Voilà quelque temps que nous avions laissé notre icône bien sombre... Il est temps de remédier à cela !

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Puisque nous nous sommes éloignés de Dieu, avec les ténèbres, et que nous continuons à prier, il est temps de revenir vers lui. Tel le fils prodigue, qui vient demander pardon et sera revêtu d'habits somptueux ; ou plus prosaïquement, tel le fidèle qui vient demander le sacrement de réconciliation et se relève de nouveau revêtu de l'Esprit Saint, l'icône va recevoir de nouvelles couleurs, plus claires, qui vont peu à peu dessiner les différents détails du personnage ou de la scène représentée.

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Techniquement, c'est l'étape qui prend le plus de temps : après avoir redessiné en rouge les traits[1], l'iconographe applique successivement plusieurs couches de couleurs, d'abord la couleur de base choisie pour chaque vêtement, et de l'ocre jaune pour les parties chair, puis des couleurs de plus en plus claires, en ajoutant régulièrement du blanc. C'est aussi le moment où l'on ajoute les décors et la couleur de fond, quand elle n'est pas dorée. Le relief va ainsi apparaître, les détails prendre forme.

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C'est le symbole du retour vers Dieu, et du travail que fait Dieu en chacun, de la création du Père toujours à l’œuvre dans ceux qui l'acceptent en eux-mêmes. C'est la lumière de la création originelle, de notre nature divine, créée par Dieu à son image, qui transparaît dans chaque pépite de nos vies : un sourire, un geste d'amour, un service, une prière, un chant... Et bien sûr, c'est le grand mystère pascal que nous sommes invités à revivre : Jésus, mort pour nous, dans les ténèbres pendant trois jours, s'est relevé !

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Dans la prière, autant l'étape précédente était difficile, prenante, presque angoissante, autant cette montée des lumières me procure un véritable enthousiasme. La grâce est presque palpable, la concentration est à son comble... C'est l'étape la plus longue, mais où le temps n'a plus la même valeur... A chaque coup de pinceau c'est un peu de Dieu que l'on fait rejaillir, par delà tout ce qu'on l'on a pu faire de difficile, peu reluisant ; à chaque touche de couleur c'est un peu d'amour que l'on donne au destinataire de l'icône. Il n'est pas rare que je me relève au bout de plusieurs heures, le poignet et la nuque ankylosés, mais avec au cœur la joie que peut prodiguer cette montée.

L'icône prend forme, prend corps... Mais ce n'est pas fini...

Notes

[1] Dans la technique traditionnelle, l'icône est engravée, le dessin perdure donc même pendant les ténèbres