jeudi 08 janvier 2015

Pour la liberté

Un début d'année. Des voeux. Des nouvelles, qui viennent d'un peu loin parfois. Des bonnes et des moins bonnes.

Et puis... Douze morts. Deux tireurs. Une demi-heure de furie. Et le pays en colère.

Les balles ne réduiront pas la liberté au silence. Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et les autres deviendront les martyrs de la liberté d'expression, du droit à l'humour qui ne fait pas plaisir à tout le monde, des vérités qui dérangent. Charlie Hebdo n'est pas mort, contrairement à ce qu'on pu penser (et dire) les cagoulés...

Non, je ne fais pas partie des fans de cet hebdomadaire. Un peu trop corrosif à mon goût... C'est pas pour autant que j'aie eu envie de les détruire...

Non, les gens qui font ça ne sont pas des religieux. Ils s'en prétendent, ils s'en servent de prétexte, mais ce n'en sont pas. Quelle que soit la religion qu'un croyant sincère pratique, elle mène à l'élévation personnelle, au travail sur soi...

Alors, quoi ? Surtout ne pas chercher la vengeance. Ne pas généraliser. Voir les faits, dire la colère, et continuer à vivre... Dire et redire qu'une infime minorité qui a peur et veut terroriser les autres n'y parviendra pas, tant que nous sommes déterminés à ne pas nous y laisser réduire. Répéter encore, qu'un dessin ou un sourire peut désarmer des bombes, même si aujourd'hui pour eux, ce ne fut pas le cas. Et croire enfin, que l'Amour peut tout surpasser.

dimanche 24 janvier 2010

... détresse à ma porte.

Robert faisait partie de l'administration, lorsque le Zaïre ne s'appelait pas encore République Démocratique (!) du Congo. Il gagnait plutôt bien sa vie, et avait mis en place une formation pour hôtesses de l'air et stewarts, une des rares du pays. Oui, mais voilà : il faisait partie du régime mis en place sous Mobutu. Lorsque celui-ci a été destitué, Robert a été emprisonné, torturé pour qu'il dise où se trouvait la fortune amassée par l'ancien dictateur. Comment pouvait-il le savoir ? Un jour, il ne sait comment, il a réussi à s'échapper de sa prison. De là, il parvint à s'embarquer pour la France, où il demanda l'asile. Seul. Plus de femme, d'enfant, impossible d'avoir des nouvelles. Depuis, selon toutes probabilités et le peu d'informations qu'il peut glaner, sa femme est décédée, certains de ses enfants ont pu s'installer. Le peu de revenu qu'il touche, il le partage avec ceux dont il a gardé contact "au pays" ; pour vivre, lui se contente d'une toute petite chambre de moins de 10m² dans un foyer.

Alors, il y a une semaine, quand Robert a eu un malaise, c'est la goutte qui a fait déborder le vase. Le malaise, ce n'est pas très grave ; le problème, c'est qu'il se trouvait dans un escalator. Une mauvaise chute qui lui a fracassé la mâchoire. Évidemment, il n'a pas de Sécurité Sociale. Jusqu'il y a quelque temps, il bénéficiait de la CMU ; ce n'est plus le cas depuis qu'il a l'âge d'être en retraite : changement de statut, difficultés administratives, problème de traitement du dossier par l'assistante sociale... Par trois fois, il a été opéré ; il n'ose plus se montrer en communauté, car il est défiguré. La souffrance, les complications administratives, ses conditions de vie, tout cela lui sape grandement le moral. Que faire ? La paroisse mobilise ses compétences, mais cela prend du temps, et les solutions sont loin d'être faciles à trouver...

Je ne connaissais pas beaucoup plus Jean-Paul que je ne connais Robert. Cela faisait plus de trente ans qu'il était dans la paroisse réformée, alors que je ne suis là que depuis dix-huit mois... Comme beaucoup d'hommes, il était plutôt secret ; il agissait davantage qu'il ne parlait. Mais ses yeux pétillaient et il avait toujours le sourire, une façon de dire bonjour qui donnait envie de rire et de discuter... Il a fait partie des instances dirigeantes des scouts unionistes ; du conseil presbytéral ; il était prédicateur laïc et il aimait ça. Depuis quelque temps il avait ralenti son activité : son coeur fatigué ne lui permettait plus d'en faire autant qu'avant. Cependant, s'il souffrait, il en montrait le moins possible, y compris à sa femme ou à ses enfants.

Et ce fut foudroyant : lorsque, ne pouvant plus cacher son état, il fut admis aux urgences, il succombait quelques heures plus tard à un arrêt cardiaque. Sa femme, ses enfants, mais aussi l'ensemble de la communauté est sous le choc. C'est toujours brutal, de voir une vie s'arrêter ainsi en chemin. On n'ose pas croire à la mauvaise nouvelle, on se dit qu'on l'a vu la veille ou deux jours auparavant, tout allait bien, c'est impossible... Et pourtant. Le vide est là. Froid. Pesant. Mais aussi signe de résurrection : n'est ce pas l'image du tombeau vide qui annonce la joie de Pâques ? A Dieu, Jean-Paul. De là-haut, prie pour qu'on ait le courage de continuer tes actions !

mercredi 18 novembre 2009

La croix ne sert à rien sans la résurrection

C'est une idée qui s'est imposée à moi ce matin, en priant le chapelet dans les transports en commun... L'intérêt du chapelet, c'est que la méditation des différents mystères peut donner lieu à toutes sortes de surprises, selon le contexte, l'environnement, les pensées, la réceptivité...

Lors du dernier week-end régional des jeunes protestants, plusieurs participants ont été choqués de l'insistance sur le sacrifice complet de Jésus, le fait qu'il a donné sa vie pour nous sauver. C'est vrai que voir cet aspect des choses peut mettre mal à l'aise, et s'il est relativement naturel pour un catholique qui y trouve volontiers un chemin d'humilité, il l'est nettement moins pour un protestant... Le point de vue sacrificiel n'est guère apprécié chez les réformés, qui préfèreront mettre l'accent sur le salut par la foi, par exemple. Et le malaise évoqué par les jeunes, à leur retour chez eux, est assez révélateur de la culture réformée à cet égard !

La mise à mort de Jésus est un scandale, et ne doit pas nous laisser indifférents. Mort sur une croix, qui plus est, c'est à dire une mort sous la torture. Le fait que ce sacrifice d'un innocent faisait partie des plans de Dieu, est un des grands mystères de la foi chrétienne. Nous croyons que le libre choix de cette épreuve fait la force de l'Amour de Dieu pour nous : "Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique..." (Jean 3, 16).

Mais cette mort ne serait rien, elle ne pourrait constituer à elle seule un élément de foi, s'il n'y avait pas la résurrection. Le verset précédemment cité se termine ainsi : "... afin que quiconque croit en lui ne meurt pas, mais qu'il ait la vie éternelle". Le don total, l'abandon à Dieu aboutit à la résurrection. C'est cette vie éternelle qui, pour moi, donne aux chrétiens un espoir inextinguible.

La mort, le deuil, la tristesse font partie de la vie. Mais nous croyons que l'Amour de Dieu est plus fort que la mort. Et qu'il nous relèvera, par dessus les doutes, les colères, les larmes, le découragement, les épreuves. Toujours.