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dimanche 28 mars 2010

Du rire aux larmes ?

L'an dernier, j'avais déjà fait un billet concernant le dimanche des Rameaux. Cette année, j'ai beau connaître les différences de célébration, je ne réussis pas à participer pleinement. Il y a trop de différence : joie de la montée triomphale de Jésus à Jérusalem, souffrance extrême de la Passion...

Tout cela éveille en moi des réflexions aussi diverses que contradictoires. Mais au cours de l'année écoulée, ma recherche personnelle, les contacts que ce blog m'ont permis d'établir, mes premiers pas en théologie, m'ont donné à discerner. Voir plus loin que les événements ponctuels. Chercher plus profond que dans la (pas toujours) simple actualité. Apprécier les contextes des célébrations, autant que de l'écriture des textes. Apprendre les subtilités historiques qui mettent les susceptibilités à fleur de peau. Fouiller les symboles chers à chacun, voir au-delà de ce qui peut paraître une superstition.

La différence de célébration du dimanche des Rameaux est le point le plus divergent de deux chemins qui se croisent, s'éloignent pour mieux se retrouver, de Noël à Pâques, puis à Pentecôte. Des sentiers qui se sont créés au fil du temps, des traditions, des antagonismes ou des rapprochements.

De tout coeur, j'espère que de multiples petits "raccourcis" relieront ces routes... Le premier pas n'est-il pas de profiter des occasions de se retrouver ? Rendez-vous dimanche prochain, à l'aube !

mercredi 10 mars 2010

Montre-moi ta maison, je te dirai qui tu es

Dans la ville, épargnée par les folies des promoteurs, il fait bon se promener parmi les maisons individuelles, serrées les unes contre les autres ou posées dans un écrin de verdure. Au fil des rues, chacune décline son identité, laissant imaginer au passant ce que peuvent être les habitants invisibles et leur caractère. Ici, c'est un couple, sans doute retraité, dans une maison bien sage, presque stricte, où chaque chose est à sa place, la pelouse à l'anglaise soigneusement taillée ; rien ne traîne, et on imagine aisément que dedans, tout est aussi bien rangé, dans un décor minutieusement pensé, épuré, presque minimaliste et tout en raffinement discret. Là, c'est une famille avec un chien : la pelouse est marquée par les empreintes de pattes et de pas, divers jouets sont semés un peu partout comme autant d'invitations ; aux fenêtres, des rideaux aux couleurs vives, et la porte ouverte du garage laisse entrevoir un joyeux bazar de matériel, vélos, jouets, vêtements remisés... A côté, c'est un amoureux du jardinage : dans un terrain plutôt vaste pour une ville, alternent fleurs et rangs de légumes ; la cabane qu'on devine au fond déborde d'outils et parfois, comme un escargot sort de sa coquille après l'averse, le propriétaire profite du soleil hivernal pour entretenir ses cultures. Il y a aussi la maison qui vient d'être rachetée : voilà un mois qu'elle est en travaux, on voit les camions amener des bennes, repartir avec des monceaux de béton, plâtre, gravats, puis les parpaings arriver, la physionomie de la bâtisse se transformer ; c'est une chrysalide, on attend que le papillon se montre !

On imprime à notre environnement ce que l'on est. Une même habitation occupée par deux familles différentes aura deux ambiances plus ou moins dissemblables. Je crois qu'il en est de même pour la foi : chacun "aménage" son coeur selon ce qu'il est. Bien sûr, il y a des ressemblances : dans chaque maison on trouve une cuisine, une ou plusieurs chambres, des toilettes ; dans chaque chrétien on retrouve la foi en la Trinité, la résurrection, le pardon. Mais David l'a déjà dit mieux que moi, chacun vit sa foi selon son caractère, construit et agence sa maison au fur et à mesure de sa vie. Parfois on commence par creuser les fondations, ça prend du temps, et le chantier peut être arrêté pour cause de mauvais temps... D'autres achètent une maison déjà faite, l'aménagent à leut goût... D'autres encore finissent par se rendre compte qu'ils étouffent dans leur propre coeur, alors qu'ils pensaient avoir bâti un palais ; alors ils rasent tout et recommencent.

Et puis, il y a les mélanges. Ceux et celles qui grandissent entre deux cultures, entre deux confessions ou religions. Une maison d'un genre nouveau : une église avec un minaret ; un temple avec des icônes... Ca peut paraître étrange, kitsch, voire vulgaire. Mais quand c'est sa propre maison... On y prend goût ! Alors, au moment de créer sa propre habitation, on demande un permis de construire, pour un temple avec un clocher. Mais les architectes ne l'entendent pas de cette oreille !

Imaginez... Lors d'un divorce, le juge demande aux enfants, dans la mesure de leurs capacités, de choisir s'ils veulent habiter avec leur père ou leur mère. Certains optent pour la résidence alternée, ce qui leur permet de profiter de deux ambiances différentes, et surtout de chacun de leurs parents, dans son environnement. Dans l'état actuel de l'oecuménisme, si l'on respecte les règles des clergés, la résidence alternée n'existe pas. Et pour moi, aucun enfant (et l'on reste toujours l'enfant de ses parents !) ne devrait avoir à faire ce choix.

mercredi 24 février 2010

Les Sacristains font des émules...

Je ne sais si c'est l'air du temps ou une sympathique émulation fraternelle... Toujours est-il qu'un blog collectif, reprenant l'esprit des Sacristains, a vu le jour récemment, du côté protestant.

Il s'agit du blog de la paroisse parisienne de l'Oratoire du Louvre, judicieusement appelé Lab'Oratoire. Peuplé de nombreuses "pointures" du milieu protestant, mais aussi ouvert aux questions et aux participations de tous, sera-t-il une expérimentation concluante d'évangélisation par le blog ? Espérons-le !

Pour ma part, du peu que j'en ai vu pour l'instant, il est ouvert, simple d'accès, et représente assez bien à mes yeux "l'ambiance" réformée. Pour qui souhaite avoir une vue synthétique du monde protestant, cela peut donner un bon échantillon, pour rester dans le vocabulaire de laborantin...

Merci à Autheuil pour l'information !

vendredi 30 octobre 2009

Escapade festive

Je pars ce matin pour Strasbourg. Destination : Protestants en fête !

C'est du jamais vu, un rassemblement national de la grande famille protestante, toutes tendances confondues... Trois jours d'animation, de fête, clôturés en beauté par un culte magistral au Zénith de Strasbourg...

