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mardi 05 décembre 2017

Présence réelle ?

Pendant une séance d'éveil à la Foi, nous parlons de Sara, et ce bébé, Isaac, donné comme un cadeau de Dieu.

A la fin de la séance, comme c'est l'entrée en Avent, je précise : "on va bientôt être dans le temps de l'Avent, et vous pouvez déjà voir la crèche au fond de l'église"...

Alors j'entends Marion, bientôt 8 ans, me répondre sur un ton scandalisé : "Mais y'a même pas encore Dieu !!"...

jeudi 08 mars 2012

Valeur(s) ?

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Ce sont des gens sans importance
avec des gestes quotidiens
qui font renaître l'espérance
et le bonheur entre leurs mains.

Ce sont des gens sans artifices
qui vous sourient quand ils sont bien
et vont cacher leurs cicatrices
parmi les fleurs de leur jardin.

Ils ont le coeur un peu fragile
et la pudeur de leur chagrin
leur donne un doux regard tranquille
un peu lointain...

Ce sont des gens sans importance
et qui parfois ne disent rien
mais qui sont là par leurs silences
quand ils sont loin.

Moi j'ai le coeur en plein décembre,
l'ami Pierrot s'en est allé
en emportant mes chansons tendres
et ton passé

et tous les mots sans importance
qui résonnaient dans la maison
mais qui sont lourds de son absence
dans ma chanson.

C'est peut-être à ceux-là qu'on pense
quand la mort vient rôder pas loin
en emportant notre insouciance
un beau matin ;

à tous ces gens sans importance
avec lesquels on est si bien
qui font renaître l'espérance
et sans lesquels on n'est plus rien.

Yves Duteil, Les gens sans importance (L'air des mots)

Je crois que j'aimerais bien être sans importance... Pensées, lecture, écoute croisées : 1 Corinthiens 1, 27 ; Isaïe 49, 14-16...

dimanche 02 octobre 2011

Rencontre peu banale

J'ai lu quelque part "Dieu existe, je l'ai rencontré !". Ca alors, ça m'étonne.

Que Dieu existe, la question ne se pose pas. Mais que quelqu'un l'ait rencontré avant moi, voilà ce qui me surprend. Parce que j'ai eu le privilège de rencontrer Dieu juste à un moment où je doutais de lui.

Dans un petit village de Lozère abandonné des hommes, il n'y avait plus personne. Et en passant devant la vieille église, poussé par je ne sais quel instinct, je suis entré...

Et là, j'ai été ébloui par une lumière intense... insoutenable.
C'était Dieu... Dieu en personne, Dieu qui priait.

Je me suis dit "Qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même ? Pas lui ? Pas Dieu ?"
Non ! Il priait l'homme !
Il me priait moi. Il doutait de moi comme j'avais douté de lui !

Il disait :
- Ô Homme, si tu existes, un signe de toi.
J'ai dit :
- Mon Dieu, je suis là...
Il a dit :
- Miracle ! Une humaine apparition.
Je lui ai dit :
- Mais, mon Dieu, comment pouvez-vous douter de l'existence de l'homme, puisque vous l'avez créé ?
Il m'a dit :
- Oui. Mais il y a si longtemps que je n'en ai pas vu dans mon église... que je me demandais si ce n'était pas une vue de l'esprit.
Je lui ai dit :
- Vous voilà rassuré mon Dieu.
Il m'a dit :
- Oui ! Je vais pouvoir leur dire là-haut : "L'homme existe, je l'ai rencontré !"

Raymond Devos

mardi 24 mai 2011

Electrochoc

Il était une fois un dimanche du temps pascal... Un beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Avec ma fille nous allions à la messe, celle de onze heures à Béthanie, parce qu'il y a l'éveil à la foi organisé pour les petits, pendant que les grands écoutent les textes du jour et l'homélie...

En arrivant, il y avait plus de voitures que d'habitude, plus de monde aussi. Et dans l'église, qui est modulable, tout était arrangé pour accueillir le plus de monde possible. "Il doit y avoir des premières communions" me dis-je. Impression confirmée par la feuille de messe, qui comportait les noms des six nouveaux baptisés et de la vingtaine de jeunes se préparant à communier pour la première fois.

Les familles se pressaient bien sûr, dans les bancs réservés pour elles, mais aussi tous les amis des jeunes, ceux de l'aumônerie, leurs animateurs... Sans compter une quinzaine d'enfants de choeur[1] entourant le prêtre des jeunes, le padre comme il aime à se faire appeler.

