Ce matin, en arrivant à l'entrée de la tour de bureaux où je travaille, ma première pensée fut de me questionner sur la structure de métal et de verre posée devant la porte. Puis de visualiser la forme de sapin stylisée, et d'esquisser un sourire : quoi que de très normal de préparer les décorations lumineuses, les entreprises qui s'en occupent vont avoir fort à faire dans le mois qui arrive... Dans ma ville, les décos sont déjà en place, comme des témoins de la fête qui va arriver, discrètes car restant éteintes pour l'instant.

Je passe la porte et mon sourire se fige, mes yeux s'agrandissent de stupeur. Machinalement je me remémore la date d'aujourd'hui, oui, on est bien le sept novembre, soit sept semaines avant Noël... Et le hall est rempli de lumières scintillantes, comme si Noël était demain !! Alors je repense aux catalogues de jouets et aux tracts publicitaires qui prédisent déjà "les fêtes" et s'accumulent depuis une semaine ou deux dans ma boîte aux lettres... Aux trois personnes qui m'ont déjà demandé "mes listes" pour pouvoir acheter les cadeaux "pas trop au dernier moment, tu comprends"...

Il y a quinze ans, on se moquait de ma grand-mère qui s'y prenait deux mois à l'avance pour les cadeaux de Noël, mais il semblerait que tout le monde soit devenu fou. L'Avent, c'est quatre semaines de veille, de préparation matérielle mais surtout spirituelle. Quel est le but de tout ce remue-ménage ? Faire acheter plus que d'habitude ? Annoncer deux fois plus à l'avance fera-t-il acheter deux fois plus aux consommateurs ? Faut-il faire oublier la crise avec les paillettes et les lumières ?

Mais, plus que l'appât du gain, c'est la déconnexion avec les valeurs de base de Noël dans notre société aux origines judéo-chrétiennes qui m'inquiète. Il y a vingt ans, le grand déballage publicitaire de Noël débutait à la première semaine de l'Avent. Cela avait un sens, quelque part, on associait les préparatifs matériels au chemin de prière qui menait à la venue du Sauveur. Aujourd'hui, les images populaires de Noël sont le sapin, les cadeaux et l'orgie de nourriture qui va avec. Plus de crèche, aussi kitsch puisse-t-elle être[1], le petit Jésus est passé aux oubliettes...

Quel sens, nous chrétiens, allons-nous donner à Noël cette année ? "Veillez, car vous ne connaissez ni le jour, ni l'heure" disait l'évangile d'hier. Notre heure est-elle venue de mettre un peu d'espérance, mais aussi de patience dans le coeur de nos frères ?[2]

Notes

[1] La "foi du charbonnier", vous savez ?

[2] Du coup, j'ai aussi pensé à une carte d'Israël en guise de calendrier de l'Avent, avec deux petits ânes pour mes deux filles, un portant Jésus, l'autre Marie, en route de Nazareth vers Bethléem...