J'ai beaucoup hésité avant d'écrire ce billet. Parce que je ne voulais pas l'écrire sous le coup de la colère, de la peur ou du désespoir ; parce que le sujet est éminemment délicat et que mes mots peuvent parfois dire ce que je ne pense pas ; parce que d'autres l'ont déjà exprimé, de maintes façons, mieux que moi... Mais le malaise persiste, plus largement et plus profondément que la disparition de dizaines de frères et soeurs, aussi tragique et aussi peu relayée fût-elle[1].

La nouvelle est tellement terrible que pendant un moment j'ai cru que je vivais encore dans les premiers siècles de notre ère, à l'époque où être chrétien était une gageure, un pari complètement fou, une manière ouverte de défier l'autorité (croyait-on) et de risquer sa vie. Mais non, on est bien en 2010, et c'est à l'arme automatique que des terroristes ont versé le sang d'innocents, juste parce qu'ils étaient chrétiens...

Ce carnage est inadmissible. Spectaculaire. Il attire (enfin ?) l'attention sur une communauté que l'on pourrait croire paisible et bien tranquille (en France, en tout cas, on peut croire cela). Mais si aujourd'hui, en France, la liberté de culte est réelle, il y a tellement d'autres points du globe où cela n'est qu'une utopie ! En Orient, et aussi au Pakistan où la loi anti-blasphème fait des ravages, en Chine où les chrétiens autochtones doivent se retrouver en cachette, en Corée où ils sont également pourchassés, et j'en oublie...

En ce jour de l'Aïd al Adha, la fête du Sacrifice, j'aimerais qu'une vraie paix, un véritable dialogue, une vraie recherche de Dieu soit possible. Sans arrière-pensée, et en toute liberté :

Tout ce que nous avons dit jusqu’ici montre combien sont non-fondées et injustifiables, du point de vue islamique orthodoxe, les actes de terreur et les meurtres gratuits qui continuent malheureusement d’être perpétrés contre des vies sacrées et innocentes par des franges extrémistes prétendant se réclamer de l’islam. Les massacres qui ont touché récemment la communauté chrétienne d’Irak sont, faut-il encore le rappeler, totalement contraires à l’esprit de l’islam comme à ses principes et ses lois. [...]
Au contraire, les paroles, les actes et même le visage des hommes vraiment religieux reflètent la sagesse, la sérénité, l’intégrité et la noblesse, qui sont, pour les croyants, un rappel de l’exemple lumineux de tous les prophètes et saints aux cœurs purs.
(Jean Abd-al-Wadoud Gouraud, L’Aïd al-Adha et le monothéisme abrahamique, sur Oumma.com)

Je voudrais qu'aucune violence ne persiste. Qu'on fasse la fête en célébrant l'Agneau, plutôt que pleurer sur les morts qui déchirent nos vies...

Et en attendant que l'utopie se réalise, plusieurs actions possibles : écrire aux chrétiens d'Orient ou signer l'appel du journal La Vie de façon immédiate.
Puis, peut-être, intervenir avec des associations comme l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED), l'Action Chrétienne en Orient, l'Association des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT), Portes Ouvertes...

Notes

[1] Même si des quotidiens en ont fait un article et le Nouvel Obs un édito (relayé par Padreblog et Sébastien Fath)