Sur ce billet particulièrement court, je vous laisse en compagnie de Brel, Grand Jacques :

C'est trop facile d'entrer aux églises, de déverser toute sa saleté, face au curé qui dans la lumière grise, ferme les yeux pour mieux nous pardonner...
- Tais-toi donc, grand Jacques, que connais-tu du bon Dieu ? Un cantique, une image, tu n'en connais rien de mieux...

dimanche 18 octobre 2009

De l'équipe des sonneurs de cloches

Voilà un mois que le blog des sacristains a ouvert ses portes, apportant son lot de réjouissances, questions, observations, sujets houleux, mais aussi trolls et autres débordements. Qu'en dire ?

En premier lieu, le buzz avant même le lancement du site fut efficace. Une semaine avant la date officielle (14 septembre, fête de la Croix Glorieuse), la plupart des blogs personnels à tendance catholique parlaient déjà de "sacristains" qui se préparaient à "sonner les cloches"... Sans forcément savoir ce qui allait se passer : célébration particulière ? Rassemblement à ne pas rater ? Aucune idée mais j'avais bien l'intention de suivre ça de près ! Et manifestement, beaucoup d'autres n'étaient pas en reste, à tel point que La Croix en a fait un article, dévoilant un peu en avance le but des fondateurs : "donner un peu plus de visibilité aux cathos 'mainstream'". Mon impatience d'entendre les cloches virtuelles sonner n'en a été que plus grande : comment allaient-ils se présenter ? Par quel sujet entameraient-ils leur voyage ?

De voyage, il en fut question. Les métaphores allèrent bon train, la sacristie s'est transformée pour l'inauguration en radeau pour les plus humbles, en trois-mâts pour les plus optimistes ou les plus ambitieux... En tout cas, l'équipage était radieux, heureux de travailler en groupe, de mener leur embarcation dans le même sens, et comptant bien garder sereinement le cap, que ce soit en cabotage ou en haute mer.

En parlant d'équipage, même s'il était exclusivement masculin au début, pour moi il ne faisait aucun doute qu'il s'élargirait avec quelques personnalités féminines. Ce fut rapidement le cas, d'autant que Jean-Baptiste Balleyguier a très vite mis les pieds dans le plat, avec son article "Où sont les feeeeemmes…", suite auquel la polémique a dépassé toutes les espérances de l'auteur en termes de commentaires, je pense ! Quelques jours plus tard, ce sont Anne-Claire et Zabou qui obtenaient leur admission dans la sacristie, priant "les hommes" de faire un peu de ménage (Edmond, rassemble ces tasses que je ne saurais voir... David, cet objectif qui traîne entre ciboire et lectionnaire ne serait-il pas le tien ?).

J'ai remarqué que les quelques sujets qui ont été lancés au départ du blog provoquaient le débat sinon l'empoignade. Etait-ce volontaire ? J'ose imaginer que leurs auteurs avaient gardé en réserve certains articles pour ce nouveau media... Cela veut-il dire que l'activité du blog va s'atténuer ? Probablement pas. L'avantage d'un blog collectif, c'est que les différents auteurs peuvent se passer le relais suivant leurs activités annexes, en fonction des sujets sur lesquels ils sont plus ou moins aptes à réagir, plus ou moins sensibles.

De mon point d'observation, j'ai quand même eu à l'esprit quelques questions : pourquoi un tel blog collectif ? Pourquoi maintenant ? Et existe-t-il quelque chose de semblable dans la communauté réformée ?

La principale raison du blog collectif est celle de la visibilité. Oui, mais... les blogueurs qui se sont rassemblés chez les sacristains n'étaient-ils pas déjà visibles ? Effectivement, en se rassemblant ils peuvent faire entendre leurs voix à l'unisson sur certains sujets. Cela justifie-t-il seulement la création des Sacristains ? Pas vraiment : le Pape lui-même leur a donné sa bénédiction pour faire entendre leur son (de cloche !) sur Internet...

Pourquoi maintenant ? Ca, c'est une question que je me pose encore. Sans doute les fondateurs ont-ils pensé qu'une période d'accalmie dans l'actualité serait plus propice au lancement (nécessitant forcément un peu de réglages) d'un tel site. Et puis, l'équipe a le temps de se souder avant la prochaine tempête médiatique que, n'en doutons pas, une société de plus en plus laïque (voire athée) saura de nouveau lancer !

Enfin, cela m'a donné l'idée de voir ce qui se faisait du côté des blogs protestants. Par la force des choses, c'est un peu plus compliqué à trouver, les proportions étant en France d'environ un protestant pour trente catholiques (source Wikipedia). Les quelques résultats que j'ai obtenus reflètent bien l'organisation synodale des Eglises protestantes... Pour la plupart, il s'agit déjà de sites ou de blogs collectifs : paroisses, associations, événements... Les quelques blogs personnels sont souvent ceux de pasteurs relatant leur expérience personnelle (tel celui d'Eric George qui me fait parfois l'honneur de passer par ici) ou publiant leurs prédications, parfois à la demande de leurs paroissiens. J'exagère, il y a aussi des blogs de profs-chercheurs...

Bref, ma curiosité fut comblée, je dois avouer que j'apprécie le blog des Sacristains, qu'ils m'ont fait découvrir des blogueurs que je ne connaissais pas encore... Leur façon de voir les choses donne une ouverture certaine à des points de vue personnels, un échange qui n'existerait pas ou qui serait moins visible entre leurs blogs personnels. Bon voyage !

dimanche 04 octobre 2009

L'art oratoire et celui d'élision

Ils sont forts, ces prédicateurs ! Donnez-leur les textes du jour, mettez-les devant un ambon ou sur une chaire, tentez-les un peu sur un point de dogmatique et de sociologie, et ils vous font un discours passionné à faire frémir la personne la plus endormie de l'assistance... Le tout en éludant allègrement un passage des textes pour mieux insister sur ce qui les intéresse.

Les textes du jour, aussi bien dans l'Eglise catholique que dans l'Eglise réformée, comprenaient l'évangile de Marc 10, 2-16 :

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation. »

Jésus répliqua : « C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! »

De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère. »

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Aussi bien le prêtre que le pasteur ont passé sous silence le dernier passage, les versets 13 à 16, parlant des enfants. Tous les deux se sont focalisés sur l'histoire de couple, le piège tendu à Jésus par les Pharisiens, et dans lequel il est si facile de tomber à notre tour en cherchant à interpréter et actualiser la scène. Pourtant, à l'époque, quoi de plus insignifiant qu'un enfant ? Ce sont des éléments négligeables et négligés, ils ne sont pas écoutés, doivent se taire, laisser discuter les adultes...