Comme d'habitude, il a mené la cérémonie de main de maître. Rompu au charisme de la prédication, il y a mis tout son coeur, toute son âme, toute sa sincérité. Il brûle véritablement au feu de l'Esprit, c'est évident pour quiconque l'entend prêcher à l'ambon. Il fallait l'entendre parler du don de Dieu, du don que chaque chrétien est appelé à faire de sa vie, à l'image du Christ dans l'eucharistie ! Une énergie sans pareille l'anime quand il s'agit de parler du scandale de gens qui n'aient pas encore entendu parler de Jésus, et de sa joie de voir naître de nouveaux chrétiens.

Ses mots ont pris la voie directe au coeur. Les larmes ont roulé, j'ai supplié de connaître un jour ce don, ce fameux don, cette eucharistie, qu'il était impossible de ne pas désirer en l'entendant parler ainsi.

Vient la consécration, puis juste avant la communion proprement dite :
- Les jeunes vont communier en premier, dans le plus grand recueillement... pas de photos... coeur à coeur... Puis, que tous ceux qui croient en la présence réelle s'avancent pour recevoir la communion.

Stupeur. Je n'ose y croire. Et dire qu'on parlait, dix jours avant, de première communion avec Vianney... Mais je n'y comprends tellement plus rien, qu'une fois de plus, je m'avancerai les bras croisés, regrettant à la dernière seconde, devant l'hésitation du ministre à me donner l'hostie.

Ce prêtre est pour moi une énigme. Il vit de l'Esprit, et brûle de façon si intense que tout autour de lui semble devoir passer par cette flamme... Il est passionné, et en même temps la force de ses convictions peut se faire violence inouïe, envoyée à la face de ses interlocuteurs pas forcément préparés. De sa part, je m'attendais à tout, sauf à cette ouverture soudaine.

Il faut croire que Dieu aime écrire droit avec des lignes courbes...

Notes

[1] Pardon, de servants de messe... Que des garçons chez nous, une petite pensée pour Zabou et sa troupe mixte !

vendredi 17 septembre 2010

Présence choisie

En centre ville, en pleine vie, l'église accueille ceux qui, la semaine de travail terminée, viennent reprendre leur souffle.

Dans les mains du prêtre, l'hostie se lève, ronde et claire. Les cris joyeux des enfants du square voisin se sont tus. Aucune voiture ne circule dans la rue longeant l'édifice. Le silence prend soudain toute son intensité, empli d'une Présence indescriptible. En plein dans le cœur...

- Ah non, tu ne vas pas remettre ça ?!
- Pardon ?
- Tes imbécillités sur la présence réelle, là... Tu vas nous faire un coup de trémolo ?
- Ce n'est pas de ma faute si j'ai une... certaine sensibilité...
- Sensibilité tu parles ! Tu te mets toi-même à moitié en transe en te faisant un film !
- Je te ferai remarquer que je ne "fais pas un film" à chaque fois. Cela faisait des mois que je n'avais plus ressenti cette présence pendant l'eucharistie...
- Ah ? Tu veux te faire remarquer, alors ?
- Comment ça ?
- Regarde-toi : tu serres les poings, tu trembles... Tu sais pertinemment qu'on va te voir.
- Tu ne me laisse pas profiter de cette présence ! C'est toi qui me crispes !
- Déjà que tu ne communies pas alors que tout le monde le fait...
- Ce n'est pas faute de vouloir, tu le sais aussi bien que moi !
- Mouais... Tu sais bien que d'autres ne prennent pas autant de gants avec le droit canonique, et qu'ils communient même s'ils ne devraient pas.
- Ce n'est pas comme ça que je le vois.

[...]

- N'im-por-te quoi !
- ??
- C'est le grand jeu...
- Comme tous les vendredis, tu sais que l'adoration me fait du bien. Laisse moi L'écouter.
- Mais ça devient grand-guignolesque ! Le bidule doré...
- Un ostensoir.
- Si tu veux. Les bougies, tout le monde à genoux devant cette hostie, à chanter "Jésus"... Tu sais que les réformateurs tiennent cela pour de l'idolâtrie, non ?
- Ce n'en est pas. Je le sais, je le sens. Arrête de vouloir me mettre mal à l'aise...
- Prier Dieu, je veux bien. Mais Imaginer Jésus là-dedans, c'est trop pour moi.
- Tu as une façon de penser tellement rationnelle...
- Et toi, tu suis trop tes sensations ! La foi c'est pas un ressenti, on te l'a déjà dit pourtant !
- La foi n'empêche pas le ressenti, laisse-moi en profiter lorsqu'il se présente !

