Il était une fois un dimanche du temps pascal... Un beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Avec ma fille nous allions à la messe, celle de onze heures à Béthanie, parce qu'il y a l'éveil à la foi organisé pour les petits, pendant que les grands écoutent les textes du jour et l'homélie...

En arrivant, il y avait plus de voitures que d'habitude, plus de monde aussi. Et dans l'église, qui est modulable, tout était arrangé pour accueillir le plus de monde possible. "Il doit y avoir des premières communions" me dis-je. Impression confirmée par la feuille de messe, qui comportait les noms des six nouveaux baptisés et de la vingtaine de jeunes se préparant à communier pour la première fois.

Les familles se pressaient bien sûr, dans les bancs réservés pour elles, mais aussi tous les amis des jeunes, ceux de l'aumônerie, leurs animateurs... Sans compter une quinzaine d'enfants de choeur[1] entourant le prêtre des jeunes, le padre comme il aime à se faire appeler.

Comme d'habitude, il a mené la cérémonie de main de maître. Rompu au charisme de la prédication, il y a mis tout son coeur, toute son âme, toute sa sincérité. Il brûle véritablement au feu de l'Esprit, c'est évident pour quiconque l'entend prêcher à l'ambon. Il fallait l'entendre parler du don de Dieu, du don que chaque chrétien est appelé à faire de sa vie, à l'image du Christ dans l'eucharistie ! Une énergie sans pareille l'anime quand il s'agit de parler du scandale de gens qui n'aient pas encore entendu parler de Jésus, et de sa joie de voir naître de nouveaux chrétiens.

Ses mots ont pris la voie directe au coeur. Les larmes ont roulé, j'ai supplié de connaître un jour ce don, ce fameux don, cette eucharistie, qu'il était impossible de ne pas désirer en l'entendant parler ainsi.

Vient la consécration, puis juste avant la communion proprement dite :
- Les jeunes vont communier en premier, dans le plus grand recueillement... pas de photos... coeur à coeur... Puis, que tous ceux qui croient en la présence réelle s'avancent pour recevoir la communion.

Stupeur. Je n'ose y croire. Et dire qu'on parlait, dix jours avant, de première communion avec Vianney... Mais je n'y comprends tellement plus rien, qu'une fois de plus, je m'avancerai les bras croisés, regrettant à la dernière seconde, devant l'hésitation du ministre à me donner l'hostie.

Ce prêtre est pour moi une énigme. Il vit de l'Esprit, et brûle de façon si intense que tout autour de lui semble devoir passer par cette flamme... Il est passionné, et en même temps la force de ses convictions peut se faire violence inouïe, envoyée à la face de ses interlocuteurs pas forcément préparés. De sa part, je m'attendais à tout, sauf à cette ouverture soudaine.

Il faut croire que Dieu aime écrire droit avec des lignes courbes...

Notes

[1] Pardon, de servants de messe... Que des garçons chez nous, une petite pensée pour Zabou et sa troupe mixte !