Dans ce texte, davantage qu'une morale sur la vie de couple, Jésus s'intéresse aux plus petits, aux personnages méprisés de son époque : les femmes et les enfants. Les hommes vont à la synagogue, discutent des enseignements religieux, peuvent entrer dans le Temple à Jérusalem... Les disciples de Jésus ? Encore des hommes, qui repoussent les femmes lorsqu'elles veulent approcher, qui vont vérifier leurs dires lorsqu'elles rapportent la nouvelle du tombeau vide... De même, dans ce passage, est dit "on présentait" (verset 13). Qui est ce "on" qui veut approcher de Jésus ? Probablement des mères accompagnant leurs enfants... Elles ne valent pas la peine d'être reçues, les disciples veulent les écarter pour profiter de l'enseignement du Maître, ils sont sérieux, eux ! Ils me font penser au businessman du Petit Prince, qui n'arrête pas de répéter "Je suis sérieux, moi !"...

Alors, oui, mon Père, on peut justifier les positions de son Eglise sur le sacrement du mariage, sans jamais le citer. Faire une homélie en trois points sur le sommet particulièrement haut proposé par Dieu, le long et difficile chemin pour y parvenir, et la nécessité d'avancer en tenant compte de ceux deux paramètres, sans les fausser. Oui, on peut parler de la dernière encyclique du Pape, Caritas in veritate, en suggérant rien moins que la démarche de Dieu lui-même, de la miséricorde apportée pour supporter les exigences qu'Il nous donne. Mais que faites-vous des souffrances qu'endurent chaque jour ceux qui ont fait des erreurs, qui succombent à une situation intenable, et se trouvent de fait mis au ban d'une Eglise qui par ailleurs prône la protection des plus faibles ? Peuvent-ils encore espérer le pardon ?

Oui, cher pasteur, on peut à l'inverse justifier le divorce, en disant que la répudiation du temps de Jésus n'avait rien à voir avec le divorce d'aujourd'hui ; que c'était une histoire d'hommes et que les femmes n'avaient pas leur mot à dire, alors qu'aujourd'hui, trois divorces sur quatre sont demandés par des femmes ; qu'au lieu de tomber dans le piège des Pharisiens, Jésus leur répond en remettant un peu d'égalité entre homme et femme. On peut reprocher à l'Eglise catholique d'avoir fondé sa théologie du sacrement de mariage essentiellement sur ces quelques versets, alors qu'a priori, le mariage au temps de Jésus n'avait rien à voir avec ce qui s'est fait par la suite chez les chrétiens (encore que, en termes de mariages arrangés, de répudiation plus ou moins sévère, les histoires des nobles du Moyen Age et de la Renaissance ne devaient pas avoir beaucoup à envier au monde juif du temps de Jésus). On peut saluer le divorce comme une avancée, un droit à la vie pour les femmes victimes de violences conjugales. Mais alors, quelle valeur donner au mariage ? Quelle crédibilité donner à l'engagement promis, lorsqu'un couple s'unit devant Dieu ?

Et enfin, pour revenir aux quelques versets passés sous silence, quid des enfants ? Doivent-ils être les victimes d'un couple se disputant sans cesse, voire les prenant à partie ? Ou bien déchirés entre deux milieux, deux maisons, deux familles recomposées ? Ne doivent-ils pas être notre priorité ? En tant que plus petits, nous nous devons de les protéger, les aimer, prier pour pouvoir leur partager un peu de cet Amour immense auquel nous croyons... Ecouter aussi leur simplicité, leur naïveté, leur efficacité brutale parfois... Et si c'était eux qui nous donnaient les bonnes réponses ?

jeudi 06 août 2009

La joie du baptême

La préparation fut houleuse, en particulier la préparation liturgique... Nous avons dû nous y reprendre à deux fois, la première fois ayant résulté en un quiproquo auprès de la paroisse catholique : nous ne rentrions pas dans la procédure habituelle, quelle idée ! De plus, les contraintes des différents membres de la famille nous donnaient une "fenêtre de tir" calendaire plutôt restreinte... Alors, cette fois-ci, j'ai pris les devants. Dès le mois de janvier, j'ai lancé mes hameçons, rencontré les prêtres, bien compris que si certains avaient l'âge et la culture "Vatican II", d'autres ne l'avaient pas !

Après les discussions passionnées, voire douloureuses, sur les divers points liturgiques, le refus d'accueil eucharistique avec le sentiment d'avoir joué la balle de ping-pong entre les différents intervenants du clergé, ce fut un véritable soulagement lorsque nous avons pu organiser la rencontre avec les célébrants du baptême : le prêtre, et la vice-présidente du conseil presbytéral, représentant la pasteur, qui serait absente à la date de la cérémonie.

Superstition ? Souci de faire les choses "dans l'ordre" ? J'ai attendu le dernier moment pour parfaire les détails pratiques du baptême... Pas de faire-part : quand j'ai eu le temps nécessaire pour les préparer, le délai pour les envoyer était un peu court... Et tout le reste a été fait à l'avenant aussi... Il faut dire que revenant directement du Grand Kiff et enchaînant avec la semaine de boulot / préparation du baptême, c'était difficile de faire autrement.

Mais il devait y avoir un ange gardien pour Nathalie, ou qui veillait spécialement sur cette fête, car je n'ai rencontré aucun obstacle ! Robe blanche arrivée pile dans les temps, traiteur qui ne part pas en vacances, mon frère appelé à la rescousse pour donner un coup de main qui trouve un billet de train dans le chassé-croisé du plus grand déplacement de départ en vacances... Et jusqu'aux intervenantes du baptême, à qui j'ai demandé une participation, qui ne se sont pas donné le mot mais sont finalement arrivées sur le même verset : "qu'ils soient un, comme nous sommes Un" (Jean 17,21) ! Si ça n'est pas un clin-Dieu, ça...

La fête a été belle, Nathalie a été très sage et concentrée pendant la cérémonie, puis joyeuse et très heureuse de tous les cadeaux dont toute la famille l'a couverte ! Merci pour cette fête, pour cet accueil, pour la joie et la paix de cette journée. Une très bonne entrée en matière pour des vacances en famille, une pause profitable à tous les trois...

lundi 06 juillet 2009

Discernement ?

"Nul n'est prophète en son pays" et "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Voici le résumé des deux prédications que j'ai entendues hier.

