L'oecuménisme, une histoire de famille
Par Tigreek le lundi 23 février 2009, 22:39 - Témoignage - Lien permanent
Quatre générations. Quatre étapes mêlant histoire des Eglises et histoire familiale. Ou le témoignage des progrès dans l'unité chrétienne au cours des 60 dernières années...
1948, première génération. Un catholique épouse une protestante. La cérémonie se passe au temple, la future épouse ayant refusé de se marier à l'église, car elle savait qu'on lui demanderait d'élever ses enfants dans la foi catholique. L'époux, n'ayant pas le droit de se marier au temple, est excommunié. De fait, il devient protestant, accueilli dans la communauté de son épouse.
1980, deuxième génération. Bis repetita : une fille du premier couple épouse un catholique. La cérémonie se passe de nouveau au temple, mais le fiancé a demandé à l'évêque de son diocèse l'autorisation de se marier avec une conjointe non catholique. Les époux conservent chacun leur confession et peuvent la pratiquer librement.
Ce jeune couple se pose alors la question de tous les couples interconfessionnels : quelle éducation religieuse donner à leurs enfants ? Dans certaines familles, c'est la confession maternelle qui prime, dans d'autres, celle du père, pour des raisons diverses, ou en suivant des coutumes régionales... Dans le cas qui nous intéresse, les parents décident de faire suivre, autant que possible, les deux catéchismes à leurs enfants.
2004, troisième génération. Ter repetita : vous l'aurez compris, bien qu'ayant reçu les deux catéchismes, je suis officiellement de confession réformée, et ma tendre moitié est catholique. De nouveau, un mariage au temple ; les mariages interconfessionnels sont devenus monnaie courante, et la préparation de la cérémonie ne présente pas de difficulté particulière.
2009, quatrième génération. Elle se prépare à recevoir le baptême... Baptême oecuménique, la question ne se pose pas ! Mais notre interrogation n'a pas changé : dans quelle Eglise grandira-t-elle ?
Commentaires
Pour la quatrième génération, il y a une solution dilatoire : le refus du baptême d'enfant. Il ou elle se fera baptiser, où il ou elle veut, si il ou elle en a envie. Aujourd'hui, le christianisme, catholique ou protestant, est devenu "confessant" et de moins en moins "sociologique". On admet plus facilement qu'on puisse être ni l'un ni l'autre. D'ailleurs, nombre de jeunes n'attachent aucune importance à l'appartenance qu'on leur a collé à leur naissance et n'hésitent pas à passer par dessus bord ce qu'on leur a fait faire : baptême, mais aussi communion solennelle et confirmation. 13-14 ans, c'est bien trop jeune pour décider réellement d'un engagement spirituel !
C'est le choix que j'ai fait pour mes enfants : ils feront ce qu'ils voudront ! Cela n'empêche qu'ils recevront une éducation chrétienne (protestante libérale, faut pas pousser quand même). Mais s'ils veulent aller voir ailleurs, ils seront libres. J'ai trop souffert que l'on veuille me maintenir dans une voie que je rejetais manifestement et que j'ai d'ailleurs jeté avec encore plus de violence dès que l'ai pu !
@authueil : le baptême de notre fille symbolise notre engagement à nous, parents. Certes, vu par elle, ça peut paraître un peu injuste. Mais comme indiqué, les jeunes passent allègrement par-dessus les clichés qu'on leur colle, je ne pense pas que ça la gênera outre mesure.
Quant à l'âge proposé pour les différents rites, il n'est pas immuable, même si "la coutume veut que". Et il est tout à fait possible de repousser certains passages : par exemple, lors de ma "communion solennelle", je n'ai fait que ma profession de foi. Je ne communiais pas avec les autres, puisque cela aurait voulu dire que je m'engageais dans la communauté catholique. Or je savais que ça impliquait de me couper d'une partie de la double culture que je recevais. Je n'avais que 11 ans, mais j'avais déjà conscience que l'enseignement religieux était plus important pour moi que pour la plupart de mes camarades : quelle surprise lorsque j'ai appris que mes copains faisaient leur communion pour avoir la montre que Tantine leur avait promise ! De 200 enfants à l'aumônerie en 6e, nous sommes passés à un petit groupe de 25 l'année suivante...
Et côté liberté : je donnerai à ma fille ce que je sais, je l'encouragerai à découvrir les deux communautés que je connais moi-même... Si elle est dégoûtée par ce qu'elle voit, ou intéressée par autre chose, libre à elle ! Les voies du Seigneur sont impénétrables, dit-on...