[...]

- Hum...
- Quoi encore ?
- Le chapelet en plastique rose accroché sur la statue de la Vierge à l'enfant, c'est le top du ressenti ?
- Euh... Je ne sais pas d'où ça vient. Le kitch n'empêche pas la foi, si ?
- T'avoueras que ces gens qui viennent se planter devant Marie pendant la messe, c'est quand même pas très logique !
- Chacun approche Dieu comme il le peut, même si ce n'est pas notre façon de voir les choses...
- Notre ?
- Oui. Si tu te mets autant en colère contre moi, c'est peut-être parce que ça te touche aussi.
- C'est surtout que je pourrais être au temple, à prier avec Henri, Gisèle et les autres !
- Mais je n'ai pas le don d'ubiquité. Pas davantage aujourd'hui qu'hier.
- Et choisir, c'est renoncer.

Dehors, les panaches gris moutonnent dans le ciel flamboyant des lumières du couchant. Le tabernacle refermé, l'église plonge dans l'obscurité. Une légère lueur éclaire doucement le fond du chœur. Et la flamme rouge qui oscille.

samedi 26 décembre 2009

Bonne nouvelle...

Noël... Avent... Achats, décoration, préparation, rangement, changement...

Noël... Offrir... Réflexion, idées, achats (bis), emballage, mise au pied du sapin...

Noël... Se rassembler... Discussion, organisation, achats (ter), disposition de la table, cuisson...

Tout ça a comme un goût d'amertume, chaque année un peu plus... De vide, spirituel comme dans le portefeuille... Même si... Même si chaque dimanche de l'Avent les prédicateurs nous exhortent, tels Jean Baptiste, à "préparer le chemin du Seigneur"... Un goût de solitude... Qu'ai-je fait ? Où sont mes amis, ma famille, ceux que j'aime vraiment ?

J'en viens à me dire... Noël, c'est pour les enfants. Pour l'étincelle qui brille dans leurs yeux quand on installe le sapin, la crèche... Le sourire qui éclaire leur visage quand on allume les bougies, les guirlandes lumineuses... L'excitation quand ils guettent dans les rues les apparitions des pères Noël sur les murs ou les toits...

Oui mais... Il me suffit d'être là pour l'eucharistie... Il me suffit de voir le sourire sur le visage du pasteur qui nous annonce "un enfant vous est né, un Fils vous est donné"... Et instantanément, mon coeur en berne se gonfle de joie. Oui, c'est Noël, et nous avons la chance d'avoir reçu cette Bonne Nouvelle !! Cette joie qui nous est donnée, gratuitement, sans attendre de retour, par les plus petits, elle est là, à portée de main, à portée de coeur !

Bonne Nouvelle... pour tous les peuples ! Et c'est à nous qu'il incombe de la propager...

dimanche 15 novembre 2009

Changer ses habitudes...

Dimanche midi, dans une rame de métro, quelque part entre Saint-Lazare et Montparnasse. Les parisiens se croisent et ne se regardent pas, comme d'habitude. Les ados désœuvrés sillonnant la capitale en quête de loisir croisent les familles sur leur trente-et-un, se rendant à une invitation d'amis ou de proches...

Parents et enfant, nous nous rendons au restaurant, pour un repas familial avant que mon beau-père ne reparte pour deux mois en Chine. Le trajet est assez monotone, les tunnels suivent les stations et se ressemblent. La faim commence à aiguiser nos estomacs...

Une femme monte dans la rame et d'une voix claire, avec un accent étranger, commence un discours assez connu : "Bonjour Messieurs, Mesdames, 'scusez moi de vous dérange...". De ma place, je lui tourne le dos, n'entends que le début de la phrase avant de penser avec les clichés que j'ai en tête, "Ca y est, elle va nous dire qu'elle est à la rue, qu'elle a deux enfants en bas âge, etc." Machinalement je fouille pour trouver quelques pièces à lui donner...

Surprise ! Alors que je n'ai pas entendu (ou plutôt pas écouté) la fin de sa phrase, je l'entends entonner... l'Ave Maria de Schubert ! Sans boîte à rythmes, comme le font généralement ceux qui s'essaient à produire de la musique dans le métro... Non, sans artifice, a capella, d'une voix maîtrisée, puissante, sur un ton très juste, avec le respect presque parfait du rythme, le latin des paroles bien plus assuré que les mots hésitants avec lesquels elle se présentait maladroitement...

