J'aimerais rebondir (avec un peu de retard, il est vrai) sur un billet paru chez les Sacristains, Le pas sûr et paisible, le visage clair et pur…. Dans ce billet, Dove se disait choqué de voir qu'en anti-héros du film Thirst, passant au côté obscur et même franchement psychopathe assoiffé de sang (c'est un film d'horreur), le réalisateur avait spécifiquement choisi un prêtre, et pas un homme consacré de n'importe quelle autre religion.

Or, si je n'avais entendu parler de Thirst que par ce billet, il est un autre film que je voudrais mentionner, car j'en vois les affiches partout depuis une dizaine de jours : Jennifer's Body. Certes, on n'y parle pas vraiment d'Eglise. Mais on y parle de soif, de sexe et de sang... Et alors ? Alors, sous certains aspects, je trouve ce film (ou plutôt son marketing) bien plus choquant que Thirst...

D'abord, l'affiche est banale, ou plutôt banalisée, dirais-je. Ce qui frappe, c'est la beauté (1) de l'héroïne, en gros plan. Et son regard direct, son sourire frondeur, provocant. Puis on remarque "Tiens, mais... au coin de sa bouche, là, c'est... du sang ?!". Il y en a aussi dans le coin, en bas à droite de l'affiche, avec un bras sanguinolent. Deux éléments qui permettent de déduire l'élément principal du film : l'héroïne est une sorte de remake féminin du Dr Dracula, qui vit en plein jour et se révèle aussi terriblement séduisante que dangeureuse. Ok, c'est du fantastique, mais on voit bien que l'action se passe dans un milieu tout à fait réaliste, dans la société actuelle, et pas suite à une expérience abracadabrantesque. Le sang, la vengeance, la mort par assassinat sont banalisés. Dans le métro, les voyageurs passent devant l'affiche sans y faire plus attention que si c'était la pub pour les dernières soldes sur la literie... (2)

Ensuite, le titre du film : "Jennifer's Body", que l'on n'a même pas pris la peine de traduire en français. Peut-être qu'en français, les gens se seraient rendus compte que c'est un peu dérangeant : "(Pour) le corps de Jennifer", un peu matérialiste... Ca me fait penser aux slogans soit-disant féministes "c'est mon corps, je fais ce que je veux", comme prétexte pour faire tout et surtout n'importe quoi... Ce titre provocateur (3) joue sur la fibre rebelle des ados : "allez-y, faites ce que vous voulez, lâchez-vous, c'est permis !"... Je pense que ces derniers ont suffisamment d'incitations pour ne pas en rajouter. C'est quand même un comble : sous prétexte d'humour, d'ouverture d'esprit, progrès de la société (!), on montre n'importe quoi ; puis lorsque des enfants ou ados "s'amusent" à reproduire ce qu'ils voient dans les films, en prenant les scénarii au pied de la lettre, on crie haro sur le baudet, on reproche aux parents un manque d'éducation pour leurs enfants, on s'indigne sur la cruauté dont "ceux qui étaient des élèves sans problèmes" font montre...

Comme Thirst, Jennifer's Body est interdit aux moins de 12 ans en France. Alors, pourquoi une telle différence de pub' ? L'humour permet-il de rendre plus acceptable des "conduites à risques", comme le dit l'expression politiquement correcte ?

(1) Photoshopée ou maquillée ? Cétait pour la touche 'geek' du billet...
(2) Idem avec la pub pour le jeu vidéo "Dragon rising : la guerre comme si vous y étiez", qui ne choque pas davantage, mais là n'est pas le sujet...
(3) Je ne suis pas contre la provocation, j'en fais moi-même, à l'occasion...