Syncrétisme : nom masculin - Fusion de différents cultes ou de doctrines religieuses ; en particulier, tentative de conciliation des différentes croyances en une nouvelle qui en ferait la synthèse. Source : le TLFi

Ces derniers temps, certaines expériences et questions me font prendre conscience de la fusion - ou devrais-je dire confusion ? - que mon esprit a faite concernant les deux confessions qui m'ont été enseignées...

On dit que le cerveau des enfants est une véritable éponge... Ce devait être le cas pour moi. J'ai toujours été sensible aux différents enseignements religieux que j'ai reçus. J'avais soif d'apprendre, et j'assimilais vite et plutôt bien. Mes parents m'envoyaient au caté ? Pas de problème, caté le mercredi matin. A l'école biblique ? Pas de problème, école biblique un dimanche par mois. Ca n'était pas les mêmes groupes, pas les mêmes animateurs, pas la même façon de faire. Mais c'était toujours de Dieu qu'on parlait, et ça, j'aimais beaucoup.

A la maison, on riait bien des provocations faciles, basées sur les idées préconçues et les caricatures de chacune des confessions. Mes parents se chamaillaient parfois, pour rire, se lançaient des piques, et ainsi on apprenait à ne pas prendre trop au sérieux les comportements poussés à l'extrême de l'une ou l'autre Eglise...

A Noël, on allait à la messe de minuit, ou au culte de Noël, ça dépendait du temps dont disposaient mes parents... et des vaches qui vêlaient à ce moment-là ! A Pâques, parfois on participait à la veillée pascale, d'autres fois on allait à la messe du matin de Pâques...

Et j'ai grandi ainsi, sans que cela ne me pose de problème, assimilant les deux cultures, comme d'autres apprendraient à parler deux langues.

Jusqu'au jour où quelqu'un m'a demandé "Alors, les protestants, ils font comment le Carême ?". J'ai réfléchi, et j'ai réalisé que je ne savais pas répondre. Que le Carême, on en parlait dans la communauté catholique, et que pour moi ça allait de soi de réfléchir sur sa relation à Dieu, de faire preuve d'un peu d'humilité pour recevoir la grâce de Dieu dans le sacrifice de son fils... Grand blanc. Je n'ai pas répondu.

J'ai compris que j'étais vraiment un mélange, une personne particulière qui ne pouvait pas se définir comme étant d'un côté ou de l'autre. C'est important pour moi de pouvoir pratiquer les rites, les célébrations, de pouvoir participer à la prière de chaque Eglise. Si je n'ai pas accès à une des deux communautés, il me manque quelque chose. Cela fait partie de moi, c'est ma culture. Et j'ai rencontré cette attitude chez d'autres "enfants de Vatican II" : nous avons reçu une éducation plurielle, et nous ne voulons pas faire de choix. Les Eglises ne sont pas d'accord entre elles, soit. Mais nous avons notre identité. On ne peut pas interdire à quelqu'un de parler une langue... On ne peut pas nous obliger à faire un choix qui nous couperait d'une partie de nous-mêmes.

Je suis un mélange. Comme une voiture hybride, je peux fonctionner au protestantisme ou au catholicisme, et passer de l'un à l'autre en quelques instants. Je ne "pioche" pas ce qui m'arrange d'un côté ou de l'autre pour faire ma propre religion, mais au contraire, j'enrichis ma relation à Dieu en profitant de deux points de vue différents. Et ça, malgré tous les désaccords qui peuvent exister, ça n'a pas de prix.