Plus de vingt-cinq ans de mariage. Et puis, un jour, la rupture. Celle que (presque) personne ne pressentait. De la souffrance, partout, de celle qui déchire et qu'on croit ne jamais pouvoir surmonter. Le tourbillon manque d'emporter avec lui les esquifs qui s'approchent d'un peu trop près, s'inquiétant pour les êtres qui surnagent au cœur du maelström.

La tempête s'apaise, peu à peu. On prend des nouvelles, régulièrement, en essayant de rester en douceur, ne pas retourner involontairement le couteau dans la plaie, pas encore cicatrisée. Et puis, un jour, timidement : "J'ai retrouvé quelqu'un".

Rencontre. La famille éclatée a changé de visage, est devenue famille "recomposée". Des inconnus sont devenus presque frères par la volonté de deux personnes. Comme dans une vraie fratrie, on ne choisit pas : il faut apprendre à se connaître, se côtoyer, et espérer s'apprécier. Étrangement, les épreuves et les joies se partagent presque aussi facilement, même si on s'attache à rester à distance, se dire qu'on n'a rien en commun avec cette nouvelle famille. Les attaches prennent, au fil des ans.

L'Eglise est-elle comparable à une grande famille à l'histoire particulièrement houleuse ? Il y a eu les guerres de religions, dont les familles françaises portent encore parfois la trace dans leur généalogie... Aujourd'hui, nous convenons être frères entre confessions, mais nous ne voulons pas changer notre façon de nous comporter les uns par rapport aux autres. L'œcuménisme n'est pas se fonder tous dans le même moule : on ne demande pas à des frères de devenir des clones ! Mais ne serait-ce pas normal, pour une grande famille, de se retrouver à l'occasion autour d'un repas ?