aurait parue illusoire. Mais manque, vide pour l'entourage qui croit que Quelqu'un nous accompagne et ne peut nous laisser seuls, y compris dans ces engagements-là... Fête d'un couple qui s'engage, de deux familles qui apprendront à se connaître, d'une bande de gadz'arts trop heureux de voir leur pote "se caser". Fête en laissant Dieu à la porte ?

Après la fête et quelques heures de sommeil, pousser la porte d'une église de village. S'émerveiller du génie constructeur à la gloire de Dieu. Observer quelques minutes avant la messe, les têtes blanches mais aussi les enfants regroupés devant, attentifs ou joueurs, les musiciens s'accordant sur les derniers détails... Prier pour les jeunes mariés, pour qu'ils soient accompagnés, même s'ils n'en ont pas conscience... Se sentir libre dans cette maison de Dieu, ce choeur spacieux où l'Esprit peut prendre toute la place. Ouvrir son coeur, en admirant l'égard et la douceur du prêtre pour chacun, petit ou grand, concélébrant ou lecteur, habitué ou de passage, fidèle ou futur (petit) baptisé...

Retour à Paris où nous attend un autre mariage, la semaine prochaine... Et surprise ! On me demande d'y faire une bénédiction... Non officielle, elle ne sera pas prise en compte sur les registres, car le fiancé, un copain d'école, d'éducation chrétienne, va s'unir avec une demoiselle juive... C'est un honneur pour moi, une richesse de pouvoir ainsi me trouver au coeur de cette complexité culturelle ! Une responsabilité aussi : affirmer sa foi en Dieu dans le respect de l'autre, parler de l'universalité d'un message sans choquer le peuple élu...

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