dimanche 04 juillet 2010

Acharnement

On se souvient (plus ou moins douloureusement) des "affaires" de prêtres pédophiles, les dossiers ressortis du formol, le besoin de mettre en cause des hauts dirigeants de l'Eglise catholique, jusqu'au Pape... Les prêtres s'étaient alors sentis attaqués en masse, car la généralisation et la théorie du complot étaient tellement présentes que tout geste, toute parole étaient passés au crible de la critique "bien-pensante".

On se remémore peut-être plus difficilement le cas de Liès H., cet homme qui a été, en plein "débat" sur l'identité nationale (ça veut dire quoi cette expression ??), le bouc émissaire du gouvernement et de Brice Hortefeux en particulier. Qu'avait-il fait ? Sa femme se déplaçait voilée des pieds à la tête... Mon Dieu quelle horreur ! Et comme ça ne suffisait pas, on s'est acharné à trouver tout et n'importe quoi, en niant le concept (utopique ?) de présomption d'innocence, depuis la fraude aux allocs jusqu'à l'exploitation de travailleurs irréguliers, en passant par la polygamie... Il fallait une punition exemplaire, je ne sais pas moi, le déchoir de sa nationalité française par exemple ! Et si on laissait faire la justice ? Il y a des enquêteurs, il y a des punitions prévues pour toutes les infractions qui lui sont reprochées...

Véronique Courjault a également eu droit au haro sur sa personne, en particulier lors de sa sortie de prison. Quoi ? Cette femme qui a tué froidement trois de ses bébés, un vrai danger public, "déjà" sortie de prison !! Eh oui. Elle a fait de la préventive, elle a purgé sa peine. Laissez-la donc se reconstruire ! Vous voulez des scoops en sortie de prison ? Suivez donc des prisonniers anonymes, ceux qui ne sont pas passés à la télé, voyez comme ils peinent à se réinsérer...

Aujourd'hui, c'est Liliane Bettencourt qui est à l'affiche. Cette femme, fortunée, riche héritière et en bisbille avec sa fille, est le prétexte pour toutes les critiques. Rendez-vous compte : elle a honteusement profité du bouclier fiscal, qui était justement mis en place pour des gens comme elle ! Cherchez l'erreur... Vous auriez fait quoi à sa place ?

Je pourrais aussi citer Jérôme Kerviel, ou d'autres noms devenus célèbres à force de médiatisation. Bref. Et l'amour dans tout ça ? L'amour du prochain, où est-il ? Ou bien, sans même parler de valeurs chrétiennes, la présomption d'innocence, le respect de la personne, où sont-ils passés ? Un certain Jésus, un temps, a parlé de paille et de poutre (Matthieu 7, 3-5 ; Luc 6, 41-42... On devrait peut-être en prendre de la graine.

lundi 06 juillet 2009

Discernement ?

"Nul n'est prophète en son pays" et "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Voici le résumé des deux prédications que j'ai entendues hier.

A l'église d'abord : l'évangile (Marc 6, 1-6) évoque le voyage de Jésus dans sa région natale, et les moqueries qui s'ensuivent. Le prêtre commence son homélie en nous rappelant que nous sommes tous prophètes. Et même me dis-je, "prêtres, prophètes et rois", selon l'onction reçue au baptême... Nous sommes tous prophètes, tous appelés à évangéliser, à agir en chrétiens mais aussi à parler de Dieu, annoncer qu'il nous a donné son Fils unique pour nous sauver ! Mais, comme Jésus, nous pouvons avoir des difficultés à le faire dans les milieux où nous nous trouvons : famille, travail... Parfois il est bien plus facile d'évangéliser des inconnus que ses proches... Lorsqu'on porte une certaine étiquette, il est difficile d'aborder certains sujets, ou au contraire, les personnes connaissant notre opinion sur ces sujets décident délibérément de ne pas nous écouter...

Non, dit le prêtre. Ca n'est pas une excuse, nous n'avons aucune excuse pour ne pas évangéliser. Dieu nous donne d'évangéliser selon nos capacités, selon nos talents. Je pense au billet d'Edmond "C'est pas ma faute !" : Jonas a fui Dieu, Jacob était un menteur, Jérémie était profondément dépressif, Jean Baptiste était pauvre, Lazare était... mort, Pierre a perdu son sang-froid... Prenons nous aussi notre bâton de pèlerin pour entrer dans la "marche des incompétents" ! Nous aussi, tels que nous sommes, à notre place, nous pouvons, nous devons être prophètes.

