Il y a quelques jours, j'entendais les nouvelles annonçant un attentat à Istanbul. La violence montant en Turquie. Je pensais à cette amie rencontrée il y a des années, alors que je commençais tout à la fois mes études et ma vie d'adulte s'ouvrant au monde... Nous avions eu des tas de discussions, sur nos cultures, nos religions, la laïcité, l'intérêt pour les autres. Elle me racontait son souhait de finir ses études de médecine en France, pratiquer peut-être quelque temps, puis retourner chez elle, à Istanbul, pour transmettre et faire grandir son pays, là-bas, ce pays qu'elle aimait profondément. J'aimais les petites étoiles dans ses yeux et son sourire un peu énigmatique quand elle nous parlait de sa famille... Alors l'actualité m'a rappelé cette amie... Nous avons perdu contact, au fil des années.
Je me demandais ce qu'elle était devenue. J'ai commencé à écrire ce billet, avec ce titre. Parce que je trouvais un peu dommage de me souvenir d'elle à ce moment-là.
Et puis il y a eu le décès de mon grand-père. Rien à voir, me direz-vous. Il est mort à 98 ans, dans son lit. Oui mais la famille s'est trouvée, momentanément, plus unie que jamais. Comme si la perte rapprochait, inexorablement.
Hier soir, un homme a pris le volant d'un camion, à Nice. Peu importent ses motivations. Il s'est cru dans un jeu vidéo peut-être, ou il a perdu toute conscience. Il a joué aux quilles. Sauf que c'était avec des vraies personnes. Quatre-vingt-quatre. Hommes, femmes, enfants, de toutes religions, de toutes couleurs, des êtres humains comme vous et moi.
Cela fait dix-huit mois que la haine explose, un peu partout, en actes aveugles. Non, la France n'est pas la seule touchée, bien sûr il y a plein d'autres drames, bien sûr il faut lutter pour tout cela. En attendant, nous sommes tous unis, dans cette triste communion.
Et maintenant ? Je ne crois pas à la force des armes. Je crois en l'éducation et en l'amour. Et je voudrais que Paul ait raison : "Là où le péché abonde, la grâce surabonde" (Romains 5, 20)...