A l'église d'abord : l'évangile (Marc 6, 1-6) évoque le voyage de Jésus dans sa région natale, et les moqueries qui s'ensuivent. Le prêtre commence son homélie en nous rappelant que nous sommes tous prophètes. Et même me dis-je, "prêtres, prophètes et rois", selon l'onction reçue au baptême... Nous sommes tous prophètes, tous appelés à évangéliser, à agir en chrétiens mais aussi à parler de Dieu, annoncer qu'il nous a donné son Fils unique pour nous sauver ! Mais, comme Jésus, nous pouvons avoir des difficultés à le faire dans les milieux où nous nous trouvons : famille, travail... Parfois il est bien plus facile d'évangéliser des inconnus que ses proches... Lorsqu'on porte une certaine étiquette, il est difficile d'aborder certains sujets, ou au contraire, les personnes connaissant notre opinion sur ces sujets décident délibérément de ne pas nous écouter...

Non, dit le prêtre. Ca n'est pas une excuse, nous n'avons aucune excuse pour ne pas évangéliser. Dieu nous donne d'évangéliser selon nos capacités, selon nos talents. Je pense au billet d'Edmond "C'est pas ma faute !" : Jonas a fui Dieu, Jacob était un menteur, Jérémie était profondément dépressif, Jean Baptiste était pauvre, Lazare était... mort, Pierre a perdu son sang-froid... Prenons nous aussi notre bâton de pèlerin pour entrer dans la "marche des incompétents" ! Nous aussi, tels que nous sommes, à notre place, nous pouvons, nous devons être prophètes.

Au temple ensuite : une partie du message d'adieu de Jésus à ses disciples (Jean 16, 5-15). La pasteur cite les propos de Jésus : "demandez-moi où je vais", puis elle fait référence à la Genèse, où l'Esprit de Dieu demande à l'homme "Où es-tu ?", et nous dit que c'est finalement ce que Dieu nous demande, lorsqu'il nous appelle : "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Réfléchir sur sa relation à Dieu, aux autres, sur sa foi...

C'était aussi le culte de reconnaissance du conseil presbytéral : ces deux questions, "où es-tu ?", "où vas-tu ?" permettent à chacun de se positionner dans la paroisse, selon son ministère, du plus grand au plus petit, du ministère pastoral à l'accueil au culte, de la musique à la participation à un groupe de prière... Le conseil presbytéral entoure tout ce monde, tous ces ministères, les fait fonctionner ensemble, sous le souffle de l'Esprit. Ca n'est pas qu'une instance juridique, puisque nous nous plaçons sous le regard de Dieu : c'est une oeuvre différente, un appel, un cheminement particulier, dans l'Eglise et au coeur du monde.

Dans le même temps, ces prédications me parlent plus intensément. Des questions germent en moi, des signes m'arrivent mais je ne me sens pas capable de les interpréter d'une quelconque façon. Oui, cela me parle de devoir être prophète... y compris dans ma propre famille, même si c'est plus difficile qu'ailleurs. Parce que les paroles blessantes font toujours plus mal quand elles viennent d'êtres aimés... Parce qu'ils ne comprendront peut-être pas ma démarche.

Et ces deux questions : "où es-tu ? Où vas-tu ?"... Elles m'interpellent, m'appellent à me poser, à réfléchir, à prier. Se reposer quelque temps, sur le bord du chemin, avant de reprendre la route et de choisir l'embranchement qui me conviendra. Chez les séminaristes, la première année n'est pas une année de théologie, mais de discernement. Discernement ? Qu'est ce que cela veut dire ? Vivre une expérience, qui permet d'acquérir des certitudes, d'entendre un appel ? Réfléchir, prier, attendre un signe ?

La seule certitude que j'ai en ce moment, c'est que Dieu (au sens trinitaire) a pris place dans ma vie : je lui ai laissé le bout du petit doigt, et comme j'avais décidé de me laisser faire, il a pris une part de plus en plus grande en moi...

lundi 29 juin 2009

Préparation de baptême

C'est en couple, en ayant laissé notre fille aux bons soins de sa grand-mère, que nous avons participé à une réunion de parents, préparatoire au baptême prévu au mois d'août. Cette réunion était organisée par la paroisse catholique : le nombre de baptêmes qui y est célébré (plus de 300 par an) demande une organisation rigoureuse, sans faille, dans laquelle on est sensés se mouler, sous peine de ne pas pouvoir célébrer le baptême (ce qui s'est passé l'an dernier pour nous).

Notre ressenti de cette séance est mitigé. Moins négatif que l'an dernier toutefois, où mon désarroi était total : malgré mes demandes, le baptême de notre fille était pris comme un "classique" baptême catholique. Les laïques qui forment l'équipe de préparation au baptême ne sont manifestement pas formés à accueillir des foyers mixtes. Or pour nous, conscients de représenter une union particulière, il est vraiment important de transmettre l'ensemble de la culture chrétienne que nous avons reçue. Cela signifie que nous ne pouvons accepter que seul un prêtre officie lors du baptême de notre enfant.

Bien sûr, nous dérangeons. Nous avons conscience de déranger. Mais nos interrogations, nos désirs d'unité, d'ouverture, ne peuvent pas rester muets. Et pour tous ces parents catholiques, nous nous devons de reprendre certaines assertions : non, baptiser un enfant ne veut pas dire "choisir la religion catholique" pour son enfant. Suite au concile et aux discussions oecuméniques, le baptême est le SEUL sacrement actuellement partagé par l'ensemble des Eglises chrétiennes. Un baptême n'est pas catholique, orthodoxe, protestant, anglican : il est chrétien. Certes, il sera célébré dans une des Eglises, si ce n'est par tradition parentale, ce sera par contingence pratique. Mais il est universel : un catholique ne sera pas rebaptisé s'il choisit de partager la confession protestante, ou inversement.

De notre côté, ce qui nous gêne, c'est (en apparence) l'imposition de dogmes, sans beaucoup de possibilité de débat. L'animateur nous invite à nous exprimer, mais il a toujours le dernier mot. Et le prêtre qui termine la réunion répond à des interrogations remontées par les animateurs, sans retour. Lors de notre rencontre avec la pasteur, nous avons expliqué pourquoi nous voulions faire baptiser notre fille, comment nous voyions le sacrement. Elle nous a donné la position communément admise dans l'Eglise réformée, a pris des textes de la Bible pour nous donner l'origine et la justification du baptême. Nous avons discuté de nos doutes, de notre foi, de ce que nous voulons transmettre, de l'engagement que nous avons pris à notre mariage...

