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dimanche 20 novembre 2011

Brèves (de comptoir ?)

Bien sûr, il y a ces sujets qui font réagir : une nouvelle campagne de publicité Benetton mettant en scène de façon provocante diverses personnalités ; une obscure pièce de théâtre dont on n'aurait jamais entendu parler si elle ne foulait pas aux pieds les chrétiens et leur foi. Sur ces sujets, d'autres ont déjà argumenté, dit ce qu'il y avait à dire, invité à la prière, à la discussion. Pour ma part je ne saurais qu'exprimer ma tristesse et ma douleur de voir croyants et non-croyants, et même entre croyants les frères se déchirer... Quand les noms d'oiseaux volent entre chrétiens, quand les sous-entendus se font pesants de rancoeur, quand la violence pointe, dans les mots et les gestes envers prêtres ou blogueurs... Alors je ne peux que prier pour que la raison reprenne le dessus, et pour que Dieu nous donne d'écouter la petite voix de l'Amour, plutôt que de céder aux trompettes de l'affrontement.

Le théâtre aujourd'hui, j'en ai vu aussi : du chouette, du beau, de l'amateur... Une joyeuse bande d'ados venus avec leur pasteur, mettre en scène l'histoire d'Esther pendant le culte ce matin. Entre comédie musicale et théâtre contemporain, des costumes faits de bric et de broc mais suffisamment évocateurs, de l'humour, du punch, de l'authenticité ! C'était chouette, et ils ont été copieusement applaudis.

Il y a aussi de véritables trésors : une réminiscence d'un débat vieux de quelques siècles, joliment présenté par Zabou... Toute ressemblance avec un débat existant aujourd'hui serait purement fortuite ! ;)

Il y a aussi ce dimanche du Christ Roi. J'aime bien cette fête, depuis que j'en ai appris la signification[1]. J'aime bien les ornements blancs, la joie, l'ambiance apocalyptique au milieu d'un hiver qui s'annonce... Pas apocalyptique façon catastrophe, plutôt "rêve d'un nouveau monde". Et ce matin, à la messe, une jeune fille l'avait bien compris, ce rêve... Elle était hilare, agaçait sa mère à côté d'elle, se mettait à chanter un gloria quand le chant se terminait. J'ai bien aimé son sourire, son rêve, et puis encore ce sourire devant la communion... Lucille, elle s'appelle. C'est marqué sur son sac.

Il y a l'Avent qui arrive, mais cela, on le sait déjà, et depuis deux semaines au moins... Il sera bien assez tôt, la semaine prochaine, de se préparer à cette venue. D'ailleurs, je vais prêcher, pour cette entrée en Avent. Et si cela se confirme, si le conseil presbytéral de la paroisse est d'accord, il se pourrait que ce soit aussi... ma première célébration de la Sainte Cène !

Et puis, à contre courant des affiches publicitaires voulant nous faire consommer à tout crin, cette semaine j'ai vu fleurir de jolies photos dans ma station de RER... Pas de mannequin à taille de guêpe mais des enfants, des jeunes femmes, des grands-parents... Pas de slogan xyloglossé[2] mais de vraies belles propositions qui font du bien. Pas de sourire digne d'un dentifrice mais des mines sincèrement réjouies ! C'est la campagne annuelle du Secours Catholique. Et j'aime ça :)

Notes

[1] c'est-à-dire depuis peu, car mes connaissances sur le calendrier liturgique catholique sont toujours fortement lacunaires...

[2] merci à David pour l'expression ! ;)

lundi 14 février 2011

Un seul être...

Je ne connais pas son nom, pas davantage celui de son chien. De lui je ne sais que ce qu'il a bien voulu montrer à tous, ce que j'ai accepté d'y voir, aussi. Sa place, le long du mur nu de la "salle d'accès" du RER, en face des magasins, au même endroit au mètre près, tous les matins, quand j'arrive, avant huit heures. Parfois il ne fait pas trop froid, d'autres il pleut et l'humidité rend les températures hivernales plus difficiles à supporter ; parfois la neige couvre tout dehors, d'autres matins encore il gèle à pierre fendre et un vent coulis glacé se glisse au ras du sol... Mais toujours le manteau est fermé et le bonnet enfoncé jusqu'aux yeux ; la météo n'influe que sur la couverture dont il couvre ou non son compagnon de fortune[1]...

Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…[2]

J'ai mis longtemps, trop longtemps, avant d'oser. Dans le flot, briser l'élan, contrer la force de la routine. C'est beaucoup moins évident qu'il n'y paraît, en fait, d'accepter de s'arrêter, de casser l'effet de groupe des gens pressés de rejoindre leur poste... Il faut chasser la brume matinale qui engourdit l'esprit et fait suivre comme un mouton[3]... Donner, c'est plus qu'une "simple" pièce, pour déculpabiliser un peu[4]. C'est voir l'homme sous le tas de chiffons, reconnaître un semblable malgré le dos courbé, les épreuves de la vie qui pèsent sur les épaules, le regard empli d'incertitude pour les heures à venir.

Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…

Et chaque fois, cela ne manque pas. D'inexpressifs, les yeux s'éclairent ; le visage s'anime, le corps tout entier recroquevillé semble se détendre, un peu, le temps de lever la tête. Son regard croise le mien, un sourire échangé, un merci, "bonne journée"... Ces quelques secondes suffisent à me remplir le coeur de légèreté et de joie !

Parfois son chien aimerait jouer, il le retient d'une main, s'excusant d'un geste à peine esquissé de l'autre. Oserais-je dire que derrière le désarroi d'une situation dramatique, je pressens une personne raffinée, aimante, respectueuse de son prochain ? De matin en matin, de regard en sourire, le lien se fait...

Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.

Quelquefois, il n'est pas là. Alors ma journée ne peut pas être la même... Est-il souffrant ? Ou bien a-t-il trouvé un foyer, l'espace d'une nuit ? Je ne peux qu'imaginer, et lui souhaiter de trouver un jour le petit quelque chose qui le remettra sur les rails... Une association, un travail, un ami, que sais-je...

Regardez le ciel. Demandez-vous : le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change…

Notes

[1] ou d'infortune, plutôt

[2] Citations : Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

[3] Il ne manque plus que les bêlements !

[4] Parce que si c'est juste pour déculpabiliser, comme ça, vite fait, ça ne marche pas...

lundi 17 mai 2010

Unité... et solidarité

In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.
(Dans les choses nécessaires, unité ; dans le doute, liberté ; en tout, charité.)

C'est sur cette maxime, attribuée à divers auteurs (Saint Augustin, Vincent de Lérins, Peter Meiderlin, Richard Baxter...), que le prêtre a construit hier matin son homélie. Un discours sur l'unité que, je dois bien l'avouer, j'ai trouvé sujet à questions et interprétations. Si je suppose que je me trouvais en public catholique, le prêtre parlait probablement de l'unité de l'Eglise catholique... mais ses propos pouvaient laisser à penser qu'il parlait de l'ensemble des chrétiens ! Et dans toute son homélie, jamais il n'a clairement dit s'il parlait d'unité catholique ou d'unité chrétienne... Un peu comme si dans son esprit, c'était la même chose...

Ce qui m'amène à poser deux questions :

  • Malgré toute la bonne volonté que l'on peut mettre par ailleurs (pour prier ensemble, œuvrer ensemble dans la solidarité ou la lutte contre la torture par exemple), comment faire l'unité si chacun considère que les autres sont inférieurs à lui et doivent adhérer à son parti ? L'unité, pour les catholiques, signifie-t-elle ramener tous les chrétiens dans le giron de Rome ? Pour les orthodoxes, faire adhérer toute la chrétienté au rite oriental ? Dès lors, comment répondre au vœu de Jésus exprimé en Jean 17, 21, "qu'ils soient un comme nous sommes un" ?
  • Qu'est ce qui prévaut pour distinguer le nécessaire du reste ? Le prêtre parlait hier du nécessaire en citant le credo. Je l'ai apprécié, car c'est effectivement un élément commun à tous les chrétiens (si ce n'est que le terme "catholique" du symbole des Apôtres ou de Nicée-Constantinople est à prendre dans son sens grec !). Le credo est la base de notre foi que nous partageons tous. Mais ensuite, comment décider de ce qui est nécessaire ou non ? Les sacrements ? Le culte des saints ? Le(s) ministère(s) ? La façon de commémorer la Sainte Cène ? La liturgie ? Qui doit décider, sur quels critères ?

Puis, au temple, le culte avait pour thème l'entraide. Entre paroissiens, envers les autres, chrétiens ou non. Chercher l'aide de l'Esprit Saint pour mieux se mettre au service : des autres, de son prochain, du plus petit. S'il y a quelque chose qu'on sait faire en commun, nous les chrétiens, c'est bien cela : aider son prochain, se mettre au service des autres, parfois au détriment de son propre équilibre.

Alors, l'unité, si on la commençait par là ? Échanger un sourire, apprendre à se connaître, aller à la rencontre de l'autre, partager sa détresse et peut-être s'aider mutuellement à se relever...