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vendredi 22 décembre 2017

Ecoute

Malachie 3, 16-18

Alors ceux qui respectent le SEIGNEUR se sont parlé les uns aux autres. Le SEIGNEUR les a écoutés avec attention. On a écrit devant lui les noms de ceux qui le respectent et qui l'honorent.
Ensuite, le SEIGNEUR de l'univers a dit : « Le jour où j'agirai, ils seront pour moi comme un trésor personnel. Je serai bon pour eux, comme un père est bon envers son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre ceux qui m'obéissent et ceux qui ne m'obéissent pas, entre ceux qui me servent et ceux qui ne me servent pas. »

"On n'est pas chrétien tout seul." Combien de fois a-t-on entendu cette phrase ? C'est ce propos qui me revient en lisant ces versets aujourd'hui.

Ceux qui croient en Dieu se parlent, ils ne restent pas seuls. Et lorsqu'ils se parlent entre eux, même pas à Dieu, a priori, Dieu les entend. Mieux : Dieu les écoute ! Il espionne nos conversations, mieux que la CIA et le FBI réunis ? Non, il n'espionne pas : il écoute avec attention. Il prête l'oreille à nos échanges. Et quand il parle à son tour, il dit de nous que nous sommes son trésor... Que rêver de plus beau ? Chacun-e d'entre nous est le trésor personnel de Dieu !

Dans nos cours de théologie, il y a parfois des moments où l'on se cogne, un peu plus fort que d'habitude, contre nos idées reçues, nos formatages, nos routines, nos dogmes. Nous nous remettons en cause et de temps en temps, nous ne pouvons que réagir, de façon plus ou moins épidermique. Notre émotion peut dépasser notre intellect, et pourtant, c'est de ces chocs et des échanges qui en découlent que nous progressons le plus !

C'est ainsi que nous avons eu plusieurs débats avec nos camarades africains sur les conséquences de la colonisation, encore maintenant, dans un cours d'Ancien Testament. C'est comme ça que nous pouvons avoir des discussions très animées entre ministres ou futurs ministres de nos Églises catholique, orthodoxes, protestantes, pendant un cours œcuménique sur la liturgie...

C'est important de parler aux autres de sa foi, de partager l'intimité de ce qu'on vit, dans les rituels, dans la prière... C'est primordial d'écouter vivre celle des autres... Pour ne pas laisser notre foi s'étioler dans notre propre personne, mais se nourrir des manières, des expériences, des perceptions des autres. C'est comme ça que grandit un-e chrétien-ne... Et qu'il-elle passe par-dessus le découragement évoqué hier !

mercredi 10 août 2011

Appel...

Ce soir, sur un "réseau social"[1] bien connu, une proposition, disons... peu courante !

Je propose un deal à qui veut, là maintenant : je lui offre la Sainte Messe, et on m'offre à dîner. Vous êtes grave gagnants, en plus !

Une petite voix dans ma tête me disait "c'est l'occasion ou jamais de parer à l'improviste à un agenda plus que chargé !"... S'ensuivirent quelques mots, un coup de téléphone, un rendez-vous.

Et nous voilà à trois, au pied du tabernacle, à célébrer la messe par ce soir de vacances[2]. Si je ne craignais pas à la fois de rendre confus mes lecteurs non anglophones et de faire de la publicité, je dirais bien "Priceless" ![3] Quel bonheur de pouvoir ainsi participer ! Première fois pour moi que je voyais le prêtre célébrer face au tabernacle, dos à nous donc... Et non, ça ne me choque même pas, contrairement à ce que j'aurais pu imaginer. Puisqu'on célèbre le mystère du Christ, ensemble, c'est juste une autre façon de faire. Même si c'est surprenant de ne pas voir la consécration, je l'ai ressentie en plein cœur... et reçu la bénédiction, vécu la communion fraternelle avec autant de désir qu'à chaque fois.

Nourritures partagées, offertes, échanges, rires, amitié... Oui, il valait vraiment le coup ce deal ! On remet ça quand tu veux ! ;)

Notes

[1] Non mais sérieusement, relisez l'expression... Tout le monde comprend mais ça ne veut rien dire, on est d'accord ?!