Au temple ensuite : une partie du message d'adieu de Jésus à ses disciples (Jean 16, 5-15). La pasteur cite les propos de Jésus : "demandez-moi où je vais", puis elle fait référence à la Genèse, où l'Esprit de Dieu demande à l'homme "Où es-tu ?", et nous dit que c'est finalement ce que Dieu nous demande, lorsqu'il nous appelle : "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Réfléchir sur sa relation à Dieu, aux autres, sur sa foi...

C'était aussi le culte de reconnaissance du conseil presbytéral : ces deux questions, "où es-tu ?", "où vas-tu ?" permettent à chacun de se positionner dans la paroisse, selon son ministère, du plus grand au plus petit, du ministère pastoral à l'accueil au culte, de la musique à la participation à un groupe de prière... Le conseil presbytéral entoure tout ce monde, tous ces ministères, les fait fonctionner ensemble, sous le souffle de l'Esprit. Ca n'est pas qu'une instance juridique, puisque nous nous plaçons sous le regard de Dieu : c'est une oeuvre différente, un appel, un cheminement particulier, dans l'Eglise et au coeur du monde.

Dans le même temps, ces prédications me parlent plus intensément. Des questions germent en moi, des signes m'arrivent mais je ne me sens pas capable de les interpréter d'une quelconque façon. Oui, cela me parle de devoir être prophète... y compris dans ma propre famille, même si c'est plus difficile qu'ailleurs. Parce que les paroles blessantes font toujours plus mal quand elles viennent d'êtres aimés... Parce qu'ils ne comprendront peut-être pas ma démarche.

Et ces deux questions : "où es-tu ? Où vas-tu ?"... Elles m'interpellent, m'appellent à me poser, à réfléchir, à prier. Se reposer quelque temps, sur le bord du chemin, avant de reprendre la route et de choisir l'embranchement qui me conviendra. Chez les séminaristes, la première année n'est pas une année de théologie, mais de discernement. Discernement ? Qu'est ce que cela veut dire ? Vivre une expérience, qui permet d'acquérir des certitudes, d'entendre un appel ? Réfléchir, prier, attendre un signe ?

La seule certitude que j'ai en ce moment, c'est que Dieu (au sens trinitaire) a pris place dans ma vie : je lui ai laissé le bout du petit doigt, et comme j'avais décidé de me laisser faire, il a pris une part de plus en plus grande en moi...

samedi 23 mai 2009

Fragile équilibre

Depuis plusieurs mois, j'ai pris l'habitude de participer, autant que faire se peut, à la messe puis au culte le dimanche. Il faut dire que tout s'y prête : les horaires (messe à 9h30 et culte à 10h30), la proximité des lieux de culte près de chez moi (l'église et le temple sont dans la même rue), et mon désir de m'impliquer dans les deux communautés.

Et je dois dire que si, pour quelque raison que ce soit, je ne peux assister à l'une des célébrations, je ressens un vide. Si je ne peux aller à la messe, la présence eucharistique me manque. Si je ne peux participer au culte, la prédication, les chants, la prière spontanée me manquent.

Comment expliquer cela à la plupart des croyants, qui ne sont pas en situation multiconfessionnelle ? Cela n'est qu'un ressenti. Ce serait comme parler couramment deux langues (l'anglais et le français par exemple), et ne pas pouvoir retrouver à un moment donné, d'autres personnes parlant l'un des langages. Une langue n'est pas qu'une façon de parler, de la même façon qu'une célébration n'est pas qu'un rite : c'est un environnement, une culture, un partage, des sous-entendus, une expression différente de la foi...

Une double culture est une richesse, un trésor à cultiver. Parfois, cela peut aussi être source de tension et de regrets. J'apprécie beaucoup les célébrations, les prières de chaque confession ; mais aussi l'esprit, l'ambiance, la connivence, tout ce qui se décrit difficilement et qui fait qu'on se sent chez soi dans une communauté...

Dans d'autres foyers mixtes, d'autres couples et parents trouvent d'autres méthodes : aller une semaine d'un côté, une semaine de l'autre ; ou bien un parent d'un côté, l'autre de l'autre, avec éventuellement les enfants selon la célébration pour laquelle chacun a le plus d'affinité.