Electrochoc
Par Tigreek le mardi 24 mai 2011, 23:48 - Oecuménisme au quotidien - Lien permanent
Il était une fois un dimanche du temps pascal... Un beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Avec ma fille nous allions à la messe, celle de onze heures à Béthanie, parce qu'il y a l'éveil à la foi organisé pour les petits, pendant que les grands écoutent les textes du jour et l'homélie...
En arrivant, il y avait plus de voitures que d'habitude, plus de monde aussi. Et dans l'église, qui est modulable, tout était arrangé pour accueillir le plus de monde possible. "Il doit y avoir des premières communions" me dis-je. Impression confirmée par la feuille de messe, qui comportait les noms des six nouveaux baptisés et de la vingtaine de jeunes se préparant à communier pour la première fois.
Les familles se pressaient bien sûr, dans les bancs réservés pour elles, mais aussi tous les amis des jeunes, ceux de l'aumônerie, leurs animateurs... Sans compter une quinzaine d'enfants de choeur[1] entourant le prêtre des jeunes, le padre comme il aime à se faire appeler.
Comme d'habitude, il a mené la cérémonie de main de maître. Rompu au charisme de la prédication, il y a mis tout son coeur, toute son âme, toute sa sincérité. Il brûle véritablement au feu de l'Esprit, c'est évident pour quiconque l'entend prêcher à l'ambon. Il fallait l'entendre parler du don de Dieu, du don que chaque chrétien est appelé à faire de sa vie, à l'image du Christ dans l'eucharistie ! Une énergie sans pareille l'anime quand il s'agit de parler du scandale de gens qui n'aient pas encore entendu parler de Jésus, et de sa joie de voir naître de nouveaux chrétiens.
Ses mots ont pris la voie directe au coeur. Les larmes ont roulé, j'ai supplié de connaître un jour ce don, ce fameux don, cette eucharistie, qu'il était impossible de ne pas désirer en l'entendant parler ainsi.
Vient la consécration, puis juste avant la communion proprement dite :
- Les jeunes vont communier en premier, dans le plus grand recueillement... pas de photos... coeur à coeur... Puis, que tous ceux qui croient en la présence réelle s'avancent pour recevoir la communion.
Stupeur. Je n'ose y croire. Et dire qu'on parlait, dix jours avant, de première communion avec Vianney... Mais je n'y comprends tellement plus rien, qu'une fois de plus, je m'avancerai les bras croisés, regrettant à la dernière seconde, devant l'hésitation du ministre à me donner l'hostie.
Ce prêtre est pour moi une énigme. Il vit de l'Esprit, et brûle de façon si intense que tout autour de lui semble devoir passer par cette flamme... Il est passionné, et en même temps la force de ses convictions peut se faire violence inouïe, envoyée à la face de ses interlocuteurs pas forcément préparés. De sa part, je m'attendais à tout, sauf à cette ouverture soudaine.
Il faut croire que Dieu aime écrire droit avec des lignes courbes...
Commentaires
... Je ne sais pas ce que j'aurais fait à ta place... et j'aurais aussi hésité à la sienne...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ta situation interroge réellement ! Et que la communion de désir n'est pas qu'une vision de l'esprit !
@Vianney : puisqu'on parlait de communion l'autre jour, de confession au préalable, et sachant qu'il a déjà refusé de me confesser alors que je ne m'y attendais absolument pas, je me suis réellement posé la question... Avec l'autre vicaire ou avec le curé, je n'aurais pas hésité, car je sais qu'ils ont déjà pratiqué l'accueil eucharistique ; et ils accueillent à égal le prêtre orthodoxe qui fait aussi partie de la paroisse... Mais là ? Est-ce qu'il ouvrait la communion en pensant peut-être aux divorcés-remariés qui faisaient inévitablement partie de l'assemblée ? Ou à tous ceux qui ne sont pas "dans les clous" parce qu'éloignés de l'Eglise de manière habituelle, et qui peuvent effectivement être touchés lors de telles cérémonies ?
...Comme il me touche ton texte Tigreek...et les larmes ont roulé aussi.
Lors de la messe de première communion de ma cousine le we dernier, le prêtre a fait communier en même temps les enfants catholiques qui se sont préparés à la communion et 4 filles protestantes qui ont suivi avec eux le catéchisme œcuménique. Il a invité quiconque le souhaitait à communier, quelle que soit sa situation de vie ou sa confession... j'ai beaucoup pensé à toi ce jour-là.
C'est vraiment bouleversant ce que tu écris, cette si grande envie de communier et pourtant y renoncer...
A part en rappelant les raisons qui font que des personnes "divorcées-remariées" ne peuvent pas communier, je ne vois pas comment répondre à ta question, Tigreek, parce que là, je ne vois pas comment on pourrait accepter cela.
Ta situation est profondément différente, et à mon avis incomparable. Je ne crois pas que c'est ce qu'il voulait dire. Le plus simple serait peut-être de le lui demander, à lui ?
@Corine : merci d'être là...
@Marie-Anne : oui, en Suisse (ou limitrophe), comme en Alsace, la situation est très différente. L'oecuménisme est presque obligé, car les communautés protestante et catholique sont a quasi-égalité en termes de population... Et du coup, on entend parler de beaucoup plus de choses qui, de fait, se vivent ensemble ! Pour moi, c'est bien la preuve que c'est possible, qu'on peut avancer ensemble, faire une véritable union, sans compromission, mais en vivant profondément de l'évangile.
@Vianney : parler des personnes divorcées-remariées était volontairement provocateur. Les raisons dont tu parles, je les connais fort bien, pour les avoir cherchées il y a quelque temps. Mais tu avoueras que c'est une "population" qui se rencontre aujourd'hui plus fréquemment que des familles multiconfessionnelles...
Bien sûr qu'il faudrait que j'aille lui en parler, poser la question. Il faut juste que j'ose. Chat échaudé craint l'eau froide... Et notre dernière discussion, où grosso modo il m'a expliqué qu'il allait prier pour que je revienne dans le droit chemin, m'a donné matière à réflexion, c'est le moins qu'on puisse dire !
Mais le droit chemin, c'est le votre!!!
Là où prière, désir, amour du Christ ressucité bordent le chemin.
C'est Lui, le Chemin, la Vérité et la Vie!!!
Bonne route, en souhaitant que cette Église que j'aime tant sache accueillir.
@Firenze : merci de votre soutien, et de rappeler l'essentiel... Que je puisse suivre le chemin du Christ, sans me focaliser sur les divisions qui existent, mais bien sur ce qu'on peut faire ensemble...
J'ai été émue en te lisant : Quel grand et beau désir que le tien !
Qui ne brille malheureusement pas toujours dans nos coeurs de personnes "habituées" à recevoir la communion...
En tout cas, cela donne vraiment le désir profond de travailler à rendre vrai le "qu'ils soient un" du Christ !
Je passe et je reviens, je lis et je relis tes mots...Comme tous, je suis touchée par ce que tu partages. Comme tous, je ne peux que t'emporter dans mes prières...Je rejoins Vianney aussi, un peu ; essaie d'aller lui parler, d'ouvrir un dialogue, même si....
@Zabou : merci... Que nous soyons un... Un jour.
@Anne-Claire : oui, lui parler... Vendredi soir, messe puis adoration. Une "simple" messe de semaine, et la même présence. Et l'occasion de parler, lui demander, après, dans la sacristie. Pas osé.