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vendredi 09 décembre 2011

Jean

Ma vie a commencée d'une façon peu banale. Je n'étais plus espéré par mes parents, qui étaient déjà âgés... Mon père officiait au Temple. Il aurait été mal placé de ne pas croire ce que l'ange venait lui promettre. Pourtant, c'est ce qu'il a fait ! Du coup, il en a été puni, il a été incapable de prononcer un seul mot de ce jour jusqu'à ma naissance. D'ailleurs, à ce sujet, je ne m'en souviens pas, évidemment, mais Maman me l'a raconté : il paraît que j'ai fait un bond terrible lorsque Marie, une cousine de Maman, est venue la voir... Tout de suite on en a déduit mon premier haut fait !

Il faut dire que mon cousin Jésus, dès le départ il n'était pas franchement... comment dire... normal. Quand j'allais chez lui avec mes parents, et qu'on partait jouer ensemble, souvent les autres se moquaient de lui parce qu'il était tout maigre. Alors il faisait toujours des trucs bizarres, comme malaxer de la boue pour en faire des oiseaux... Sauf qu'une fois il leur a donné vie, et était tellement énervé par les autres gars qu'il leur a précipité les oiseaux dessus ! Ce jour-là, Joseph a poussé une sacrée colère...

Tout ça, ça m'a un peu chamboulé. Le coup des oiseaux, bon, c'était une blague, pas méchante, hein. Mais un peu plus tard, pendant un voyage de la Pâque, on l'a perdu. Je pensais qu'il était avec ses parents, et eux pensaient qu'il marchait avec nous. Bref. Joseph et Marie l'ont retrouvé au Temple... au Temple ! Avec les docteurs de la Loi ! Nos plus grands spécialistes... Et lui, il était aussi fort qu'eux... Alors que perso, toutes ces discussions théologiques, ça me dépasse un peu... On a beaucoup discuté ensemble. C'est vrai qu'il est très fort. Enfin, même plus que ça. Il transforme. Il donne une vraie Joie, une envie de lui ressembler. Quand je l'entends, j'ai envie de boire ses paroles ! De continuer à l'écouter, d'essayer de faire ce qu'il demande.

Mais il a dit que "son heure n'était pas venue". Sur le coup, j'ai pas tout saisi. Ce qui est sûr, c'est que je suis vraiment changé. J'ai pris un temps de réflexion dans le désert. Ca aide, quand il n'y a rien, que le sable, le soleil et le vent, à méditer sur ses actes, sur le sens de sa vie. Je crois que Jésus est exceptionnel. Et je meurs d'envie de le dire à tout le monde !!

jeudi 14 mai 2009

La réponse

J'ai reçu la réponse de l'évêque concernant ma demande d'accueil eucharistique lors du baptême de ma fille. En voici la teneur :

J'ai bien reçu la demande que vous m'avez présentée d'hospitalité eucharistique à l'occasion du prochain baptême de votre fille, N. Je vous adresse à votre curé, le P. O.S., qui connaît bien la situation ecclésiale de votre foyer et saura vous conseiller.
Je vous assure de ma prière pour [votre foyer] et la petite N. et confie au Seigneur votre vie ecclésiale pour qu'elle se développe dans le sens de l'unité que Dieu veut pour son Eglise.

Voici ce que j'appelle "botter en touche". Cependant, je ne vais pas crier avant d'avoir mal. Ce n'est qu'une réponse un peu évasive, m'invitant à me rapprocher du curé de ma paroisse. Le même curé que celui qui m'a recommandé d'écrire ma demande à l'évêque... J'ai juste un tout petit peu l'impression de faire la balle de ping-pong.

Je vais donc m'atteler, dans les prochains jours, malgré cette réponse peu encourageante, à prendre contact avec le curé, et le prêtre qui va célébrer le baptême. Essayer de faire preuve de pédagogie, de diplomatie, de calme (ça, ça risque d'être un peu difficile). Expliquer ce qui n'est pas imaginable pour quelqu'un qui ne se trouve pas en situation interconfessionnelle : qu'un couple, et à plus forte raison un foyer comprenant des enfants, a besoin d'un équilibre, d'une harmonie, y compris au niveau spirituel. Et cette harmonie est consolidée par le soutien mutuel de nos églises.