Bref. Pour ma fille je ne voulais pas céder à la facilité, mais si un jour elle a un petit frère ou une petite soeur, il a des chances que cet enfant soit baptisé au temple... Ce sera plus facile d'inviter un prêtre au temple, que d'essayer d'imposer une ouverture dont l'Eglise catholique ne semble plus vouloir.

mercredi 24 juin 2009

Confirmations

Ces derniers dimanches, il y a eu plusieurs confirmations dans la paroisse réformée. Moments forts, personnels, solennels. Oui, ça change, d'entendre des ados dire qu'ils / elles ont reçu la foi, que ça leur importe, que Dieu donne un sens à leur vie. Oui, ça fait plaisir d'entendre ces voix d'habitude plutôt timides... Oui, quelle joie d'être rassemblés pour les accueillir, pour confirmer notre foi avec eux / elles, pour communier dans l'Esprit à la bénédiction donnée par le pasteur !

Que d'émotions, pour les jeunes confirmés comme pour les paroissiens, de célébrer la première Sainte Cène ! Mes propres souvenirs de confirmation me reviennent : l'imposition des mains du pasteur, la Sainte Cène, éblouissante, le mot de nos catéchètes, pour chacun, et les souvenirs qui restent : le livre de chant personnalisé avec un verset biblique... Cette impression que Dieu m'appelait, m'appelle, moi, en même temps que ces ados qui vont fêter leur entrée dans l'Eglise !

Et puis samedi, dans la paroisse catholique, avait lieu aussi une cérémonie de confirmation. Autre lieu, autre cérémonie, autres proportions : ce n'était pas deux ou trois jeunes qui demandaient la confirmation, mais soixante-six ! Deux semaines après le grand rassemblement de Jambville, j'ai donc eu l'occasion de revoir l'évêque... Je pêche des arguments pour demander une entrevue, un jour ; j'ai le secret espoir de parvenir à parler d'oecuménisme, à partager avec lui sur l'Eucharistie, le(s) ministère(s), les vocations, autant de sujets qui me tiennent particulièrement à coeur.

Beaucoup de pédagogie, dans une longue homélie, sur l'évangile de la tempête apaisée (Marc 4, 35-41) ; envers les confirmands mais aussi envers nous, les adultes, pour nous rappeler nos engagements. Une de ses paroles m'est restée : "comme Jésus au fond du bateau, qui se repose en paix, quels que soient les événements autour de lui, un chrétien est en paix. Même dans les moments les plus durs, la paix donnée par le Seigneur est là". C'est quelque chose qui me parle particulièrement, à l'heure où des questions me viennent, où des doutes peuvent faire leur travail de sape, où j'ai peur de la transformation que Dieu donne à ma vie... Merci Monseigneur !

Alors, en sortant, oui, j'avais la paix. La certitude que Dieu était forcément là, dans tous ces sourires, toutes ces photos, toute cette joie... Lorsque le prêtre m'a dit en souriant "merci d'avoir supporté une demi-heure d'homélie", je n'ai pas eu le temps de lui glisser que chez les protestants, c'est courant, une demi-heure de prédication !!

La confirmation : sacrement ou pas ? Confirmant ou confirmand ? Chacun son point de vue. Ce qui est sûr, c'est que l'Esprit Saint parle à tous et fait chavirer les coeurs...

jeudi 11 juin 2009

Les protestants ne sont pas (non plus) les seuls chrétiens...

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai visité, au hasard de mes pérégrinations sur la toile, un site que je ne connaissais pas, qui se dit "chrétien" sans davantage de précisions, mais qui est manifestement protestant, à tendance évangélique ! Ce site, c'est TopChrétien.

Alors, de la même façon que cela ne me plaisait guère que des sites catholiques se disent "chrétiens" sans davantage de précisions, ici cela ne me convient pas davantage. Certes, comme le dit si bien le Chafouin, si tous les chrétiens ne sont pas catholiques, tous les catholiques sont chrétiens.

Je crois que ce n'est pas tant l'inclusion (catholiques ou protestants dans les chrétiens) qui me dérange, mais plutôt la confusion que cela implique. Vous me direz que c'est en contradiction avec mon désir d'oecuménisme... Je ne le crois pas. Ce qui me gêne, c'est que je trouve dans les sites dont je parle, une orientation très marquée pour une confession ou une autre, une culture très présente, particulière à une confession. Ce n'est pas l'oecuménisme, de dire "nous sommes tous chrétiens" en parlant comme si tout le monde était catholique, ou à l'inverse, comme si tous étaient protestants ! Non, je regrette, tous les chrétiens ne parlent pas de la même façon de la prière à ou avec Marie ; tous les chrétiens n'ont pas l'habitude de faire l'exégèse d'un passage de la Bible...

Je trouve que d'autres sites, ne cherchant pas à tout prix à plaire (car c'est bien l'impression que j'ai), sont de fait bien plus oecuméniques : la communauté du Chemin Neuf, par exemple, ou plus emblématique, Taizé.

L'oecuménisme, c'est le respect de l'autre, de sa foi, de sa prière, de ses croyances, de ses choix. C'est croire par dessus tout que Christ est mort et ressuscité pour nous sauver. Quel plus bel espoir pouvons-nous donner à notre vie ?

samedi 23 mai 2009

Fragile équilibre

Depuis plusieurs mois, j'ai pris l'habitude de participer, autant que faire se peut, à la messe puis au culte le dimanche. Il faut dire que tout s'y prête : les horaires (messe à 9h30 et culte à 10h30), la proximité des lieux de culte près de chez moi (l'église et le temple sont dans la même rue), et mon désir de m'impliquer dans les deux communautés.

Et je dois dire que si, pour quelque raison que ce soit, je ne peux assister à l'une des célébrations, je ressens un vide. Si je ne peux aller à la messe, la présence eucharistique me manque. Si je ne peux participer au culte, la prédication, les chants, la prière spontanée me manquent.

Comment expliquer cela à la plupart des croyants, qui ne sont pas en situation multiconfessionnelle ? Cela n'est qu'un ressenti. Ce serait comme parler couramment deux langues (l'anglais et le français par exemple), et ne pas pouvoir retrouver à un moment donné, d'autres personnes parlant l'un des langages. Une langue n'est pas qu'une façon de parler, de la même façon qu'une célébration n'est pas qu'un rite : c'est un environnement, une culture, un partage, des sous-entendus, une expression différente de la foi...

Une double culture est une richesse, un trésor à cultiver. Parfois, cela peut aussi être source de tension et de regrets. J'apprécie beaucoup les célébrations, les prières de chaque confession ; mais aussi l'esprit, l'ambiance, la connivence, tout ce qui se décrit difficilement et qui fait qu'on se sent chez soi dans une communauté...

