Mot-clé - Soutien

Fil des billets - Fil des commentaires

lundi 12 avril 2010

C'est trop facile...

C'est trop facile d'entrer aux églises, de déverser toute sa saleté, face au curé qui dans la lumière grise, ferme les yeux pour mieux nous pardonner...

C'est ainsi que chantait Brel dans Grand Jacques... C'est aussi l'impression que me laissent un grand nombre de personnes, dont je dirais volontiers qu'elles "hurlent avec les loups". Ouh, les vilains curés, qui sont tous des pédophiles en puissance ! Ouh, la vilaine Eglise, qui protège tous ces affreux bonshommes ! Ouh, l'horrible pape, à la tête de tout de ramassis de clercs malfaisants, et qui a sans doute été lui-même impliqué, il n'y a pas de fumée sans feu, après tout, hein ?! Et de toute façon, tout ça, c'est parce que les prêtres sont obligés d'être célibataires, on les autoriserait à se marier, ça n'arriverait pas... Ces discours sont tenus par des gens bien-pensants, qui estiment être "réalistes", qui finissent par penser réellement ce qu'ils disent. Jusqu'à des blogueurs habituellement mesurés comme Authueil, que j'admire pour sa capacité à démêler pour des "mékeskidis" comme moi les noeuds de l'Assemblée, mais qui dès qu'il s'agit de catho-bashing, est particulièrement violent...

Brel dans sa chanson, continuait ainsi :
Tais-toi donc, grand Jacques, que connais-tu du bon Dieu ? Un cantique, une image, tu n'en connais rien de mieux...

C'est trop facile de céder à la critique sans connaître. Ca n'est pas mieux de laisser libre cours à sa colère. Voilà pourquoi j'ai mis un certain temps avant de réagir. Même si je savais que je le ferais. C'est trop. Trop monté en épingle, trop de souffrances, trop de rancoeurs accumulées, trop de mots utilisés comme des armes sans qu'ils veulent dire la même chose pour l'un et pour l'autre, trop d'amalgames. Alors je vais essayer de résumer ce que je pense des scandales de pédophilie dont on parle à propos des prêtres :

  • Détruire un enfant en utilisant sa sexualité en devenir, c'est immonde. C'est irréparable. La seule chose qu'on peut faire, c'est prier pour eux et elles. Parce qu'aucune condamnation, aucune compensation financière ne peut rendre ce qui a été perdu dans un tel gâchis.
  • Utiliser un "statut", une position d'autorité, c'est un facteur aggravant.
  • Généraliser le cas de certaines exceptions à toute une catégorie, c'est du grand n'importe quoi. Pour les prêtres comme pour les professeurs, les boulangers, les animateurs de centres de vacances ou je ne sais quelle autre "catégorie" de personnes en contact avec des enfants.
  • Utiliser une cible comme une religion déjà battue en brèche par une sécularisation avançant à vitesse grand V depuis un demi-siècle, c'est l'assurance d'avoir "l'opinion publique" avec soi. Peu importe à quel prix, y compris celui de l'approximation...

Certains l'ont déjà dit mieux que moi, avec force arguments autrement plus fouillés : Koz et Armagilus chez les Sacristains, Natalia, Bashô chez le Chafouin... D'autres, au fil des jours, des articles et des attaques, ont dit leur souffrance, en plein coeur d'un Carême qui s'est révélé particulièrement éprouvant : David, Emmanuel, un ami chez Zabou...

Et puis, finalement, un manifeste de tous ceux qui refusent cet acharnement, est là, prêt à être signé : l'appel à la vérité. Parce que le Christ est venu pour tous. Pour nous sauver.

vendredi 09 octobre 2009

A bout de bras...

C'était il y a onze ans. Je venais de passer mon bac, elle était déjà en études supérieures. De formation plutôt littéraire, elle s'engageait dans une voie scientifique. Courageuse, opiniâtre, elle savait qu'elle débutait une longue route, semée d'embûches, et ce d'autant plus qu'elle n'est pas française. Je l'ai aidée, du mieux que je pouvais, pour combler son retard en maths.

Elle a tout affronté. La solitude, les moqueries, la méconnaissance de la langue, les paperasseries administratives infligées aux étrangers, l'éloignement de sa famille, le découragement. Vaille que vaille, elle a persévéré, a passé ses diplômes universitaires, cherché une thèse et la structure correspondante qui voudrait bien l'accueillir. Elle n'a pas pu vivre sa foi, les orthodoxes étant encore plus minoritaires que les protestants en France ; une foi qu'elle a reçue en cachette, car interdite dans l'ancien bloc soviétique... Elle a parfois eu des mots avec son frère, installé en Angleterre, a eu quelques moments de répit, en été, lorsqu'elle pouvait rentrer quelques semaines chez elle, au bord de la Méditerranée. Elle a enchaîné les familles d'accueil, des logements parfois vétustes, enduré un train de vie toujours limité par des ressources restreintes. Elle a accompagné le passage de sa mère "de l'autre côté", à quelques jours de son anniversaire. Elle a dénoncé les abus d'un système exploitant les thésards, sans se rendre compte que sa soif de justice lui vaudrait des pressions et des chantages.

Il y a un an, elle pensait voir le bout de ses peines. Nous sommes allés en famille à Strasbourg, pour l'encourager lors de sa soutenance de thèse, brillamment réussie : elle est maintenant docteur en biochimie moléculaire.

Mais ce n'était pas terminé. Il lui fallait courir de nouveau, après un poste de travail cette fois. Reprendre son bâton de pèlerin, se faire valoir auprès des employeurs potentiels, faire jouer ses précédentes expériences, ne pas se décourager après les entretiens ratés, l'absence de suite aux candidatures, les refus...

Lorsqu'elle a enfin trouvé un poste en Angleterre, il lui a fallu s'adapter à une autre langue étrangère au quotidien, entrer dans le monde du travail, rejoindre une nouvelle équipe, tenter de ne pas avoir d'a priori sur ses relations avec ses collègues. Aujourd'hui, elle est au bout du rouleau. Elle se sent dépassée, épuisée, isolée, faible, honteuse de ne plus avoir la pêche, de confier sa peine à des amis avec qui elle voudrait au contraire être joyeuse, n'avoir que de bonnes nouvelles à annoncer !

Alors, ce soir, en déposant ma semaine au pied de la croix, je sais qui je vais Lui demander de porter...