Pour information, voici un paragraphe des textes de Vatican II sur l'Eucharistie et les "frères séparés" :
Vatican II, Unitatis Redintegratio, §22

Certes, les Communautés ecclésiales séparées de nous n'ont pas avec nous la pleine unité dérivant du baptême, et nous croyons, surtout par suite de l'absence du Sacrement de l'Ordre, qu'elles n'ont pas conservé toute la réalité propre du Mystère eucharistique. Néanmoins, en célébrant à la Sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie consiste dans la communion au Christ et elles attendent son retour glorieux.

jeudi 30 avril 2009

Simple joie

Hier j'ai reçu ma nouvelle Bible, qui m'attendait sagement au bureau de poste. Ca peut paraître bête, mais cela me remplit de joie.

J'ai beaucoup aimé la façon dont Novice présente la Bible à la fin de son billet sur les "fils aînés" : c'est un manuel d'ichtyothérapie de 1200 pages, mais aussi un véritable trésor, un cadeau de grande valeur.

Aujourd'hui, cette Bible marque ma re-naissance. C'est moi qui l'ai choisie, elle témoigne de ma volonté de vivre en Christ, de poursuivre le chemin que j'ai commencé il y a quelques mois, en redécouvrant ma foi.

J'ai choisi sa présentation pratique : de petite taille, elle se glisse facilement dans un sac ou une sacoche. Avec une couverture suffisamment robuste, elle résistera aux différents traitements que je ne manquerai pas de lui faire subir.

J'ai choisi sa traduction : il s'agit de la version "Parole de Vie", en français fondamental. Elle est accessible, et réalisée à partir des textes originaux (hébreu, araméen, grec), en restant au plus près de ces mots.

J'ai choisi le canon : j'ai pris une version avec les livres deutéro-canoniques, pour pouvoir partager la Parole de Dieu avec tous les chrétiens. Certains me diront : "Tu aurais pu prendre la TOB". Oui, mais la TOB est plus imposante en taille, car plus fournie. Elle a davantage de notes sur chaque livre, c'est plus une Bible d'étude qu'une Bible d'usage "courant".

C'est la cinquième Bible de la maison. Les autres sont des cadeaux, témoins de l'accompagnement dont nous avons bénéficié avant de former notre propre famille. Celle-ci témoigne de mon engagement d'oecuménisme au quotidien. Pour m'en souvenir, j'y ai inscrit cette prière de Saint François d'Assise : "Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.".

Que la Parole du Seigneur me conduise à Lui...

jeudi 23 avril 2009

Syncrétisme

Syncrétisme : nom masculin - Fusion de différents cultes ou de doctrines religieuses ; en particulier, tentative de conciliation des différentes croyances en une nouvelle qui en ferait la synthèse. Source : le TLFi

Ces derniers temps, certaines expériences et questions me font prendre conscience de la fusion - ou devrais-je dire confusion ? - que mon esprit a faite concernant les deux confessions qui m'ont été enseignées...

On dit que le cerveau des enfants est une véritable éponge... Ce devait être le cas pour moi. J'ai toujours été sensible aux différents enseignements religieux que j'ai reçus. J'avais soif d'apprendre, et j'assimilais vite et plutôt bien. Mes parents m'envoyaient au caté ? Pas de problème, caté le mercredi matin. A l'école biblique ? Pas de problème, école biblique un dimanche par mois. Ca n'était pas les mêmes groupes, pas les mêmes animateurs, pas la même façon de faire. Mais c'était toujours de Dieu qu'on parlait, et ça, j'aimais beaucoup.

