Le bazar a commencé fin mars. Alors qu'une exposition, qui n'est plus à présenter, compte parmi ses oeuvres une photographie, pourtant ancienne, mais déjà controversée, d'un crucifix plongé dans des "humeurs"[1], le blog de l'Oratoire, que je lis régulièrement, s'indigne. Je le lis et passe mon chemin, ayant déjà repéré l'intervenant en question comme un excité, un "pur et dur" avec qui il est particulièrement difficile de discuter[2].

Oui mais... Quelques jours plus tard, c'est un pasteur qui relate ce qui n'est encore qu'une anecdote sur Miettes de théologie. Avec un point de vue nettement plus nuancé, auquel j'adhère davantage... Le fait reste jusqu'alors peu remonté, même si les interrogations naissent en moi : faut-il en parler ? Ou pas ? Cette photo vaut-elle qu'on s'indigne, qu'on en parle, ou pas ? Quel sentiment avoir ? Vis-à-vis de la photo ? De ce qu'elle représente ? C'est un vrai débat entre deux logiques différentes : une qui parle de symboles, et où les symboles sont les signes visibles de mystères moins tangibles ; et une qui parle d'images, qui ne sont que des objets, des images qui ne doivent pas être sacralisées au risque de devenir des idoles... Et assez curieusement, ce sont deux blogs protestants qui me font réfléchir en premier sur cette photo, et l'acte qu'elle représente[3], alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'information me parvienne de sources plus catholiques...

Et puis en quelques jours, au seuil de la semaine sainte, c'est toute la catho-blogosphère qui s'enflamme : Dialogue-Abraham, Edmond, Koz, Aliocha[4], Marc et le Chafouin... Enfin, quand je dis s'enflamme, je devrais dire appelle à la prière et à la mesure. Avant ou après le vandalisme de quelques jeunes extrémistes, qui viennent ainsi médiatiser l'affaire, et par le même coup mettre à bas la politique du silence qui avait jusqu'ici plutôt bien marché : la meilleure façon de mépriser quelque chose qui ne vaut pas la peine d'être mentionné, c'est de ne pas en parler...

Ce que j'en pense, comment réagir ? Je me pose toujours la question... Ou plus exactement, je me demande "Qu'aurait fait Jésus ?"[5]... Ma réponse, je crois que je l'ai donnée dimanche à une assemblée[6] : ouvrir les yeux, suivre Jésus, l’annoncer à tous ! Quoiqu'il en coûte.

Et si tout commençait par un simple sourire ?
Pensons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, à la fête donnée spontanément en son honneur ; et même si nous savons que la Passion sera à l’ordre du jour, nous pouvons garder à l’esprit la Résurrection, le plus grand espoir qui nous soit donné, sans condition... Et le sourire devient possible.

Notes

[1] comme on le disait autrefois

[2] Ce n'est pas faute d'avoir essayé...

[3] car elle aussi n'est qu'une représentation, pas l'acte lui-même d'exposer un symbole religieux humilié. Ca peut poser question...

[4] Si si, je la classe dans la catho-blogosphère, même si elle est bien cachée

[5] "What would Jesus do ?" en anglais, d'où le titre de ce billet

[6] que j'aurais bien voulu secouer un peu... Mais peut-être l'ai-je fait ?