[2] ... et d'avant JMJ ; mais faut-il encore le préciser ?

[3] Cela n'a pas de prix !

vendredi 06 mai 2011

Découvertes

Il y a quelques semaines, j'ai eu la joie de voir arriver une nouvelle collègue au bureau... Elle est devenue ma voisine, dans un environnement assez inhumain[1] : imaginez un espace tout en longueur, dans lequel sont alignés les bureaux, trois par trois. Les meubles sont suffisamment peu larges pour qu'on ne puisse étendre les bras sans toucher son plus proche voisin. Aucune intimité, chacun voit et entend ce que font ses collègues. Et nous sommes environ cent cinquante ainsi, sur un étage, uniquement séparé en deux par des portes coupe-feu.

Le décor étant planté, vous pourrez aisément comprendre que ce ne fut pas forcément de gaité de cœur que j'appris l'arrivée de ma nouvelle coéquipière... Comme elle est indienne, je savais qu'il me faudrait en sus dépasser la double barrière de la langue et de la culture pour parvenir à entrer en relation, sans que ce soit trop superficiel.

Et en fait... Dieu m'a fait un merveilleux cadeau :) Car elle est maintenant la plus jeune de l'équipe, me coiffant au poteau de quelques années, et de fil en aiguille, de correction de bugs en discussion autour d'un café, d'apprentissage linguistique en baragouinage en franglais, de réunions d'équipe en sorties-déjeuner... Le lien se fait, la complicité grandit. Mon anglais s'étoffe peu à peu, elle apprend quelques mots de français. Et surtout, comme elle ne sera là que pendant quelques mois, tout se fait comme en accéléré. Elle a soif d'apprendre, je me réjouis de lui enseigner ce que je suis, notre culture, notre patrimoine... C'est là que l'on s'aperçoit qu'on ne peut expliquer la culture française (et même européenne) sans un minimum de culture chrétienne. Les jours fériés ? Plus de la moitié[2] sont liés à une fête chrétienne. Les expressions françaises ? Beaucoup ont une origine religieuse. Etc...

Mon plus beau clin Dieu pour le moment : un jour, autour d'un café, elle me demande si c'est bien un poisson que je porte en pendentif[3]. Je lui réponds que oui, et devançant sa question, je lui dis[4] : "it's because I'm a Christian". Un "Ooooooooh, ok" étonné plus tard, nous voici à converser sur nos traditions religieuses. Je comprends assez vite que si ses parents ont une éducation religieuse, elle n'en a pas, et connaît seulement les traditions par leurs grandes fêtes. Je pose quelques questions, en puisant dans le peu de connaissances que j'ai sur l'hindouisme... Elle me demande comment je connais autant de choses ; je réalise alors seulement que mes questionnements sur la présence d'une multitude de religions, de traditions, et les recherches personnelles qui en ont découlé[5], m'ont apporté une compréhension du monde religieux peut-être plus étoffée que certains de mes collègues.

En la côtoyant, et en faisant le lien avec les autres indiens que nous avons pu accueillir à Paris, je comprends que la sécularisation ne touche pas que l'Europe. Ce sont tous les pays "modernes", qui évoluent à toute vitesse, techniquement, politiquement, et qui jettent le bébé avec l'eau du bain. Ici la laïcité, là-bas l'abolition des castes. Rien à voir ? Peut-être. Sans doute mon exemple est-il mal choisi, n'empêche, elle le dit elle-même : les traditions qu'elle observe, c'est par habitude, elle n'y croit pas. L'insistance avec laquelle elle le dit me perturbe, un peu. Est-ce une soif de foi ou un moyen de s'auto-convaincre ? En tout cas, il me tarde d'en savoir plus... Encore des découvertes en perspective !

Notes

[1] Pour ceux qui connaissent, les plateaux ou openspaces

[2] Six sur onze exactement

[3] Un ichtus venant de Taizé

[4] bien plus facilement en anglais que je ne l'aurais dit en français... Comme quoi, la barrière de la langue, parfois, n'est pas où l'on pense !

[5] en particulier les rapprochements qu'il peut y avoir entre hindouisme puis bouddhisme, et judaïsme puis christianisme