A la maison, on riait bien des provocations faciles, basées sur les idées préconçues et les caricatures de chacune des confessions. Mes parents se chamaillaient parfois, pour rire, se lançaient des piques, et ainsi on apprenait à ne pas prendre trop au sérieux les comportements poussés à l'extrême de l'une ou l'autre Eglise...

A Noël, on allait à la messe de minuit, ou au culte de Noël, ça dépendait du temps dont disposaient mes parents... et des vaches qui vêlaient à ce moment-là ! A Pâques, parfois on participait à la veillée pascale, d'autres fois on allait à la messe du matin de Pâques...

Et j'ai grandi ainsi, sans que cela ne me pose de problème, assimilant les deux cultures, comme d'autres apprendraient à parler deux langues.

Jusqu'au jour où quelqu'un m'a demandé "Alors, les protestants, ils font comment le Carême ?". J'ai réfléchi, et j'ai réalisé que je ne savais pas répondre. Que le Carême, on en parlait dans la communauté catholique, et que pour moi ça allait de soi de réfléchir sur sa relation à Dieu, de faire preuve d'un peu d'humilité pour recevoir la grâce de Dieu dans le sacrifice de son fils... Grand blanc. Je n'ai pas répondu.

J'ai compris que j'étais vraiment un mélange, une personne particulière qui ne pouvait pas se définir comme étant d'un côté ou de l'autre. C'est important pour moi de pouvoir pratiquer les rites, les célébrations, de pouvoir participer à la prière de chaque Eglise. Si je n'ai pas accès à une des deux communautés, il me manque quelque chose. Cela fait partie de moi, c'est ma culture. Et j'ai rencontré cette attitude chez d'autres "enfants de Vatican II" : nous avons reçu une éducation plurielle, et nous ne voulons pas faire de choix. Les Eglises ne sont pas d'accord entre elles, soit. Mais nous avons notre identité. On ne peut pas interdire à quelqu'un de parler une langue... On ne peut pas nous obliger à faire un choix qui nous couperait d'une partie de nous-mêmes.

Je suis un mélange. Comme une voiture hybride, je peux fonctionner au protestantisme ou au catholicisme, et passer de l'un à l'autre en quelques instants. Je ne "pioche" pas ce qui m'arrange d'un côté ou de l'autre pour faire ma propre religion, mais au contraire, j'enrichis ma relation à Dieu en profitant de deux points de vue différents. Et ça, malgré tous les désaccords qui peuvent exister, ça n'a pas de prix.

dimanche 01 mars 2009

Mon credo

Voici les paroles d'un chant, que j'apprécie particulièrement et que j'aime à me rappeler comme constituant ma "ligne de conduite" dans ma vie de chaque jour. Il m'a semblé d'actualité, en cette période de Carême : être chrétien "dans le secret" (Matthieu 6, 5-6), mais pratiquer l'Amour de Dieu au quotidien...

Tous unis dans l'Esprit, tous unis en Jésus (bis)
Nous prions que bientôt ce qui divise ne soit plus.

Refrain : Et le monde saura que nous sommes chrétiens,
Par l'amour dont nos actes sont empreints.

Nous marchons côte à côte et la main dans la main (bis)
A la table du Roi nous partageons le même pain.

D'un seul coeur nous voulons travailler pour Jésus (bis)
Proclamer à tout homme qu'il nous offre le salut.

Gloire au Dieu créateur de la terre et des cieux,
Gloire au Fils éternel, Rédempteur glorieux,
Gloire, gloire à l'Esprit qui verse en nous l'amour de Dieu.

Recueil Arc en Ciel, n°530

lundi 23 février 2009

L'oecuménisme, une histoire de famille

Quatre générations. Quatre étapes mêlant histoire des Eglises et histoire familiale. Ou le témoignage des progrès dans l'unité chrétienne au cours des 60 dernières années...

1948, première génération. Un catholique épouse une protestante. La cérémonie se passe au temple, la future épouse ayant refusé de se marier à l'église, car elle savait qu'on lui demanderait d'élever ses enfants dans la foi catholique. L'époux, n'ayant pas le droit de se marier au temple, est excommunié. De fait, il devient protestant, accueilli dans la communauté de son épouse.

