Je suis à l'église de mon quartier, pour un temps d'adoration du Saint Sacrement. Une dizaine de personnes se trouvent là en même temps que moi, assises ou agenouillées. Un prêtre est là également, proposant le sacrement de réconciliation. Dehors, les voitures passent dans la rue, juste au pied de l'entrée de l'édifice.
J'entre peu à peu en oraison. Saluer le Christ, le remercier pour la semaine passée... Louer sa puissance, le "hasard" dont il joue pour nous répondre, les "clins-Dieu" qu'il m'adresse régulièrement... Ouvrir mon coeur à cet ami, toujours fidèle, si précieux... "Je l'avise et il m'avise" disait le curé d'Ars lorsqu'on lui demandait ce qu'il faisait pendant ce temps passé devant la croix... Mon esprit se détache de mes prières, entre dans cette résonnance si particulière, que je commence à connaître, où je n'ai plus conscience du temps ni de mon environnement, juste de quelque chose d'intime entre Lui et moi.
Tout d'un coup, un sursaut. Il se passe quelque chose d'inhabituel. Un silence... assourdissant. Mes oreilles sont à l'affût du moindre son, mais rien. Le murmure de la confession s'est tu. Aucun toussotement, aucun froissement de vêtement ne trahit la présence de mes voisins. La ventilation du chauffage du bâtiment s'est coupée. Même dans la rue, aucune voiture ne passe, le bourdonnement habituel de la ville s'est éteint. Le Silence... Je retiens mon souffle et pense au futur prophète Samuel : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute" (1 Samuel 3, 10)... Ce silence me semble tellement vivant !
Plus tard, je demanderai à une amie : "vous avez perçu aussi ce silence soudain pendant l'adoration ?". Elle me regardera, l'air surpris, puis me répondra "non" avec un grand sourire...