vendredi 05 novembre 2010

Au coeur de l'Atlas

J'allais voir en en ayant déjà entendu parler. Beaucoup. En bien, en moins bien, par des gens de milieux et de spiritualités différentes. J'entrais dans la salle comme on entre dans une église ou un temple inconnu, ouvrant grand mes sens et mon esprit pour accueillir l'Esprit.

Les scènes se succèdent. Des images, très peu de son. Des regards, des expressions, de la contemplation, bien plus que des mots. A contrario des blockbusters qui jouent avec les sons sursaturés, au début on se demande si les hauts-parleurs de la salle fonctionnent...

Juxtaposition. De deux mondes. Chrétien et musulman, village et monastère, travail et prière, sacré et profane, solitude et communauté, en habit et en civil, Dieu et les hommes... Les moines font le lien. Et nous découvrons avec eux que ce lien est inextricable, que leur vie, leur don, leur amour sont tellement entremêlés à "tout ça", tout ce qu'on a vu précédemment, qu'il leur est impossible de s'en détacher...

Malgré la peur. Cette trouille insondable qui atteint son paroxysme chez Frère Christophe, cette terreur devant l'horreur possible, puis de plus en plus probable... Loin d'une fanfaronnade, d'une volonté de finir en martyr, c'est déchirés entre l'Amour et la peur qu'ils finissent par décider de rester. Unanimement. Même Christophe.

Lorsque l'écran s'obscurcit, je ne peux m'empêcher de prier. Ou plutôt, continuer à prier, avec eux, même disparus. Comme pour garder un fil, un espoir, si ténu fût-il... Même s'il reste la question, perpétuelle : pourquoi tout ce mal ? Et surtout, comment y répondre ?

mardi 20 avril 2010

Etre et avoir

Loin de l'audience d'un certain docteur, de son mauvais caractère et de ses idées farfelues mais néanmoins parfois géniales, ils étaient là, relégués sur une chaîne documentaire de la TNT. Le maître et tous ses petits acolytes, de 4 à 11 ans...

Ce sont des temps et des lieux qui me paraissent lointains. Des temps où le principal souci était de savoir si ma mère serait à l'heure pour venir nous chercher, à quatre heures et demie... Des lieux où le trafic n'était pas embouteillé mais où avoir le permis était indispensable, où la principale inquiétude était la météo, non pour savoir comment s'habiller mais pour orienter les activités : semis, moisson, mise des bêtes au pré, vaccination, écornage... Des temps et des lieux où la Star Ac' n'avait pas sa place, et où le principal défi était de ramener la meilleure note possible, parce que le maître avait confiance en nous, s'occupait de nous si consciencieusement qu'on ne voulait pas le décevoir.

C'est aussi un lieu si particulier, une classe unique ! Un endroit où chaque personnalité a sa place, où chacun est pris tel qu'il est. Selon son niveau, son handicap, son âge, ses facilités... C'est un endroit d'intégration, bien davantage que des classes "aménagées" que l'on s'échine à mettre en place de manière artificielle, sans tenir compte de l'humain. Ici l'humain est primordial, qu'on le veuille ou non. La classe n'est pas qu'une classe, elle est un lieu de vie, une communauté, une société miniature où on fait tous les apprentissages, depuis la lecture jusqu'à l'honnêteté, en passant par la pâte à crêpes...

C'était un autre lieu, un autre temps. J'espère juste que, dans mon environnement parisien d'adoption, je saurai transmettre à mes enfants tout ce qu'il me touche de revoir dans ce documentaire.