1980, deuxième génération. Bis repetita : une fille du premier couple épouse un catholique. La cérémonie se passe de nouveau au temple, mais le fiancé a demandé à l'évêque de son diocèse l'autorisation de se marier avec une conjointe non catholique. Les époux conservent chacun leur confession et peuvent la pratiquer librement.

Ce jeune couple se pose alors la question de tous les couples interconfessionnels : quelle éducation religieuse donner à leurs enfants ? Dans certaines familles, c'est la confession maternelle qui prime, dans d'autres, celle du père, pour des raisons diverses, ou en suivant des coutumes régionales... Dans le cas qui nous intéresse, les parents décident de faire suivre, autant que possible, les deux catéchismes à leurs enfants.

2004, troisième génération. Ter repetita : vous l'aurez compris, bien qu'ayant reçu les deux catéchismes, je suis officiellement de confession réformée, et ma tendre moitié est catholique. De nouveau, un mariage au temple ; les mariages interconfessionnels sont devenus monnaie courante, et la préparation de la cérémonie ne présente pas de difficulté particulière.

2009, quatrième génération. Elle se prépare à recevoir le baptême... Baptême oecuménique, la question ne se pose pas ! Mais notre interrogation n'a pas changé : dans quelle Eglise grandira-t-elle ?

vendredi 20 février 2009

Témoigner, pour exister

Voilà pour moi le moment de me lancer. Il m'en coûte d'ouvrir ce blog. Mes proches savent que je préfère de loin participer et enrichir des initiatives existantes, ou répondre à des besoins exprimés par d'autres, plutôt que de me mettre en avant. Peut-être est-ce par manque de créativité, par esprit de service, par peur de l'orgueil d'une initiative personnelle ? Toujours est-il que j'ai cherché longuement avant de créer ce blog, pour voir s'il n'existait pas un site similaire. Dans mon esprit, il devait forcément exister d'autres que moi... Rencontre après rencontre, explications après explications, il a fallu me rendre à l'évidence : je dois être un oiseau rare !

L'un de mes parents est catholique, l'autre est protestant. Ils se sont mariés en respectant mutuellement leurs confessions, et en promettant d'élever leurs futurs enfants en chrétiens. Ce fut relativement astreignant, surtout en termes de planning : le mercredi matin au catéchisme (catholique), un dimanche toutes les 6 semaines à l'école biblique (protestante). Quelle richesse ! Deux communautés avec autant de variété humaine que l'on peut en imaginer, des enseignements différents, une sensibilité et une pratique distinctes mais complémentaires...

Point d'orgue de l'enseignement, de chaque côté : la confirmation. Cette étape permet à l'enfant ("enfant" au sens spirituel, pas en terme d'âge physique) d'entrer dans une communauté comme membre à part entière. Mais, d'un côté comme de l'autre, les clergés m'ont signifié qu'il était impossible de faire deux confirmations. La cohabitation des deux églises, que j'avais réussi à maintenir jusque là, devait s'arrêter, et je devais faire le choix d'une communauté pour devenir adulte.

J'ai refusé ce choix, une première fois. Mais je ne pouvais me résoudre à rester un "enfant" au sein des Eglises. J'ai finalement confirmé mon baptême dans l'Eglise Réformée. Je suis officiellement membre de la communauté protestante, même si mon coeur est profondément chrétien, puisant dans les ressources des Eglises catholique et réformée. Le Christ est universel !

Aujourd'hui, je souhaite témoigner. Expliquer que l'oecuménisme au quotidien est possible, que les enfants éduqués au sein de couples interconfessionnels peuvent souffrir des discordances entre les Eglises. Je suis hybride, j'existe, et je désire vivre ma foi totalement. Je demande que l'on m'accepte à part entière dans les deux Eglises. Je sais que le chemin sera long et semé d'embûches. Mais qui sait ? Un jour peut-être...