Dans d'autres foyers mixtes, d'autres couples et parents trouvent d'autres méthodes : aller une semaine d'un côté, une semaine de l'autre ; ou bien un parent d'un côté, l'autre de l'autre, avec éventuellement les enfants selon la célébration pour laquelle chacun a le plus d'affinité.

mercredi 20 mai 2009

Finalement, c'est non

Ah, ils ont de l'humour, ou alors ils aiment jouer au ping-pong... Souvenez-vous : lorsque j'ai évoqué un possible accueil eucharistique à l'occasion du baptême de ma fille, le curé m'a conseillé d'écrire à l'évêque, ce que j'ai fait. La réponse ne s'est pas faite attendre, mais est décevante et ambigüe : ni oui, ni non, me renvoyant auprès du curé. Soit. Je m'en vais donc écrire un mail au curé, qui me répond "Il faudrait que vous en parliez avec le prêtre qui célèbrera le baptême".

Là, je commence à m'impatienter, mais passons. Ce soir, j'ai rencontré le prêtre avec qui nous allons, effectivement, préparer la cérémonie baptismale. Lorsque je pose la question de la communion, il tente lui aussi d'éluder : "le curé vous a donné la réponse de l'évêque ?", à quoi je réponds par la négative.

Alors, l'air un peu coupable (ou gêné, je ne sais), il m'explique que l'évêque n'est pas vraiment pour ce genre de pratique (j'avais cru comprendre), et qu'il (le prêtre) n'est pas autorisé à pratiquer officiellement un accueil eucharistique. Quand je lui fais remarquer que l'accueil à la table eucharistique se pratiquait il y a 25 ans, il me demande si c'était de façon officielle. Oui, tout à fait officielle, avec dérogation de l'évêque, et invitation du prêtre pendant la messe, à ce que tout le monde puisse communier...

Mon insistance le contrarie. Je ne veux pas encore penser que tout est perdu. Pour moi, c'est un coup de massue, le recul dont parlait Authueil et auquel je ne voulais pas croire. Il finit par me répondre que "chacun est libre de décider en son coeur s'il communie ou pas", mais qu'il "ne peut pas rompre la communion avec son évêque". C'est une réponse que je trouve bâtarde, et je lui dis : officiellement, on refuse catégoriquement, officieusement, aucun prêtre ne me refusera le Corps du Christ si je me présente devant lui.

J'abandonne. Nous prenons les dates pour les réunions de préparation au baptême. Pour la célébration du baptême lors de la messe (plutôt que juste après, en comité restreint), là aussi, impossible de négocier.

Je ressors en état d'hébétude. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que c'est non, et non négociable. Sans entretien, sans discussion. Pourquoi une ouverture qui se pratiquait il y a une vingtaine d'années, ne s'imagine même plus maintenant ?? Les protestants, après avoir été des frères, seraient redevenus des hérétiques ? Au gré des monarques, on a eu l'Edit de Nantes et puis sa révocation ; au gré des évêques, on met en place Vatican II et puis on laisse tomber ?

Je ne peux m'empêcher de penser à la levée d'excommunication des lefebvristes : eux sont de nouveau accueillis à la table du Christ, tandis que les protestants en sont bannis, et ce alors que le dialogue de l'Eglise catholique avec les traditionnalistes me semble plus mince et plus récent que celui qu'elle peut avoir avec les protestants...

Les mariages interconfessionnels sont possibles depuis Vatican II. L'Eglise catholique ne se doutait-elle vraiment pas qu'un jour, des hybrides comme moi apparaîtraient ? J'ai une double culture et on ne peut pas me l'enlever. Je refuse d'abdiquer l'une pour l'autre, je souhaite continuer à pratiquer ma foi plurielle. Quelle place puis-je avoir dans l'Eglise ?

jeudi 14 mai 2009

La réponse

J'ai reçu la réponse de l'évêque concernant ma demande d'accueil eucharistique lors du baptême de ma fille. En voici la teneur :

J'ai bien reçu la demande que vous m'avez présentée d'hospitalité eucharistique à l'occasion du prochain baptême de votre fille, N. Je vous adresse à votre curé, le P. O.S., qui connaît bien la situation ecclésiale de votre foyer et saura vous conseiller.
Je vous assure de ma prière pour [votre foyer] et la petite N. et confie au Seigneur votre vie ecclésiale pour qu'elle se développe dans le sens de l'unité que Dieu veut pour son Eglise.

Voici ce que j'appelle "botter en touche". Cependant, je ne vais pas crier avant d'avoir mal. Ce n'est qu'une réponse un peu évasive, m'invitant à me rapprocher du curé de ma paroisse. Le même curé que celui qui m'a recommandé d'écrire ma demande à l'évêque... J'ai juste un tout petit peu l'impression de faire la balle de ping-pong.

Je vais donc m'atteler, dans les prochains jours, malgré cette réponse peu encourageante, à prendre contact avec le curé, et le prêtre qui va célébrer le baptême. Essayer de faire preuve de pédagogie, de diplomatie, de calme (ça, ça risque d'être un peu difficile). Expliquer ce qui n'est pas imaginable pour quelqu'un qui ne se trouve pas en situation interconfessionnelle : qu'un couple, et à plus forte raison un foyer comprenant des enfants, a besoin d'un équilibre, d'une harmonie, y compris au niveau spirituel. Et cette harmonie est consolidée par le soutien mutuel de nos églises.

Pour information, voici un paragraphe des textes de Vatican II sur l'Eucharistie et les "frères séparés" :
Vatican II, Unitatis Redintegratio, §22

Certes, les Communautés ecclésiales séparées de nous n'ont pas avec nous la pleine unité dérivant du baptême, et nous croyons, surtout par suite de l'absence du Sacrement de l'Ordre, qu'elles n'ont pas conservé toute la réalité propre du Mystère eucharistique. Néanmoins, en célébrant à la Sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie consiste dans la communion au Christ et elles attendent son retour glorieux.

dimanche 03 mai 2009

Quelles vocations ?

Aujourd'hui, dans l'Eglise catholique, c'est la journée de prière pour les vocations. L'évangile du jour correspond bien, c'est celui du bon pasteur (Jean 10, 11-18)... Ce qui correspond pile poil à la première idée qui vient à l'esprit quand on dit "vocation" à un(e) catholique : la vocation de prêtre, le bon Pasteur par excellence, le représentant de Jésus au sein de l'Eglise, chargé de veiller sur les brebis de la bergerie, et ramener les brebis égarées. Différents blogs relaient l'information (et la prière) : Edmond Prochain, Totus Tuus, entre autres.

