vendredi 22 avril 2011

Chemin de croix

Cela va peut-être vous paraître étrange, mais ce midi, c'est la première fois que j'ai participé à un chemin de croix. Un "vrai", une célébration en assemblée, pour le vendredi saint... Bon, en y réfléchissant, le deuxième en fait, mais le premier était particulier, en plein air, à Lourdes, un chemin de croix grandeur nature avec une vraie croix à porter ensemble, groupe d'ados que nous étions...

Étrange aussi, cette certitude d'avoir l'espoir bien planqué, bien là, niché au fond du cœur. Alors que devant sur l'autel, les bougies s'allument comme pour compter les dernières heures de Jésus ; alors qu'autour de moi les dos se voûtent, les épaules s'affaissent, quelques larmes roulent, je reste impassible. A l'extérieur en tout cas. Parce qu'à l'intérieur, ça bouillonne. Mais cette plénitude envahit tout. Ce n'est pas un manque, pas le désert, juste une certitude, une évidence qui balaie tous les doutes, toutes les souffrances : Il est là, déjà ressuscité pour nous. Oui, dans ces épreuves, même au fin fond de la mort, dans l'attente interminable, Il est là.

Le chemin de croix se termine : dernière station, espérance de la résurrection. Un chemin de croix inhabituel, dix stations, racontées selon le point de vue d'un contemporain de Jésus. Quand tout est fini, qu'il ne reste plus personne... Personne ? Si. Sa mère. Et de voir défiler dans mon esprit toutes ces mères, les dernières à baisser les bras, les premières à se battre pour leurs enfants... A remuer ciel et terre pour faire grandir celui qui, handicapé, restera toujours le "petit" frère ; à trouver les signes de présence de leur enfant disparu ; à visiter le fils qui est en prison ; à donner une seconde, troisième, ènième chance à celle dont tout le monde s'écarte car elle n'est "bonne à rien".

En revenant au bureau, je ne peux m'empêcher un sourire. Avant la pause déjeuner, des collègues me demandaient si je déjeunais avec eux. Devant mon refus, ils se sont perdus en conjectures sur ma destination, mes aventures sentimentales supposées... J'ai glissé, avec un grand sourire et un clin d’œil, "si tu savais !"... Et au retour, en y repensant, je me suis dit que oui, c'est une bien belle aventure amoureuse :)

mardi 19 avril 2011

WWJD ?

Le bazar a commencé fin mars. Alors qu'une exposition, qui n'est plus à présenter, compte parmi ses oeuvres une photographie, pourtant ancienne, mais déjà controversée, d'un crucifix plongé dans des "humeurs"[1], le blog de l'Oratoire, que je lis régulièrement, s'indigne. Je le lis et passe mon chemin, ayant déjà repéré l'intervenant en question comme un excité, un "pur et dur" avec qui il est particulièrement difficile de discuter[2].

Oui mais... Quelques jours plus tard, c'est un pasteur qui relate ce qui n'est encore qu'une anecdote sur Miettes de théologie. Avec un point de vue nettement plus nuancé, auquel j'adhère davantage... Le fait reste jusqu'alors peu remonté, même si les interrogations naissent en moi : faut-il en parler ? Ou pas ? Cette photo vaut-elle qu'on s'indigne, qu'on en parle, ou pas ? Quel sentiment avoir ? Vis-à-vis de la photo ? De ce qu'elle représente ? C'est un vrai débat entre deux logiques différentes : une qui parle de symboles, et où les symboles sont les signes visibles de mystères moins tangibles ; et une qui parle d'images, qui ne sont que des objets, des images qui ne doivent pas être sacralisées au risque de devenir des idoles... Et assez curieusement, ce sont deux blogs protestants qui me font réfléchir en premier sur cette photo, et l'acte qu'elle représente[3], alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'information me parvienne de sources plus catholiques...

Et puis en quelques jours, au seuil de la semaine sainte, c'est toute la catho-blogosphère qui s'enflamme : Dialogue-Abraham, Edmond, Koz, Aliocha[4], Marc et le Chafouin... Enfin, quand je dis s'enflamme, je devrais dire appelle à la prière et à la mesure. Avant ou après le vandalisme de quelques jeunes extrémistes, qui viennent ainsi médiatiser l'affaire, et par le même coup mettre à bas la politique du silence qui avait jusqu'ici plutôt bien marché : la meilleure façon de mépriser quelque chose qui ne vaut pas la peine d'être mentionné, c'est de ne pas en parler...

Ce que j'en pense, comment réagir ? Je me pose toujours la question... Ou plus exactement, je me demande "Qu'aurait fait Jésus ?"[5]... Ma réponse, je crois que je l'ai donnée dimanche à une assemblée[6] : ouvrir les yeux, suivre Jésus, l’annoncer à tous ! Quoiqu'il en coûte.

Et si tout commençait par un simple sourire ?
Pensons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, à la fête donnée spontanément en son honneur ; et même si nous savons que la Passion sera à l’ordre du jour, nous pouvons garder à l’esprit la Résurrection, le plus grand espoir qui nous soit donné, sans condition... Et le sourire devient possible.