Je ne me retourne pas, ferme les yeux, écoute ce chant, me laisse prendre par la présence de cette voix, m'imagine aisément dans une église plutôt que dans une rame de métro... Elle termine, le brouhaha habituel reprend ses droits, et dans un contraste saisissant, la chanteuse, dans un français mal assimilé, reprend : "Merci, 'scusez moi de vous dérange, bon voyage...". Alors qu'elle passe à ma hauteur, je m'accorde de lever les yeux. Elle est jeune, habillée sobrement et élégamment. J'ai presque honte de lui laisser ma menue monnaie, maigre récompense pour les quelques minutes de paix qu'elle nous a offertes...

Merci à toi, demoiselle, pour cette belle leçon de vie, de foi, d'espérance !

samedi 11 avril 2009

L'attente

Pendant le Carême, j'ai médité sur la vie de Jésus au désert, sur ma propre existence et mon besoin de "désert", de temps en temps. J'ai cherché à approfondir ma prière, m'approcher de Dieu, recevoir sa Parole et la mettre en pratique. J'ai découvert mon propre chemin à ses côtés ; expérimenté la difficulté de répondre un véritable "oui", de suivre l'exemple de Marie lors de l'Annonciation.

Les Rameaux sont une grande joie, rappel de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. C'est aussi un rappel de tout ce qui peut être joyeux dans ma vie en communautés chrétiennes : mon baptême, ma profession de foi, ma confirmation, et chaque événement qui me fait participer à la joie de la présence christique au sein d'une communauté.

L'entrée dans le Triduum pascal, le jeudi saint, puis la Passion du Christ, le vendredi saint, sont autant de moments forts : en signification, en prière, comme en ressenti. Les rites sont volontairement particuliers : lavement des pieds, chemin de croix, veillée de prière de la Passion aux bougies ou au contraire, en éteignant symboliquement tous les cierges...

Lorsqu'arrive le samedi saint, le temps est suspendu... La douleur de la crucifixion et de la mort du Christ a pétrifié les apôtres. Ils se terrent, transis de peur, redoutant l'avenir. Les femmes se relaient au tombeau, veillant le corps de leur maître mis à mort. Le doute envahit tous les coeurs. Comme eux, je suis dans l'expectative. Bien sûr, j'ai pour moi l'avantage de connaître la suite : demain, nous allons fêter Jésus ressuscité ! Mais aujourd'hui, le doute me gagne : si je suis capable moi aussi, de renier Jésus, de lui dire non, de refuser sa main tendue, et finalement de le laisser mourir, saurai-je le voir ressusciter ?

Alors, aujourd'hui, si j'ai une chose à demander dans ma prière, c'est de garder confiance. Même dans l'adversité. Même quand j'ai l'impression que tout tourne mal, que le ciel me tombe sur la tête, que je ne vaux rien, garder l'espoir de la résurrection...

mercredi 08 avril 2009

Expérience du silence

Je suis à l'église de mon quartier, pour un temps d'adoration du Saint Sacrement. Une dizaine de personnes se trouvent là en même temps que moi, assises ou agenouillées. Un prêtre est là également, proposant le sacrement de réconciliation. Dehors, les voitures passent dans la rue, juste au pied de l'entrée de l'édifice.

J'entre peu à peu en oraison. Saluer le Christ, le remercier pour la semaine passée... Louer sa puissance, le "hasard" dont il joue pour nous répondre, les "clins-Dieu" qu'il m'adresse régulièrement... Ouvrir mon coeur à cet ami, toujours fidèle, si précieux... "Je l'avise et il m'avise" disait le curé d'Ars lorsqu'on lui demandait ce qu'il faisait pendant ce temps passé devant la croix... Mon esprit se détache de mes prières, entre dans cette résonnance si particulière, que je commence à connaître, où je n'ai plus conscience du temps ni de mon environnement, juste de quelque chose d'intime entre Lui et moi.

Tout d'un coup, un sursaut. Il se passe quelque chose d'inhabituel. Un silence... assourdissant. Mes oreilles sont à l'affût du moindre son, mais rien. Le murmure de la confession s'est tu. Aucun toussotement, aucun froissement de vêtement ne trahit la présence de mes voisins. La ventilation du chauffage du bâtiment s'est coupée. Même dans la rue, aucune voiture ne passe, le bourdonnement habituel de la ville s'est éteint. Le Silence... Je retiens mon souffle et pense au futur prophète Samuel : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute" (1 Samuel 3, 10)... Ce silence me semble tellement vivant !

Plus tard, je demanderai à une amie : "vous avez perçu aussi ce silence soudain pendant l'adoration ?". Elle me regardera, l'air surpris, puis me répondra "non" avec un grand sourire...