J'aimerais m'attarder sur ce qu'on met sur le mot "vocation", car il n'a pas le même sens dans les différentes communautés.

Pour les catholiques, la vocation première, c'est celle de prêtre. Il est le ministre du culte par excellence, celui qui administre les sacrements, qui anime la vie des paroisses, qui participe à la formation des jeunes... Aujourd'hui, devant le manque criant de prêtres, la réorganisation se fait sentir, et les diacres sont appelés à prendre des fonctions plus importantes. Cependant, leur ministère est encore mal défini : super-laïcs ? sous-prêtres ? Quelle place leur donner ?

Davantage en marge du siècle, arrivent les religieux et religieuses. Différents ordres, avec des spiritualités et des pratiques très diverses, de la contemplation cloîtrée à la consécration au service dans le siècle... Tous sont consacrés et ont donné leur vie à Dieu. Leur vocation a-t-elle moins de valeur que celle d'un prêtre ?

Pour les protestants, qui historiquement ont réagi contre les excès de l'Eglise catholique du XVIe siècle, les vocations sont l'affaire de chacun. En effet, le pasteur, s'il a un ministère particulier, est surtout un croyant qui a reçu une formation particulière le rendant apte à former et guider les autres fidèles. Ainsi, parler de "prier pour les vocations" chez les protestants, serait simplement accentuer l'aspect particulier de l'Appel chez chacun... Tout croyant est appelé, selon ses compétences, sa Foi, sa disponibilité, sa formation, à un ministère au sein de l'Eglise... Assumer un ministère veut dire, en premier lieu, "rendre service". Chacun est appelé à se mettre au service de ses frères...

Alors, prions pour que tous les croyants entendent l'Appel qui leur est propre !

jeudi 23 avril 2009

Syncrétisme

Syncrétisme : nom masculin - Fusion de différents cultes ou de doctrines religieuses ; en particulier, tentative de conciliation des différentes croyances en une nouvelle qui en ferait la synthèse. Source : le TLFi

Ces derniers temps, certaines expériences et questions me font prendre conscience de la fusion - ou devrais-je dire confusion ? - que mon esprit a faite concernant les deux confessions qui m'ont été enseignées...

On dit que le cerveau des enfants est une véritable éponge... Ce devait être le cas pour moi. J'ai toujours été sensible aux différents enseignements religieux que j'ai reçus. J'avais soif d'apprendre, et j'assimilais vite et plutôt bien. Mes parents m'envoyaient au caté ? Pas de problème, caté le mercredi matin. A l'école biblique ? Pas de problème, école biblique un dimanche par mois. Ca n'était pas les mêmes groupes, pas les mêmes animateurs, pas la même façon de faire. Mais c'était toujours de Dieu qu'on parlait, et ça, j'aimais beaucoup.

A la maison, on riait bien des provocations faciles, basées sur les idées préconçues et les caricatures de chacune des confessions. Mes parents se chamaillaient parfois, pour rire, se lançaient des piques, et ainsi on apprenait à ne pas prendre trop au sérieux les comportements poussés à l'extrême de l'une ou l'autre Eglise...

A Noël, on allait à la messe de minuit, ou au culte de Noël, ça dépendait du temps dont disposaient mes parents... et des vaches qui vêlaient à ce moment-là ! A Pâques, parfois on participait à la veillée pascale, d'autres fois on allait à la messe du matin de Pâques...

Et j'ai grandi ainsi, sans que cela ne me pose de problème, assimilant les deux cultures, comme d'autres apprendraient à parler deux langues.

Jusqu'au jour où quelqu'un m'a demandé "Alors, les protestants, ils font comment le Carême ?". J'ai réfléchi, et j'ai réalisé que je ne savais pas répondre. Que le Carême, on en parlait dans la communauté catholique, et que pour moi ça allait de soi de réfléchir sur sa relation à Dieu, de faire preuve d'un peu d'humilité pour recevoir la grâce de Dieu dans le sacrifice de son fils... Grand blanc. Je n'ai pas répondu.

J'ai compris que j'étais vraiment un mélange, une personne particulière qui ne pouvait pas se définir comme étant d'un côté ou de l'autre. C'est important pour moi de pouvoir pratiquer les rites, les célébrations, de pouvoir participer à la prière de chaque Eglise. Si je n'ai pas accès à une des deux communautés, il me manque quelque chose. Cela fait partie de moi, c'est ma culture. Et j'ai rencontré cette attitude chez d'autres "enfants de Vatican II" : nous avons reçu une éducation plurielle, et nous ne voulons pas faire de choix. Les Eglises ne sont pas d'accord entre elles, soit. Mais nous avons notre identité. On ne peut pas interdire à quelqu'un de parler une langue... On ne peut pas nous obliger à faire un choix qui nous couperait d'une partie de nous-mêmes.

Je suis un mélange. Comme une voiture hybride, je peux fonctionner au protestantisme ou au catholicisme, et passer de l'un à l'autre en quelques instants. Je ne "pioche" pas ce qui m'arrange d'un côté ou de l'autre pour faire ma propre religion, mais au contraire, j'enrichis ma relation à Dieu en profitant de deux points de vue différents. Et ça, malgré tous les désaccords qui peuvent exister, ça n'a pas de prix.

vendredi 17 avril 2009

Les catholiques ne sont pas les seuls chrétiens !

Je sais bien qu'en France, les catholiques sont majoritaires. Même si ce n'est plus une religion d'état. Même si l'athéisme a fait beaucoup de mal, et même s'ils sont vivement critiqués en ce moment. N'empêche. Parmi les croyants français, il y a une majorité de catholiques, c'est un fait.

Mais constituer la religion majoritaire ne veut pas dire que les chrétiens français sont composés des seuls catholiques ! Que faites-vous des orthodoxes, des réformés, des évangéliques, des luthériens, des anglicans, et j'en passe ? Tous sont également des chrétiens, il professent le même kérygme, croient aussi que Jésus est venu sur terre pour sauver les hommes...

Alors s'il vous plaît, amis catholiques, affichez-vous comme tels sur vos sites, vos blogs, vos rassemblements ! Je pense en particulier à Croire.com (un des dépliants que ce site publie, nommé "les prières du chrétien", contient le Symbole des Apôtres précisant "je crois en l'Eglise catholique" !), Communion et évangélisation (le thème est l'Eucharistie, alors même que l'accueil eucharistique est un des principaux points d'achoppement du dialogue oecuménique !), ou encore Garrigues et Sentiers...