Notes

[1] comme on le disait autrefois

[2] Ce n'est pas faute d'avoir essayé...

[3] car elle aussi n'est qu'une représentation, pas l'acte lui-même d'exposer un symbole religieux humilié. Ca peut poser question...

[4] Si si, je la classe dans la catho-blogosphère, même si elle est bien cachée

[5] "What would Jesus do ?" en anglais, d'où le titre de ce billet

[6] que j'aurais bien voulu secouer un peu... Mais peut-être l'ai-je fait ?

mardi 01 février 2011

Euthanasie dans la Bible ?

As-tu entendu parler de Longinus ? Que dit-on de lui dans la Bible ?
Parce que si c'est bien le méchant romain qui a percé Jésus de sa lance, c'est un cas d'euthanasie !

C'est en substance le propos que m'a tenu un ami ce midi. Il est, vous vous en doutez, de culture judéo-chrétienne comme il le reconnaît lui-même, mais plutôt agnostique, laissant de côté toute pratique un tant soit peu religieuse. Son idée était de justifier des propositions autorisant l'euthanasie "pour abréger les souffrances", par le fait qu'un soldat romain aurait achevé Jésus sur la croix, le perçant au côté à l'aide d'une lance.

L'accomplissement de l'Ecriture selon Jean

Le soldat qui a percé le flanc de Jésus après la crucifixion l'a fait une fois qu'il était mort, pour s'en assurer, d'après l'évangile de Jean (19, 34). Seul cet évangile, sur les 4 canoniques, mentionne le coup de lance, d'ailleurs.

Techniquement : le crucifié mourait par asphyxie à cause de la tétanie des muscles de la cage thoracique (et aussi à cause de la torture qu'il avait subie avant... Flagellation, portement de la croix ou de la poutre transversale, j'en passe et des pires). Lorsqu'il pouvait s'appuyer sur ses pieds, l'agonie était plus lente, alors les soldats qui voulaient abréger brisaient les jambes de ceux qui vivaient encore. Comme quelqu'un a indiqué que Jésus était déjà mort, le centurion a voulu vérifier. Ainsi, comme Jean l'indique par deux fois (19, 36-37), ce qui était dit dans les Ecritures (comprendre l'Ancien Testament) s'est produit[1].

Le soldat converti devenu Saint Longin

Dans l'évangile (canonique), ce soldat n'a pas de nom, et il y a un amalgame avec le centurion qui a commandé la centurie "de service" le jour de la crucifixion... et qui s'est converti (Matthieu 27, 54 ; Luc 23, 47). Il est cité dans un évangile apocryphe, l'évangile de Nicodème, et c'est là qu'on trouve le nom de Longin - Longinus.

Notes

[1] Référence multiple mêlant le psaume 34, Esaïe, Exode...

mercredi 18 novembre 2009

La croix ne sert à rien sans la résurrection

C'est une idée qui s'est imposée à moi ce matin, en priant le chapelet dans les transports en commun... L'intérêt du chapelet, c'est que la méditation des différents mystères peut donner lieu à toutes sortes de surprises, selon le contexte, l'environnement, les pensées, la réceptivité...

Lors du dernier week-end régional des jeunes protestants, plusieurs participants ont été choqués de l'insistance sur le sacrifice complet de Jésus, le fait qu'il a donné sa vie pour nous sauver. C'est vrai que voir cet aspect des choses peut mettre mal à l'aise, et s'il est relativement naturel pour un catholique qui y trouve volontiers un chemin d'humilité, il l'est nettement moins pour un protestant... Le point de vue sacrificiel n'est guère apprécié chez les réformés, qui préfèreront mettre l'accent sur le salut par la foi, par exemple. Et le malaise évoqué par les jeunes, à leur retour chez eux, est assez révélateur de la culture réformée à cet égard !

La mise à mort de Jésus est un scandale, et ne doit pas nous laisser indifférents. Mort sur une croix, qui plus est, c'est à dire une mort sous la torture. Le fait que ce sacrifice d'un innocent faisait partie des plans de Dieu, est un des grands mystères de la foi chrétienne. Nous croyons que le libre choix de cette épreuve fait la force de l'Amour de Dieu pour nous : "Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique..." (Jean 3, 16).

Mais cette mort ne serait rien, elle ne pourrait constituer à elle seule un élément de foi, s'il n'y avait pas la résurrection. Le verset précédemment cité se termine ainsi : "... afin que quiconque croit en lui ne meurt pas, mais qu'il ait la vie éternelle". Le don total, l'abandon à Dieu aboutit à la résurrection. C'est cette vie éternelle qui, pour moi, donne aux chrétiens un espoir inextinguible.

La mort, le deuil, la tristesse font partie de la vie. Mais nous croyons que l'Amour de Dieu est plus fort que la mort. Et qu'il nous relèvera, par dessus les doutes, les colères, les larmes, le découragement, les épreuves. Toujours.