J'en profite pour faire une mise au point : sur ce blog, quand je parle de "chrétiens", je parle bien de toute personne croyant au Christ ressuscité... Pour moi, la sémantique est très claire. Il existe des différences de pratique, de culture, d'appréciation entre protestants, catholiques, orthodoxes, mais nous sommes tous chrétiens, car en ce temps de Pâques, nous fêtons tous la Résurrection du Christ !

Edit : tiens, comme ça, pour voir, je m'en vais faire une petite liste des sites qui font la confusion (au gré de mes visites sur la toile).

dimanche 05 avril 2009

Rameaux et/ou Passion ?

Aujourd'hui, c'est le dimanche des Rameaux. J'ai voulu, comme la proximité des lieux de culte me le permet depuis quelques mois, participer à la messe puis au culte, ce qui me donne l'occasion de partager des moments forts avec les deux communautés dans lesquelles je souhaite m'impliquer.

J'ai d'abord eu une surprise en allant à la messe, surprise de trouver dans la rue nombre de vendeurs à la sauvette qui fournissaient aux fidèles les rameaux à aller faire bénir à l'église... Je ne connaissais pas du tout ce genre de pratiques, venant d'un milieu rural où les gens qui venaient avec des rameaux de buis les prenaient dans leur jardin ou chez leur voisin... Ca m'a rappelé les vendeurs se trouvant autour du sanctuaire, à Lourdes ; curieuse cohabitation du sacré et du mercantilisme.

L'autre surprise, c'est que pour les catholiques, le dimanche des Rameaux est aussi celui de la Passion. Pourquoi ? Pourquoi passer en l'espace d'une célébration, de la joie de Jésus entrant dans Jérusalem à la souffrance de sa mise à mort ? Et surtout, pourquoi vouloir rapprocher ces deux événements, alors que la Semaine Sainte est là pour ça, pour nous faire méditer chaque jour en suivant Jésus dans Jérusalem, de la fête de son entrée triomphale, à la Sainte Cène le jeudi, et à sa Passion le vendredi ? Faisant quelques recherches, j'ai eu quelques éléments de réponse sur le site du Cybercuré.

Pour les protestants, les Rameaux sont avant tout une fête, celle de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule qui le salue avec des palmes, et porté par... un ânon. Et bien souvent, dans les cultes des Rameaux, la prédication et les diverses animations (les enfants du caté font ça très bien !) tournent autour de cet âne...

Ces différences donnent aux deux célébrations des ambiances singulièrement opposées : le ton est au recueillement et à la pénitence, la méditation chez les catholiques, tandis que chez les protestants, c'est plutôt la fête et la joie qui sont à l'honneur.

vendredi 03 avril 2009

Digestion

Après à peine un mois d'existence, je constate que j'ai du mal à tenir un rythme régulier sur ce blog... Non que ma volonté de témoigner se soit émoussée, non que je n'aie rien à dire, mais mon emploi du temps est en ce moment chargé, tant au niveau familial et personnel que professionnel... De plus, d'autres tribunes me sont offertes sur le web, me permettant de prendre la parole sur les sujets qui me tiennent à coeur.

Je reviens sur le week end passé, qui fut pour moi très riche en enseignements, témoignages, rencontres extraordinaires. J'avais parlé, souvenez-vous, de mon enthousiasme à l'idée de rencontrer un couple unique au monde : un rabbin marié à une pasteur... Mes espoirs ont été comblés au delà de toute attente !

L'accueil de ce couple, dont l'invitation fut à l'initiative d'un prêtre de la paroisse catholique, s'est fait dans les deux communautés catholique et protestante. Leur visite a constitué une occasion de partage exceptionnel sur trois jours, me causant une grande joie !

Vendredi soir, comme précisé dans mon précédent billet, j'ai eu l'honneur de dîner avec tous ces théologiens de haut vol... Les discussions furent animées, ouvertes, fraternelles, un vrai régal ! J'ai pleinement pris conscience de ma chance d'avoir une double culture, me permettant de comprendre les uns et les autres, et tout en les laissant débattre, me rendre compte qu'ils exprimaient parfois la même chose avec une vision différente... Nous avons entendu l'histoire de ce couple unique au monde, histoire d'amour, de foi, de doutes et de progression à deux... J'ai aussi découvert la saveur et la subtilité des blagues juives !

Samedi soir, c'était au tour des jeunes confirmants, catholiques et protestants, d'écouter témoigner nos invités et de partager un repas avec eux. Le rabbin a expliqué le parcours des jeunes juifs, mis en parallèle de celui des chrétiens... Que d'amour, de découverte, de joie dans ces rencontres...

Je n'ai malheureusement pas pu assister à la journée du dimanche, qui débutait par un culte spécial au Temple : notre pasteur accueillait le rabbin, la pasteur, le prêtre avec une prédication du rabbin sur la manne du désert (Exode 16). Ou comment prêcher la distinction entre le besoin et les envies et que le temps de crise actuel se transforme en temps d'espérance... La journée continuait à la paroisse catholique, où les paroissiens (adultes) accueillaient nos invités pour un repas, avant une conférence sur le judaïsme ouverte à tous... J'ai juste eu le temps de saluer nos invités avant qu'ils ne repartent prendre le train qui les ramenait chez eux...

Ce fut un week end porteur de beaucoup d'espérance, d'ouverture, de dialogue, autant entre personnes qu'entre communautés... Merci !

mercredi 25 mars 2009

Péché de gourmandise ?

Un soir de cette semaine, on m'invite à un dîner un peu spécial : les communautés catholique et réformée reçoivent un "couple mixte", composé d'un rabbin (juif, d'un courant libéral) et d'une pasteure (réformée). Le dîner constituera une introduction à un week-end résolument oecuménique : des rencontres entre les communautés catholique et protestante sont prévues à tous les niveaux par le biais de la discussion avec ce couple aux caractéristiques peu courantes ! Ainsi, les confirmants se retrouveront samedi soir pour réfléchir au sens de leur engagement prochain ; quant aux adultes, ils ont rendez-vous dimanche après-midi pour discuter de cette situation particulière...

Lors de ce dîner, j'aurai la chance de rencontrer trois pasteurs, deux prêtres, un rabbin... Une vraie gourmandise pour moi, qui ai tellement soif de théologie et de conciliation ! Oserais-je dire que cela me fait penser à l'épisode biblique de Jésus au Temple à 12 ans (Luc 2, 41-47) ? Non que je me prenne pour Jésus, simplement que je me considère comme un enfant dans ma foi et mes connaissances théologiques, dogmatiques, canoniques, et que je vais me retrouver au coeur d'un aréopage de savants...

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